Guy Focant (SPW)

Château de La Plante à Namur

Cet élégant édifice en U de style Louis XVI aménagé au milieu du xixe siècle par Louis Mohimont au départ de deux maisons jointives du xviiie siècle fut loué à la Province de Namur par les descendants du dernier occupant avant d’être vendu, incendié, menacé de démolition, et heureusement racheté à partir de 1998 par l’ACIS, Association chrétienne des institutions sociales et de santé, dont il abrite le siège social.

1974 : le Conseil régional provisoire

Le ler avril 1974, à l’initiative de François Perin du côté francophone, Ministre RW des Réformes institutionnelles dans une coalition dirigée par Léo Tindemans, la loi dite de « régionalisation préparatoire » créa au sein du Gouvernement trois Comités ministériels des affaires régionales et, au départ des Sénateurs, trois Conseils régionaux consultatifs dont le premier Conseil régional wallon. Ce fut une étape importante dans la voie de la régionalisation à trois, mais les travaux de ce premier CRW furent boycottés par le Parti socialiste en raison de l’hostilité du coprésident du PSB André Cools à cette structure sans pouvoir née en dehors de la volonté du PSB.

Le CRW tint ses séances publiques dans la salle du Conseil provincial de Namur et c’est également de cette dernière qu’il obtint en sous-location, pour y installer ses services à partir du ler juillet 1975, le château de la Plante que la Province prit en location à cet effet pour un bail de neuf ans. Les présidences de groupes et les bureaux de l’assemblée y furent installés jusqu’à leur dissolution peu avant les élections législatives d’avril 1977. Au terme de celles-ci, le retour des socialistes au pouvoir devait notamment se traduire par la suppression des Conseils issus de la loi de 1974 avant la création d’un nouveau CRW, radicalement différent, trois ans plus tard.

L’implantation de La Plante était prévue pour n’être que provisoire, le Bureau politique du CRW ayant souhaité dès 1975 pouvoir installer le Conseil, sa salle des séances et ses services dans l’ancien hospice Saint-Gilles au confluent de la Meuse et de la Sambre, puis dès l’année suivante, dans un bâtiment neuf à construire sur la pointe du Grognon.

1980 : le premier siège de la SRIW

Créée par la loi du 4 août 1978 (après la fin des Conseils régionaux consultatifs), la Société régionale d’Investissement de Wallonie fut officiellement constituée à Namur le 22 octobre 1979. Elle commença effectivement à fonctionner à partir du 1er mars 1980 dans les locaux du château de La Plante désertés par le défunt Conseil, avant de s’installer dans un immeuble de bureaux à Jambes, place Joséphine-Charlotte, puis de rejoindre Liège dans les années 1990 avec les autres organismes publics régionaux à vocation économique.

Avenue de la Pairelle, 32-34, 5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant (SPW)

Chantre de la Liberté

Installée en 1996 à l’entrée de la ville de Charleroi, sur le rond-point situé entre le boulevard Tirou, les rues du Pont-Neuf et de l’Écluse, cette sculpture réalisée par l’artiste local Charles Delporte (né à Marcinelle en 1928) représente trois coqs identiques et dos à dos regardant chacun dans une direction différente. Choisi par son auteur, le titre de l’œuvre symbolise clairement la signification politique donnée ici au coq wallon.

Rond-point du boulevard Tirou
6000 Charleroi

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy (Focant)

Centre administratif Cap Nord du SPW

Conçu par l’architecte montois Jean Barthélemy (par ailleurs président des Journées du Patrimoine en Wallonie de 1991 à 2008) au sein de l’Atelier d’urbanisme, de réhabilitation et d’architecture (AURA), le Centre administratif du Ministère de l’Équipement et des Transports - aujourd'hui intégré au sein du Service public de Wallonie - fut édifié derrière les voies de chemin de fer de la gare de Namur à partir d’octobre 1996 et achevé en juin 1999. L’édifice se singularise non seulement parce qu’il fut le plus grand bâtiment public réalisé jusqu’alors en Wallonie, mais aussi par la précision et le raffinement de sa réalisation ainsi que par la modernité de son image. Offrant une superficie totale de 68.000 m² et pouvant accueillir 950 agents autour d’une rue intérieure qui permit de développer un espace interne d’une valeur esthétique manifeste, il réussit le pari d’intégrer une construction d’envergure dans le paysage urbain en tirant parti d’un terrain long et étroit, tout en marquant sa présence – et donc celle de la Région – avec une certaine solennité.

Un ministère pour le XXIe siècle

La création du Ministère de l’Équipement et des Transports (le MET) remonte à l’été 1989, lorsqu’eut lieu le transfert aux Régions (décidé par la loi du 8 août 1988) de nouvelles compétences, principalement en matière d’économie, de transport et d’infrastructure. Quelques 3.500 agents des Travaux publics, des Communications, du Fonds des Routes, des Voies navigables et des Voies aériennes intégrèrent ainsi le 1er janvier 1990 le tout nouveau Ministère, créé alors aux côtés du Ministère de la Région wallonne (le MRW, remontant à 1981). Ceux-ci furent d’abord disséminés dans divers locaux namurois, mais le principe de la construction d’un bâtiment pour les regrouper fut arrêté dès 1990 et le choix du site de la gare fut accepté par l’Exécutif régional dès l’année suivante. Il fallut ensuite deux ans de discussions complexes sous la
houlette du cabinet du Ministre en charge des Implantations Robert Collignon pour que le projet prenne corps et soit approuvé en mai 1994, puis deux ans de démarches diverses encore pour pouvoir entamer le chantier en octobre 1996.

Le démarrage des travaux du Centre administratif du MET suivait d’un peu plus d’un an et demi l’inauguration par le même Robert Collignon, le 13 janvier 1995, du siège central du MRW, à Jambes, entamé en mars 1992. OEuvres des architectes Honoré, Minet, Wargnies, Farla et Greisch, celui-ci accueillait sur le site de l’ancien hôtel de ville de Jambes quelque 800 fonctionnaires dans un bâtiment renouant avec l’inspiration urbanistique et architecturale de la Renaissance, tout en dégageant à ses pieds une nouvelle place de la Wallonie. L’équipe architecturale initiale (Honoré et Farla) avait été constituée en 1984 déjà lorsque le Ministre-Président Jean-Maurice Dehousse avait lancé un concours de promotion pour l’implantation des administrations régionales à Namur, décidée en 1983 mais remise en cause entre 1985 et 1987.

Une cellule provisoire de la future administration wallonne, forte de douze agents, avait été mise en place en mars 1981 et elle s’était efforcée dans un premier temps de regrouper l’ensemble des fonctionnaires alors régionalisés en un lieu unique à Bruxelles, square Frère-Orban. À l’époque, en matière d’outils publics régionaux, seuls des agents de la Société de Développement régional de Wallonie (SDRW) se trouvaient à Namur, soit au siège de celle-ci (rue Grafé, 5), soit au 54 de la rue Godefroid, face à la gare. Ils furent intégrés au MRW en juillet 1983, la SDRW ayant été dissoute. Les premiers transferts de fonctionnaires depuis Bruxelles pour Namur eurent lieu au milieu des années 1980, dans les endroits les plus divers : au-dessus du magasin C&A face à la gare, dans une aile encore inoccupée de l’hôpital (avenue Albert Ier face à la Meuse), dans des immeubles à appartements transformés en bureaux à Jambes, etc. Le Ministre-Président Bernard Anselme put élaborer une politique d’implantations plus cohérente au tournant des années 1980-1990.

Témoignage de Georges Horevoets, ancien Secrétaire général du Ministère de la Région wallonne

"Nous avons également à négocier le transfert des fonctionnaires qui composent le Ministère de la Région wallonne au départ de huit ministères nationaux. Le passage des membres du personnel des ministères nationaux aux ministères des Communautés et des Régions ne se fait pas sans peine. Sur les mille quatre cent cinquante agents qui composent le cadre du Ministère, neuf cents tout au plus sont transférés. Les effectifs ressemblent quelquefois à une armée en déroute. Des pans entiers de l’administration se retrouvent sans le moindre encadrement. De surcroît, ils sont dispersés dans de multiples bâtiments bruxellois. Je me souviens encore que l’on nous avait même transféré des agents... décédés ou retraités. 
Notre tâche consiste alors à rassembler l’ensemble de nos troupes en un lieu unique de Bruxelles : square Frère-Orban, à proximité du Conseil d’État. Pour faire face à une telle situation comme pour éviter tout double emploi, nous proposons à l’Exécutif régional wallon de fusionner le Ministère et la Société de Développement régional pour la Wallonie (S.D.R.W). Ce que malheureusement nous n’avons pas prévu, c’est qu’à la veille de la fusion, l’Exécutif décide de gonfler le cadre de la S.D.R.W, si bien que ce sont cent cinquante-six agents supplémentaires qui rejoignent le Ministère. 
En 1984, l’Exécutif décide d’installer ses services à Namur. D’abord, le cabinet du Ministre-Président, puis l’administration. L’économie, l’environnement, les pouvoirs locaux déménagent ensuite progressivement. Fin 1985, changement de coalition. Melchior Wathelet décide de tout arrêter, allant jusqu’à rappeler les camions en route vers Namur. L’administration doit dès lors vivre avec cette double implantation jusqu’en 1988, moment où l’ensemble des services rejoignent définitivement la capitale wallonne". 
Source: L’Aventure régionale, p. 71-72.

Boulevard du Nord, 8, 5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant (SPW)

Castel de Pont-à-Lesse

C’est en 1948 que les Métallurgistes FGTB de la province de Liège acquièrent près de Dinant, sur la commune d’Anseremme, le château Brugman, édifice néoclassique en L, en brique peinte, du premier tiers du XIXe siècle, doté de dépendances néobaroques en calcaire de la fin du XIXe siècle. Ils le transforment en « Castel des syndicats » pour permettre aux travailleurs de profiter le mieux possible de leurs congés payés. Cet ancien établissement de tourisme social, aujourd’hui reconverti en hôtel privé exploité par le groupe Accor sous l’enseigne Mercure, a accueilli durant des décennies quantité de formations, de conférences et de réunions de la FGTB wallonne.

1950, 1962 : André Renard dans la question wallonne. Plusieurs témoignages font état d’un projet de gouvernement provisoire wallon à la fin de juillet 1950, au plus fort de la crise royale, dans lequel le leader des Métallos FGTB liégeois était impliqué. Selon un autre syndicaliste, Robert Moreau (qui deviendra plus tard Secrétaire d’État RW en 1974), André Renard était au Castel de Pont-à-Lesse le 29 juillet 1950 pour y rédiger avec d’autres syndicalistes, non liégeois, une déclaration d’autonomie de la Wallonie. Douze ans plus tard, c’est en tout cas à Pont-à-Lesse que Renard, le 24 juin 1962 – moins d’un mois avant son décès le 20 juillet suivant –, eut sa dernière réunion avec les cinquante cadres du MPW, dans la foulée de la grande manifestation organisée par celui-ci le 15 avril à Liège, pour arrêter un programme de développement du Mouvement constitué sous son impulsion sept mois plus tôt.

Pont-à-Lesse, 31
5500 Dinant

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Buste Jules DESTREE

Situé sur la Grand-Place de Marcinelle et adossé à un muret derrière l’église romane Saint-Martin, un petit monument à Jules Destrée a été le lieu de commémorations liées au Mouvement wallon, à l’initiative de la commune de Marcinelle, à partir de 1950. Composé d’un élément principal en pierre, le monument comporte une colonne sur laquelle est placé un buste en bronze de Jules Destrée au visage expressif, oeuvre du sculpteur et graveur bruxellois Armand Bonnetain (1883-1973). Un autre exemplaire de ce buste, en pierre, se trouve au palais des Académies à Bruxelles et un troisième, en bronze lui aussi, est installé dans un des halls du palais de Justice de Bruxelles.

Grand-Place de Marcinelle
6001 Charleroi

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Buste PLISNIER Charles

Le parc érigé sur les vestiges de l’ancien château fort des comtes de Hainaut abrite notamment un buste de l’écrivain montois Charles Plisnier (Ghlin, 1896 – Ixelles, 1952), qui adhéra très tôt au Mouvement wallon et y défendit avec éloquence - notamment au Congrès de Liège de 1945 – la thèse réunioniste (profrançaise) ou, à défaut, fédéraliste. À sa mort, Marcel Thiry avait salué la mémoire du « champion le plus prestigieux de la Wallonie depuis Jules Destrée ».

Plisnier avait été, en 1937, le premier écrivain non français à recevoir le prix Goncourt et il fut sérieusement proposé pour le prix Nobel de littérature en 1951. Le 8 mars 1997, la commune de Lasnes (Brabant wallon) a inauguré une plaque commémorative sur la maison où l’auteur résida de 1935 à 1937 à Ohain. Enterré au cimetière de Mons, Plisnier a également un buste en son honneur au parc Jacques Franck à Saint-Gilles (Région bruxelloise), oeuvre de l’ancienne danseuse Akarova (Marguerite Akarin, 1904-1999), buste dont un double se trouve depuis 1957 à Woluwé-Saint-Lambert à l’intersection des avenues des Géraniums et des Camélias.

Parc du Château
7000 Mons

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Immeuble, rue Van Opré n° 97

Immeuble de bureaux sans recherche architecturale particulière, tel qu’il s’en est construit beaucoup à Jambes autour de la place Joséphine-Charlotte, au tournant des années 1970 et 1980.

1984 : le premier cabinet ministériel à Namur

Aussi longtemps que le pouvoir exécutif wallon encore embryonnaire fut composé de membres de Gouvernement central (Comité ministériel des Affaires wallonnes présidé par Alfred Califice de 1974 à 1977 ; premiers Exécutifs régionaux présidés par Jean-Maurice Dehousse d’avril 1979 à décembre 1981), ceux-ci siégeaient par la force des choses à Bruxelles. C’est le pouvoir exécutif autonome (mais alors obligatoirement composé à la proportionnelle) qui décida le 27 octobre 1982 d’installer à Namur, au plus tard en 1985, les cabinets ministériels wallons et les administrations régionales. L’Exécutif fut présidé par le même Jean-Maurice Dehousse d’octobre 1982 à décembre 1985 après neuf mois de présidence du libéral André Damseaux (de janvier à octobre 1982).

Malgré cette décision de principe, l’Exécutif wallon resta entièrement localisé à Bruxelles durant encore deux ans, seules ses réunions budgétaires étant organisées au château de La Hulpe.

Le ministre socialiste de l’Environnement, Valmy Féaux, fut le premier à installer son cabinet ministériel à Namur, au 97 de la rue Van Opré, sur deux plateaux que Cockerill Sambre venait de libérer dans un immeuble proche de la place Joséphine-Charlotte et des premiers bureaux de la SRIW (Société régionale d’Investissement de Wallonie). L’installation du cabinet à Namur eut lieu en décembre 1984. C’est dans un bâtiment annexe à peine terminé au coin de la rue Van Opré et de la rue Kefer (aujourd’hui occupé par des services de l’Inspection de l’Enseignement de la Communauté française), destiné à une des cellules du cabinet, qu’eut lieu le 13 mars 1985 la première réunion à Namur de l’Exécutif régional wallon. Son président, Jean-Maurice Dehousse, installa à son tour son cabinet dans la capitale wallonne en septembre suivant (avenue Prince de Liège, de l’autre côté de la place Joséphine-Charlotte), mais pour trois mois seulement.

Fin 1985, le premier Exécutif composé selon les règles normales du jeu démocratique (majorité sociale-chrétienne-libérale et opposition socialiste et écologiste), présidé par le social-chrétien Melchior Wathelet, décidait, en effet, de réinstaller à Bruxelles la totalité des cabinets ministériels wallons. Valmy Féaux quitta Namur le 9 décembre, non sans avoir planté un tilleul « commémoratif » sur l’esplanade faisant face à ses locaux. Ceux-ci sont toujours occupés aujourd’hui par divers services administratifs de la Région.

Dans le prolongement du no 97 de la rue Van Opré, mais situé place Joséphine-Charlotte, no 2, un nouvel immeuble de neuf étages (dont la construction avait été entamée en 2004) accueille depuis le 15 décembre 2008 les services du Secrétariat général du SPW (Service public de Wallonie).

Au sein de l’Exécutif, le débat est vif. Un clivage fort sépare ceux qui pensent qu’il faut rester à Bruxelles à proximité des grands centres de décision, là où se trouve l’administration (essentiellement les ministres libéraux et social-chrétien) et ceux qui, au contraire, plaident pour une installation – même si elle doit s’échelonner – sur le territoire wallon, à Namur, ville choisie pour accueillir les institutions politiques de la Région wallonne et où se trouve déjà depuis fin 1980 le Conseil régional wallon, aujourd’hui appelé Parlement wallon (essentiellement les ministres socialistes). Derrière ce clivage se profile surtout un désaccord profond entre partisans et adversaires de la fusion de la Communauté française et de la Région wallonne. En attendant, chacun s’installe – les uns dans une perspective définitive, les autres provisoire – à Bruxelles dans des locaux proposés par des sociétés immobilières. Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 94-95.

" Cet hiver-là, la Meuse charriait de gros blocs de glace sous le pont des Ardennes. En certains endroits, il était même possible de traverser le fleuve à pied. Il faut dire que depuis le lendemain de Noël – nous sommes en 1984 – la température à Namur est largement, et de façon continue, négative… atteignant même début janvier une pointe de -20 degrés. C’est pendant cette période hivernale, aux conditions climatiques exceptionnelles, que les premiers collaborateurs du cabinet du Ministre de la Région wallonne pour l’eau, l’environnement et la vie rurale emménagent à Namur – plus exactement à Jambes, à deux pas du pont des Ardennes… balayé par un fort vent polaire. Il fallait voir arriver ces pionniers ! Emmitouflés dans leurs anoraks et leurs pelisses, leurs visages à moitié dissimulés derrière une écharpe, le bout du nez perlé de gel, ils semblaient émerger de la toundra. En arrivant devant le grand bâtiment blanc de la rue Van Opré, appelé à abriter le cabinet du Ministre, ils éprouvaient un vif soulagement… tout en esquissant un sourire plutôt narquois. La carte de voeux du Ministre cette année-là ne reprenait- elle pas en exergue – ô ironie ! – un vers de Georges Brassens : « Il suffit de passer le pont ; c’est tout de suite l’aventure ». Eh oui, quelle aventure ! Ils s’en souviennent encore aujourd’hui, ces vaillants éclaireurs de la présence ministérielle en terre namuroise." Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 93.

"Notre Exécutif lui-même se cherchait encore, géographiquement parlant. Il siégeait au boulevard de l’Empereur, à Bruxelles, mais il se réunissait au château de La Hulpe quand il s’agissait de discuter du Budget. Nous n’en étions pas encore, loin s’en faut, à imaginer de faire de Namur le centre géographique et politique de la Wallonie qui se composait politiquement".  Témoignage de Jacqueline Mayence, in L’Aventure régionale, p. 80. 

Rue Van Opré 97 
5100 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

C. Bailleux - DPat - SPW

Immeuble, rue Van Opré n° 89

Petit immeuble de bureaux de trois niveaux construit fin 1984 à l’angle des rues Van Opré et Kefer, dont l’entrée se situe d’ailleurs dans cette dernière.

Le troisième Exécutif de la Région wallonne (juin 1983 – décembre 1985) De gauche à droite et de haut en bas : Philippe Busquin, Jean-Maurice Dehousse, André Damseaux, Valmy Féaux, Jacqueline Mayence et Melchior Wathelet © Collection privée

Abritant aujourd’hui des services de la Communauté française (Allocations d’études et Protection judiciaire), cet immeuble fut édifié à la demande du cabinet du Ministre Valmy Féaux qui venait de s’installer à Namur, pour y loger sa cellule « Emploi ». C’est là qu’eut lieu le 13 mars 1985 la première réunion de l’Exécutif régional en territoire wallon. De 1988 à 1992, la cellule « Implantations » du cabinet du Ministre-Président Bernard Anselme (installé rue Kefer) occupa les lieux.

"L’installation de mon cabinet à Namur m’astreignit à de fréquentes navettes vers Bruxelles où restaient localisés les autres Ministres de la Région wallonne. Les réunions de l’Exécutif se tenaient chez le Ministre-Président au boulevard de l’Empereur tous les mercredis. J’obtins quand même que l’Exécutif se réunisse quelques fois à Namur. La première réunion de l’Exécutif à Namur eut lieu le mercredi 13 mars 1985 dans les locaux fraîchement terminés – l’eau sourdait encore des murs – du bâtiment annexe destiné à la cellule « emploi ». La presse salua cette réunion comme un événement historique : des Ministres wallons qui pour la première fois tenaient leur réunion à Namur". Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 97. 

Rue Van Opré 89
5100 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW - G. Focant 

Pavé sacré à Louvain-la-Neuve

Un clin d'œil de l'histoire wallonne

Les auditoires Sainte-Barbe furent, en 1972, les premiers inaugurés à Louvain-la-Neuve, dans la nouvelle ville universitaire conçue suivant un schéma et un esprit totalement neufs par le professeur Raymond Lemaire (l921-1997), jusqu’alors connu comme spécialiste de la protection des villes traditionnelles et des monuments.

Trente-six ans plus tard, la première ville nouvelle construite en Wallonie (depuis la place forte de Charleroi en 1666) pour et autour de l’Université catholique compte près de 19.000 habitants, dont désormais une majorité non étudiante.

Avec l’affaire des Fourons, celle de Louvain, au milieu des années 1960 également, contribua puissamment à l’évolution du sentiment wallon lorsque les étudiants flamands, après des mois de vives manifestations anti-wallonnes, à connotation parfois racistes, obtinrent de la hiérarchie de l’Église catholique belge l’expulsion, hors de Leuven, des sections francophones de l’Université catholique jusque-là bilingue. 

Aujourd’hui, l’incontournable réussite de ce pari urbanistique en Wallonie tend à occulter les origines peu glorieuses de celui-ci, or la crise de Louvain fut une étape importante – et logique – dans la prise de conscience menant à une première réforme de l’État jusque-là encore unitaire.

Plutôt que la première pierre posée par le roi Baudouin en février 1971, nous retiendrons, comme symbole de cette étape, le « pavé sacré », fruit d’un canular estudiantin tournant en dérision l’expulsion flamande. 

L’année universitaire 1972-1973 débutait le 2 octobre et était la première où des étudiants (ingénieurs) se retrouvaient à Louvain-la-Neuve. Ils y inauguraient les auditoires Sainte-Barbe parmi la boue des chantiers. Ils décidèrent de marquer l’événement en allant prélever un pavé de la place du Vieux-Marché à Leuven et, en se relayant, le transplantèrent dans l’unique espace public existant à Louvain-la-Neuve, la place Sainte- Barbe, le 12 octobre 1972. Il s’y trouve toujours, tache plus sombre mais anonyme au milieu des autres pavés.

 

Place Sainte-Barbe
1348 Louvain-la-Neuve

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant-SPW

Athénée Destenay

Suite à l’installation d’une école moyenne dans les locaux de l’école industrielle, sise jusque-là rue des Croisiers, décision est prise de construire un nouveau bâtiment pour abriter l’institution, sur les plans des architectes Louis Boonen et Joseph Lousberg. Facilement accessible depuis la construction d’une passerelle en 1878, le boulevard Saucy s’impose au choix du collège communal. 

Située sur l’ancien bief de Saucy comblé en 1872, l’école industrielle s’installe donc dans un nouveau quartier sortant de terre à la fin du xixe siècle. L’édifice est terminé en 1881 et inauguré en 1883. Bâtiment imposant de style néoclassique, l’école industrielle présente une riche façade : frise de feuillage en pierre, fronton à colonnes et linteaux de fenêtres en alternance de pierres. Un oeil-de-boeuf, dans lequel l’architecte pensait installer une horloge, anime également cette façade. Le fronton comporte une haute statue en pierre, Le Métallurgiste, réalisée sur concours par le statuaire Guillaume Beaujean. Cette oeuvre, imposante dans ses dimensions, renforce le caractère néoclassique du monument, déjà étayé par le jeu des colonnades. 

Le bâtiment a été surélevé au milieu des années 1950, sur ses deux ailes, par un troisième étage en briques rouges. Dans la cour trône un bronze représentant Zénobe Gramme, ancien élève de l’école (lorsqu’elle était rue des Croisiers), réalisé par le sculpteur liégeois Joseph Sauvage. Un intéressant monument aux morts des deux guerres mondiales se trouve au premier étage depuis 1946. Depuis 1962, le bâtiment abrite les locaux d’une école secondaire, l’athénée communal Maurice Destenay (aussi appelé athénée Saucy).

 

1912 : le septième Congrès wallon

Organisé par la Ligue wallonne de Liège, le Congrès wallon se déroule pour la première fois dans les locaux de l’école industrielle, le 7 juillet 1912, six ans après le dernier Congrès et sous la présidence de Julien Delaite. De nombreux sujets sont à l’ordre du jour : flamandisation de l’Université de Gand, défense de la langue et de la littérature wallonnes, mise en valeur de l’histoire wallonne. Au cours des débats, le projet de Delaite en faveur d’une séparation administrative fait l’objet d’un débat vif et d’un vote favorable. Pour la première fois depuis 1890, un Congrès wallon opte pour le fédéralisme. C’est en rentrant du Congrès que Jules Destrée conçoit sa « Lettre au Roi » sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre.

 

1913 : le huitième Congrès wallon

À nouveau organisé par la Ligue wallonne de Liège, le Congrès du 6 juillet 1913 présidé par Delaite est essentiellement culturel: mise en valeur de l’histoire wallonne, littérature et philologie wallonnes en sont les thèmes principaux. Le Congrès est également l’occasion de s’insurger contre la récente loi sur l’emploi du flamand à l’armée. Ce congrès, qui aura bien moins de répercussions que le précédent, clôture une série de Congrès organisés à Liège. Un dernier Congrès wallon sera organisé à Verviers peu avant l’invasion.

Boulevard Saucy 16
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009