Maystadt Philippe

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Petit-Rechain 14/03/1948, Charleroi 07/12/2017

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995
Ministre wallon : 1979-1980

Docteur en Droit (1970) et licencié en Sciences économiques de l’Université catholique de Louvain (1970), Philippe Maystadt complète sa formation par un Master of arts in Public Administration (Claremont Graduate School – Los Angeles en 1973), tout en étant assistant à la Faculté de Droit de l’UCL depuis 1970. Il reste premier assistant jusqu’au moment où il se consacre exclusivement à la politique (1977).

Chef de Cabinet auprès du ministre Califice, responsable du Comité ministériel des Affaires wallonnes, Philippe Maystadt prend part à la mise en place des premières institutions wallonnes provisoires et contribue à la préparation du tout premier budget de la Région wallonne (1974-1977).

Élu député dans l’arrondissement de Charleroi en même temps qu’Alfred Califice, Ph. Maystadt est appelé à succéder à son mentor et à incarner pour plusieurs années le PSC dans la circonscription carolorégienne (1977-1999). Secrétaire politique du PSC en même temps que Melchior Wathelet (mai-octobre 1979), en charge des dossiers régionaux et communautaires, bref représentant du PSC au Conseil économique régional de la Wallonie (1978-1979), Ph. Maystadt fait partie du premier Exécutif régional wallon quand il remplace Antoine Humblet. En charge de l’Économie régionale et de l’Aménagement du territoire, il devient Secrétaire d’État à la Région wallonne et jusqu’à la désignation de Charles Michel en 2000, le plus jeune ministre à accéder à des responsabilités wallonnes (15 octobre 1979). Membre du deuxième Exécutif régional wallon (23 janvier-18 mai 1980), il est simplement député quand sont votées les lois d’août 1980 créant notamment les institutions politiques wallons. Lors du vote à la Chambre, le 4 août, Philippe Maystadt prend la parole au nom du groupe PSC pour souligner que la régionalisation signifie à la fois l’autonomie des entités fédérées et leur contribution à la définition des politiques nationales. Dès le 15 octobre, il participe aux travaux du nouveau Conseil régional wallon, dont il reste membre de 1980 à 1995, tout en exerçant ses fonctions ministérielles.

En charge de la Fonction publique et de la Politique scientifique, ainsi que de la coordination de la Politique de l’Environnement dans les gouvernements Martens IV (22 octobre 1980-26 février 1981) puis de Mark Eyskens (6 avril-17 décembre 1981), Philippe Maystadt devient ministre du Budget, de la Politique scientifique et du Plan dans le premier gouvernement Martens-Gol (17 décembre 1981-28 novembre 1985), ministre des Affaires économiques dans le second (28 novembre 1985-9 mai 1988). Essayant de faire entendre la voix de la démocratie chrétienne, il hérite des fonctions de vice-Premier ministre et par conséquent de numéro 3 du gouvernement quand Ch-F. Nothomb tombe sur la question fouronnaise (18 octobre 1986-9 mai 1988).

Dans les coalitions PS-PSC qui vont se mettre en place dès le début de 1988 et qui seront renouvelées en 1992 et 1995, jusqu’en juillet 1999, Philippe Maystadt va se retrouver dans une majorité de centre-gauche plus conforme à ses convictions politiques. En charge des Finances pendant dix ans (10 mai 1988-19 juin 1998) dans les gouvernements Martens VIII et IX, Dehaene I et II, il devient vice-Premier ministre le 4 septembre 1995 lorsque Melchior Wathelet démissionne et postule à la Cour européenne de Luxembourg. Il est alors le chef de file du PSC dans le gouvernement fédéral. Le 21 mai 1995, lors du triple scrutin électoral (Chambre, Sénat, Parlement wallon), Ph. Maystadt quitte le Sénat où il n’aura siégé qu’entre 1992 et 1995 et opte pour la Chambre fédérale dans un arrondissement de Charleroi élargi à Thuin. Dans le gouvernement Dehaene II, il retrouve les Finances, ainsi que le Commerce extérieur (23 juin 1995-19 juin 1998).

Ayant opté pour un mandat de parlementaire, Ph. Maystadt refuse de se porter candidat à un scrutin dont il sait qu’il n’assurera pas le mandat. Seule exception, sa présence sur une liste européenne en 1989 pour soutenir Gérard Deprez. Ne cachant pas sa sympathie pour une ligne wallonne, fédéraliste, progressiste et sociale-chrétienne, il contribue à la mise en place et à l’adoption des réformes institutionnelles de 1988-1989 et 1992-1993.

Entre réunions européennes ou internationales, pour l’Union européenne ou le FMI, Philippe Maystadt a pris une stature internationale : président du Comité intérimaire du FMI (septembre 1993-octobre 1998), Gouverneur de la Banque interaméricaine de Développement, de la Banque asiatique de développement, de la BIR, et de la Banque africaine de Développement (1988-1998). Les contacts qu’il entretient au niveau international suscitent de nombreuses rumeurs : on le voit faire carrière au FMI, devenir Commissaire européen, ou président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement… Or, en fait, il est avant tout le chef de file du PSC dans le gouvernement fédéral (1995) puis une sorte de sauveur d’un PSC en perdition (1997-1999). Pressé de toutes parts, Ph. Maystadt finit par se plier à l’avis du Comité directeur du PSC et se présente en ticket avec Joëlle Milquet (fin mai 1998). Renonçant à ses fonctions ministérielles, retrouvant son mandat de député fédéral (19 juin 1998-13 juin 1999), Philippe Maystadt accède à la présidence du PSC, le transforme en « nouveau PSC »,  lui fait passer le difficile cap du triple scrutin de 1999, en étant élu au Sénat (3e score du collège francophone), tout en proposant un ambitieux « plan de convergences pour la Wallonie » à l’horizon 2010.

À partir du 1er janvier 2000, Philippe Maystadt abandonne tous ses mandats belges pour accéder à la présidence de la Banque européenne d’investissement, mission qu’il remplit jusqu’au 1er janvier 2012. Expert international, auteur de plusieurs rapports et livres sur l’économie et la finance, président de la toute jeune ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles, août 2014), il est élu à la présidence du Centre international de formation européenne (Cife) (janvier 2015-décembre 2017) et l’un des fondateurs de « Ceci n’est pas une crise », fondation créée pour lutter contre l’essor du populisme (2015).

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2017
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 422-427

 

Mandats politiques

Député (1977-1995)
Secrétaire d’État aux Affaires wallonnes (1979-1980)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1991)
Ministre (1980-1998)
Sénateur (1992-1995)
Membre du Parlement wallon (1992-1995)
Député fédéral (1995-1999)
Ministre d’État (1998)
Sénateur (1999-2000)


Parlementaires et ministres de Wallonie (2017)