Frédéric MARCHESANI, 2014

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Cimetières du sud et du nord de Tournai

Les cimetières de la ville de Tournai abritent plusieurs monuments funéraires de personnages liés au régime français. Dans le cimetière du sud se trouvent les sépultures suivantes :

Louis-Lamoral de Clément de Taintignies, né à Féchain (Nord de la France) le 5 août 1789, page à la cour de France, lieutenant dans le 1er hussards, officier d’ordonnance de Napoléon et chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. Décédé à Tournai le 24 avril 1834

Louis-Charles Benjamin van der Burch, né à Aubry-du-Hainaut, dans le fief familial, le 18 juin 1786. Entré au service de l’armée comme ses frères, il sert dans le 27e chasseurs à cheval. Sous l’Empire, il termine sa carrière au grade de capitaine en 1813 et est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il meurt à Bruxelles le 20 mai 1847. Il repose dans un monument entouré d’une grille en fer forgé et entouré des armoiries familiales ;à droite de la sépulture précédente se trouve la tombe de Jean-Baptiste Louis Joseph Deleplanque, volontaire au 2e chasseurs à cheval à partir de 1805. Il prend part aux batailles d’Iéna, Pułtusk, Eylau et au siège de Saragosse. Il est blessé au siège de Leipzig puis devient aide de camp du général Pajol pendant la campagne de 1815. Il est à nouveau blessé à la bataille de Waterloo et est décoré de la Légion d’honneur. Il termine sa carrière au grade de général de l’armée belge et repose aujourd’hui sous un obélisque décoré d’ornements militaires. Ce monument funéraire a été récemment restauré par l’association pour la conservation des monuments napoléoniens

Camille Ysebrant de Lendonck (1799-1863), sous-lieutenant au 4e bataillon belge pendant les campagnes de 1814 et 1815 ;Charles-Henri Joseph de Rasse, né à Tournai le 3 décembre 1774, chevalier d’Empire, maire et bourgmestre de la ville de 1804 à 1818. Sous le régime français, il met en place un corps de police municipal et un service d’incendie. Il contribue à l’amélioration de la ville par la construction de nouvelles routes et la création de parcs. Il décède à Tournai en janvier 1818.Dans le cimetière du nord, on peut observer deux autres sépultures 

Léopold Charles Lamoral van de Kerckhove d’Hallebast, né à Velaines le 30 juillet 1796. Colonel de cavalerie sous l’Empire et médaillé de Sainte-Hélène, il est également fait officier de l’ordre de Léopold sous le régime belge. Il décède à Tournai le 23 mai 1876 ;Jean Joseph Xavier Stienon, colonel sous l’Empire, chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la médaille de Sainte-Hélène, décédé à Tournai le 20 juin 1869 à l’âge de 90 ans.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Bornes du cadastre à Le Mesnil

Dans les bois de Le Mesnil se trouvent plusieurs bornes de cadastre plantées par les Français à partir de la première occupation de nos régions. Elles constituent de nos jours un des très rares témoins des entreprises de bornages réalisées sous le régime français. On y trouve une série de quatorze petites bornes en pierre de taille de 30 à 40 cm de hauteur environ plantées entre 1793 et 1806.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Bornes de la principauté de Liège

Une borne-frontière Liège-Hainaut frappée du perron liégeois située devant le no 11 de la rue de la Naïe à Presgaux © IPW


Couvin/Presgaux


Distantes d’une centaine de mètres, deux bornes en pierre bleue marquent la frontière entre la principauté et le comté de Hainaut. Elles se situent à la limite des localités de Presgaux (commune de Couvin, principauté de Liège) et de Baileux (commune de Chimay, comté de Hainaut), sur le territoire de la première. 

Elles sont ornées du côté ouest d’un glaive et des armes de Chimay et à l’est d’un perron liégeois. La première est en outre marquée « HaN » du côté hennuyer et « LiG » du côté liégeois, avec la date de 1767. 

Ces deux bornes, facilement visibles en face des nos 5 et 11 de la rue de la Naïe témoignent d’un important bornage entrepris à partir de 1735. Plusieurs autres bornes subsistent au lieu-dit « la Taille Seron », à la limite des actuelles provinces de Namur et du Hainaut mais sont malheureusement difficiles d’accès.



 Hastière/Agimont

Une borne-frontière entre la principauté de Liège et le royaume de France a récemment été retrouvée sur le territoire de la localité d’Agimont, au bas de la route menant de Heer-Agimont à Petit-Doische. Datée de 1776, elle témoigne d’un bornage effectué à la suite de la signature du Traité des limites à Versailles en 1772 entre Louis XV et le prince-évêque François-Charles de Velbrück. Sur cette borne, mise à nouveau en évidence en décembre 2011, est gravée « France » sur un côté et « Liège » sur un autre.


Liège (Sclessin)

Une borne-frontière entre les principautés de Liège et de Stavelot se trouve aujourd’hui au Val-Benoît. Autrefois située de l’autre côté du chemin de fer, dans la végétation, elle a été replacée à cet endroit en 2006 et témoigne de l’appartenance de Sclessin à la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy au Moyen Âge. Suite au grand partage de 1768 6, Sclessin et une partie de Cointe passent sous contrôle principautaire. 

La borne frontière Liège-Stavelot située à Sclessin © IPW

La borne se compose de deux parties identiques, placées l’une en face de l’autre et servait à encadrer un bureau de l’octroi situé non loin de là. Le bloc de pierre calcaire, pointu à son extrémité, est sculpté sur une de ses faces. Le parchemin comporte une inscription qui témoigne de l’érection de ce monument et rend hommage à Henri de Bailly, bourgmestre de Liège en 1724 et 1731, puis conseiller de Charles-Nicolas d’Oultremont : « Honnore seigr Henry de Bailly, JurisConsult, conseiller interne de S. A. Évêque et Prince de Liège pour la 2me fois bourg[UE]m[AIT]re L[IÈGE] – 1771 ».

Philippeville/Samart

Dans la rue de la chapelle, une borne quadrangulaire en pierre bleue datée de 1776 marque la frontière entre la principauté et la France. Elle porte les identifications « France / 1776 » sur sa face nord et « LIEGE » au revers. Sur le dessus se trouvent des flèches indiquant l’emplacement de deux autres bornes situées au lieu-dit « Sauvage pré » datant de la même année. Toutes trois témoignent du bornage convenu entre Louis XV et François-Charles de Velbrück dont il était déjà question pour la borne conservée à Agimont.


Seraing/Boncelles


Une autre borne marquant la frontière avec les terres stavelotaines et difficilement localisable se situe en bordure de la route du Condroz à Boncelles. Le monument est gravé d’une mitre et d’un F, symbolisant la personne du prince-évêque Ferdinand de Bavière (1612-1650) sous le règne duquel fut entrepris ce bornage.

La borne dite « La Belle Pierre » à Soumagne. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine


 

Soumagne

L’actuelle localité de Soumagne faisait partie de la mense épiscopale liégeoise et fut souvent mise en engagère aux XVIIe et XVIIIe siècles. Implantée le long de la route menant à Herve, une imposante borne-frontière en calcaire marquait autrefois la limite avec le duché de Limbourg. Posée sur le parapet d’un pont franchissant le ruisseau du Bois-l’Évêque (anciennement pont Cloris), elle est contemporaine de la construction de l’ouvrage en 1787, comme l’indique une inscription présente sur le socle du monument. Haute d’environ 2 m, elle a la forme d’une pyramide tronquée et présentait autrefois sur sa face antérieure un cartouche décoré des écussons de la principauté de Liège et du Saint-Empire. La seconde face portait les armes des Pays-Bas autrichiens, dont faisait partie le duché de Limbourg. Les armes impériales et autrichiennes furent entièrement détruites à la Révolution et le cartouche ne conserve de nos jours que quelques traces des armes liégeoises, sur sa moitié droite.


Viroinval/Olloy-sur-Viroin

Olloy-sur-Viroin était sous l’Ancien Régime un des neuf villages de la seigneurie de Hierges, dépendant de la principauté de Liège depuis le Moyen Âge. Plusieurs bornes historiques marquant le territoire de la principauté sont situées au lieu-dit Try des Baudets, aujourd’hui occupé par un parc de vacances.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Bâtiments de l’ancien collège des Jésuites wallons

L’université de Liège, installée depuis 1817 au centre de la ville, conserve malgré les destructions et aménagements successifs quelques éléments du collège des Jésuites wallons, installé à cet endroit depuis 1582. Situés dans la cour intérieure et abritant notamment les services de la bibliothèque générale, les bâtiments historiques du « collège-en-île » ont été érigés en brique et calcaire sur les plans du maître-maçon Paquay Barbière dans la première moitié du XVIIIe siècle sur deux niveaux. L’aile principale, face à la salle académique, est longue de treize travées dont les cinq centrales sont en léger retrait et donnent l’illusion de deux ailes latérales. Une aile perpendiculaire dans la même cour subsiste également bien que sensiblement réaménagée au fil du XIXe siècle. Ces bâtiments sont caractéristiques de l’architecture liégeoise de l’époque : volumes de brique et calcaire, rythmés par des cordons de pierre prolongeant les seuils des fenêtres.

Quelques mois après les premiers faits révolutionnaires, comme cela fut le cas à Mons, une « Société des amis de la liberté et de l’égalité » est fondée à Liège en 1790. Créée à l’image de la société des Jacobins de Paris, elle doit cesser ses activités en janvier 1791, suite à l’occupation autrichienne de la ville et au rétablissement de l’Ancien Régime. Quelques jours après la libération de Liège par les troupes de Dumouriez en novembre 1792, elle reprend vie. Ses séances se tiennent dans l’église du Grand Collège, au sein du complexe des Jésuites wallons. Comme à Mons, cette société ne survit que quelques temps seulement. Ensuite, après le retour des Français en 1794, l’armée investit les lieux et y installe une boulangerie : seize fours sont construits et l’église est transformée en magasin pour le grain et la farine.

Après l’annexion et la décision à Paris de créer une école centrale dans chaque préfecture, l’ancien collège est transformé en école centrale du département de l’Ourthe par arrêté de l’administration centrale du département du 7 avril 1797. Après une série de travaux de rénovation et d’aménagement, l’installation du corps professoral a lieu le 22 septembre 1797 à l’occasion de la fête de la fondation de la République. Comme le prévoit la loi, neufs chaires y sont créées : dessin, histoire naturelle, langues anciennes, mathématiques, chimie et physique expérimentales, grammaire générale, belles-lettres et législation. Les premiers cours s’ouvrent le 21 décembre suivant. L’école accueille jusqu’à 200 élèves ; bien moins que le collège d’Ancien Régime (300 à 350) mais plus que les écoles centrales de Namur, Bruges, Maestricht et même Bruxelles. Parmi ceux-ci, certains se distinguent par la suite : J. de Behr devient premier président de la cour d’appel de Liège ; P. Poswick, ministre de la Justice ; Closson et Raikem professeurs à la faculté de Médecine de l’Université de Liège ; T. Teichman, gouverneur de la province d’Anvers ; H. Rutxhiel devient un des sculpteurs en vogue sous l’Empire à Paris. L’école est supprimée à la fin du régime consulaire.

Le décret impérial du 17 mars 1808 offre une nouvelle affectation aux bâtiments en créant et organisant l’Université impériale. Dans ce décret, Liège est désignée comme siège d’une académie, c’est-à-dire d’une faculté des Lettres et d’une faculté des Sciences. Le Strasbourgeois Franz-Antoine Percelat est désigné comme recteur de cette nouvelle académie qui est la seule université pour les départements de l’Ourthe, de la Meuse inférieure, de la Roer et de Sambre-et-Meuse. Cette nouvelle affectation prestigieuse renforce encore le rôle primordial de Liège sous l’Empire par rapport aux autres villes de la région. En effet, en Wallonie, seule Liège compte une université impériale, une cour d’appel et une sénatorerie. 

La faculté des Sciences de Liège est officiellement créée par un arrêté du 25 septembre 1811, date que l’on peut considérer comme celle du début de l’aventure universitaire en cité ardente. Déjà, l’institution prend ses quartiers dans les bâtiments de l’ancien collège des Jésuites wallons. Un décret impérial du 4 janvier 1813 offre également à l’université les bâtiments de l’ancien couvent des Croisiers tous proches afin de s’agrandir. Situés autrefois dans la rue du même nom, ces bâtiments ont été démolis.

Pl. du Vingt Août 7
4000 Liège

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Souvenir du canal de Mons à Condé

Le développement des voies navigables sous le régime français est très favorable au département de Jemappes, producteur de charbon. Dès les premières années de l’annexion, l’idée d’un canal entre Mons et Condé le long du cours de la Haine germe dans l’esprit des décideurs et des industriels. Le gouvernement français souhaite notamment créer un important réseau de canaux sur le territoire national dont un devrait relier Paris à la Belgique. Le 15 janvier 1801, les Consuls chargent le ministre de l’Intérieur d’étudier le dossier. 

Plusieurs années de réflexion et de changements d’avis retardent pourtant le projet qui refait surface après la publication d’un décret impérial du 3 avril 1806. Le 1er mars 1807, Jacques-François Piou, ingénieur en chef du Corps impérial des ponts et chaussées, propose un nouveau tracé en ligne droite de Mons à Condé. Ce projet est approuvé par décret impérial le 18 septembre 1807 ; les travaux débutent un mois plus tard et durent plusieurs années. 

Au moment de la chute de l’Empire en 1814, le chantier est toujours en cours, majoritairement du côté français. Les travaux sont rapidement achevés du côté belge, grâce à l’intervention de Guillaume d’Orange ; le canal est alors provisoirement relié à la Haine. Plusieurs fois modernisé au cours du XIXe siècle, il change de visage à plusieurs reprises au fil des décennies et rares sont les témoins de sa physionomie à l’époque napoléonienne.

Quelques vestiges d’époque sont visibles du côté de Pommeroeul.

Dans le Hainaut également, un autre projet voit le jour sous le régime français. Un décret des Consuls du 4 mai 1803 ouvre la voie à la création d’un canal entre Charleroi et Bruxelles. Ce projet ne se concrétise toutefois pas sous Napoléon ; les travaux débutent en 1827, sous l’impulsion du régime hollandais.

Mons - Pommeroeul - Condé

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Plaque château Puissant 

Dès le 15 juin 1815, les Français se trouvent aux abords de Charleroi. Des combats ont lieu à Jumet et Gilly contre les troupes prussiennes alors qu’arrive l’empereur. Vers midi, Napoléon établit son premier quartier général au château Puissant, demeure de la veuve d’un maître de forges, qui a été détruit depuis. Il se rend ensuite dans la ville haute où il rencontre les maréchaux Ney et Grouchy, auxquels il confie respectivement le commandement de l’aile gauche et de l’aile droite de l’armée. Ney dirige les troupes lors de la bataille des Quatre-Bras, Grouchy se bat à Ligny. L’empereur passe la nuit du 15 au 16 juin à cet endroit ; il y est l’hôte de Catherine d’Heusy et de son fils, Ferdinand Puissant. En 1871, la demeure est vendue à la Banque nationale de Belgique, qui fait démolir le château en 1912 pour y ériger un nouveau bâtiment. 

Afin de rappeler la destinée des lieux au cours de la campagne de 1815 une plaque commémorative a été apposée sur la façade de la banque à l’initiative de la société belge d’études napoléoniennes le 21 septembre 1952. Décorée de l’aigle impériale et du chiffre de Napoléon, on peut y lire « Ici s’élevait le Château Puissant dans lequel, deux jours avant Waterloo, Napoléon Ier, Empereur des Français, établit son quartier général la nuit du 15 juin 1815 ». Le mur portant cette plaque a depuis été détruit, la plaque a été enlevée et non encore replacée.

plaque commémorative de l’emplacement du château Puissant à Charleroi © D. Timmermans

 

Rue de Charleville 36C
6000 Charleroi

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Collection privée

Séminaire épiscopal de Tournai

Le séminaire épiscopal de Tournai occupe depuis 1808 les anciens bâtiments conventuels du XVIe siècle d’un collège de la compagnie de Jésus construits et occupés par ceux-ci entre 1595 et 1773. De 1779 à 1797, les locaux sont habités par les religieux de l’abbaye de Saint-Médard. 

La façade classique de 1731, ou  « grand parloir », s’étale sur cinq travées de deux niveaux. Le frontispice est orné de pilastres en pierre à bossage et est marqué horizontalement par des cordons-larmiers. Au centre de celui-ci, un portail à pilastres toscans est surmonté d’un fronton triangulaire à tympan sculpté de cornes fleuries.  

Le portail donne accès à une cour intérieure bordée de trois ailes datées de 1640 et 1679.  Les façades sur soubassement appareillé s’élèvent sur deux niveaux rehaussés d’un étage récent. Elles sont percées de baies à petits-bois et montants harpés. Elles conservent deux portes gothiques (ailes de gauche et centrale), la première surmontée d’une niche baroque en pierre blanche accueillant une statue de saint Pierre et la seconde, abritant une sculpture de saint Charles Borromée. 

Fermant latéralement le complexe, la chapelle en style gothique tardif a été construite entre 1601 et 1604 en pierre de Tournai. En façade à rue, celle-ci s’ouvre par un portail Renaissance datant de 1603. L’édifice comprend trois nefs de six travées se terminant par un chœur à chevet plat.

ortrait de Monseigneur Hirn, évêque concordataire de Tournai, avec ses attributs de baron de l’Empire, propriété du séminaire épiscopal de Tournai. © Bruxelles, KIK-IRPA

Les événements révolutionnaires et l’arrivée des Français sonnent pour un temps le glas d’une occupation ecclésiastique des lieux. Dès juillet 1794, les bâtiments sont réquisitionnés au profit de l’armée républicaine. Le 16 janvier 1797, les religieux doivent abandonner leur abbaye qui est réaffectée immédiatement : le 23 janvier, un arrêté départemental affecte les locaux à l’entreposage et à la vente du mobilier national. Une fois les divers biens saisis vendus, le bâtiment se retrouve bien vite sans utilité. 

En 1799, le maire de Tournai sollicite l’autorisation du préfet pour transformer l’ancienne abbaye en manège pour les chevaux mais se heurte à un refus. En mai 1800, la création par Napoléon d’une sous-préfecture à Tournai bouleverse une nouvelle fois l’histoire des lieux. Les fonctionnaires s’y installent la même année. Le 8 septembre 1803, Monseigneur Hirn, nouvel évêque concordataire de Tournai, fait son entrée dans la cité. Rapidement, il demande la réaffectation des bâtiments de la sous-préfecture pour l’établissement d’un séminaire épiscopal qui faisait cruellement défaut à Tournai. L’évêque obtient finalement gain de cause le 7 janvier 1808 lorsqu’un décret impérial fixe la création d’un séminaire épiscopal dans l’ancien collège des Jésuites. 

Voilà ainsi plus de deux siècles que les prêtres du diocèse de Tournai sont formés à cet endroit et ont pris la place de fonctionnaires départementaux. Aujourd’hui, plus rien ne témoigne de cette très brève occupation des lieux par une sous-préfecture du département de Jemappes.

Rue des Jésuites 28
7500 Tournai

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Presbytère et Institut Saint-Michel de Neufchâteau

Ancienne maison prévôtale des comtes de Rochefort, située à deux pas de l’ancien site castral de Neufchâteau, l’actuel presbytère est un bel édifice classique daté de 1714 par des ancres situées au-dessus de la porte. Modernisé dans l’esprit néoclassique au milieu du XIXe siècle, le bâtiment comporte un large double corps de deux niveaux sur cinq travées espacées de baies à linteau bombé. La porte est précédée d’un perron à double volée d’escaliers et garde-corps.

Sous le régime français, le bâtiment est transformé en gendarmerie et témoigne aujourd’hui d’un autre aspect institutionnel hérité de la période républicaine. Bien qu’ayant existé sous des formes différentes auparavant, la gendarmerie est officiellement créée par la loi du 16 février 1791. La loi du 17 avril 1798 précise que « le corps de la gendarmerie nationale est une force instituée pour assurer dans l’intérieur de la République le maintien de l’ordre et l’exécution des lois ». Apportée dans nos régions suite à l’annexion, l’institution perdure en Belgique durant plus de deux siècles avant d’être dissoute et intégrée à la police fédérale en 2001 après la réforme des polices. 

De par son statut de sous-préfecture du département des Forêts, Neufchâteau abrite un tribunal de première instance sous le régime français, installé dans le bâtiment ancien de l’Institut Saint-Michel. Comme les autres tribunaux du département, il dépend du tribunal d’appel de Metz. Le ressort du tribunal chestrolais s’étend sur les cantons de Neufchâteau, Paliseul, Sibret, Bastogne, Fauvillers, Houffalize, Florenville, Étalle et Virton. À côté de ces deux bâtiments est inaugurée en 1808 une nouvelle prison, à l’emplacement actuel des bâtiments de l’Institut Saint-Michel construits dans les années 1970. 

Cette prison fonctionne place du château jusqu’à son transfert en 1875 sur la place Charles Bergh. La prison française est transformée en hospice jusqu’à sa démolition en 1967. Seul témoin d’époque, l’ancienne porte de la prison existe toujours ; elle a été déplacée contre un mur non loin de la tour Griffon. Visible dans le passage couvert de la ruelle Lepée, elle est surmontée d’un fronton triangulaire en grès jaune et est décorée de chaînes de part et d’autre.

6840 Neufchâteau

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Presbytère de Sombreffe

L’après-midi du 15 juin 1815, le feld-maréchal prussien Blücher est informé des combats de Charleroi et de la déroute de ses troupes. Il quitte Namur pour venir s’installer dans la région de Sombreffe. Il installe son quartier général au presbytère et y passe la nuit du 15 au 16 juin. Il en profite pour convenir d’un rendez-vous avec le duc de Wellington alors à Bruxelles. Le 16 juin 1815, ils se rencontrent au moulin de Brye, dit aussi de Bussy, à Fleurus où Blücher vient d’établir un nouveau quartier général. L’édifice, aujourd’hui disparu, se trouve alors en plein milieu du futur champ de bataille de Ligny. 

Le presbytère de Sombreffe témoigne encore de ces événements historiques. Construit vers 1770-1780 par l’abbaye de Bonne-Espérance, il s’agit d’un bel édifice en brique et pierre bleue de style classique. Le mur du cimetière et le mur du couloir du presbytère gardent les stigmates des combats menés dans la région : deux boulets de canons y sont encore figés. Une des portes est elle aussi encore marquée de coups de sabre donnés par le feld-maréchal lui-même selon la légende ; ils ont été surnommés « les coups de la colère de Blücher ».

Le boulet de canon encastré dans le presbytère de Sombreffe © Les Amis de Ligny

5140 Sombreffe

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Pont Napoléon

Construit en 1803 sur le chemin du vieux moulin, à la limite entre Bilstain et Andrimont, un petit pont porte le nom de Napoléon.

4821 Andrimont (Dison)

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Frédéric MARCHESANI, 2014