Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Édouard ORBAN de XIVRY

Dans l’histoire politique de la Wallonie, les mandataires assassinés dans leurs fonctions ne sont – fort heureusement – pas très nombreux. La toute première victime du XXe siècle a été le gouverneur de la province de Luxembourg, assassiné dans son bureau, le 26 janvier 1901, juste avant que son meurtrier ne retourne l’arme contre lui. Le responsable de cet acte, qui suscita l’émoi dans tout le pays, était un fonctionnaire provincial, Jean Schneider, qui souhaitait remettre sa lettre démission ; son geste a toujours été expliqué comme celui d’un désespéré. 

Frappé en pleine poitrine par une balle tirée à bout portant, le gouverneur Édouard Orban de Xivry n’avait aucune chance de survivre. Dès le jour de ses funérailles, le projet de lui élever un monument fut lancé. Rapidement organisée, une souscription publique rassembla, en peu de jours, des moyens importants. En juin 1902, il y avait accord sur le projet. L’architecte Louis Van de Wyngaert en dressa le plan, tandis que le sculpteur Franz Vermeylen était sollicité pour la réalisation des bronzes. Le choix se porta sur la ville d'Arlon, privilégiée à La Roche, lieu de naissance d’Édouard Orban et de ses ancêtres.

Le monument

La structure du monument est à ce point complexe que la description précise qu’en fait Tandel, en 1903, paraît bien convaincante : « Au centre d’un hémicycle de neuf mètres d’intérieur, dont le sol haussé est recouvert d’une belle mosaïque, se dresse un piédestal surmonté d’une stèle-pyramide, genre obélisque (dont le sommet est à huit mètres de la rue) sur le haut de laquelle se détache, de forme ovale et en marbre blanc, un médaillon représentant le profil du gouverneur.
Au-devant de la stèle – celle-ci en retrait du piédestal – surgit un rocher d’allure pittoresque, servant de base au groupe principal : une femme du peuple amenant son fils devant le médaillon qu’elle lui montre de la main droite tandis qu’elle lui rappelle les nombreux bienfaits dont le gouverneur marqua son passage ; l’enfant témoigne sa naïve reconnaissance par l’offrande de quelques fleurs de bruyère, la fleur des Ardennes, qu’il élève vers l’image du bienfaiteur.
Un peu plus bas, sur la gauche, couché sur le rocher dans une attitude de tristesse, le lion luxembourgeois garde l’écusson de la province adossé à la stèle.
Une palme de bronze jetée sur la pierre, par sa teinte verdâtre, sert de transition du gris-bleu du rocher au jaune-rouge de la pyramide. Une inscription, en caractères dorés creusés dans la stèle, relate en peu de mots le triste événement qu’on commémore et porte :


AU BARON ORBAN DE XIVRY,
GOUVERNEUR DU LUXEMBOURG
NÉ À LAROCHE, LE 28 SEPTEMBRE 1858
MORTELLEMENT FRAPPE DANS L’ACCOMPLISSEMENT DE SON DEVOIR
EN L’HÔTEL PROVINCIAL D’ARLON
LE 26 JANVIER 1901
Le piédestal et le rocher sont en petit granit ; la stèle-pyramide en granit de l’ouest (Bretagne) ; le groupe, le lion, les palmes et l’écusson, en bronze ; le médaillon en marbre blanc. Les mots : Elevé par souscription publique, ornent la face antérieure du piédestal.
L’hémicycle servant de cadre au motif central est de forme elliptique et constitue un ensemble architectural. Il se compose d’une base et d’un entablement en petit granit entre lesquels se découpe une rangée de petits pilastres en pierre jaune. L’ensemble forme une emprise sur le jardin de l’hôtel provincial et se détache admirablement sur un magnifique fond de verdure. L’hémicycle se termine par deux pylônes de petit granit surmontés chacun d’un motif ornemental en pierre de Jaumont sur lesquels sont sculptés les écussons de La Roche et d’Arlon, lieux de naissance et de décès du gouverneur. Des palmes en bronze décorent la face antérieure des pylônes et un grillage en fer forgé clôture l’hémicycle ».
Et Tandel de préciser encore que les noms de l’architecte et du sculpteur ont été inscrits sur la plinthe du socle, de même que, du côté gauche de l’hémicycle, apparaissent les remerciements aux souscripteurs ainsi que la date de l’inauguration ; et du côté droit, une vingtaine de noms des membres du Comité exécutif et du Comité d’honneur du monument, avec leur statut et qualité ! 
 

Monument Gouverneur Baron Édouard Orban de Xivry

Le jour de l’inauguration, toutes les forces vives du Luxembourg sont présentes, ainsi que des représentants du sommet de l’État belge et luxembourgeois. À travers le gouverneur décédé, c’est toute une province qui se retrouve autour d’un représentant martyr d’une famille implantée depuis plusieurs générations en Ardenne. 

Conseiller communal du Luxembourg, élu par le canton de La Roche en 1886, Édouard Orban (La Roche 1858 – Arlon 1901) a rapidement fait partie du bureau du Conseil provincial, puis il a été choisi comme député permanent. Catholique affirmé, il n’exerçait que depuis peu de temps ses fonctions à l’exécutif provincial quand le décès de Paul de Gerlache laisse vacant le poste de gouverneur. À 32 ans, Édouard Orban de Xivry accède à cette fonction qu’il va exercer dix ans, se préoccupant notamment du développement de l’agriculture, des facilités de transport et de la question sociale.

Son monument est aussi l’un des tout premiers élevés à une personnalité catholique dans l’espace public de Wallonie. Alors qu’une dizaine de libéraux ont déjà été statufiés, seul Dumortier a eu cet honneur, dans la famille catholique (Tournai 1883). L’ampleur du monument répare tous « les retards ». L’architecte arlonais n’a pas lésiné avec les effets architecturaux, et le brabançon Frantz Vermeylen l’a accompagné. 

Les artistes

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Frantz Vermeylen (1857-1922) a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A.-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. 

Spécialisé dans les intérieurs d’église (par exemple, Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903). C’est aussi lui qui signe quatre des huit statues du square Derbaix, à Binche.

Quant à l’architecte du monument Orban de Xivry, les sources citent généralement Louis Van de Wyngaert, fils de Jean-Louis. Les deux étaient architectes ; il est probable qu’ensemble ils aient travaillé sur le projet. Le père était originaire de la province d’Anvers (Lierre 1828 – Arlon avril 1907) et a fait sa carrière dans la province luxembourgeoise ; il est devenu l’architecte attitré de la province et a dirigé l’Académie des Beaux-Arts, ainsi que l’École industrielle d’Arlon. Son fils, Louis (Arlon 1852 – Arlon juillet 1907), est aussi devenu architecte provincial, tout en étant l’architecte de la ville d’Arlon. Membre correspondant de la Commission des Monuments (comme son père), il est principalement l’auteur des plans de la gare d’Arlon.



Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604.
Émile TANDEL, Le monument élevé à la mémoire du baron Édouard Orban de Xivry, dans Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, Arlon, 1903, t. 38, p. 199-220.
Nécrologe, dans Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, Arlon, 1907, t. 42, p. VII.
Oscar LAMBOT, In memoriam, ibidem, p. 220-221.
Nicolas SCHWARTZ, 19 juillet 1903, ibidem, p. 220-221.
Bulletin des commissions royales d'art et d'archéologie, Bruxelles, 1903, t. 42, p. 20 et 332.
J-P. CHAMPAGNE, À travers Arlon, 1980, p. 7.
Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1, p. 61.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739.

place Orban, au carrefour de l’avenue Nothomb et des rues Joseph Netzer et Général Molitor
6700 Arlon

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Paul Delforge

Monument et bas-relief John O’KELLY

C’est à Jemeppe-sur-Meuse, en 1721, que la première machine à feu a été installée sur le continent européen. L’événement est d’importance. Quelques années auparavant, l’Anglais Thomas Newcomen avait inventé et construit un appareil à vapeur capable d’actionner une pompe. Cet engin – appelé pompe à feu – était bien supérieur à ceux utilisés jusqu’alors et suscita l’intérêt de nombreux investisseurs. D’importantes mesures de précaution furent prises sur l’île britannique pour protéger l’invention et empêcher qu’elles soient imitées ailleurs, notamment en principauté de Liège. 

Pourtant, trois hommes d’affaires liégeois parviennent à convaincre un collaborateur de Newcomen. Et c’est ainsi qu’une pompe à feu est montée dans un charbonnage situé entre Tilleur et Jemeppe-sur-Meuse, au puits du Vieux-Groumet. La machine de Newcomen trouve là sa première application dans l’industrie extractive, et le pays wallon va rapidement devenir le moteur continental de la Révolution industrielle.

En raison de l’importance de l’événement, la Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, de la Mécanique, des Travaux publics, des Arts et des Sciences appliqués à l’industrie, organe de l’Association des Ingénieurs sortis de l’École de Liège, décide d’inaugurer un monument à l’occasion des cérémonies prestigieuses de son centième anniversaire. S’étalant sur trois journées, le programme du « centième » prévoit trois journées de conférences consacrées à La Recherche scientifique et l’Industrie, une exposition dans le cadre de la Foire internationale des Mines, de la Métallurgie, de la Mécanique et de l’Électricité industrielle, et l’inauguration du monument O’Kelly.

John O’Kelly

D’originaire noble, John O’Kelly de Galway était né dans cette ville d’Irlande en décembre 1672 et était mort à Bruxelles en 1753. Capitaine dans l’armée anglaise, il avait pris part à la Guerre de Succession d’Espagne, et avait combattu du côté de Barcelone vers 1710, avant de prendre la direction de Vienne. On le retrouve, en effet, dans la capitale des Habsbourg, occupé à l’amélioration des fortifications de la ville sous les ordres du prince Eugène de Savoie, avant qu’il ne voyage à Ratisbonne et en Suède. 

On ignore encore comment il avait eu connaissance de la technique mise au point par Newcomen. Mais les rares sources disponibles concordent à désigner le baron Berthold de Wanzoulle, chanoine de Saint-Lambert, Lambert Van den Steen, conseiller privé du prince-évêque, et le baron Fernand d’Eynatten comme solliciteurs auprès d’O’Kelly auquel ils apportaient un soutien financier. 

Maîtres des houillères à Jemeppe, Mathieu et Nicolas Raick signèrent le contrat d’exploitation avec le génial technicien irlandais. En 1720, il obtient du prince-évêque de Liège, Joseph-Clément de Bavière, la permission d’exploiter « une machine de son invention » destinée à épuiser les eaux des mines. Installée dans le hameau de Mabotte, elle fonctionne dès le début 1721. 

Disposant aussi, semble-t-il, par la suite, d’installations en Espagne et en Suède, O’Kelly choisit de s’installer durablement dans nos contrées. Plusieurs pompes à feu de sa conception équipèrent des charbonnages liégeois. Il s’y maria, eut deux enfants et s’éteignit à Bruxelles, à l’âge de 80 ans.

Plus de 235 ans plus tard, les ingénieurs de Liège réunis, entourés des autorités locales, du secrétaire de la Légation d’Irlande et de Donal O’Kelly, lointain descendant de John, inaugurent solennellement le monument en pierre réalisé par le tailleur de pierre Maurice Bar, ainsi que la plaque en bronze due à Freddy Wybaux. 

Tirer de l’oubli un grand fait du passé et honorer un illustre inventeur, telles étaient les intentions des initiateurs du mémorial, installé là même où fonctionna la pompe à feu. Surplombant la vallée, l’endroit donnait à voir, à l’époque, sur l’ensemble des industries Cockerill fumant et éructant le long de la Meuse. Dans les discours sont associés Rennekin Sualem, enfant de Jemeppe, et ce O’Kelly venu de son Irlande lointaine.

Sur le bas-relief, on voit, dans le coin inférieur droit, la signature du sculpteur, avec les lettres F et W entremêlées, tandis que, sur la pierre, également dans le coin inférieur droit, c’est le nom du tailleur de pierre et sculpteur A.-M. Bar qui apparaît.

Monument et bas-relief John O’Kelly (Jemeppe-sur-Meuse)

Les sculpteurs Maurice Bar et Freddy Wybaux

Bien connu dans le pays de la pierre, le sculpteur et entrepreneur sprimontois Maurice Bar avait suivi des cours à l’Académie de Liège. Régulièrement sollicité par les autorités communales pour réaliser des monuments aux victimes des deux guerres (comme à Xhendremael), il réalise également des bustes (comme celui en pierre du roi Albert, à Esneux), des médaillons (Henri Simon à Lincé). Ici, à Jemeppe-sur-Meuse, c’est la partie en pierre du monument O’Kelly qu’il réalise. 

Le bas-relief est, quant à lui l’œuvre, de Freddy Wybaux (1906-1977).
Formé aux Académies de Liège et d’Anvers, Prix du Gouvernement 1929, Prix Marie 1932, Fritz Wybaux entame la sculpture par des bustes, des portraits, des nus et des allégories, le bois ayant sa prédilection. 

Marié à la peintre Eva Herbiet, Wybaux vient d’exécuter des commandes pour le Palais des Congrès de Liège (sculpture de la façade nord), le CPAS de Liège ou la maison communale d’Ougrée, lorsqu’il est sollicité par l’association des ingénieurs liégeois. Appelé aussi pour la décoration de la « nouvelle » gare des Guillemins (fin des années 1950, début des années 1960), Wybaux est aussi sollicité par des particuliers pour des décorations intérieures. 

Professeur à l’École technique de Seraing et à l’Académie de Liège, membre de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, il parvient à se distinguer par un style fort personnel dans une production de bas-relief ou de petites statues en plâtre, en bois, voire en céramique. 

Dans les collections du Musée en plein air du Sart Tilman, L’Ange vert est une céramique de grand format « magico-mystique », dont l’abstraction lyrique – tendance vers laquelle il s’oriente dans l’immédiat après-guerre – témoigne de l’évolution artistique de son auteur.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Inauguration à Jemeppe-lez- Liège du monument O’Kelly, dans Revue universelle des Mines, de la Métallurgie, de la Mécanique…, t. XIII, n° 9, septembre 1957, p. 450-453.
Robert WELLENS, dans Biographie nationale, t. 33, col. 417.
Yves DUBOIS, Les monuments commémoratifs de la Grande Guerre en province de Liège, Université de Liège, mémoire 2010-2011, p. 103.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 812.
http://vincentlecuyer.com/freddy-wibaux/ 
http://www.museepla.ulg.ac.be/opera/wybaux/ange_vert.html (s.v. juillet 2015)

 

 

Rue Mabotte
4100 Jemeppe-sur-Meuse (Seraing)

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Mémorial Stan OCKERS à Sprimont

Stan Ockers, un cyliste en pleine force de l’âge

L’Anversois Stan Ockers (né Josephus Constant Ockers en 1920) a marqué l’histoire du cyclisme belge par ses performances en tant que coureur professionnel. 

Surtout, il est entré dans la mémoire collective en raison de sa disparition tragique, en 1956, après une chute lors des Six Jours d’Anvers. Diverses manifestations d’hommage sont organisées à la suite de son décès, dont l’érection d’un monument à Gomzé-Andoumont, au sommet de la côte des Forges, l’une des dernières difficultés de la course Liège-Bastogne-Liège, épreuve qu’il avait remportée avec panache en 1955.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le « gamin de Borgerhout » s’était progressivement forgé un palmarès enviable en collectionnant les accessits des grandes courses d’un jour ainsi que des grands tours. Souvent bien classé au Tour de France (il est 2e du classement général en 1952 et remporte deux fois le classement par points (1955 et 1956), il connaît une année 1955 exceptionnelle, enlevant le bouquet final lors de la Flèche wallonne (pour la 2e fois, après 1953), de Liège-Bastogne-Liège (les deux courses forment le week-end ardennais) et du championnat du monde. 

C’est par conséquent un sportif en pleine force de l’âge et promis à de nombreux autres succès qui chute brutalement sur la piste du Sportpaleis d’Anvers, à l’occasion des Six Jours, le 29 septembre 1956. Son décès, le 1er octobre, suscite un vif émoi dans la population.

Le sculpteur Louis Van Cutsem

Le monument de la côte des Forges fut confié à Louis Van Cutsem (1908-1992). Certes influencé par les activités familiales – son père est responsable d’une entreprise de monuments funéraires établie à Evere –, Louis Van Cutsem reçut d’abord une formation de maçon, avant de s’inscrire à l’Académie de Saint-Josse, puis à l’Académie de Bruxelles, où ses dons de sculpteur se révèlent. Lauréat de plusieurs prix, celui qui affectionne particulièrement de tailler directement dans la pierre bleue commence à travailler à Schaerbeek dans un atelier qui lui survivra (1936). 

Très tôt, ancien footballeur et athlète lui-même, il est attiré par la représentation des sportifs dont il fera sa spécialité : des grands de la boxe d’abord, des cyclistes ensuite (Romain Maes, Eddy Merckx, Rick Van Steenbergen et le mémorial Stan Ockers), des athlètes (Jef Rens) et des pilotes automobiles, etc.

Portraitiste, médailleur, il travaille à la fois à partir du modèle, mais aussi de photographies. Par ailleurs, il ne résiste pas à l’envie de croquer des personnalités du monde politique et artistique. À partir de 1932, il est membre du groupe « Mine souriante », composé d’humoristes bruxellois qui excellent dans le dessin. Enfin, Van Cutsem réalise encore divers trophées sportifs pour de nombreuses disciplines. 

Durant la Seconde Guerre mondiale, le sculpteur et sa femme apportent leur aide à plusieurs Juifs, ce qui vaudra à Louis Van Cutsem d’être reconnu, par la suite, comme Juste parmi les Justes. Et son aide à un réfugié russe lui vaudra une médaille de l’URSS. Après la Libération, Louis Van Cutsem signe aussi bien un buste de Fernand Demany (secrétaire du Front de l’Indépendance) qu’une haute statue de la Vierge, ainsi que plusieurs monuments aux victimes de la guerre. Il est le père de Simone, elle aussi sculptrice.

Mémorial Stan Ockers (Gomzé-Andoumont, Sprimont)

Inauguré le 4 mai 1957, la veille de Liège-Bastogne-Liège, le mémorial Stan Ockers, en pierre bleue de Liège, est situé devant ce qui était à l’époque la laiterie de la Croix Michel, le long de la grand-route reliant Aywaille à Beaufays. L’ensemble est imposant : sur une large base surélevée et construite en moellons, se dresse une sculpture originale représentant un Stan Ockers très réaliste, qui pédale sur un vélo figuratif ; à l’arrière, un haut mur, toujours en moellons, soutient des écritures. En grand, apparaît le nom de STAN OCKERS, et sur deux plaques sont gravés deux textes plus longs, l’un en français, l’autre en néerlandais :


3.2.1920 – 1.10.1956
SUR CETTE ROUTE, EN MAI 1953,
BÂTIT LA PREMIÈRE D’UNE SÉRIE
DE RETENTISSANTES VICTOIRES
INTERNATIONALES
____
FLÈCHE WALLONNE 1953
WEEK-END ARDENNAIS 1955
CHAMPIONNAT DU MONDE 1955
CHALLENGE DESGRANGE-COLOMBO 1955
ROME-NAPLES-ROME 1956

Depuis 1996, le « Cyclo-Club de Beaufays » organise chaque année le « mémorial Stan Ockers ».


Théo MATHY, Dictionnaire des sports et des sportifs belges, Bruxelles, 1982, p. 179.
Didier MALEMPRÉ, Liège-Bastogne-Liège, une Doyenne vénérable et vénérée, Liège, Céfal, 2014.
http://www.sonuma.be/archive/hommage-%C3%A0-stan-ockers 
http://www.siteducyclisme.net/coureurfiche.php?coureurid=3051 
http://www.tento.be/tentoonstelling/louis-van-cutsem-1908-1992-sportbeeldhouder-bij-uitstek (s.v. juin 2015)
Louis Van Cutsem. Un atelier de sculpteur à Schaerbeek, Bruxelles, Les Amis de la Maison des Arts et La Mine souriante, 1988.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 557.
ENGELEN-MARX, La sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. VI, p. 3536-3537.

Thier des Forges
4140 Gomzé-Andoumont (Sprimont)

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Notger

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques

Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. 

Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Notger est parmi les premières.

Membre de cette équipe, Michel Decoux (1837-1924) va réaliser 3 des 42 statues, dont celle de Notger. Considéré comme un sculpteur animalier, M. Decoux est surtout connu pour la réalisation de groupes de scènes de chasse et s’est spécialisé dans les animaux sauvages (éléphants, panthères, etc.). Influencé par le cubisme et s’inscrivant dans le courant Art déco, aimant travailler le bronze, il signe une œuvre très différente sur le chantier de Liège : c’est dans la pierre que, de manière fort classique, il tente de rendre la personnalité de Notger (c. 930-1008).

Statue de Notger

Notger, premier prince-évêque de Liège

Originaire de Souabe, Notger est désigné évêque de Liège par l’empereur Otton Ier en 972. Huit ans plus tard, il reçoit d’Otton II un privilège d’immunité générale sur les possessions de l’Église de Liège, qui transforme ainsi l’évêque en prince-évêque

En déléguant son pouvoir à la cathédrale Saint-Lambert et à son titulaire, l’empereur transforme de facto l’évêque, en l’occurrence Notger, en un comte ayant droit de haute justice, de lever le tonlieu, de battre monnaie, d’établir des marchés et de dresser des fortifications. 

En 985, Notger reçoit en donation le comté de Huy ; d’autres territoires suivront formant un important ensemble territorial s’étendant de part et d’autre de la Meuse. La principauté de Liège devient le modèle de ce que l’on appellera l’« Église impériale ottonienne » (Reichskirche). 

Souverain puissant, Notger entreprend d’importants travaux qui contribuent à la transformation rapide de la cité de Liège. Il est aussi reconnu comme évêque bâtisseur.

Le rôle majeur de Notger dans l’histoire de Liège lui vaut d’occuper une place en vue sur la façade du Palais provincial. La statue du tout premier prince-évêque est en effet située sur le péristyle ; elle est la deuxième en commençant par la gauche lorsque l’on fait face au bâtiment. Revêtu d’habits qui lui donnent l’apparence d’un évêque, le personnage statufié tient un manuscrit dans sa main gauche, tandis que son bras droit est plié à hauteur de sa poitrine. Sa main droite est, elle-même, relevée dans une posture qui est unique parmi les 42 statues du Palais provincial. Le regard de Notger paraît fixer l’horizon ; les traits sont décidés. Le socle de sa statue est l’un des rares où le nom gravé apparaît encore de manière assez nette.



Hubert SILVESTRE, dans Biographie nationale, t. XLIV, col. 446-459
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 332.
http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_18697/notger-et-son-temps (s.v. avril 2014)
Jean-Louis KUPPER, Alexis WILKIN (dir.), Évêque et prince, Notger et la Basse-Lotharingie aux alentours de l’an mil, Liège, Presses Universitaires de Liège, 2013.
Félix MAGNETTE, Précis d’histoire liégeoise à l’usage de l’enseignement moyen, Liège, 1929, 3e éd., p. 32 et ssv.
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 81-82.
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. juillet 2013)
La Meuse, 2 octobre 1880.

Façade du Palais provincial (face à la place Notger)
4000 Liège

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Jean NOTE

Lorsqu’il est inauguré, le 20 mai 1929, devant une foule impressionnante, le monument Jean Noté (1858-1922) est installé au coin du boulevard Léopold et de la chaussée de Lille. Depuis lors, il n’a pas changé de place, mais son environnement s’est modifié : le buste en bronze du chanteur lyrique a notamment vu se construire la Maison de la Culture de Tournai et a assisté au changement de nom de la chaussée, devenue avenue du Général de Gaulle.

Enfant de Tournai, où il est né en 1858 dans une famille modeste, Jean-Baptiste Noté vivote de divers métiers avant d’être tiré au sort pour le service militaire et d’entrer pour six ans dans l’armée belge (1880). Bon vivant, interprète spontané de toutes les chansons lors des réunions et fêtes amicales, il attire l’attention de l’un de ses supérieurs, qui l’incite à mettre ses talents au service de la musique. Celui qui a fréquenté quelques cours au Conservatoire de Tournai s’inscrit au Conservatoire de Gand, où il est caserné, et reçoit les premiers prix de chant et de déclamation lyrique en 1884. 

Commence alors une carrière de baryton qui permet au Tournaisien de fréquenter quelques grands opéras d’Europe, faisant essentiellement carrière en France : pensionnaire de l’Opéra de Lyon, puis premier baryton à l’Opéra de Paris. Comme nom de scène, Jean Noté a simplifié son prénom en éliminant Baptiste.

Resté fidèle à sa ville de Tournai, Noté avait exprimé, de son vivant, le souhait qu’un buste (qu’il avait offert) soit installé dans le parc de l’Hôtel de ville. Peu de temps après son décès, un comité du Monument Jean Noté se met en place, à Tournai (septembre 1922) et il rencontre un tel succès, du côté flamand et du côté français, qu’un projet de monument grandiose représentant le baryton en pied voit le jour. Combattue, cette idée fait place au monument définitivement inauguré en 1929 : le buste offert et souhaité par Noté étant oublié. Commentant l’œuvre finalement réalisée par Fortuné Deroubaix (1879-1947), Walter Ravez devait regretter ouvertement les errements de ses contemporains : à ses yeux, le monument finalement retenu est « disgracieux, sans rythme ni noblesse (…) Noté méritait mieux », écrit-il en 1934.

Quoi qu’il en soit de cet avis, nombreux furent ceux qui se réjouirent de voir honorer l’illustre baryton quand fut révélé l’ensemble du mémorial : une allégorie de la musique tient l’avant-bras d’un très jeune enfant un peu potelé, tout en tenant une lyre dans sa main droite. Ce groupe femme/enfant orne la face avant de la longue colonne qui supporte le buste en bronze du chanteur. Un large socle en quatre parties soutient l’ensemble, avec un effet de marches arrondies sous l’allégorie à l’enfant. Une place est réservée pour l’inscription sobre :

« NOTÉ
1858 1922
DE L’OPÉRA ».
 

Quant à Fortuné Deroubaix, il s’agit d’un statuaire tournaisien, auteur de plusieurs commandes pour les autorités locales (notamment le monument du P’Tit chasseur).

Placé à un endroit de grand passage, le monument Noté a fait l’objet d’un important entretien à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du « Pavarotti » tournaisien. Une série de manifestations remettent alors l’artiste à l’honneur, comme, par exemple, la mise en vente de 150 exemplaires numérotés d’un nouveau buste de Jean Noté, réalisé en pierre par le sculpteur tournaisien David Dos Santos.



Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images, p. 89-91.
http://www.tournai.be/fr/officiel/index.php?page=71 (s.v. septembre 2013)
Walter RAVEZ, Jean Noté, Tournai, 1922.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

Avenue Charles de Gaulle
7500 Tournai

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Édouard NED

Six ans après la disparition du poète et romancier, une plaque commémorative est apposée sur la maison natale d’Athanase-Camille Glouden (1873-1949), mieux connu en littérature sous le pseudonyme d’Édouard Ned et considéré comme l’un des chantres de la Gaume.

Plaque Édouard Ned (Châtillon, Saint-Léger)

L’initiative d’une plaque commémorative sur la maison natale d’Édouard Ned revient à l’Académie luxembourgeoise ; il ne s’agit pas de sa première initiative quand elle confie à Jean Godard le soin de la réaliser. En dessous du portrait de l’écrivain, et de la discrète signature Jg, apparaît la mention suivante :


ICI NAQUIT
ATHANASE GLOUDEN
QUI SOUS LE NOM D’
ÉDOUARD NED
CELEBRA LA GAUME SES
PAYSAGES ET SON ESPRIT
ACADEMIE LUXEMBOURGEOISE 15 IX 1955


Athanase-Camille Glouden alias Édouard Ned

Après des humanités classiques au Séminaire à Bastogne, et des études littéraires aux facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles, Athanase-Camille Glouden enseigne d’abord à Chimay, puis à Bruxelles, où il est finalement nommé professeur de littérature et d'histoire au Collège Saint-Michel et à l'Institut supérieur de pédagogie. Parallèlement, il développe une intense activité littéraire ; ainsi est-il le collaborateur de diverses revues et journaux engagés, catholiques, patriotiques et littéraires, comme Le Drapeau, Le Florilège, La Belgique artistique et littéraire, Le Journal de Bruxelles, Le Patriote, Le national bruxellois

En 1895, avec les poètes Georges Ramaekers (1875-1955) et Paul Mussche, il crée La Lutte, revue catholique où l'art est considéré comme un hymne à la gloire de Dieu. En 1906, dans L’énergie belge 1830-1905, opinion d'une élite, il part à la recherche de personnalités belges et dégage de leurs activités un sentiment de fierté, « stimulant efficace du patriotisme ». En 1910, à la suite d’une conférence et sous le parrainage de l’Association des écrivains belges, il publie aussi Le type wallon dans la littérature, brochure qui part à la découverte d’auteurs qui ont célébré la Wallonie et où il tente de définir et de faire comprendre la sensibilité wallonne.  À la même époque, il est membre d’un Comité de soutien destiné à faire de l’Église de Hastière un centre de l’art wallon.

Conteur et romancier exaltant un patriotisme belge teinté de foi catholique, il est particulièrement affecté par les événements de 1914-1918 : il est vrai que le 24 août 1914, son frère Maurice Glouden, curé de Latour, fait partie des otages exécutés froidement par les Allemands. Ce sera le sujet d’un des nombreux ouvrages publiés après-guerre par Ed. Ned. 

Directeur de la collection Selecta, éditée par E. De Seyn à partir de 1912, il fonde, 20 ans plus tard la maison Durendal, puis, en 1936, les éditions Roitelet. Au milieu des années 1930, répondant à une initiative de Joseph-Maurice Remouchamps, le secrétaire général de l’Assemblée wallonne, Ned est l’auteur d’une adaptation gaumaise du Chant des Wallons.

Essayiste, sociologue, philosophe, journaliste, professeur, Ned aimait l’héroïsme et l’idéal ; un peu sentimental, il était surtout poète et c’est à ce titre qu’il a exalté la Gaume, admirant Maurice Barrès, comme un maître.

 

Jean Godard

S’il est né à Grez-Doiceau, en 1921, Jean Godard le doit au hasard de la désignation de son père, gendarme. Néanmoins, les Godard sont de Meix-le-Tige, et la maison familiale que le père fait construire en 1928 sera le point d’ancrage du peintre et sculpteur Jean Godard, même lorsque sa carrière l’appelle à Bruxelles, à l’Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort, en particulier, où il est professeur. 

Maniant le crayon avec aisance dès sa jeunesse – plusieurs caricatures l'attestent – Jean Godard suit des cours en Allemagne, est d’abord peintre, avant de se laisser bercer par l’influence des O. Jespers, O. Zadkine, A. Penalba et F. Wotruba quand la sculpture, en particulier murale, devient sa marque principale. 

Outre une fresque monumentale au Palais des Arts graphiques, lors de l’Exposition universelle de 1958, Godard signe notamment plusieurs compositions inspirées des traditions de Meix et Châtillon, témoignages de son attachement à sa région d’enfance. Une autre preuve, en 1955, en est sa contribution à l’hommage à Édouard Ned, dont il réalise la plaque commémorative. Le bois et la pierre sont les matières de prédilection de cet artiste d’art contemporain. La tuberculose l’emporte soudainement en 1967.

 


Informations communiquées par la Bibliothèque « À livre ouvert », Saint-Léger (novembre 2015)
Les Cahiers de l'Académie luxembourgeoise, Chronique 1938-1958, Arlon, Fasbender, 1959, nouvelle série 1, p. 25.
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. IV, p. 482.
La Vie wallonne, mars 1931, CXXVII, p. 313-321.
http://www.mayeur-saint-leger.be/realisations/files/20120305.pdf
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1906_num_13_49_1929_t1_0098_0000_2 (s.v. novembre 2015)
Robert FRICKX et Raymond TROUSSON, Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, t. I, Le Roman, Paris-Gembloux, Duculot, 1988, p. 268.
Jules DESTRÉE, Wallons et Flamands. La Querelle linguistique en Belgique, Paris, 1923, p. 93
Jules-Louis TELLIER, Édouard Ned : l’homme, l’écrivain, Bruxelles, 1946.
Au fil du Ton, bulletin du Cercle de recherche et d’histoire de Saint-Léger, n°36, p. 11-13
ENGELEN-MARX, La sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. III, p. 1699.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 635.

121 Grand Rue
6747 Châtillon (Saint-Léger)

carte

Paul Delforge

Photo extraite de La Vie wallonne, II, 1955, n° 270, p. 105 – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste du peintre François-Joseph Navez à Charleroi

Parc public créé à la fin du XIXe siècle, et baptisé parc Astrid peu après le décès accidentel de la reine en 1935, cet espace vert au cœur de Charleroi a très tôt été choisi pour accueillir les bustes ou monuments honorant des personnalités de la métropole wallonne.

L’un des tout premiers est celui du peintre François-Joseph Navez (Charleroi 1787-Bruxelles 1869), réalisé par le sculpteur Jean Hérain. L’histoire de ce buste est cependant fort tourmentée.

L'histoire du buste

En mars 1883, soit 14 ans après sa mort, un Comité Navez se constitue pour élever un monument digne de la notoriété de l’enfant du pays. Le bourgmestre Audent préside ce comité, aidé par Clément Lyon qui, en tant que secrétaire, accomplit l’essentiel des démarches nécessaires. Afin de ne pas limiter l’événement à la seule ville de Charleroi, un comité bruxellois est constitué ; des anciens élèves de Navez le composent. Plusieurs manifestations (banquets, fêtes) sont organisées en 1883 pour rassembler les moyens nécessaires, mais leurs coûts mangent les bénéfices, et force est de constater que même une simple plaque commémorative ne pourra pas être apposée rapidement sur la maison natale de l’artiste. Ayant raté l’occasion de présenter le monument lors de l’inauguration du nouveau parc de la ville de Charleroi, éclairé de manière exceptionnelle par un système électrique dû à Julien Dulait (24 juin 1883), le Comité Navez se démobilise. 

La crise économique qui frappe durement la Wallonie n’est guère propice au lancement de souscriptions publiques ou à l’organisation de tombolas. De surcroît, investir les deniers de l’État dans un monument ne serait guère apprécié par la population. Le violent printemps wallon de 1886 témoigne à suffisance des préoccupations du moment, et le projet d’un monument Navez semble tomber à l’eau lorsque Clément Lyon acquiert, au nom du Comité, mais avec ses propres fonds, un buste en bronze réalisé par le sculpteur bruxellois Jean Hérain (Louvain 1853 – Ixelles 1924). Le Comité Navez l’offre solennellement à la ville de Charleroi lors d’une inauguration qui se déroule à l’occasion du 20e anniversaire de la disparition de Navez. 

Buste François-Joseph Navez photo extraite de La Vie wallonne, II, 1955, n°270, p. 105

Après avoir occupé la rotonde de l’ancien hôtel de ville, le buste est finalement installé dans le parc public (la date n’est pas connue) et est posé sur un socle en pierre, de style classique, où apparaît la simple dédicace :

A F J Navez
1787-1869

En 1911, à la suite des Salons artistiques sur l’art wallon, organisés par Jules Destrée dans le cadre de l’Exposition internationale de Charleroi, une plaque commémorative est apposée sur la maison natale de F.-J. Navez. Elle a cependant disparu, semble-t-il, au moment de la Seconde Guerre mondiale. Dans la foulée de l’Exposition internationale, les Amis de l’Art wallon, du moins la section de Charleroi, met en projet l’idée d’un « vrai » monument Navez. Cette fois, c’est la Grande Guerre qui a raison des intentions des Buisset, Dupierreux et autre Destrée.

Néanmoins, la volonté d’honorer Navez à Charleroi reste grande. À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du peintre, une rétrospective rassemblant une quarantaine de toiles se tient à Charleroi, dans la salle de la Bourse, de fin janvier jusqu’à début février 1938. 

Après la Seconde Guerre mondiale, le souvenir de Navez se maintient à Charleroi principalement grâce au buste du parc Astrid. Mais le vol du buste de Pierre Paulus, durant l’hiver 2007-2008, conduit les autorités locales à une mesure de précaution. Pour prévenir tout acte similaire, les autres bustes du parc sont mis à l’abri (2008). Seul le socle évoque encore la présence passée du buste de celui qui est considéré à la fois « comme le chef de file de l’École classique belge moderne » et comme un authentique artiste wallon contraint de faire carrière à Bruxelles.

François-Joseph Navez

Ayant grandi durant une période politiquement agitée, le jeune Navez (1787-1869) a fréquenté l’Académie de Bruxelles de 1803 à 1808, puis a reçu ses premiers conseils artistiques dans l’atelier du Namurois Joseph François (1808-1811), avant de se perfectionner à Paris dans l’atelier du célèbre Louis David. Quand il quitte Paris pour s’établir à Bruxelles (1816), il y retrouve David condamné à l’exil en raison de son vote, en 1793, condamnant Louis XVI. 

À ce moment (1816), Navez réalise son tableau le plus fameux, La famille de Hemptinne, qui demeurera son chef d’œuvre absolu. Après un long séjour en Italie (1817-1822), où il fait notamment la rencontre d’Ingres, Navez devient le peintre de l’opulente société bruxelloise. Il dirige son propre atelier qui accueille de nombreux disciples (1830-1859). Pour vivre, il signe des compositions religieuses et s’essaye à traiter des sujets historiques ; ces toiles-là ne résisteront pas au temps. Par contre, les portraits, genre à propos duquel il affirmait lui-même qu’il s’agissait de sa spécialité, restent les meilleurs témoins du talent de Navez, dont un Autoportrait (1826). C’est là que l’artiste concilie le mieux son néo-classicisme avec le vérisme que le genre exige. 

Nommé inspecteur des académies de province, F.-J. se préoccupe de voir respecté le néoclassicisme. Professeur, puis directeur pendant plus de 27 ans de l’Académie de Bruxelles, il y forme de nombreux jeunes promis à un bel avenir : par exemple, Charles De Groux, Constantin Meunier, Théodore Baron, Alfred Stevens ou Eugène Smits, ainsi que son gendre Jean-François Portaels).

Jean Hérain

Quant à Jean Hérain, qui signe le buste du peintre en 1889, il a été formé, lui aussi, à bonne école : notamment auprès de Louis de Taeye à l’Académie de Louvain, sa ville natale ; d’Eugène Simonis à l’Académie de Bruxelles dans les années 1870 ; ainsi qu’à l’École des Beaux-Arts de Paris. 

S’orientant très tôt dans la réalisation de portraits en buste et en médaillon, il fréquente principalement les Salons en Flandre, où il est fort apprécié mais peu acheté. C’est cependant en Wallonie qu’il inaugure son premier buste dans l’espace public avec F.-J. Navez. Après avoir brièvement tenté sa chance en Amérique, il obtient plusieurs commandes officielles d’autorités publiques à Bruxelles et pour les chemins de fer. S’il n’est pas retenu pour le Vieuxtemps de Verviers, il décroche plusieurs contrats au début du XXe siècle, comme le Monument Seutin à Nivelles, les Combattants de 1830 à Grez-Doiceau, et le Sigebert de Gembloux.

 

La Vie wallonne, février 1938, CCX, p. 182-187.
La Vie wallonne, II, 1955, n°270, p. 103-107.
Joseph HARDY, Chroniques carolorégiennes inspirées des écrits de Clément Lyon, Charleroi, éditions Collins, (circa 1944), p. 81-88.
Léo VAN PUYVELDE, François-Joseph Navez, Bruxelles, 1931, coll. Peintres et sculpteurs belges.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 699 et t. II, p. 218.
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Oeuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 448-449.

parc de la ville de Charleroi (reine Astrid) – 6000 Charleroi

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste du professeur Parfait-Joseph Namur à Thuin

Situé à Thuin, dans la rue Crépion, juste à côté du château d’eau, un monument rend sobrement hommage à Parfait-Joseph Namur (1815-1890). Un buste est, en effet, placé au sommet d’une colonne rustique, de 2;50 mètres de haut environ, rectangulaire, construite en blocs de pierre colorée de format carré. 

Sur la face avant du socle, l’identification de la personnalité est formée par un ensemble de lettres noires incrustées sur une pierre blanche :

                                                                     PARFAIT-JH
                                                                        NAMUR
                                                                   PROFESSEUR
                                                                      DE DROIT
                                                                          AUX
                                                                  UNIVERSITES
                                                                          DE
                                                                      L’ÉTAT
                                                                  1815 – 1890

Buste du professeur Parfait-Joseph Namur

En figeant les traits de Parfait-Joseph Namur, le statuaire a pris soin de représenter ses décorations, croix et cordons, seuls éléments permettant au passant de se rendre compte du statut important du personnage. Originaire des Pays-Bas (il est né à Heerlen le 14 novembre 1852 et a été naturalisé en 1882), formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, (Jean-)Guillaume Beaujean s’est spécialisé à la fois dans les statues religieuses et dans les portraits et les bustes, en particulier de professeurs d’université (par ex. Édouard Morren) ou d’hommes politiques. On lui doit aussi « Le métallurgiste », sur le fronton de l’actuel Athénée du boulevard Saucy, à Liège, ville où il est décédé durant la Grande Guerre (1916). Parmi les bustes de professeurs d’université figure celui de Parfait-Joseph Namur, sans que l’on en connaisse la date.

Natif de Thuin où il étudie au collège, Parfait-Joseph Namur entre à la toute jeune université de Bruxelles, où il suit les cours de Philosophie et de Droit, avant d’être reçu docteur en Droit devant le jury central, en 1838, avec la plus grande distinction. Cette évaluation l’accompagne dans tout ce qu’il entreprend : séjour d’études complémentaires en France et en Allemagne (au cours duquel il fait une analyse critique de l’enseignement du droit dans ces pays), thèse à Bruxelles (1842), enseignement, recherches et publications. Les universités de Bruxelles (1845), Liège (1849) et Gand se disputent ses services : spécialiste du droit civil et du droit naturel, il est nommé professeur de droit romain à l’université de Gand (1850), avant que lui soit confié l’enseignement du droit commercial (1851), de la procédure civile, puis d’organisation et attributions judiciaires (1855). Désigné à Liège en 1867, il y remplace le professeur Kuppferschlaeger et y enseigne jusqu’à la fin des années 1880. Apprécié de ses étudiants, Parfait Namur est aussi sollicité par le personnel politique ; dans les années 1870, le ministre Bara fait appel à ses connaissances lors la révision du Code de commerce. L’ouvrage qu’il publie ensuite (Le Code de commerce révisé) devient la référence du moment, en raison de la qualité de ses commentaires. Après la révision de 1886, il met rapidement son œuvre à jour en expliquant la portée de la nouvelle loi. Comme son Cours d’Institutes et d’histoire du droit romain, son Cours d’Encyclopédie du droit a fait l’objet de publications qui, elles aussi, restent fort consultées.

 

J. WILLEMS DE LADDERSOUS, Parfait Namur, dans Liber memorialis de l’Université de Liège, Liège, 1936, t. I, p. 663-665.
P. VERMEERSCH, Parfait Namur, dans Liber memorialis de l’Université de Gand, Gand, 1913, t. I, p. 368-372.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I., p. 70.

Rue Crépion
6530 Thuin

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Paul Delforge

 Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Ernest MONTELLIER

Plaque commémorative Ernest MontellierSur la maison natale d’Ernest Montellier, rue Isabelle Brunelle, entre la rue roi Albert Ier et la rue du Quambeau, à Noville-les-Bois (plus précisément Sart d’Avril), une plaque commémorative a été apposée le 16 septembre 1962. Le contexte des Fêtes de Wallonie a été délibérément choisi pour honorer l’un des animateurs majeurs de la vie culturelle wallonne de Namur. Connu de tous en raison de ses passions communicatives pour la musique, le folklore, la littérature dialectale et l’histoire de son terroir, Ernest Montellier (Sart d’Avril 1894 – Namur 1993) était présent pour cet hommage tourné principalement vers le compositeur wallon, comme l’indique le texte gravé sur la plaque : 

LI COMPOSITEUR WALLON 
ERNEST MONTELLIER 
EST V’NU AU MONDE VAICI, 
EN 1894 LI 21 DI FÉVRI 

Premier violon dans l’orchestre du théâtre de Namur dès 1909, répétiteur puis chef d’orchestre du théâtre de Namur après la Grande Guerre, professeur notamment au Conservatoire de Namur et à l’Académie de musique d’Auvelais, compositeur de plus de 80 chansons, Ernest Montellier s’intéresse aussi à l’histoire de la musique. 

Ses recherches ont permis de mieux connaître les origines du Bia bouquet, composé par Nicolas Bosret avec lequel il partage la passion du wallon. Cette langue, celui qui est aussi le président de la Société Moncrabeau, la fameuse académie des Quarante Molons, il la connaît, la parle, l’écrit et la chante. 

Que l’hommage qui lui est rendu en 1962 soit rédigé en wallon n’étonne dès lors personne. Pourtant, dans l’espace public de Wallonie, cette plaque commémorative semble être la toute première sur laquelle on a recours au parler wallon pour exprimer la dédicace. Ni Édouard Remouchamps (Liège, 1913), ni Nicolas Bosret (Namur, 1928), ni le monument tournaisien à la littérature et à la chanson wallonnes (1931) n’y ont eu droit précédemment.  

L’hommage à Montellier relevait d’un Comité d’initiative de Noville-les-Bois qui avait obtenu l’étroite collaboration de l’administration communale. Lors d’une Journée des Arts, les autorités locales célèbrent à la fois Montellier et le peintre Joseph Damien par une série d’événements dont la pose des plaques commémoratives. Très remarquée était la présence des Quarante Molons au complet, des amis des Rèlîs Namurwès et de confréries folkloriques. 
 

Sources

- La Vie wallonne, IV, 1962, n°300, p. 295-297 
- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
- Françoise JACQUET-LADRIER (dir.), Dictionnaire biographique namurois, Namur, Le Guetteur wallon, n° spécial 3-4, 1999, p. 181 
- Ernest Montellier (1894-1993) Le semeur de joie, Jacques TOUSSAINT (dir.), Namur, 2008 

Rue Isabelle Brunelle 11
5380 Noville-les-Bois

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Paul Delforge

 Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste MONTEFIORE-LEVI Georges

À l’entrée de l’Institut électrotechnique de l’Université de Liège, au Sart Tilman, le buste de Georges Montefiore-Levi (Streatham 1832 – Bruxelles 1906) évoque cette personnalité qui mena ses études supérieures à Liège, à l’École des Arts et Manufactures et qui, fortune faite, soutint fortement la création d’un Institut électrotechnique unique au monde, auquel sera donné son nom. 

C’est en 1904 que le buste Montefiore-Levi a été réalisé par le sculpteur Thomas Vinçotte et inauguré devant les locaux que l’Institut occupe à l’époque au 33 de la rue Saint-Gilles. Il sera transféré au Sart Tilman lors de l’installation des nouveaux bâtiments de l’Institut Montefiore (pose de la première pierre le 6 octobre 1975 et installation complète et définitive le 15 mai 1987).

Après ses humanités à l’Athénée de Bruxelles, le jeune Montefiore-Levi est venu habiter à Liège pour mener des études supérieures d’ingénieur civil. Recruté par la Société Bischoffsheim, Goldschmidt et Cie comme directeur d’une mine de nickel dans le Piémont, le jeune diplômé fonde ensuite, en bord de Meuse, sa propre usine, sous le nom « Mines et Fabriques de Nickel du Val Sesia et de Liège ». Directeur-gérant de la « Société G. Montefiore et Cie, fabrique de nickel » (1858), l’entrepreneur s’intéresse également au chemin de fer et à ses perspectives de développement, mais son expérience n’y sera pas heureuse (1856-1866).

Associé à la gestion et à l’administration de charbonnages et hauts-fourneaux appartenant à son beau-père (le riche banquier Jonathan Bischoffsheim), Georges Montefiore-Levi allie ses connaissances en chimie à des expériences en atelier et il parvient à mettre au point, en 1869, un alliage particulier de bronze phosphoreux qui va faire sa fortune. Avec le développement du réseau téléphonique, les fils en bronze phosphoreux Montefiore vont faire la fortune de son inventeur. Naturalisé (1882), Georges Montefiore-Levi qui a repris des activités fructueuses cette fois dans le domaine ferroviaire, est élu sénateur direct de Liège (1882) et siègera à la Haute Assemblée jusqu’en 1901. 

Mécène, attentif avec son épouse aux enfants pauvres et malades, l’industriel et chercheur contribue généreusement à la création de l’Institut électrotechnique dont les premiers cours sont dispensés à partir de 1883, avant d’accueillir des laboratoires, des ateliers en plus des salles de cours. 

Le succès de l’exposition universelle qui se déroule à Liège en 1905 était l’une des dernières préoccupations de George Montefiore-Levi qui siégea aussi au sein du « Comité du Monument Gramme » érigé en 1905 pour honorer l’inventeur de la dynamo. C’est vraisemblablement à ce moment que l’industriel liégeois fait la rencontre de Thomas Vinçotte, sculpteur choisi finalement pour réaliser l’impressionnant groupe Zénobe Gramme. En 1904, le statuaire réalise en effet le buste de Montefiore, celui que l’on peut voir aujourd’hui au Sart Tilman et qui, à l’origine, avait été installé dans la cour de l’ancienne École normale des humanités de Liège devenue Institut Montefiore. 

Très tôt intéressé par la sculpture, le jeune Vinçotte (1850-1925) avait déjà eu la chance de fréquenter l’atelier d’Alexandre et Guillaume Geefs quand il est admis à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Élève brillant auprès de Joseph Jaquet et d’Eugène Simonis, second au Prix de Rome 1872, il part se perfectionner dans plusieurs ateliers parisiens et les bustes (l’un de P. Orts, l’autre de Giotto) qu’il présente au Salon de Bruxelles en 1875 lui assurent une notoriété définitive. Après deux années en Italie (1877-1879), il répond à de multiples commandes publiques et du Palais royal, tout en poursuivant une œuvre personnelle. En marbre ou en bronze, avec des bustes, des statues, des monuments ou des bas-reliefs, réaliste ou introduisant de la fantaisie, Vinçotte s’impose comme une valeur sûre de son temps, se spécialisant, à partir des années 1880 dans la représentation des chevaux. Originaire de Borgerhout et décédé à Schaerbeek, il a été professeur de sculpture à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts d’Anvers de 1886 à 1921. 

Initiative conjointe des pouvoirs publics (l’État, la province et la ville de Liège), le monument Montefiore-Levi se présentait sous la forme d’un banc semi-circulaire qui supportait le buste en marbre blanc. George Montefiore-Levi assista à l’inauguration, le 4 juin 1904. 
Le banc disparaît au moment du transfert dans les années 1980 et, sur le socle qui supporte le buste, un long texte gravé explicite en détail les circonstances du transfert et de l’installation du nouvel Institut :

LE 8 OCTOBRE 1975,   M. WELSH RECTEUR,  H. SCHLITZ 
ADMINISTRATEUR, J. FRENKIEL PROFESSEUR ORDINAIRE 
ONT POSÉ LA PREMIÈRE PIERRE DE L’INSTITUT 
D’ÉLECTRICITÉ MONTEFIORE. 
SON INAUGURATION A EU LIEU LE 3 MAI 1978 
EN PRÉSENCE DE J. MICHEL MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, 
E.H. BETZ RECTEUR, H. SCHLITZ ADMINISTRATEUR  
ET   J. FRENKIEL,   PROFESSEUR COORDINATEUR. 
LE TRANSFERT  COMPLET  DE L’INSTITUT AU SART- 
TILMAN A ÉTÉ CELEBRÉ LE 15 MAI 1987 EN PRÉSENCE  
DE A. DUQUESNE MINISTRE DE L’ÉDUCATION 
NATIONALE, M. WATHELET MINISTRE-PRÉSIDENT DE 
L’EXECUTIF  RÉGIONAL  WALLON,   A. BODSON   REC- 
TEUR,   H.  SCHLITZ  ADMINISTRATEUR,   J. FRENKIEL 
PROFESSEUR COORDINATEUR.
ARCHITECTE :    J. - D.     MAQUET 
BUREAUX    D’ETUDES : 
GENIE CIVIL : DELTA 
EQUIPEMENTS : COPPEE-RUST

 

- François STOCKMANS, dans Biographie nationale, t. 38, col. 596-618 
- Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 472-473 
- http://www.museepla.ulg.ac.be/opera/vincotte/montefiore.html 
- Benjamin STASSEN, La Fête des Arbres - 100 ans de protection des arbres et des paysages à Esneux et en Wallonie (1905-2005), Liège, éd. Antoine Degive, 2005, p. 11 
- Philippe TOMSIN, dans Vers la modernité. Le XIXe siècle au Pays de Liège, catalogue d'exposition, Liège, 2001, p. 470 
- Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 125-128 
- Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°37, hiver 1970, p. 27 
- Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434 
- Éric MEUWISSEN, Richesse oblige, Bruxelles, Racine, 1999 
- Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 605-609 
- Anne VAN LOO (dir.), Dictionnaire de l’architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, 2003, p. 515-516 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 757

Sart Tilman
4000 Liège 

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Paul Delforge