G. Focant

Vestiges des fortifications de Limbourg

Les blasons de Caldenborg et de Barbieus au-dessus de la porte de l’ancienne réserve de munitions. © IPW

Dès l’entrée dans Limbourg, par le Thier, deux massives tours en moellons couronnées de créneaux accueillent le visiteur. Bien que datant du XIXe siècle, l’une d’elle comprend une pierre de remploi millésimée 1707 et portant les lettres WB sous une couronne, initiales du major de Berset, commandant de la place forte entre 1705 et 1707. 

Non loin de là se trouve le site de l’ancien château de Limbourg, entièrement détruit par les troupes de Louis XIV. À l’entrée de l’actuel cimetière, la porte d’En-Bas est un ancien bastion de la forteresse. 

Une partie des remparts est toujours visibles, à proximité des casemates qui pénètrent dans la muraille, et constitue aujourd’hui une promenade qui suit le tracé de l’ancienne enceinte et de son chemin de ronde. À gauche de la porte de Caldenborg, l’ancien magasin à munitions construit à la fin du XVIIe siècle évoque lui aussi le statut de place forte de Limbourg. Classé, ce monument comporte un linteau millésimé 1631 et décoré des armoiries de Guillaume de Caldenborg, maïeur de la haute cour, haut drossard, lieutenant des fiefs et député des États du duché de Limbourg et de sa seconde épouse Anne-Marie de Barbieus.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

J-L. Huppez

Vestiges des fortifications de Dinant

Terre contestée, Dinant fut le sujet de rivalités entre le prince-évêque de Liège et le comte de Namur pendant près de deux siècles. Il fallut attendre l’intervention de l’empereur germanique au XIIe siècle pour que la ville soit définitivement attribuée à la principauté de Liège. Elle devint une Bonne Ville et se vit ensuite dotée de fortes murailles dans le but de la protéger des assauts namurois. 

Dès le milieu du XIe siècle, le prince-évêque fit édifier un château sur le promontoire rocheux dominant la ville ; détruit et reconstruit à plusieurs reprises, il n’en subsiste plus de nos jours que le tronçon d’une galerie de contremine. Position stratégique sur la Meuse, Dinant se situe face à Bouvignes, ville forte tenue par les Namurois. Lieu des confrontations entre les Français et les Espagnols à plusieurs reprises, la ville connut de multiples sièges militaires à travers les siècles. Une vaste enceinte fut érigée à Dinant dès le XIIIe siècle ; de nombreuses modifications eurent lieu en 1484 après le sac de la ville par les Bourguignons, d’autres tranches de travaux d’importance s’étalent de 1548 à 1561 et tout au long du XVIIe siècle.
 

Le tronçon de remparts dans la salle de sports de l’Institut Cousot de Dinant. Photo J. Plumier © SPW-Patrimoine

Dinant ne conserve aujourd’hui que peu de vestiges évocateurs des fortifications médiévales et modernes de la cité. Parmi les éléments les plus significatifs, il faut compter la porte Saint-Martin, incluse dans les remparts urbains précédant l’occupation française de 1675. Cet édifice, accolé à l’hôtel de ville, a été fortement restauré après la Première Guerre mondiale et remonte à 1637 selon ses ancres et un chronogramme. 

Dressée face à la Meuse, la tour présente un arc en plein cintre formant un passage couvert au-dessus duquel se trouve un second niveau sous toiture. Les vestiges de la porte Saint-Nicolas sont encore visibles à l’arrière des habitations de la rue de la Grêle ; d’autres pans de murailles subsistent, le plus souvent dissimulés dans des constructions plus récentes. C’est le cas notamment des fortifications médiévales dont des vestiges sont visibles rue Pont-en-Isle ou à l’intérieur de l’Institut Cousot. En dépit des nombreuses destructions, la ville conserve également, au nord, un mur de fortifications au lieu-dit « Dry-les-Wennes ». Le mur surplombe la rue Saint-Pierre et correspond sans doute au tracé de l’enceinte du XIIIe siècle. Cette muraille exceptionnelle, classée en 1983, compte un tronçon ininterrompu de 450 m jalonné d’une imposante tour d’angle massive à sept faces, la tour Taravisée, et de quatre tourelles.

Vue aérienne des remparts de Dinant. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Si Dinant conserve encore aujourd’hui de précieux témoins de ses fortifications principautaires, force est de constater que la plupart ont été démantelés. Les traces encore visibles aujourd’hui témoignent avec force de l’importance de Dinant sur l’échiquier liégeois, de sa position stratégique face au comté de Namur, devenu bourguignon, espagnol puis autrichien et donc de la nécessité de protéger efficacement les frontières de l’État.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Vestiges des fortifications de Chimay

Chimay se vit liée au Hainaut aux alentours de 1150 lorsque le seigneur du lieu Allard III inféoda son alleu au comte de Hainaut Baudouin IV. Il reçut alors le titre héréditaire de pair du Hainaut. Le domaine seigneurial s’étendit aux XIIe et XIIIe siècles et la ville s’entoura de remparts. La terre de Chimay fut érigée en comté par Charles le Téméraire en 1476 puis en principauté en 1486 par Maximilien Ier, empereur germanique, en faveur de Charles de Croÿ, futur gouverneur de Charles Quint. Comme de nombreuses villes des Pays-Bas espagnols, Chimay fut ravagée par les troupes du roi de France Henri II en 1552.

L’enceinte de la ville était visiblement antérieure au siège de 1340 mais rien ne nous permet de l’affirmer avec précision. La muraille, longue d’1 km, intégrait le château et était flanquée de plus de vingt tours rondes ou carrées et percée de cinq portes. Il en reste quelques traces : les vestiges de deux petites tours rondes en moellons de calcaire, rue du Mont-Joly et une seconde au bord de l’Eau Blanche ; des tronçons de murailles à l’arrière des maisons des rue Rogier et Chienneterie. Rue de Noailles, la vieille tour ou grosse tour constitue le témoin le mieux conservé et l’unique vestige des fortifications médiévales. Peut être construite au XIIe siècle, elle a été remaniée à la demande de Charles de Croÿ au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Elle a depuis été privée de ses parements et de sa partie supérieure. Se murs ont encore une épaisseur de 2 m dans leur partie inférieure. Quant au château, détruit par les troupes françaises, il est reconstruit à partir de 1607 et encore fortement remanié par les Caraman-Chimay au XIXe siècle.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

WBT David Samyn

Ruines de l'abbaye d'Orval

Les origines de l’implantation d’une abbaye à Orval remontent à 1070 lorsque des moines bénédictins venus de Calabre s’installent sur des terres offertes par le comte de Chiny Arnoul Ier

Le 9 mars 1131, l’abbaye passe à l’ordre de Cîteaux et le comte de Chiny Otton II la dote d’un vaste territoire d’environ 1200 ha pris sur la forêt comtale. 

Fontaine de Mathilde

En tant qu’unique abbaye installée sur le territoire du comté, elle devient en toute logique la sépulture des comtes de Chiny qui la choisissent pour y reposer entre 1162 et 1384 : les comtes de Chiny Albert II, Louis IV et les comtesses Jeanne de Chiny, Jeanne de Blamont et Marguerite de Lorraine étaient autrefois inhumés ici. 

La légende attribue la fondation de l’abbaye à un geste de gratitude le comtesse Mathilde de Toscane (1046-1115), veuve du duc de Basse-Lotharingie Godefroid le Bossu et tante du célèbre Godefroid de Bouillon. Encore aujourd’hui, la célèbre fontaine Mathilde célèbre cette légende selon laquelle la comtesse se serait arrêtée au bord d’une fontaine dans la forêt et y laissa tomber son alliance qui lui fut ramenée par une truite. Elle donna alors une forte somme aux moines installés ici par le comte Arnould de Chiny pour qu’ils édifient une église.

En 1364, Orval devient une abbaye du comté de Luxembourg, suite à la vente du comté de Chiny à Wenceslas Ier. L’abbaye passe ensuite dans le giron bourguignon puis espagnol et entretient alors des rapports avec Charles Quint qui autorisa les moines à construire une forge. La période espagnole a également soumis l’élection de l’abbé au bon vouloir du souverain qui se réservait un droit de véto. Ces rapports étroits avec la couronne espagnole sont encore aujourd’hui discrètement présents. Le pignon du portail d’entrée comporte plusieurs pierres armoriées abimées et martelées en 1793 parmi lesquelles une pierre aux armes d’Espagne, entourée du collier de la Toison d’Or, surmontée de la couronne royale et encadrée de deux lions.

Armoiries royales espagnoles sur le pignon de l’aile d’entrée

L’abbaye se développe considérablement jusqu’au XIVe siècle et possède de nombreux bâtiments, reconstruits et agrandis dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La Révolution en stoppe net la progression et un terrible incendie dévaste le site le 23 juin 1793. Les ruines des bâtiments médiévaux et classiques tombent dans l’oubli pendant plus d’un siècle avant que débute leur sauvetage, favorisé ensuite par l’implantation d’une nouvelle communauté et l’édification d’une nouvelle abbaye entre 1926 et 1947.

Durant l’été 1930, une campagne de fouilles a permis la mise au jour de débris du mausolée de Wenceslas Ier, duc de Luxembourg et de Brabant. 

Né à Prague en 1137 du mariage de Jean l’Aveugle, comte de Luxembourg et roi de Bohème avec Béatrice de Bourbon, Wenceslas entre en 1353 en possession des terres luxembourgeoises érigées en duché à son intention par son frère l’empereur Charles IV du Saint-Empire. Son mariage avec Jeanne, héritière du duc de Brabant et de Limbourg fait de lui un des personnages les plus importants des Pays-Bas, sans pour autant que ces États aient fusionné. Il fait sa joyeuse entrée dans ses territoires le 3 janvier 1356 et poursuit l’œuvre d’unification des terres luxembourgeoises entreprises un siècle auparavant par Ermesinde. En effet, il acquiert en 1364 le comté de Chiny et l’intègre au duché de Luxembourg. 

Tombeau de Wenceslas Ier

Vivant entre Bruxelles et Luxembourg, il meurt le 8 décembre 1383 dans la capitale du duché de Luxembourg après avoir manifesté son désir d’être enterrée à Orval et légué une rente en ce sens à l’abbaye. Le duc marque ici l’importance de la bonne intégration du comté de Chiny dans ses possessions en souhaitant reposer dans le plus puissant centre religieux de cette terre du sud de ses provinces : Wenceslas est le premier duc de Luxembourg et le dernier comte de Chiny à reposer à Orval. Au milieu du sanctuaire abbatial, le caveau du duc est érigé en mausolée sculpté dans la pierre noire et surmonté d’un gisant de marbre blanc allongé sous un dais gothique. 

Lame funéraire de Wenceslas Ier sur son monument funéraire

Il est transféré en 1780 dans l’église Saint-Bernard avant d’être démoli en même temps que l’abbaye en 1793. Bien qu’en grande partie détruit par la suite, le monument nous est bien connu par un dessin et une description datant de 1786. En 1967, les moines d’Orval ont recomposé ce tombeau à son emplacement primitif et dans sa forme originale, avec les éléments retrouvés en 1930. Là où les pierres sculptées font défaut, le décor a été esquissé dans le ciment ; le dais a pour sa part été reconstitué et une reproduction de la lame de bronze portant l’épitaphe a été réalisée. On peut y lire "Ci gist Très excellaint et vallaint prince Wenceslas de Boème, duc de Lucembourch, de Brabant, de Laimbourch, de Lotrin et conte de Chiny qui trespasant l’an 1383 la nuit de concepcion de Notre-Dame. Priez pour lui, que Dieu en ait l’âme". Aujourd’hui, seul manque le gisant, définitivement disparu et trônant autrefois sur cet imposant monument.

Orval 1 
6823 Florenville

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Classé comme monument le 17 juin 1971
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Visites : www.orval.be

Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Ruines de la forteresse de Fagnolle

Terre franche située aux confins de la principauté de Liège, Fagnolle appartient à la famille de Rumigny-Florennes à partir du XIIIe siècle. La première mention d’un seigneur de Fagnolle remonte à Hugues Ier en 1249 ; la seigneurie est entrée ensuite dans le patrimoine des Enghien et des Barbençon. Le château tombe aux mains des Français en 1554 et est repris l’année suivante par Guillaume le Taciturne qui le fait sauter tout en y maintenant une garnison. La ruine du château épuise le village même, qui est abandonné en même temps que la forteresse. Le château devient possession des princes de Ligne au début du XVIIe siècle et est abandonné en 1659. En 1770, la terre de Fagnolle est érigée en comté d’empire par Joseph II. Le château et la terre de Fagnolle ont sans conteste joué au Moyen Âge un rôle stratégique de premier plan dans la défense de l’Entre-Sambre-et-Meuse à l’époque où la forteresse devait défendre la trouée de l’Oise.

Le château, édifié en calcaire, dessine un quadrilatère ponctué de quatre tours circulaires et cerné par des douves. Le complexe, aujourd’hui en ruines, aurait été érigé au XIIIe siècle, probablement au moment de la première prise du titre de sire de Fagnolle par Hugues Ier Rumigny. Les quartiers d’habitation dateraient de la seconde moitié du XIVe siècle. Deux tours d’angle sont encore partiellement debout et présentent un bel appareil de moellons de calcaire ; au dos des remparts se trouvent les vestiges des bâtiments résidentiels.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant 

Remparts et tour Salamandre

Situé sur un plateau rocheux dominant la vallée de la Hantes, le site stratégique de Beaumont est occupé dès l’époque romaine et choisi au XIe siècle par Richilde, épouse du comte de Hainaut Baudouin Ier, pour l’établissement d’une forteresse. À la fin du XIIe siècle, Baudouin IV le Bâtisseur entoure la ville d’une enceinte fortifiée et fait de Beaumont un des fers de lance du Hainaut dans la défense du territoire. L’importance et la gloire de la ville ne cesse de s’accroître par la suite et d’attirer l’attention des comtes de Hainaut. 

En 1453, la seigneurie de Beaumont est engagée par Philippe le Bon à son favori Antoine de Croÿ et érigée en comté par Charles Quint en 1519 en faveur de Guillaume de Croÿ. Les XVIe et XVIIe siècles constituent ainsi l’âge d’or de la cité hennuyère : Charles de Croÿ restaure les remparts et poursuit les travaux du château construit par son père en 1549 et actuellement disparu. Les Croÿ vivent dans le luxe et le faste au cœur de Beaumont. Une épidémie décimant la moitié de la population en 1632 et un grave incendie détruisant les trois-quarts de la ville en 1639 entament le déclin de la cité, qui sera lourdement pillée par les troupes de Louis XIV en 1655.
 

Les armoiries de Charles de Croÿ au-dessus d’une porte de la tour Salamandre © P.-V. Molinghen.

L’enceinte fortifiée construite par Baudouin V nous est bien connue. Longue de 2360 m, elle était flanquée d’une trentaine de tours rondes et s’ouvrait par trois portes et par une poterne. D’importants travaux de réparation et de reconstruction de murailles écroulées furent effectués au XVe siècle. Ces fortifications ont été partiellement démantelées par les troupes du roi d’Angleterre Guillaume III en 1691 ; d’autres parties menaçant ruine furent détruites en 1720. 

Aujourd’hui, Beaumont conserve toutefois de très importants témoins de ce système défensif voulu par les comtes de Hainaut. Le tronçon le mieux conservé des remparts se trouve à proximité de la tour Salamandre et borde le parc aménagé à l’emplacement de l’ancien château des Caraman-Chimay. Il comprend la partie inférieure des courtines en moellons, avec la tour Sainte-Barbe à la pointe de l’éperon et bien entendu la tour Salamandre. 

Mentionnée sous ce vocable en 1432, elle est l’héritière d’un donjon élevé au  XIe siècle et à partir duquel le noyau de Beaumont s’est développé. Restaurée en 1453, elle est chère au duc Charles de Croÿ qui l’embellit ; ses armes sont toujours visibles sur la tour aujourd’hui. Cet énorme donjon de plan rectangulaire superpose cinq niveaux ; son parement utilise le calcaire de Solre-Saint-Géry et le grès thudinien, pierres de la région. Tout en conservant son rôle militaire, la tour abrite également des logements, un oratoire, des cabinets de travail… Hormis cette tour, d’autres vestiges subsistent encore en plusieurs endroits de la ville, inclus dans des jardins ou des bâtiments. La tour Saint-Jean-le-Sourd et la tour royale sont partiellement conservées. La poterne, située dans une tour de garde aujourd’hui en ruines, nous est également parvenue. Tout comme la tour Salamandre, elle présente une clé armoriée effacée entourée du collier de la Toison d’Or.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Perrons du territoire franchimontois

Territoire d’une superficie minime, le marquisat de Franchimont possédait de nombreux perrons. Trois sont parvenus jusqu’à nous et témoignent de l’importance de ce type de monument. Alors que dans le Hainaut et en Flandre, le beffroi symbolise les libertés acquises au Moyen Âge, le perron est le symbole des libertés acquises par Liège et ses Bonnes Villes. En effet, pour marquer leur appartenance à la principauté, certaines s’étaient dotées d’un perron comparable à celui de Liège, tel est par exemple le cas de Hasselt. Le territoire franchimontois n’est pas en reste : Verviers, Sartlez-Spa, Theux et Spa érigent un tel monument. À l’origine, la première fonction du perron pourrait donc être tout simplement de signifier aux habitants, aux voyageurs et aux étrangers la possession par la localité d’une série de privilèges et de libertés, d’un certain degré d’autonomie variable selon les cas, en rapport direct avec les libertés et franchises accordées aux Bonnes Villes. Le perron peut être considéré comme le centre géographique de la franchise, servir de borne-frontière, être le témoin d’événements plus ou moins importants. Situé sur la place principale, là où se tient le marché et à proximité de l’hôtel de ville ou de l’église, il est chargé d’une signification qui en fait un symbole du pouvoir et des droits acquis : il participe à la promulgation des édits et des règlements, est le témoin de la justice rendue à ses pieds, le lieu de la convocation des plaids généraux dans certains endroits.

Jalhay/Sart-lez-Spa

L’origine de Sart remonte au Xe siècle lorsque des habitants de Theux défrichèrent une partie de la localité voisine et donnèrent ainsi son nom au village. La première mention de Sart, en 1130, atteste l’existence d’une chapelle ; ce n’est que plus tard que le lieu fut érigé en paroisse et devient un des cinq bans du marquisat de Franchimont. Les habitants reçoivent du prince-évêque Louis de Bourbon (1456-1482) le droit de bourgeoisie en 1457. Sart fit les frais de la politique principautaire et fut incendié par les troupes de Charles le Téméraire en 1468.

Toujours situé sur la place du village, face à l’église, le perron de Sart existe selon toute vraisemblance depuis 1456. L’événement d’importance eut toutefois lieu le 14 septembre 1534, lorsque le prince-évêque Érard de la Marck accorda officiellement à Sart une foire et un perron. Le monument, composé d’une colonne octogonale en calcaire posée sur six marches et surmonté d’une pomme de pin et d’une croix, doit son aspect actuel à une restauration entreprise en 1904.

Theux

Deux perrons furent érigés dans la capitale du Franchimont. Le premier, installé en 1457, représentait le symbole des libertés communales octroyées en 1457 par les bourgmestres de Liège qui mirent ainsi Theux au rang des Bonnes Villes du pays. Il fut démoli dès 1468 par les troupes de Charles le Téméraire et reconstruit quelques années plus tard. Le monument a toutefois disparu à la fin du XVIIIe siècle.

Situé place du perron, le monument actuel date de 1768. Il remplace l’ancien perron démoli et se présente sous la forme d’une colonne annelée, posée sur quatre marches et surmontée d’une pomme de pin et d’une croix. Il fut érigé à la demande du marquis de Franchimont et prince-évêque de Liège Charles-Nicolas d’Oultremont, qui avait également octroyé un perron à Villers-l’Évêque 8. Les armes du prince, frappées au fût de la colonne, furent martelées à la Révolution et replacées en 1924 lors d’une réfection du monument.
 

Le perron de Verviers © IPW

Verviers

Verviers constituait sous l’Ancien Régime un des cinq bans du marquisat de Franchimont. Ravagée elle aussi par les troupes bourguignonnes en 1468, la ville se releva progressivement dans la seconde moitié du XVIe siècle et profita alors de la ruine de la draperie rurale dans les Pays-Bas suite aux guerres de religion. Verviers devint un important bourg manufacturier suffisamment important pour obtenir le titre de Bonne Ville de la principauté de Liège en 1651. La ville est dès lors ceinte d’une muraille, qui fut toutefois détruite dès 1675 par les troupes de Louis XIV, occupant la place forte de Limbourg toute proche.

Situé sur la place du Marché, le perron de Verviers fut lui aussi octroyé par Érard de la Marck en 1534. Il fut une première fois restauré en 1561 et entièrement remplacé en 1732 par le monument actuel qui, comme à Liège, consiste en une fontaine surmontée du perron. Il a été conçu comme cela au moment de la canalisation du ruisseau de Mangombroux qui passait à proximité et qui permettait de lier ce symbole des libertés de la population avec une commodité qui lui était aussi destinée. Classé en 1934, le monument est érigé en blocs de calcaire sur une hauteur de près de 4 m et surmonté d’une colonne de bronze achevée par une croix sur pomme de pin, comme la plupart des autres perrons. Chacune de ses faces est décorée par un masque d'angelot, en bronze également, qui crache son jet d'eau dans un vaste coquillage en pierre. Sur l'une des faces, une double porte en bois remplace la porte en bronze décorée d'armoiries placée en 1732. Les armoiries des bourgmestres Simonis et Delmotte ainsi que du prince-évêque Georges-Louis de Berghes ont en effet été enlevées lors de la Révolution belge de 1830.

Jalhay / Theux / Verviers

Frédéric MARCHESANI, 2013

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Château et ferme de Grâce

Sous l’ancien Régime, le territoire de l’ancienne commune de Grâce-Berleur était partagé entre deux seigneuries distinctes. Grâce-Saint-Martin était un alleu qui était la propriété du chapitre de la collégiale Saint-Martin de Liège. Grâce-Courtejoye était une seigneurie hautaine relevant en fief de la Cour féodale de Trognée, son seigneur était vassal du seigneur de cette localité. Intéressant témoin de l’architecture mosane et de l’histoire principautaire, le château de Grâce était le siège de cette seigneurie. Situé dans le vallon de Grâce-Berleur, le château fut la propriété de diverses familles au fil des siècles et présente aujourd’hui des bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles. Le site abrite également la ferme castrale constituée d’un long bâtiment composé du corps de logis, d’étables et d’une grange. Devant le corps de logis de la ferme, près du muret des anciennes douves, repose une pierre semi-cylindrique sculptée sur toute sa surface des armes d’Érard de la Marck. Les bâtiments constituent aujourd’hui une propriété privée.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Institutions de l'ancien duché de Limbourg

Le blason et la devise de Mathias de Amezaga sur la porte de l’ancienne prévôté © Ville de Limbourg


La place Saint-Georges est le centre névralgique de la ville depuis le Moyen Âge. En son centre se trouvait l’ancienne halle ou maison de ville construite en 1446 et où se réunissaient les États du duché, les échevins de la Haute Cour, la chambre féodale, les juges et la chambre des tonlieux. Le lieu fut détruit lors du passage des troupes françaises en 1675 et remplacé par l’hôtel de ville en 1687, appelé « arvô » par les Limbourgeois. 

Construit entre 1681 et 1687, le bâtiment accueillait les autorités communales et judiciaires, les États se réunissant alors à Henri-Chapelle 18. Au centre de la clé de voûte du passage couvert se trouve un blason représentant la croix de Bourgogne et le millésime 1681. Une grande dalle provenant de l’ancienne halle se trouve dans le bas de la façade au niveau du sol et porte quant à elle le sceau de la ville et l’inscription « Sigillum ville Lemborgensis ».

Derrière l’église, la porte de la prévôté porte encore les armes de Mathias de Amezaga (1615-1666), prévôt de Limbourg en 1652 et abbé de Rolduc en 1664. La clé est accompagnée de la devise du prévôt « DOMINUS PROVIDEBIT ». Cette porte s’ouvre sur un jardin à gauche de l’édifice de culte et constitue le seul vestige encore conservé de la prévôté de Limbourg.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Fortifications médiévales et modernes

La capitale de l’État se doit bien entendu de posséder un système de défense digne de son rang. Une fois encore l’initiative vient de Notger, ce premier prince-évêque bâtisseur sous le règne duquel la physionomie de la ville a radicalement été modifiée. Notger donne à Thuin et Fosses-la-Ville leurs premières enceintes, il obtient de nombreuses prérogatives comtales sur ses domaines et mène une véritable politique militaire dont le point d’orgue est la construction de la première enceinte liégeoise. De cette œuvre millénaire, aucune trace visible ne subsiste. Si de récentes fouilles menées en 2011 ont permis de retrouver des fondations et si le tracé de cette enceinte nous est bien connu, force est de constater que l’œuvre notgérienne a bel et bien disparu. 

Au XIe siècle, la ville est pourtant enfermée dans de hautes murailles, le Mont-Saint-Martin est un véritable éperon barré et plusieurs portes gardent les entrées de la ville. Le besoin d’agrandir le tracé de Notger se fait sentir dès la fin du XIIe siècle et se poursuit tout au long de la période médiévale. De ces constructions ne subsistent que peu de vestiges. La tour aux Moxhons, seul témoin des secondes fortifications liégeoises et datant de 1483, est encore visible au-dessus des degrés du thier de la Fontaine. Des travaux de consolidation sont entrepris sous le règne d’Érard de la Marck mais la plupart des interventions modernes sont exécutées sous les règnes des évêques de Bavière aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des vestiges de la porte et tour des Bégards sont également visibles dans la rue du même nom. Adossée aux terrasses de la colline, il s’agit d’une tour carrée en briques et calcaire du XVIIIe siècle. Au départ de l’esplanade Saint-Léonard, quelques vestiges de pans de murailles montant vers l’actuel site de la Citadelle sont encore visibles le long des sentiers de promenades et à travers la végétation.
 

La tour aux Moxhons à Liège, rare vestige des remparts médiévaux de la ville. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine


Si le mur d’enceinte de la ville et les autres portes ont aujourd’hui disparu, le site de la citadelle témoigne encore de l’importance du site dominant la vallée et la cité. Une forteresse y est érigée dès 1255 par Henri III de Gueldre (1247-1274) mais la construction d’une véritable citadelle est entreprise sous le règne de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688). L’ouvrage, achevé en 1671, est détruit par les troupes françaises dès 1675 et reconstruit à partir de 1684. Malmenée et modifiée au cours des siècles par les Français et les Hollandais avant de devenir un lieu de promenade, la citadelle est un témoin marquant de la politique militaire des princes-évêques à l’Époque moderne.

Une autre trace significative se trouve sur le territoire de l’ancienne commune de Grivegnée. Dépendant de la mense épiscopale jusqu’en 1762, l’endroit est également la résidence de l’avoué ou bailli d’Amercoeur. Aujourd’hui isolée dans un groupe de bâtiments disparates, la tour du haut Vinâve appartient au prince-évêque depuis 1321. La construction actuelle date vraisemblablement de la seconde moitié du XIVe ou de la première moitié du XVe siècle malgré quelques remaniements. Le donjon superpose cinq niveaux élevés en moellons de grès et était jadis entouré de douves. Il constitue un des seuls témoins des constructions défensives qui jalonnaient le territoire liégeois au Moyen Âge et à l’Époque moderne.

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Frédéric MARCHESANI, 2013