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Eglise du Sacré-Cœur à Poulseur

Poulseur comprenait à l’époque féodale cinq seigneuries dont trois dépendaient de Stavelot ; les deux autres étaient possessions du duché de Limbourg. 

Les seigneuries de Poulseur-sous-Reinardstein et de Poulseur-sous-Rahier ainsi que l’avouerie de Sart-dessus-Poulseur se trouvaient dans la principauté de Stavelot-Malmedy, sur le territoire du comté de Logne. L’endroit possédait une tour de protection et d’observation face au duché de Limbourg, ainsi qu’un atelier monétaire où le prince-abbé Christophe de Manderscheidt (1546-1576) frappa des florins d’or.

L’église du Sacré-Cœur de Poulseur conserve une dalle funéraire des plus intéressantes. Cette église, bien que reconstruite en 1844 et à nouveau remodelée en 1906, est l’héritière d’une chapelle du XIe siècle.

De nombreux éléments de mobilier ont toutefois été conservés ainsi que la dalle funéraire de Conrad de Crisgnée et de son épouse Marie d’Anthine. Datée de 1663-1671 et sculptée dans du calcaire de Meuse, cette dalle héraldique comporte une longue inscription rappelant les nombreux titres du défunt. 

Parmi ceux-ci, on peut notamment lire « Conseiller de Son Altesse Sérénissime et surintendant en sa principauté de Stavelot et comté de Logne ». L’inscription est entourée d’un imposant cartouche fait de volutes et surmonté des blasons couronnés des époux ainsi que de leurs quartiers.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Eglise des Saints-Hermès-et-Alexandre à Theux

Cet imposant édifice roman de la fin du Xe siècle ou du début du XIe siècle est caractérisé par sa silhouette massive et son vaisseau-halle de trois nefs, exemple rarissime dans nos régions. L’église est la seule du genre encore debout entre la Loire et le Rhin. Son aspect étonne et questionne tant le plan type des églises de nos contrées se voit bouleversé. De l’extérieur, installé sur un tertre, l’église fait autant penser à un château fort qu’à un lieu de culte. L’édifice est bel et bien fortifié : il se situe dans le Franchimont, à quelques encablures du château, fut lui aussi le témoin de luttes incessantes au Moyen Âge et servit de lieu de refuge à la population.

L’église des Saints-Hermès-et-Alexandre garde donc plusieurs traces matérielles de l’ancien marquisat. Les plafonds du chœur et des chapelles latérales sont entièrement composés de panneaux peints : l’église en compte 110, réalisés en 1630. Les panneaux latéraux sont décorés d’un motif, les centraux sont utilisés pour les donateurs locaux et représentent aujourd’hui des saints et des scènes de la vie du Christ. Parmi ces scènes, de nombreuses inscriptions prennent place et évoquent le souvenir de plusieurs gouverneurs du marquisat de Franchimont. Ils rappellent que la famille d’Aspremont-Lynden a occupé cette charge jusqu’à la fin de l’Ancien Régime depuis Robert de Lynden, premier gouverneur de sa maison appelé à ces fonctions en 1578. Plusieurs pierres tombales de gouverneurs du Franchimont subsistent également dans l’église :
 

La pierre tombale du gouverneur Robert de Lynden dans l’église de Theux. Photo de 1943 © KIK-IRPA, Bruxelles


- les plafonds du chœur portent deux inscriptions rappelant que deux panneaux peints ont été offerts en 1681 par les comtes d’Aspremont-Lynden. Le premier, représentant « la nativité du sauveur », porte l’inscription suivante : « Ferdinand, comte d’Aspremont-Lynden, baron de Froidcourt (…) gentilhomme de la chambre et conseiller de S. A. électeur de Cologne, gouverneur du marquisat de Franchimont (…) ». Le second panneau représente une « adoration des mages » et porte l’inscription suivante : « Charles-Ernest comte d’Aspremont-Lynden, baron de Froidcourt, grand maître d’hôtel de son altesse sérénissime de son pays de Liège ». Ferdinand fut gouverneur du marquisat entre 1672 et 1687 ; il y représentait le marquis et prince de Liège Maximilien-Henri de Bavière. Suite à sa démission, son frère Charles-Ernest lui succède. Il gouverne le marquisat de 1687 à 1705 et y représente alors trois princes-évêques ;
- un réservoir en marbre rouge installé dans une niche située dans la sacristie porte les armes d’Englebert de Presseux, châtelain de Franchimont de 1505 à 1516. Le châtelain exerce les fonctions de gouverneur du marquisat et réside encore principalement à cette époque dans la forteresse ;

 
 

 

 

La pierre tombale du gouverneur Henri d’Eynatten dans l’église de Theux. Photo de 1941 © KIK-IRPA, Bruxelles

 
 

 

- la pierre tombale d’Henri d’Eynatten, gouverneur du marquisat décédé en 1579, est adossée au mur, à gauche du chœur. Elle contient deux médaillons aux armes d’Eynatten et une inscription dans sa partie inférieure : « Icy repose noble et généreux seigneur Henry d’Eynatten en son temps seigneur de Bolland (…) grand maitre d’hostel du sérénissime prince de Liège et gouverneur de Franchimont » ;
- l’église abrite également la pierre tombale du gouverneur Robert de Lynden (1578-1607) et de son épouse. Les époux y sont représentés en prière et en gisant. L’inscription est aujourd’hui illisible et on devine des écus jumelés donnant les quartiers de chacun des conjoints ;
- parmi les nombreux bancs anciens sculptés d’inscriptions dédicatoires remarquablement conservés, le premier banc face au chœur dans l’allée de droite comporte une inscription faisait référence à Joseph-Clément de Bavière : « Pour la famille de Monsr de Bounameau, conseiller de S.A. Serme Electle dans son Conseil ordinaire et l’un des anciens bourguemaitres de Liège – 1713 ».

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Photo de 1943 © KIK-IRPA, Bruxelles

Eglise de la Nativité de Notre-Dame

L’actuelle localité de Furnaux partageait sous l’Ancien Régime les destinées de la principauté de Liège et du comté de Namur. La localité portait alors le nom de Fénal et constituait une seigneurie hautaine relevant en fief du seigneur de Morialmé et appartenant à la principauté de Liège. Le comte de Namur y possédait certains droits parmi lesquels l’ost et la chevauchée et certaines taxes (la moitié de la taille, la formorture et les mortemain). Fénal est ainsi l’objet de nombreuses contestations entre Liège et Namur : en 1780, l’empereur ordonna la cession définitive de la seigneurie au prince-évêque de Liège. L’église du village, de style gothique, a été reconstruite vers le milieu du XVIe siècle et remaniée par la suite. Elle renferme plusieurs merveilles parmi lesquelles de superbes fonts baptismaux de la première moitié du XIIe siècle et plusieurs pierres tombales anciennes.

Encastrée dans le mur nord du chœur se trouve la dalle funéraire d’Antoine de Franau et Marie de Reding (1725). Cette belle dalle bipartite comporte, dans sa moitié supérieure, un bas-relief composé d’un décor de volutes formant un piédestal, de deux écussons et d’un homme et d’une femme sauvages. 

L’épitaphe, située dans la moitié inférieure, évoque le prince-évêque Jean-Théodore de Bavière : « (…) Seigneur messire Antoine Alexandre de Franau, comte de Fenal, chambellan de son Altesse Sérénissime l’électeur de Cologne (…) lequel est décédé le 1er de mai 1757 (…) ».

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Tombeau Ermesinde

La chapelle de Clairefontaine © IPW

Les origines du hameau de Clairefontaine sont indissociables de la fondation par la comtesse de Luxembourg Ermesinde Ire d’une abbaye dans la première moitié du XIIIe siècle dans le but d’en faire une nécropole de famille et de concrétiser la prise de possession territoriale par le comte de Luxembourg du comté d’Arlon. 

Clairefontaine sera ainsi choisie pour devenir la nécropole comtale pendant près d’un siècle. Le monastère s’affilie à l’ordre de Cîteaux en 1258, s’installe dans le creux d’une vallée boisée et se développe au fil des siècles : abbatiale, bâtiments abbatiaux, moulin, scierie, logis d’ouvriers, maison de justice. 

Le tout sera ravagé en 1794 par des soldats français et laissé à l’état de ruines. 

Au XIXe siècle, de nouvelles constructions réutilisant les matériaux de la défunte abbaye s’implantent aux alentours. 

Objet d’importantes campagnes de fouilles archéologiques, l’abbatiale devait se déployer sur près de 20 m de long et 20 m de large. Sa nef centrale abrita jusqu’au XVIIe siècle les tombeaux de la famille comtale, depuis déplacés dans une chapelle construite par les Jésuites d’Arlon. En contrebas, les ruines de l’abbaye résultant des fouilles menées par la Région wallonne, sont visitables. Elles présentent les vestiges de l’abbatiale des XIIIe et XIVe siècles et en particulier de la chapelle Sainte-Marguerite.

Le vitrail moderne représentant la comtesse Ermesinde à Clairefontaine (1877). Photo J.-C. Muller © IAL



Propriétaire du lieu depuis de la fin du XIXe siècle, la communauté des Jésuites d’Arlon décide d’édifier une chapelle néo-romane en 1936 afin de commémorer la présence sous l’Ancien Régime d’une abbaye sur le site. 

Élevé en pierre de Mertzig, calcaire local, selon les plans de l’architecte Charles Arendt, il s’agit d’une petite et élégante construction mono-nef greffée d’absides semi-circulaires. 

La façade est sommée d’un clocheton à courte flèche octogonale. La chapelle est décorée de très beaux vitraux des XIXe et XXe siècles représentant des figures saintes ou historiques. 

Parmi celles-ci se trouvent les représentations de la comtesse Ermesinde, assoupie dans la forêt, de la comtesse de Luxembourg Marguerite de Bar (1200-1275) et de son époux, le comte de Luxembourg Henri V le blond (1216-1281). 

Au centre de la chapelle, au sol, se trouve une grande dalle de marbre noir datée de 1875 et replacée ici après la construction de l’édifice contemporain. 

Elle comporte une longue inscription dédicatoire évoquant la comtesse Ermesinde « Voici les os d’Ermesinde de Luxembourg, comtesse de Namur et de Luxembourg, princesse pieuse et magnanime (…) ». 

Les lieux ont été restaurés conjointement par la Région wallonne et le gouvernement grand-ducal entre 1997 et 2000. À cette occasion, les deux gouvernements ont fait apposer deux plaques, dans les deux langues, de part et d’autre de l’entrée de la chapelle : « Cet endroit est sacré. Ici se trouvent : les vestiges de l’abbaye noble de Notre-Dame de Clairefontaine, les tombes des moniales, le mausolée d’Ermesinde, comtesse de Luxembourg, la source bénite par saint Bernard et la statue de Notre-Dame du Bel-Amour».

Le vitrail contemporain représentant le comte Henri V de Luxembourg dans la chapelle de Clairefontaine (1918) © IPW


Dans la crypte de l’édifice repose toujours la comtesse Ermesinde. 

Son cénotaphe représente un gisant simple, sculpté dans du bois et peint. 

Il contient un coffret contenant les ossements d’une femme du XIIIe siècle que l’on identifie comme étant ceux de la comtesse. 

Née en juillet 1186, elle est la fille unique d’Henri l’Aveugle, comte de Luxembourg et de Namur et d’Agnès de Gueldre. 

Elle hérite uniquement du Luxembourg à la mort de son père et, de par sa politique habile et ses mariages avisés, parvient à regrouper sous son autorité des territoires disséminés et à mener une première unification luxembourgeoise. 

Mariée une première fois au comte Thibaud de Bar, elle règne avec lui sur le Luxembourg. 

Veuve en 1214, elle se remarie la même année avec Waleran, héritier du duché de Limbourg sur lequel il règne sous le nom de Waleran III. 

Sous son règne, les comtés de La Roche, Durbuy et Arlon sont intégrés au comté de Luxembourg. Décédée en 1247 à l’âge de 61 ans, elle cède sa place à son fils, Henri V le blond.

Le vitrail contemporain représentant la comtesse de Luxembourg Marguerite de Bar dans la chapelle de Clairefontaine (1918) © IPW

 




Le monument présent aujourd’hui dans la crypte est l’héritier de plusieurs mausolées ayant abrité la dépouille de la comtesse. 

Du premier, installé dans l’abbatiale après son décès, nous ne possédons aucune information. 

Un second mausolée fut érigé ensuite dans la chapelle Sainte-Marguerite ; détruit en même temps que l’abbaye, nous n’en possédons également aucune description. Les reliques changent à nouveau de place en 1552 et intègrent un troisième monument funéraire. 

Afin de les protéger des vandales, les moniales de Clairefontaine prennent la décision en 1747 de déplacer une fois de plus les restes de leur fondatrice et font réaliser un cénotaphe de marbre représentant Ermesinde en gisant. 

Les reliques ne se trouvent pas dans le monument mais sont placées dans un loculus à 2 m de là. 

C’est à cet endroit que les Jésuites retrouvent en 1875 le coffret contentant les ossements de la comtesse. Les pères décident alors de construire un nouveau monument, analogue au précédent mais cette fois en bois. Il est placé au-dessous d’un vitrail représentant son fils, Henri V de Luxembourg. En 1984, le monument est déplacé de la chapelle vers la crypte.

Rue du Cloître

6700 Arlon

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Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW-Patrimoine

Château des comtes de Hainaut et beffroi

La chapelle Saint-Calixte dans le square du château à Mons © IPW


Autour du beffroi se situent aujourd’hui quelques traces de l’ancien complexe castral de Mons. 

Si l’implantation d’un premier château pourrait remonter aux IXe et Xe siècles, notamment suite à la politique d’instauration du pouvoir personnel de la dynastie des Régnier, il faut attendre le règne des Baudouin pour que le château ne prenne une véritable importance stratégique et politique. 

Sous le règne de la comtesse Richilde, dernière des Régnier, la forteresse se développe et se voit pour la première fois pourvue de constructions en pierre. La physionomie du site que nous connaissons toutefois le mieux actuellement est l’œuvre des comtes de Hainaut Baudouin IV et Baudouin V, souverains guerriers et bâtisseurs. 

Le premier dote Mons de sa première enceinte dans le but d’en faire une position avancée pour son château qui devient une véritable place forte. 

À la fin du XIIIe siècle, le comte Jean II d’Avesnes modernise encore les installations, dote les courtines de tours et entreprend l’érection d’une nouvelle enceinte en 1290. 

Le château cesse d’être une résidence comtale après la cession du Hainaut au duc de Bourgogne en 1433. Le site reste toutefois le siège de la cour de Mons et du conseil souverain du comté de Hainaut jusqu’en 1565. Un châtelain, nommé par le nouveau comte, conserve notamment le droit d’y garder des prisonniers. 

De nouveaux bâtiments sont construits sur ceux de l’époque médiévale aux XVIe et XVIIe siècles, la cour revient siéger au château jusqu’en 1718, lorsqu’elle déménage définitivement.

Les armoiries et la devise de Charles Quint sur le beffroi de Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine
Les armoiries du comté de Hainaut sur le beffroi de Mons © IPW

Le site, démantelé au fil des siècles suivants, a été transformé en parc en 1873. 

Ce « square du château » abrite aujourd’hui les vestiges de l’important complexe castral et conserve la mémoire de la présence sur les lieux des comtes de Hainaut. 

La chapelle Saint-Calixte et la conciergerie en constituent un des principaux témoins. Cette ancienne chapelle castrale abrite les gisants de Guillaume de Gavre et de Gilles de Chin, conseiller de Baudouin IV ; on y retrouve également une collection iconographique et sigillographique des comtes de Hainaut. 

Adossée à la chapelle se trouve la conciergerie édifiée au XVe siècle. Dissimulés par des maisons, quelques vestiges de la première enceinte défensive sont conservés, ainsi que des souterrains datant du règne de Baudouin IV (1120-1171). 

Le jardin du beffroi abrite également la tourelle César, vestige de la première enceinte comtale. Le monument majeur du lieu est sans conteste le beffroi, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Seul beffroi baroque de Wallonie, il a été construit entre 1661 et 1669. Bien que martelés à la Révolution, les blasons du comté de Hainaut et du duc d’Havré ont été réinstallés dès 1793. Plus tard, les blasons de la ville de Mons et du royaume de Belgique vinrent les rejoindre.

Rue du Château

7000 Mons

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Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW-Patrimoine

Abbaye de Stavelot

La façade sud-est de l’abbaye et le fronton aux armes de Joseph de Nollet © IPW

Véritable centre du pouvoir principautaire, l’abbaye de Stavelot a subi les affres du temps pour parvenir jusqu’à nous avant sa restauration complète par la Région wallonne achevée en 2002. 

Ce site exceptionnel est aujourd’hui un témoin privilégié de ce que fut la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. 

Ancienne abbaye bénédictine fondée au milieu du VIIe siècle par saint Remacle, elle devint au fil des siècles un complexe de grande importance dont subsistent actuellement les vestiges archéologiques de l’abbatiale, la porte de l’abbaye, les bâtiments de service à sa gauche, la façade sur cour du Conseil de la principauté à sa droite et les bâtiments abbatiaux disposés autour du cloître. 

Classée comme monument et comme site le 24 décembre 1958, l’abbaye et son environnement figurent aussi sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie.

L’ancienne porte de l’abbaye et l’arvô © ETC


La porte de l’abbaye, construite par le prince-abbé Guillaume de Manderscheidt, est datée de 1522 par une inscription gothique présente sur l’édifice. 

Élevé en briques et calcaire sur deux niveaux, le bâtiment conserve le souvenir de deux souverains stavelotains : les armes de Guillaume de Manderscheidt, prince-abbé de 1499 à 1546, se trouvent à gauche de la large entrée en plein cintre. Un panneau armorié placé plus haut présente les armes martelées de François-Égon de Fürstenberg, prince-abbé de 1668 à 1692, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique. Ce second panneau présente une longue inscription latine qui témoigne des travaux de réfection de l’édifice commandités en 1677 par ce dernier. 

À gauche de la porte subsistent plusieurs bâtiments de service : écuries, brasserie et boulangerie datés de 1714. 

À droite de la porte se trouve l’hôtel du Conseil de la principauté, millésimé 1717. Élevé en briques et calcaire et comptant cinq travées sur deux niveaux, le bâtiment a toutefois subi des modifications dans la seconde moitié du XXe siècle ; seule la façade principale est aujourd’hui conservée en l’état. 

Ce bâtiment abritait les séances du Conseil d’État, organisées sous la présidence du prince-abbé ou de son représentant et auxquelles participaient les deux prieurs de Stavelot et Malmedy ainsi que plusieurs conseillers. C’est à cet endroit que se trouvait également le quartier du Prince, édifié en 1718 mais lui aussi modifié par la suite.

Les armoiries du prince-abbé François-Égon de Fürstenberg sur l’ancienne porte de l’abbaye © IPW



Les bâtiments conventuels constituent de nos jours la partie la plus imposante des vestiges de l’abbaye. 

Devenus propriété de la Région par bail emphytéotique et restaurés entre 1999 et 2002, ils abritent aujourd’hui le musée de la principauté de Stavelot-Malmedy ainsi que le musée du circuit de Spa-Francorchamps et le musée Apollinaire. 

Les trois ailes actuelles, construites autour du cloître, avaient été édifiées aux côtés de l’ancienne abbatiale entre 1740 et 1780 en briques et calcaire dans le plus pur esprit classique de l’époque. La quatrième aile du cloître a disparu en même temps que l’église. 

Ces bâtiments conservent encore quelques traces matérielles liées à la présence des souverains stavelotains : la cheminée de la salle du chapitre est frappée des armes de la principauté ; les armoiries du prince-abbé Joseph de Nollet (1741-1753) ainsi que sa devise Nemini infensae sont inscrites sous un fronton courbe à l’ornementation très soignée situé à l’angle sud-est des bâtiments ; enfin, l’aile ouest comporte un fronton triangulaire orné des armes et de la devise de Jacques de Hubin, commanditaire de la reconstruction de deux ailes en 1774.

Les armoiries du prince-abbé Guillaume de Manderscheidt sur la porte de l’ancienne abbatiale © IPW

 



Le seul témoin conservé de l’imposante église abbatiale se trouve en face de ces bâtiments. 

Une tour carrée, élevée en moellons de grès et de calcaire, présente des bases romanes appartenant à l’avant-corps ouest de l’église consacrée en 1040 par le prince-abbé Poppon. Reconstruite en 1536 par Guillaume de Manderscheidt comme l’indiquent un millésime et les armoiries du prince-abbé, la tour domine aujourd’hui les vestiges archéologiques de l’église détruite à la Révolution.

 


 

 

Cour de l'Abbaye 1

4970 Stavelot

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Classée comme monument et comme site sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie

Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW-Patrimoine

Ville haute de Limbourg

Limbourg fut dès l’origine la capitale du comté et du duché du même nom et a toujours été une petite ville fortifiée installée sur un promontoire rocheux dominant une courbe de la Vesdre. 

La ville naquit aux alentours de 1020 lorsque Frédéric de Luxembourg, membre de la maison d’Ardenne-Verdun et futur duc de Basse-Lotharingie, édifia la forteresse de Limbourg qui donna son nom à la nouvelle principauté territoriale, qui ne prit le titre de duché qu’au cours du XIIe siècle. 

La ville haute vécut des siècles durant au rythme de son duché, de ses appartenances successives et des nombreuses guerres européennes dont il fut le centre. 

La forteresse fut ainsi ruinée par onze sièges et huit incendies dont un siège de deux mois mené en 1101 par l’empereur d’Allemagne Henri IV ou encore celui mené par les Liégeois en guerre contre le duc de Bourgogne en 1465. 

Les malheurs se poursuivirent jusqu’en 1703 lorsque, près d’un quart de siècle après la prise de la ville par Louis XIV, les troupes du commandant Marlborough bombardèrent la ville. Limbourg se releva petit à petit de ses ruines sous le gouvernement autrichien qui mit définitivement fin au rôle de position défensive et stratégique de la ville.

Reconnue dans son entièreté patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis 1993, la ville haute de Limbourg est un musée à ciel ouvert, une plongée dans un passé glorieux qui fait de cette tranquille bourgade de la vallée de la Vesdre une des plus importantes places fortes médiévales de Wallonie et le siège d’une capitale d’un État disparu. Nombreuses sont les traces qui encore aujourd’hui attestent de ce passé.

4830 Limbourg

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Classé comme patrimoine exceptionnel de Wallonie en 1993

Frédéric MARCHESANI, 2013

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Ville haute de Charleroi

Vue aérienne de la ville de Charleroi. Au centre, la place Charles II et ses rues en étoile rappellent le tracé des rues de l’ancienne place forte. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Le cas de la ville haute de Charleroi est bien différent de celui de ces cités centenaires et millénaires qui existent en Wallonie depuis l’Antiquité et le Moyen Âge. 

Charleroi est véritablement le fruit de la volonté du roi d’Espagne de protéger ses frontières et peut être dans son entièreté considérée comme une trace de l’ancien comté de Namur. 

Le Traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659 mettait fin à une longue guerre entre Français et Espagnols. Le roi Philippe IV d’Espagne s’efforça, après la fin de ce conflit, de renforcer à nouveau les frontières des Pays-Bas espagnols, sévèrement meurtries. Il décida de la création d’une forteresse nouvelle face à la France, près du village de Charnoy. 

Située sur la rive gauche de la Sambre, complétée par deux vallons latéraux et créant un éperon barré propice à une fonction défensive, la place forte sort de terre en 1666. La ville nouvelle est baptisée Charleroi en l’honneur du nouveau roi d’Espagne Charles II. 

La place forte, à vocation militaire uniquement, épouse la forme d’un hexagone embastionné autour de fossés à escarpes et contrescarpes et zones inondables. Un an plus tard, la forteresse fut déjà abandonnée par les Espagnols après un démantèlement partiel ; les Français prendront le relais et décidèrent dès 1668 de la reconstruire. 

Supervisés par les ingénieurs Choisy et Vauban, les travaux offrirent à Charleroi un plan radioconcentrique défini par l’actuelle place Charles II dont les rues adjacentes témoignent encore de la physionomie défensive du XVIIe siècle. 

Les Français fondèrent également une ville, entamèrent une œuvre d’urbanisation et installèrent progressivement une population civile. Le sort de Charleroi ne cessa d’évoluer dans les décennies suivantes : entre 1678 et 1748, la forteresse releva des Français, fut reprise par les Espagnols et intégra les Pays-Bas autrichiens. Elle fut une dernière fois modifiée en 1816 par les Hollandais avant d’être abandonnée progressivement après l’indépendance de la Belgique. Désarmée par étapes, elle fut démantelée à partir de 1867.

L’ancienne maison du bailli à Charleroi © IPW

 

La pierre de fondation fleurdelisée à l’entrée de l’église Saint-Christophe de Charleroi © IPW.

De son riche passé de place défensive, Charleroi n’a malheureusement gardé que très peu de traces visibles. La Révolution industrielle et l’urbanisation effrénée ont résolument transformé le visage de la ville. La place Charles II correspond à l’ancienne place d’armes de la forteresse dont elle a gardé la forme hexagonale. 

L’église Saint-Christophe, située sur cette place, est l’héritière d’une chapelle construite en 1667 par les Français. Une pierre de fondation de cette chapelle disparue, millésimée 1667 et frappée de trois lys de France est toujours conservée dans le porche d’entrée de l’église actuelle. Les bâtiments d’importance de la place d’armes telle la caserne de cavalerie ou la maison du gouverneur, ont tous disparu. La maison du bailli, aujourd’hui occupée par l’Espace Wallonie, se trouve toujours rue Turenne, à proximité de l’hôtel de ville. 

Datée de 1780, la bâtisse construite en briques enduites et pierre calcaire a fait l’objet d’une belle restauration. La porte est surmontée du millésime, d’une couronne et de guirlandes taillées dans le calcaire. Classé en 1989, cet édifice est un témoin privilégié de l’architecture civile de l’époque ; elle abritait le bailli, représentant de justice dans la ville haute.

 

La borne du génie située au coin de la rue Turenne et de la rue du Beffroi à Charleroi © IPW

 

 

Non loin de là, au coin de la rue Turenne et de la rue du Beffroi, une borne marquée du nombre 80 et de la lettre G fait référence au génie, organisme qui décidait de l’alignement des habitations dans la forteresse. 

La chapelle Sainte-Anne, située rue de la chapelle, a pour sa part été bâtie en 1819. 

Récemment restaurée, elle a été élevée en pierre calcaire et briques enduites et conserve toujours deux pierres de commémoration antérieures à son édification rappelant le nom des donateurs à l’origine de la construction de l’édifice primitif en 1682, les gouverneurs de la place forte de Charleroi, Juan de la Paz Tementio et Don Juan Antonio Sarmiento y Camudio.

La pierre de commémoration du gouverneur Juan de la Paz Tementio sur la façade de la chapelle Sainte-Anne à Charleroi © IPW


Quelques vestiges des fortifications existent encore mais sont invisibles depuis la chaussée. 

Dans les caves du café « le Corto », situé rue de Montigny, sont conservées des casemates ainsi qu’un tronçon de souterrain qui semblent dater de la forteresse française. Rue de Dampremy, les caves de l’immeuble situé au no 61 abritent encore une voûte de soutènement qui appartiendrait au chemin couvert de la forteresse française. À gauche du bâtiment se trouve une casemate et, dans le jardin situé dans l’îlot, un long mur en pierre témoigne vraisemblablement des fortifications espagnoles ou françaises.

Place Charles II

6000 Charleroi

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Grand-Place et hôtel de ville de Mons

En plein coeur de Mons, l’exceptionnelle Grand-Place et son hôtel de ville, reconnus patrimoine exceptionnel de Wallonie, comptent parmi les ensembles architecturaux les plus impressionnants de Belgique. 

Si l’origine de Mons est liée à la fondation d’un monastère par sainte Waudru vers 650, son passé comtal se précise au IXe siècle, lorsque le château acquiert une position stratégique. Une première enceinte, érigée au XIIe siècle, lui confère son aspect de ville. Au siècle suivant, Mons accède à l’autonomie : le pouvoir communal est détenu par un mayeur et des échevins. 

C’est à cette époque également que la ville devient la capitale du comté de Hainaut. Mons se caractérise aussi par sa nouvelle tradition juridique : la ville est peuplée d’avocats et devient le siège de la justice échevinale, de la Cour comtale et du Conseil comtal puis de la Cour souveraine et des États du comté de Hainaut, le tout se réunissant habituellement à l’hôtel de ville. Après la cession du comté au duc de Bourgogne, Mons reste fidèle aux Bourguignons puis aux Espagnols. 

La ville est sérieusement dévastée par les troupes de Louis XIV en 1691 comme d’autres grands centres urbains de l’actuelle Wallonie. Comme d’autres villes, elle entre dans les possessions françaises avant d’être rendue à l’Autriche en 1749. Son importance politique reste constante jusqu’à nos jours : Mons devient chef-lieu du département de Jemappes avant d’être celui de la province du Hainaut.

Comme cela fut le cas pour d’autres villes, la Grand-Place de Mons participe à la célébration du pouvoir nouveau. À Mons plus que nulle part ailleurs, ces célébrations républicaines prennent une tournure différente. La capitale de l’ancien comté de Hainaut est la première à se convertir aux idées nouvelles et, l’espace de quelques mois, à vivre à l’heure de Paris. Quelques mois avant les premières campagnes militaires de la République, l’hôtel de la Couronne, situé à la gauche de l’hôtel de ville, accueille brièvement en juin 1792 le comte de Provence (le futur Louis XVIII), en fuite. Le premier événement notoire est organisé sur la place de Mons le 6 janvier 1793. La société des amis de la liberté et de l’égalité y orchestre une fête civique en mémoire des soldats français tués à Jemappes. Un feu de joie voit disparaître l’aigle, la couronne, le sceptre, les armoiries du Hainaut… Une nouvelle fête est organisée le 6 février suivant, cette fois en présence de quelques représentants des communes du Hainaut.

La salle Saint-Georges sur la Grand-Place de Mons. En haut, la représentation en buste de Philippe III d’Espagne. En bas à gauche, les armoiries de Philippe II surmontées de la couronne royale et en bas à droite, les armoiries de Philippe III, toutes deux entourées du collier de la Toison d’Or © IPW

L’hôtel de ville de Mons domine la Grand-Place et attire le regard : son imposante façade gothique construite entre 1458 et 1477 est dominée par un élégant campanile érigé en 1717-1718. Parmi les nombreuses œuvres d’art conservées dans la maison communale se trouvent deux portraits d’officiers de l’Empire, le général André-Joseph Boussart et le colonel Ignace-Louis Duvivier. À l’intérieur sont présentes également les armoiries des divers États dont la ville de Mons a fait partie tout au long de l’histoire, parmi lesquels la République et l’Empire français.

Il était le lieu le plus fréquent des réunions des États du comté de Hainaut qui se tenaient généralement dans la salle des États située au-dessus de la chapelle Saint-Georges, ou dans la salle Notre-Dame. 

Le grand salon gothique est décoré des dix-sept écus des dynasties qui ont régné sur le comté et des blasons des cinquante-huit grands baillis de Hainaut. Il arrivait parfois que ces réunions se tiennent dans l’abbaye du Val des Écoliers, dont une tour subsiste rue Masquelier. 

L’édifice conserve également une belle cheminée provenant de l’ancien château d’Havré et décorée des armoiries des ducs de Croÿ entourées d’un collier de la Toison d’Or. 

L’hôtel de ville participait également aux fêtes officielles (bal, diner, concert), organisées lors des inaugurations des souverains des Pays-Bas.

Les armoiries (à gauche) et la devise (à droite) de Charles Quint sur la façade de la maison « Au Blanc Lévrié » à Mons © IPW

Sur la Grand-Place, de part et d’autre de l’hôtel de ville se trouvent deux immeubles portant des traces de l’appartenance de Mons et du comté de Hainaut à la couronne d’Espagne. 

À gauche, la façade de la salle Saint-Georges est décorée dans sa partie supérieure de deux blasons placés en-dessous d’un buste en bas-relief du roi Philippe III d’Espagne (1598-1621). 

Rehaussé de dorures, le portrait du roi est surmonté de la date de 1601 et accompagné de l’inscription « PHL[IPPU]S D[EI] G[RATIA] HISPANARV[M] AC INDIARVM REX » (Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Espagnes et des Indes). Le souverain porte sa couronne et le collier de la Toison d’Or. Le blason de gauche figure les armoiries de son père, le roi Philippe II. Entourées du collier de la Toison d’Or et surmontées de la couronne royale espagnole, elles comportent les blasons des diverses possessions du souverain. La composition est analogue à celle présente sur la façade de la Halle al’Chair de Namur. 

Les armoiries de droite sont cette fois celles de Philippe III ; elles sont similaires à celles de son prédécesseur mais sont dépourvues de la couronne royale. L’immeuble situé à droite de la maison communale est justement nommé « hôtel de la Toison d’Or », il est orné de trois blasons surmontés d’une couronne et entourés de la célèbre décoration créée par Philippe le Bon, premier comte de Hainaut de la maison de Bourgogne.

D’autres immeubles de la Grand-Place témoignent de la période impériale de la cité. Deux immeubles, construits en 1763 et 1766 portent un nom logiquement lié à cet état de fait ; il s’agit des hôtels de la Couronne impériale et de l’impératrice. La maison dite « Au Blanc Lévrié », située non loin de l’entrée de la rue des Clercs et datée de 1530, porte sur sa façade les emblèmes impériaux. Un premier cartouche porte un blason représentant l’aigle bicéphale, surmonté d’une couronne et entouré du collier de la Toison d’Or ; il s’agit des armes de Charles Quint. 

A côté, une colonne se trouve derrière un bandeau sur lequel est inscrite la devise de l’empereur, « plus oultre ». Les armoiries de l’empereur sont également visibles dans la cour intérieure du musée chanoine Puissant. Un écu représentant l’aigle bicéphale est accompagné de la couronne, du collier de la Toison d’Or et de la devise de l’empereur ; le tout est encadré par deux piliers.

Grand Place

7000 Mons

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Collection privée

Siège des États du Tournaisis

En 1734, une élégante bâtisse est construite dans l’aile nord-ouest de l’évêché, situé à quelques pas de la cathédrale, dans le but d’y installer le siège des États du Tournaisis. De l’édifice lourdement endommagé au cours de la Seconde Guerre mondiale ne subsiste que la façade à rue, construite en briques et pierre sur quatorze travées de deux niveaux. La travée centrale est encadrée de pilastres et présente une large porte sous un arc en plein cintre. La composition est richement décorée : feuillages, coquille, cornes d’abondance, fleurs.

Ce palais prolonge le palais épiscopal, non loin de la cathédrale et témoigne encore de nos jours de l’importance de l’évêque de Tournai qui, sous l’Ancien Régime, était président en titre des États. Détachés progressivement des États du comté de Flandre, les États de Tournai-Tournaisis évoluent progressivement tout au long du XVIe siècle. Leurs délibérations sont enregistrées officiellement pour la première fois en 1556 et des députés de Tournai seront nommés pour représenter le baillage aux États généraux à partir de 1560. Un sceau leur est accordé en 1577. Leur compétence, fiscale au départ (voter les impôts), devint ensuite financière, politique (inaugurer le souverain par exemple), sociale et économique.

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Frédéric MARCHESANI, 2013