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Jo Van Hove

Maison espagnole de Thuin

Cette belle demeure de la première moitié du 16e siècle est connue sous le nom de « maison espagnole », terme communément utilisé pour désigner les maisons construites sous le régime espagnol. En effet, la majorité des régions qui composent l’actuelle Belgique, parmi lesquelles l’ancien comté de Hainaut, ont fait partie entre 1549 et 1713 des Pays-Bas espagnols.

La ville de Thuin se trouvait toutefois sur le territoire de la principauté épiscopale de Liège mais le terme est devenu générique pour la région. Différente des édifices construits auparavant, elle inaugure l’arrivée du type d’architecture dit « traditionnel » dans nos régions, usant de briques et de pierre mêlées. 

Actuellement réunie à un édifice du 19e siècle, la maison espagnole se situe à droite de l’ensemble et compte trois travées. Les grandes fenêtres ont conservé leurs linteaux composés d’une double accolade. La façade est percée d’une porte d’entrée précédée d’un perron à double volée et ornée d’une loggia de bois de style néo-Renaissance, toutes deux ajoutées au 19e siècle.

Grand-Rue 21 
6530 Thuin

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Classée comme monument le 5 avril 1972

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Chapelle d'Ossogne

Dans le hameau d’Ossogne, relevant du village de Thuillies, est conservé un véritable petit coin de Moyen Âge. La chapelle d’Ossogne est un petit sanctuaire de style gothique tardif daté des 16e et 17e siècles, édifié en moellons de calcaire et intégrant peut-être des matériaux plus anciens. Le sanctuaire a ensuite été remanié en 1739 (à l’exception du chœur) et restauré à plusieurs reprises en 1879, 1932, 1977 et 2004. 

À l’entrée de l’édifice se trouve un porche, plus bas et plus étroit que la nef qu’il précède. Cette dernière est surmontée d’un clocher et de sa flèche. À l’intérieur se trouvent un maître-autel à retable de la seconde moitié du 16e siècle, un calvaire gothique de la même époque et quelques belles dalles funéraires. 

Le reste du hameau mérite la visite et conserve un grand nombre d’édifices qui mériteraient leur classement comme monument. On y trouve un château médiéval, une route de pavés anciens, une cense de l’abbaye d’Aulne et la ferme fortifiée de l’abbaye du Jardinet.

Rue Saint-Hubert
6536 Thuillies, Belgique

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Classé comme monument et comme site le 19 juin 1978

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Moulin de la Biesmelle à Thuillies

Tout comme de nombreux villages de la région, Thuillies était, au Moyen Âge, une possession de la riche abbaye de Lobbes. C’est l’abbé qui y exerçait les droits seigneuriaux et qui y rendait la justice dans la ferme de la Cour. Depuis cette époque, l’activité économique est centrée sur l’élevage et l’agriculture, grâce à la présence d’importantes fermes abbatiales. 

Le moulin, érigé vers 1850, a connu son heure de gloire de par sa présence fréquente sur des calendriers touristiques de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il a remplacé d’autres édifices plus anciens, le premier moulin de l’entité étant cité dans les textes en 868. Utilisant les eaux de la Biesmelle, l’ouvrage, érigé en moellons peints sur deux niveaux et demi, est parfaitement conservé. L’étage est éclairé par cinq fenêtres à linteau droit, surmontées de cinq ouvertures en forme de demi-lune. Les roues à aube métalliques du moulin ont, elles aussi, été conservées. Il s’agit aujourd’hui d’une propriété privée qui ne se visite pas.

Rue des Commères 10
6536 Thuillies (Thuin)

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Classé comme monument le 15 janvier 1990

Institut du Patrimoine wallon

 Jo Van Hove

Ferme de la Cour à Thuillies

Autrefois « maison du seigneur » et ancienne dépendance de l’abbaye de Lobbes, la ferme de la Cour est un vaste ensemble clôturé dont les bâtiments remontent pour certains au XVIIe siècle et d’autres au siècle suivant. 

Le village de Thuillies est cité comme possession de la riche et puissante abbaye Saint-Pierre de Lobbes dès 868. L’abbé y exerçait les pouvoirs seigneuriaux et les arrêts étaient rendus dans cette monumentale ferme, en sa présence ou non. Cet état de fait a donné son nom à la ferme, parfois aussi appelée « ferme de la Grande Couture ». 

On accède à l’ensemble par un porche d’entrée millésimé 1767 et décoré des armoiries de l’abbé Dom Dubois. À droite de la cour se trouve le logis construit au XVIIe siècle et presque entièrement réaménagé au XVIIIe siècle. Perpendiculaire à celui-ci se trouve une annexe, inchangée depuis le XVIIe siècle. À l’angle est se trouve l’imposante grange qui remonte peut-être encore au XVIe siècle. Enfin, face au porche d’entrée, se trouvent les dépendances. 

Cette grosse ferme abbatiale, comme la ferme du Jardinet ou la ferme d’Ossogne toutes proches, témoigne encore aujourd’hui de l’intense activité d’agriculture et d’élevage qui caractérisaient Thuillies sous l’Ancien Régime. On y exploitait également une carrière de pierre ou de marbre.

Rue de la Garenne 1
6536 Thuillies

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Classée comme site le 13 septembre 1988

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Presbytère de Ragnies

Au Moyen Âge, de vastes domaines agricoles apparaissent à Ragnies, ainsi que des carrières de marbre et de pierre. Ceux-ci étaient liés à l’abbaye de Lobbes, dont l’abbé exerçait les droits seigneuriaux sur le village. L’église Saint-Martin dépendait, elle aussi, de la puissante abbaye. 

Situé juste en face de l’église médiévale classée, le presbytère, précédé d’un jardin grillagé, est une belle construction de style classique probablement édifiée vers 1770. La façade, comptant deux niveaux de cinq travées, est composée de briques et de pierre calcaire, matériaux traditionnels pour l’époque et la région. Le soin apporté à la construction du bâtiment indique l’origine notoire de la personne ayant commandité son édification. La situation et la volumétrie du presbytère renforcent l’impression de monumentalité dans son environnement.

Place de Ragnies 4
6532 Ragnies

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Classé comme monument le 12 juin 1981

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Église Saint-Martin de Ragnies

Au sein d’un ancien cimetière transformé en jardinet se trouve l’église Saint-Martin dont les origines remontent au XIIe siècle. La nef romane est précédée d’une tour carrée de même style, peut-être un rien postérieure. Le chœur, édifié à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, est en style gothique hennuyer. De la même époque date la sacristie située au nord et agrandie lors de la restauration du sanctuaire au début du XXe siècle. 

À l’intérieur sont conservées de très belles pierres tombales de nobles de la région datant des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. En effet, sous l’Ancien Régime, Ragnies comptait plusieurs fermes appartenant à l’abbé de Lobbes qui exerçait les droits seigneuriaux sur le village. Il bénéficiait d’un échevinage – d’un mayeur et d’échevins – rendant la justice au nom de l’abbé. 

L’église abrite également les stalles de l’ancien prieuré d’Oignies (Aiseau) avec bustes de saints, évêques et chanoines, mais aussi des vitraux modernes représentant les sites proches des abbayes de Lobbes et d’Aulne, inspirés de gravures du XVIIIe siècle de Remacle Le Loup. 

À voir également, de remarquables confessionnaux baroques typiques de l’Entre-Sambre-et-Meuse sculptés d’écoinçons losangés et de croix tréflées.

Place de Ragnies
6532 Ragnies

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Classée comme monument le 30 mai 1936

Institut du Patrimoine wallon

E. de wasseige

Château-ferme du Fosteau

 

Siège d’une seigneurie créée en 1235 comme avouerie de l’abbaye de Lobbes, le château-ferme du Fosteau est groupé autour d’une vaste cour polygonale. On y trouve une maison forte des XIVe et XVe siècles, imposante bâtisse rectangulaire dont la base des murs a plus de 2 m d’épaisseur. Elle est flanquée de deux tours circulaires de 6 m de diamètre.

Après un réaménagement en 1599, on y ajoute un logis seigneurial en forme de L, lui aussi doté de deux tours. Au 17e siècle est aménagée une bassecour fortifiée, qui est remaniée à deux reprises au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Une seconde ferme construite en 1839 complète l’ensemble ponctué de sept tours. Deux passages, l’un charretier et l’autre piéton, permettent de relier les deux cours. Le site, exceptionnel, comprend également une glacière, une cour d’honneur, une pièce d’eau et des jardins à la française. À l’intérieur sont conservées une chapelle castrale, la salle des chevaliers et son imposante cheminée, ainsi qu’une pharmacie ancienne aménagée en petit musée.

C’est à cet endroit que le comte de Reille, un des maréchaux de Napoléon, passa la nuit du 14 au 15 juin 1815, trois jours avant la célèbre bataille de Waterloo et trois jours après avoir repris la ville de Thuin. La chambre dans laquelle il dormit a été conservée en son honneur.

Né en 1775 à Antibes, Honoré Charles Reille participe à de nombreuses batailles des campagnes d’Empire parmi lesquelles Austerlitz et Wagram. Le 14 février 1815, il devient grand-croix de la Légion d’honneur. Devenu général d’infanterie, il est envoyé à Valenciennes le 31 mars 1815 ; il prend ensuite part à la bataille des Quatre-Bras. Il poursuit sa carrière après la seconde chute de Napoléon et est fait maréchal par le roi Louis-Philippe Ier en 1847. Il décède à Paris le 4 mars 1860. 
 

Rue du Marquis 1
6530 Leers-et-Fosteau
 

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Classé comme monument et comme site le 2 avril 1979

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Mégalithe la Zeupire

Le village de Gozée est peuplé par l’homme depuis la Préhistoire comme l’attestent des preuves d’occupation du site au Néolithique (à partir de 5000 avant Jésus-Christ). En témoigne ce mégalithe (grande pierre) situé à l’extrémité du village. De forme trapézoïdale, cette pierre est en grès de la région et peut être considérée comme un menhir qui faisait probablement autrefois partie d’un dolmen. 

Dans sa disposition actuelle, sa hauteur hors sol atteint les 3 m à l’ouest et un peu moins de 2,5 m à l’est pour une largeur d’un peu plus de 2 m et une épaisseur de 65 à 85 cm. Son poids est estimé à près de 25 tonnes ! 

Deux autres pierres de même composition se trouvaient encore à côté de ce mégalithe au début du 19e siècle avant d’être débitées vers 1840 afin d’en faire des pavés. 

La pierre restante a été dégagée en 1887 afin de procéder à une fouille archéologique qui n’a toutefois donné aucun résultat. De récentes hypothèses tendent à dire que ce menhir a peut-être été érigé au 3e millénaire avant notre ère. L’étymologie du mot reste mystérieuse. Si certains ont voulu y voir une origine grecque, la « pierre de Zeus », affirmant que les druides connaissaient le panthéon grec, d’autres ont plutôt cherché dans le patois local. Zeupire serait dzeu-pire, c'est-à-dire la « pierre-dessus » (au-dessus du sol).

Rue de Beaumont
6534 Gozée

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Classée comme monument le 23 mars 1994

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© SPW-Patrimoine-Guy Focant

Maisons du rivage

La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constitué d’un important ensemble de bâtiments. Parmi ceux-ci se trouvent douze anciennes maisons de tailleurs de pierre appelées « maisons du rivage ». 

À l’extrémité de la rue Grégoire Wincqz, le rivage de la grande carrière est constitué d’un ensemble homogène de maisons basses, construites en briques et calcaire par les Wincqz pour les ouvriers tailleurs de pierre. Les plus anciennes datent du 18e siècle et la plus récente de 1843. Elles portent des marques de tailleurs de pierre parmi lesquelles on reconnaît les lettres T et W de Thomas Wincqz (1752-1807), premier maître de carrière de la famille. 

La démarche d’installer les ouvriers et leur famille sur le site même de la carrière s’apparente au paternalisme des industriels de l’époque et à un souci de confiance destiné à stabiliser les ouvriers. 

Au-delà des rues et des anciens rivages de maisons, l’environnement des carrières est caractéristique de l’activité qui règne en maître depuis plus de 200 ans : des « trous » dont les plus anciens sont inondés ou comblés, et des mottes formées de terre et de déchets d’extraction, aujourd’hui couvertes de végétation. 

L’ensemble, après restauration, abrite depuis 2016 le centre des métiers de la pierre à l’initiative du l’AWaP, le Forem, l’Ifapme et le Cefomepi.

Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies

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Classées comme ensemble architectural le 24 juin 1992

Institut du Patrimoine wallon

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Forge et menuiserie de la carrière Wincqz

Plus d’un siècle après l’arrivée de Jean Wincqz à Soignies, la famille est devenue une des plus importantes de la région. 

Pierre Joseph Wincqz (1811-1817) symbolise à lui seul la réussite de cette dynastie de tailleurs de pierre et de carriers. Vers le milieu du XIXe siècle, il conquiert sans cesse de nouveaux marchés en Belgique, en France et aux Pays-Bas, mais aussi en Égypte ou en Amérique du Sud. De 1852 à sa mort, il est bourgmestre de Soignies et est élu sénateur en 1857. Ses réussites professionnelles et politiques lui permettent de hisser sa famille au premier rang de la haute bourgeoisie industrielle belge de l’époque. 

La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constituée d’un important ensemble de bâtiments. Parmi ceux-ci se trouvent une forge et une menuiserie qui, avec le magasin à huile et clous, la remise à locomotive et le pavillon du treuil, formaient les ateliers de l’entreprise. 

Le forgeron occupait une place de premier plan dans la carrière au XIXe siècle : il était chargé de la fabrication et de l’entretien des nombreux outils métalliques utilisés par les tailleurs de pierre (pointes ou broches, ciseaux, massettes…). Il s’occupait aussi de ferrer les chevaux et de réparer les machines. 

Le menuisier quant à lui réalisait les maquettes en bois en vue du moulage de toutes les pièces de fonte. Son travail était fortement lié à celui du forgeron avec qui il travaillait en complémentarité.

Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies

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Classés comme monument le 24 juin 1992

Institut du Patrimoine wallon