© Musé de la Vie wallonne

Ramet Alphonse

Lettres wallonnes

Verviers 01/06/1873, Liège 19/05/1916

Après la Grande Guerre, la rue du Midi, cette importante artère fréquentée par de nombreux Verviétois, a changé de nom (septembre 1919). Si la « rue des Fusillés » fut proposée, c’est finalement « la rue des Martyrs » qui a été choisie, afin d’honorer la mémoire de quatre patriotes verviétois fusillés par les Allemands en raison de leurs activités d’espionnage : Orphal Simon est un ouvrier textile qui faisait partie d’une chaîne d’évasion et s’était mis au service du bureau de documentation française dirigé par le capitaine Benazet depuis Maastricht ; arrêté et jugé très rapidement, le jeune Verviétois fait partie des premiers fusillés pour espionnage (Liège, 18 octobre 1915). Pour le même motif, Henri Siquet est lui aussi fusillé, mais à la citadelle de Namur, le 25 avril 1918. Quant à Victor Lemoine (présenté comme plombier ou comme garçon de café) et Alphonse Ramet (ébéniste ou employé de commerce), ils sont exécutés à Liège en 1916.

Ces deux derniers s’étaient mis au service des renseignements militaires français. Ensemble, ils surveillaient les mouvements de troupes de l’occupant, ainsi que tout le trafic ferroviaire. Ils étaient en quelque sorte des résistants de la Première Guerre mondiale. Leurs activités furent découvertes et les deux hommes arrêtés, emprisonnés à la prison Saint-Léonard à Liège, avant de passer devant le Conseil de guerre de Liège. Le 18 avril 1916, Alphonse Ramet est condamné à mort « pour trahison pendant l’état de guerre en pratiquant l’espionnage ». Un mois plus tard, il est passé au poteau d’exécution au bastion de la Chartreuse à Liège, en même temps que Victor Lemoine (19 mai). La peine de mort est aussi prononcée contre sa sœur Alphonsine Ramet (tailleuse de son métier), mais elle est commuée en travaux forcés à perpétuité ; une autre sœur est condamnée à quinze ans. Leur mère, quant à elle, Louise Mathieu (veuve Ramet), négociante, elle est condamnée à dix ans de travaux forcés ; elle décèdera dans les premiers mois de 1917, des suites des mauvais traitements qui lui ont été infligés à la forteresse allemande de Siegburg où elle était détenue. Son corps est rapatrié à Verviers en mai 1923.

Martyr de guerre, Alphonse Ramet aurait pu entrer dans les livres d’histoire d’une autre façon car il consacrait une partie de ses loisirs d’avant-guerre à l’écriture. Dans la langue wallonne encore fortement usitée à l’époque, il compose de joyeuses pasquèyes, des poèmes, des monologues amusants, voire des cråmignons qu’il adresse à divers journaux. Sa chanson Lu Mèsse du doze eùres mons l’qwârt témoigne du potentiel qu’aurait pu exprimer cet espoir des lettres wallonnes. Écrivant aussi des chansons en langue française, il n’est pas rare que s’y expriment ses idées socialistes. Malgré ses convictions politiques, il s’engage comme volontaire en août 1914, et part combattre sur le front où il est blessé. Évacué en France où il est soigné, il revient à Verviers et met en place un réseau de renseignements en faveur de l’État-major français, avec ses sœurs et sa mère.

Après l’Armistice, la Ligue wallonne de l’arrondissement de Verviers et un Comité spécifique entreprennent de rassembler les productions éparses de l’auteur wallon et publient, à titre posthume, les Œuvres d’Alphonse Ramet, chansonnier wallon, mort pour la patrie le 19 mai 1916, ouvrage de 200 pages précédé d’une préface d’Eugène Bilstain. Il s’agit là de l’unique témoignage livresque des talents littéraires wallons d’Alphonse Ramet.

 

Œuvre principale

Œuvres d’Alphonse Ramet, chansonnier wallon, mort pour la patrie le 19 mai 1916 (1921, éd. posthume)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de Presse & https://www.belgicapress.be/ dont Le Télégraphe, 23 mai 1916 ; L’Écho de la Presse, 31 mai 1916, Le Bruxellois, 2 juin 1916, La Nation belge, 17 mai 1923, p. 5
Adolphe HARDY, La femme belge et la défense nationale. A propos du 4 août, dans La Libre Belgique, 7 août 1935, 
SOCIÉTÉ VERVIÉTOISE D’ARCHÉOLOGIE ET D’HISTOIRE, Bulletin trimestriel, avril-juin 2015, en ligne sur http://www.svah.be/Bulletins/2015-2.pdf 
http://www.bel-memorial.org/names_on_memorials/display_names_on_mon.php?MON_ID=582
http://www.bestofverviers.be/chroniques/historiques/1109-promenade-guerriere-rue-xhavee.html
http://www.1914-1918.be/civil_fusilles.php.