D. Timmermans

La tombe des frères Duvivier au cimetière de Mons

 

Cimetière de Mons

Pierre François Blondel

Un haut monument néoclassique de facture traditionnelle abrite la sépulture de la famille Blondel-Guillochin. Posé sur un socle de trois niveaux, il est orné en son sommet d’une croix posée sur un globe et de feuilles d’acanthes. Des plaques de marbre comportent les épitaphes des défunts parmi lesquelles celle-ci : « D.O.M. Ici reposent les corps de Mr Pierre François Blondel, avocat général à la cour impériale de Douai (…) pieusement décédé à Hyon le 22 août 1854 à l’âge de 56 ans (…) ».

Narcisse Capiaumont

Une haute colonne enrobée dans un drap funéraire abrite la sépulture d’un soldat des campagnes de la République. Le monument est posé sur un socle de trois niveaux dont la base présente un fronton triangulaire sur lequel s’inscrit une médaille de la Légion d’honneur. L’épitaphe du défunt est gravée sur le socle à l’avant du monument : « Monument élevé à la mémoire de Monsieur Narcisse Albert Philippe Capiaumont, chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur, décédé à Mons le 19 décembre 1847 à l’âge de 76 ans. Il fit les campagnes de 1792 et 1793, en qualité de capitaine, et fut blessé à la bataille de Jemappes. Une prière s’il vous plaît, pour le repos de son âme ».

 

Le monument des frères Duvivier

La tombe des frères Duvivier au cimetière de Mons © D. Timmermans

Parmi les très belles sépultures présentes au cimetière de Mons se trouve l’imposant monument funéraire des frères Duvivier, très certainement une des plus belles tombes napoléoniennes hors de France. 

Réalisée par l’entrepreneur Émile Hoyaux, elle est l’œuvre de l’architecte Charles Damas Vincent (1820-1888). L’originalité de ce mausolée réside dans le fait qu’il est basé sur la notion de fratrie, thème moins fréquent dans l’architecture et la symbolique funéraires. 

Ignace-Louis Duvivier est capitaine adjudant-major aux chevau-légers polonais de la Garde impériale en 1807, chevalier de l’Empire en 1810 et major du 4e chasseurs à cheval en 1811 ; il sert entre autres en Russie et en Saxe. En 1814, il est nommé adjudant-commandant, chef d’état-major de la division Pajol. Lors de la campagne de 1815, il s’éloigne toutefois des armées napoléoniennes et commande le 8e hussards dans l’armée des Pays-Bas sous les ordres de Wellington. Son frère, Vincent Duvivier, est sous-lieutenant. Il sert au 3e dragons pendant la campagne d’Égypte avant d’être nommé capitaine en 1800. Il devient ensuite chef d’escadron au 21e dragons et participe aux célèbres batailles d’Austerlitz, Iéna et Eylau. Il est admis à la retraite en 1807.

Le monument comporte un grand nombre d’inscriptions parmi lesquelles les noms de nombreuses batailles auxquelles ont participé les frères Duvivier : Liège, Benthein, Arcole, Les pyramides, Aboukir, Saint-Jean d’Acre, Mont Thabor, Héliopolis, Marengo, Austerlitz, Iéna, Eylau, Somosierra, Wagram, Moscowa, Leipzig, Paris et Waterloo. De part et d’autre du monument se trouvent les épitaphes des défunts : « Vincent Marie Constantin Duvivier, lieutenant-général officier des ordre [de] Léopold et de la Légion d’honneur, chev[alier]de 4e classe [de l’]ord[re] mil[itaire] de Guillaume Ier, né à Mons le 12 décembre 1774, y décédé le 8 novembre 1851 » ; « Ignace Louis baron Duvivier, lieutenant-général grand-officier de l’ord[re] de Léopold, commandeur de l’ord[re] de la Légion d’honneur, chev[alier]de 3e classe [de l’] ord[re] mil[itaire] de Guillaume Ier, né à Mons le 13 mars 1777, y décédé le 5 mars 1853 ». 

L’iconographie du monument est elle aussi des plus riches. À gauche, aux côtés des épitaphes de Vincent et Ignace Duvivier, on trouve des attributs militaires avec des feuilles de chêne et de laurier et une évocation de la carrière des défunts : culasse de canon, boulet, écharpe d’officier, chapka (Ignace a servi dans un régiment polonais), casque et cuirasse d’officier de cuirassier, Légion d’honneur, carabine de cavalerie, sabre d’officier de dragons. On y voit également plusieurs hampes de drapeaux : un français avec aigle impériale, un belge avec le lion, un islamique au croissant pour évoquer la campagne d’Égypte et la hampe à fer de lance. À droite, sous les épitaphes de Charles et Auguste, avocat et officier municipal, figurent des symboles relatifs à la justice, à la politique, au développement économique et industriel : épis de blé, roue dentée, balance, toque de juge, tables de la Loi.

Enfin, le monument comporte à l’arrière d’autres inscriptions dédicatoires dont une à la mémoire de Philippe-Ghislain Duvivier, capitaine au 20e dragons. Celle-ci figure au dos du monument et évoque la mémoire de ce soldat mort en Égypte le 14 prairial an VII. Un quatrième frère, avocat, est lui aussi commémoré. Bien que n’ayant pas suivi la voie militaire comme ses frères cadets, Charles Duvivier pousuit sa carrière administrative au sein des institutions françaises, comme le précise son épitaphe : « Charles-Maximilien Hubert Duvivier, avocat, administrateur du dépa[rtem]ent de Jemmape [sic], officier municipal à Mons, agent du caissier de l’État, né à Mons le 8 mai 1767, y décédé le 5 octobre 1846 ».

Charles Antoine Joseph Fontaine de Fromentel

Le monument néoclassique de la famille Fontaine de Fromentel comporte un panneau gravé d’une épitaphe et est surmonté d’une pierre sculptée aux armes de la famille. Garde d’honneur de Napoléon, le défunt a notamment pris part aux batailles de Leipzig, Hanau, Montmirail et Château-Thierry. Son engagement militaire lui permet de recevoir le grade de lieutenant sur le champ de bataille, la croix de la Légion d’honneur et la médaille de Sainte-Hélène. Après la chute de l’Empire, il entre en politique. Il est conseiller communal de Mons de 1836 à 1867, échevin de 1840 à 1867 et officier d’état-civil. « Priez pour le repos de l’âme de Charles Antoine Joseph Fontaine de Fromentel, ancien échevin de la ville de Mons, chevalier des ordres de Léopold, Légion d’honneur, décoré de la médaille de Sainte-Hélène, né le 30 août 1793, décédé le 22 décembre 1875. R.I.P. ».

Michel Joseph Hennekinne

Michel Joseph Hennekinne occupe de hautes fonctions administratives sous le régime français tout en étant parallèlement agent municipal puis communal sous la République, l’Empire et le régime hollandais. Il repose sous un monument néoclassique orné de flambeaux, décoré de couronnes et surmonté d’une croix. Il porte l’épitaphe suivante : « À la mémoire de Michel Joseph Hennekinne, receveur général du département de Jemappes, né à Mons le 17 juillet 1757, décédé le 19 janvier 1829 ».
 

La sépulture de Jean-Antoine Malherbe au cimetière de Mons © D. Timmermans

Jean-Antoine Malherbe

Non loin du monument Duvivier se trouve une autre sépulture, celle de Jean-Antoine Malherbe, né à Cornesse, non loin de Verviers, en 1782. Lieutenant en 1809, il devient capitaine d’état-major en 1812. Au cours des campagnes napoléoniennes, il sert à Smolensk, à la Moscowa, à Malojaroslavetz, au passage de la Bérézina, au siège de Thorn et au blocus d’Hambourg. Il est nommé chef de bataillon le 30 mars 1814. Sa tombe a récemment été restaurée par l’association pour la conservation des monuments napoléoniens. Elle est constituée d’un gros bloc de granit surmonté d’une urne funéraire, décoré de sabliers ailés et gravé de l’inscription suivante : « Jean Antoine Malherbe, lieutenant général, né à Cornesse (Liège) le 27 septembre 1782, décédé à Mons le 21 décembre 1858 ».

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Château et ferme de Halloy à Braibant

Occupant un méandre du Bocq, le site de Halloy est un bel ensemble calcaire composé du château, dont la cour d’honneur est bordée d’une dépendance à gauche et d’une ferme clôturée à droite. Le tout est le résultat de plusieurs phases de construction s’étalant du XVIe au XXe siècle. Sur l’aile de dépendance bordant la cour, on peut lire les dates « 1802 » et « AN 10 » sur les linteaux de fenêtre de l’étage, rare exemple conservé de datation d’une construction utilisant les calendriers grégorien et républicain.

 

Route du Château d'Halloy 37
5590 Braibant (Ciney)

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Château et ferme de Goumont ou de Hougoumont

Déjà signalé en 1474, le domaine de Goumont change plusieurs fois de propriétaires au fil des siècles. La ferme actuelle date en grande partie du XVIIe siècle bien que les ailes nord et est aient été incendiées lors des combats de juin 1815. L’ensemble se situe autour d’une cour oblongue délimitée par un mur de clôture auquel s’adossent des vestiges du château et de la chapelle castrale, préservés à la demande du comte de Robiano au XIXe siècle. L’habitation, de type traditionnel, a été élevée en brique et grès aux XVIe et XVIIe siècles sur deux niveaux de six travées englobant le portail et un second passage, à l’ouest. Dans le prolongement se trouvent les dépendances et les communs, ainsi qu’une grange en long percée d’un portail cintré.

La ferme est un des lieux stratégiques de la bataille de Waterloo. Dès le 17 juin, les troupes anglaises se retranchent dans la cour ; un bataillon du régiment de Nassau et deux compagnies hanovriennes défendent le bois tout proche. Le 18 juin, elle est attaquée vers 11h30 par les troupes françaises menées par le prince Jérôme Bonaparte, frère de l’Empereur. Le combat dure huit heures, le verger et le jardin de la ferme changent sept fois de main. Toutefois, les Français ne parviennent jamais à pénétrer à l’intérieur des bâtiments. Wellington dit d’ailleurs que « le tournant de la bataille se joua lorsque se fermèrent les portes de Hougoumont ». Dans l’après-midi, un obus incendie la principale grange et le feu se propage ; plusieurs centaines de blessés périssent dans les flammes. Plus de 6 000 hommes sont mis hors de combat à Hougoumont. Au soir du 18 juin, 300 Anglais et 800 Français sont enterrés à la hâte devant la porte de la ferme.

Aujourd’hui, plusieurs plaques et monuments commémoratifs ont pris place au niveau de la ferme d’Hougoumont :

  • à côté de la porte nord se trouve une plaque en hommage au 3e régiment de Footguards ou Scots Guards. On y retrouve l’emblème et la devise de l’Écosse : un chardon et l’inscription « Nemo me impune lacessit » (personne ne me provoque impunément) ;
     
  • sur le mur extérieur de la chapelle a été apposée une plaque le 10 avril 1907 à l’initiative de la brigade des Guards. Ellecommémore la présence de trois régiments des Footguards et de trois régiments de cavalerie britannique le 18 juin 1815. Elle porte une triple inscription, en français, anglais et allemand : « On est prié de respecter cette chapelle, où pendant la mémorable journée du 18 juin 1815 tant de vaillants défenseurs d’Hougoumont ont rendu leur dernier soupir ». Cette plaque, autrefois située dans un bâtiment aujourd’hui détruit, est actuellement stockée dans la chapelle ;
La plaque en hommage aux trois régiments de Foot Guards sur le site de la ferme d’Hougoumont © D. Timmermans
  • sur le mur de la chapelle également, une seconde plaque a été installée en mémoire aux First regiment of Footguards, plus connu sous le nom de Grenadier Guards : « In memory of the officers and men of the light companies of the 2nd and 3rd batalions who died defending Hougoumont, 18th June 1815. This tablet was erected in 1977 by their successors of the first of grenadier guards » (en mémoire des officiers et des hommes des second et troisième bataillons qui moururent en défendant Hougoumont le 18 juin 1815. Cette plaque a été apposée en 1977 par leurs successeurs du 1st grenadier guards) ;
La plaque en hommage au First regiment of Foot Guards sur le site de la ferme d’Hougoumont © D. Timmermans
  • sur le mur de la grange se trouve une plaque commémorative du Royal waggon train : « In memory of the officers and men of the royal waggon train who took part in the defense of Hougoumont18th June 1815. This tablet was erected in 1979 by the Royal Corps of Transport, the successors of the Royal Waggon Train » (en mémoire des officiers et des hommes du Royal waggon train qui prirent part à la défense d’Hougoumont le 18 juin 1815. Cette plaque a été apposée en 1979 par le Royal Corps of Transport, successeur du Royal waggon train) ;
La plaque en hommage au Royal Waggon Train sur le site de la ferme d’Hougoumont © D. Timmermans
  • une pierre blanche a été encastrée dans le mur du verger en 1889 pour marquer l’endroit de la mort du capitaine Craufurd du 3e régiment des Guards : « In memory of Captain Thomas Craufurd of the 3rd Guards, eldest son of the baronet of Kilbernie, killed in the extreme south west of this wall. This stone was placed by his kinsman, Sir William Fraser of Morar, Baronnet, 1889 » (en mémoire du capitaine Thomas Craufurd du 3e Guards, fils aîné du baron de Kilbernie, tué à l’extrémité sud-ouest de ce mur. Cette pierre a été placée par son parent, Sir William Fraser de Morar, Baron, 1889) ;
     
  • un monument a été érigé dans le verger en 1912 à l’initiative de la société d’études historiques et de l’asbl « Les amis de Waterloo » en hommage aux soldats français. Il s’agit d’une stèle de granit ornée d’un aigle napoléonien et d’une couronne de laurier encastrant une croix de la Légion d’honneur. On y trouve l’inscription suivante : « Aux soldats français morts à Hougoumont, 18 juin 1815 » et une citation de l’empereur : « La terre paraissait orgueilleuse de porter tant de braves » ;
     
  • une double plaque commémorative en pierre rappelant l’action des Coldstream Guards a été placée en 1945 sur le mur à droite de la porte sud par le colonel Strathden. La première pierre est décorée de l’écusson de ce régiment d’infanterie britannique. On y trouve, au centre, le drapeau anglais, entouré d’une ceinture militaire sur laquelle s’inscrit la devise « honni soit qui mal y pense », le tout entouré d’une étoile à multiples branches. Une seconde pierre comporte l’inscription bilingue suivante : « In memory of the officers and men of the 2nd battalion Coldstream Guards who, while defending Hougoumont farm, successfully held this south gate from successive attacks throughout 18th June 1815 / À la mémoire des officiers et soldats du 2e bataillon des Coldstream Guards qui ont participé à la défense de Hougoumont et ont résisté à toutes les attaques dirigées contre la porte sud le 18 juin 1815 » ;
La plaque en hommage aux Coldstream Guards sur le site de la ferme d’Hougoumont © D. Timmermans
  • Le 6 juin 1987, une plaque « À la mémoire du général Bauduin, tombé devant ces murs le 18 juin 1815 » a été inaugurée par l’association pour la conservation des monuments napoléoniens.
La plaque en hommage au général Bauduin sur le site de la ferme d’Hougoumont © D. Timmermans

À côté de ces nombreuses plaques commémoratives, la ferme de Hougoumont abrite également plusieurs sépultures. Dans le verger se trouvent deux pierres tombales d’officiers anglais : celle du capitaine John Lucie Blackman, du régiment des Guards, mort à 21 ans, et celle du sergent-major Edward Cotton, installé à Waterloo après la bataille. Selon ses vœux, il fut inhumé à cet endroit en 1849 après avoir été le premier guide touristique du champ de bataille. Aujourd’hui, seules subsistent les pierres tombales ; les corps ont été exhumés en 1890 et placés dans le mémorial britannique du cimetière d’Evere.

 

Chemin du Goumont
1420 Braine-l'Alleud

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Guy Focant (SPW)

Château de Vonêche

Partie intégrante du site des cristalleries impériales de Vonêche, le château est une des plus belles réalisations construites sous l’Empire conservées sur le territoire wallon. Achevé en 1806, il est habité par le propriétaire des cristalleries jusqu’en 1844 avant d’être vendu au comte Félix Cornet de Ways-Ruart qui crée un parc et l’orangerie. 

De style Louis XVI, le château est érigé en brique enduite et calcaire sur deux niveaux de neuf travées. La façade principale est largement ouverte et dotée en son centre d’un portail mouluré en plein cintre. L’édifice est également caractérisé par son imposante toiture à la Mansart, ponctuée de trois niveaux de lucarnes dont celles du bas éclairent un étage mansardé. Au centre, un belvédère garni de balustrades en bois et surmonté d’une couverture bulbeuse coiffe le sommet de cette toiture.

Rue Le Parc
5570 Beauraing

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Frédéric MARCHESANI, 2014

G. Focant - SPW Patrimoine

Château de Sombreffe

Le château de Sombreffe est un château fort de plaine, autrefois entouré de douves. Il faisait partie d’une importante ligne de défense qui séparait le comté de Namur et le duché de Brabant. Il est entouré d’une vaste esplanade fortifiée autrefois flanquée de huit ou neuf tours circulaires. L’imposant donjon-porche se situe au centre ; il est composé de trois niveaux surmontés d’une flèche pyramidale. 

Aujourd’hui transformé en exploitation agricole, le site comprend également un châtelet à deux tours et une partie des murailles ponctuées de deux tourelles. Au cours de la bataille de Ligny, il est réquisitionné par l’armée prussienne afin d’y installer l’état-major du 2e corps de l’armée commandé par le lieutenant-général Von Pirch. Le château sert aussi d’ambulance à partir du 16 juin 1815.

 

Rue du Château 1
5140 Sombreffe

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Frédéric MARCHESANI, 2014

F.-E. de Wasseige

Château de Solre-sur-Sambre

Ancien siège d’une seigneurie tenue par les Barbençon, pairs du Hainaut, la terre de Solre-sur-Sambre connut une histoire mouvementée à la fin du Moyen Âge. Accusé d’avoir comploté contre Philippe le Bon, le seigneur fut condamné et exécuté en 1480. Sa terre fut confisquée par le duc de Bourgogne et rachetée par son chambellan Antoine de Croÿ. 

Le château fort de Solre-sur-Sambre est situé en contrebas du village actuel, dans une plaine marécageuse irriguée par la Thure. La forteresse fut érigée dans le but de protéger le comté face à une enclave de la principauté de Liège et est encore de nos jours un des rares témoins conservés de l’architecture militaire de l’ancien comté de Hainaut. Les travaux furent achevés en 1486 par le nouveau seigneur de Solre, Jean Carondelet, grand chancelier de l’empereur Maximilien Ier.

La forteresse fut érigée dans le but de protéger le comté de Hainaut face à une enclave liégeoise. Bien que remanié par la suite, le plan de la forteresse reste cohérent : le donjon-porche du XIIIe siècle en constitue le point de départ et se dressait seul à l’origine au bord de la rivière. Au XIVe siècle, suivant le tracé de l’ancienne basse-cour, une enceinte de 48 m sur 43 épaulée par quatre tours d’angles vint renforcer la défense du château. L’ensemble est entouré d’un fossé, toujours inondé par la Thure actuellement. Le donjon se vit alors intégré dans le circuit défensif, au même titre que les autres tours de l’édifice. Tous sont reliés par des courtines crénelées et hourdées reposant sur des arcades en plein cintre dont certaines sont conservées à l’ouest. Au même moment, un nouveau logis seigneurial fut aménagé et une chapelle castrale, aujourd’hui disparue, fut édifiée. 

À l’Époque moderne, le confort de la bâtisse prima sur son rôle défensif, les frontières des États médiévaux ayant depuis longtemps été redessinées. Le bel étage du donjon fut transformé en salon d’apparat, l’aile frontale ouverte sur l’extérieur.

Le château abrite le général Drouet d’Erlon dans la nuit du 14 au 15 juin 1815, avant la bataille des Quatre-Bras. Né à Reims en 1765, il prend part aux guerres de la Révolution entre 1792 et 1794. Pendant les campagnes de l’Empire, il combat entre autres à Austerlitz. Napoléon le fait comte d’Erlon le 28 janvier 1809. Au moment de la campagne de 1815, il est nommé commandant du 1er corps d’observation à l’armée du Nord le 6 avril puis est nommé pair de France le 2 juin. Bien que présent dans la région, il ne prend part ni à la bataille de Ligny, ni à la bataille des Quatre-Bras, mais bien à celle de Waterloo, au cours de laquelle il s’empare de la ferme de la Haie Sainte. Après la défaite, il est proscrit et se réfugie à Munich et Bayreuth. Il est condamné à mort par contumace le 10 août 1816, mais est amnistié à l’occasion du sacre de Charles X le 25 mai 1825. Nommé maréchal de France le 9 avril 1843, il meurt à Paris le 25 janvier 1844 et est enterré dans sa ville natale.

Rue du Château-Fort
6560 Erquelinnes

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

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Château de Rixensart

Reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie, le château de Rixensart a été construit au XVIIe siècle en lieu et place d’un donjon du XIIIe siècle. Érigé en style traditionnel en brique et pierre blanche, il est composé d’une avant-cour, d’un quadrilatère flanqué de tours d’angles et de l’église paroissiale Sainte-Croix, ancienne chapelle castrale. 

L’accès à l’ensemble se fait par une tour-porche qui mène dans la cour, vers l’entrée principale du château, ornée d’un portail de style baroque. À l’intérieur sont conservées des armes ramenées par le savant Monge de sa participation à l’expédition d’Égypte.

 

Rue de l'Eglise 40
1330 Rixensart

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Guy Focant (SPW)

Château de Longchamps

Siège d’une seigneurie d’Ancien Régime, propriété à la fin du Moyen Âge de Fastré de la Neuville, dit de Longchamps, le château reste dans cette famille jusqu’au début du XVIIIe siècle. En 1710, Marie-Françoise de Longchamps lègue la propriété à sa fille Marie-Catherine qui vient d’épouser Waltère de Sélys ; le bien passe donc dans l’apanage de la famille de Sélys-Longchamps. Au début du XIXe siècle, Michel-Laurent de Sélys-Longchamps confie la construction d’un nouveau château à l’architecte parisien Aimé Dubois. L’entrepreneur liégeois Duckers et le sculpteur figuriste parisien Mongin sont chargés de la réalisation. Michel-Laurent de Sélys-Longchamps est une figure du régime français. Député du département de l’Ourthe, maire de Liège, il poursuit sa carrière en France en tant que juge au tribunal de première instance de la Seine et au Sénat conservateur.

Considéré comme la plus belle réalisation Empire de Wallonie, le château de Longchamps est précédé d’une drève de chênes et de peupliers et est entouré d’un vaste parc composé d’arbres remarquables. Les bâtiments de la nouvelle demeure sont construits sur un plan en L autour d’une cour. La façade principale de deux niveaux et sept travées est percée en son centre d’un portique en serlienne (voûte en berceau plein cintre s’appuyant sur une double paire de colonnes ioniques) décoré de deux médaillons portant les initiales SL entrelacées. Le tout est surmonté d’un balcon situé à hauteur du second niveau.

L’intérieur de la tente napoléonienne du château de Longchamps. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

La façade ouest, similaire bien que composée de quatre travées, est flanquée d’un petit pavillon rectangulaire qui ajoute une touche d’originalité à l’ensemble. Véritable témoin de l’histoire de son temps, il est construit sur le modèle d’une tente de bivouac de l’armée napoléonienne utilisée au cours de la campagne d’Égypte. Ses faces latérales sont percées de deux portes-fenêtres à encadrement de stuc imitant des tentures drapées.

La décoration intérieure du château constitue un exceptionnel ensemble de style Empire. On y trouve notamment un grand salon orné de pilastres corinthiens et décoré de guirlandes retenues par des torches enrubannées. La salle à manger est parée de faux-marbre et décorée d’une frise de palmettes et d’une frise en grisaille comportant des putti. La salle de billard imite elle aussi la tente de Napoléon ; elle est ornée de fausses draperies rythmées par des pilastres et des frises d’arceaux trilobées. Les chambres sont ornées de stucs et de papier peint d’époque. La totalité du château et de ses dépendances ont été classés comme monument, site et ensemble architectural le 4 février 2014.

Rue Edmond de Selys-Longchamps 112
4300 Borgworm

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Frédéric MARCHESANI, 2014

D. Timmermans

Château de la Paix

Actuel hôtel de ville de Fleurus et situé dans un petit parc, le château de la Paix est un bel édifice classique construit en brique et calcaire à la fin du XVIIIe siècle. La façade principale compte deux niveaux de sept travées dont les trois centrales sont surmontées d’un fronton triangulaire. 

C’est à cet endroit que Napoléon passe la nuit après la bataille de Ligny. Il y prépare la suite des opérations et son départ vers Bruxelles. La chambre où il passa la nuit existe toujours et abrite aujourd’hui des bureaux. L’empereur quitte les champs de bataille vers 22 ou 23h et se retire dans le château au son du corps de musique du 1er grenadiers qui entonne la marche « La Victoire est à nous ». Au soir de la défaite des Quatre-Bras et de l’exceptionnelle victoire de Ligny, Napoléon est persuadé que l’armée prussienne est hors jeu bien que non entièrement anéantie. 

La plaque commémorative apposée sur la façade du château de la Paix © D. Timmermans

Une plaque commémorative se trouve aujourd’hui sur un petit monument dans le jardin du château : « Dans ce château, (…) Napoléon a établi son quartier général dans la nuit du 16 au 17 juin 1815 après la victoire de Ligny sous Fleurus ».

 

Chemin de Mons 61
6220 Fleurus

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Frédéric MARCHESANI, 2014

J. Tordoir

Château de la Bawette

Portant le nom d’un lignage attesté à Wavre depuis le XIVe ou le XVe siècle, le château de la Bawette est transmis par mariage en 1736 puis passe entre diverses mains. Situé en dehors de la ville, l’édifice a été considérablement modifié au XIXe siècle bien que conservant des parties plus anciennes. Le corps de logis est ainsi millésimé 1662. La façade principale est ornée d’un fronton aux armes des Hardy de Beaulieu, actuels propriétaires du lieu, réalisé en 1959.

Le général des armées de Saxe, Johann Adolf von Thielmann, commandant le 3e corps, y installe son quartier général le soir du 17 juin après avoir combattu à Ligny. La cavalerie de Lottum et la division Borke, qui formaient l’arrière-garde, arrivent en pleine nuit et bivouaquent sur la rive droite de la Dyle. Au matin du 18 juin, Thielmann et ses hommes quittent Wavre pour rejoindre le gros de l’armée à Plancenoit alors que l’avant-garde du maréchal Grouchy arrive dans leur direction. Thielmann est forcé de se replier sur Louvain et de laisser la Bawette entre les mains du général Hobe. Le 19 juin, c’est au tour de Grouchy de s’installer au château de la Bawette et d’y installer un inutile quartier-général dans le but de poursuivre sa route vers Bruxelles. C’est là, à 10h30, qu’il apprend la défaite de Waterloo de la veille et se voit forcé de se replier sur Wavre afin d’y entreprendre sa retraite sur Namur.

 

Château de la Bawette
1300 Wavre

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Frédéric MARCHESANI, 2014