Godeaux Lucien

Académique, Mathématique, Militantisme wallon

Morlanwelz 11/10/1887, Liège 21/04/1975

Dans le monde des mathématiques, le nom de Lucien Godeaux émerge littéralement. Professeur à l’Université de Liège de 1925 à 1957, il s’inscrit dans la lignée de géomètres doués et s’impose comme le chef de file de l’école liégeoise moderne des Sciences mathématiques. Son don était précoce ; il avait été repéré par ses professeurs à l’Athénée d’Ath. Jeune étudiant à l’École des Mines de Mons (1906), il adressait déjà des notes à l’Académie afin de faire progresser les sciences, en particulier la géométrie algébrique, différentielle et projective. Ce réflexe, communiquer en publiant des articles, il le conservera toute sa vie comme en témoigne sa volumineuse bibliographie, dont ressort un titre phare Les géométries (1933). Quand il est fait docteur en Sciences physiques et mathématiques de l’Université de Liège en 1911, il compte déjà soixante articles… Voyager, aller à la rencontre de la connaissance étaient aussi une nécessité pour celui qui avait suivi les cours de Federigo Enriques à Bologne. En 1949, il fonde le Centre belge de Recherches mathématiques, qu’il préside jusqu’en 1966.

Le mathématicien s’intéresse aussi à la chose publique, à la défense de la langue mais surtout du droit des gens. Cofondateur de la section de Liège de la Ligue des Intellectuels wallons (1938), il figure parmi les promoteurs de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie qu’il préside dès 1943. Vice-président du Congrès national wallon qui se tient à Liège les 20 et 21 octobre 1945, il se prononce en faveur du fédéralisme. Résumant les griefs wallons en matière culturelle, il s’inquiète de la disparition de foyers de langue française en Flandre, de la flamandisation progressive des structures belges et d’un gaspillage de moyens financiers par des saupoudrages justifiés par des préoccupations seulement linguistiques. En 1947, il est l’un des signataires de la pétition La Wallonie en alerte, dénonçant la minorisation du pays wallon. Actif au sein de mouvements wallons jusque dans les années 1960, il fut, sans conteste, l’un des piliers de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 730
François JONGMANS, dans Nouvelle Biographie nationale, vol. 4, 1997, p. 188-191