Guy Focant

Ilot Saint-Luc à Namur

Complexe immobilier de 12.520 m2 édifié de 2001 à 2003 sur le site de l’ancienne clinique Saint-Luc, au pied du pont de Louvain, d’après les plans du bureau Impact, cet ensemble en forme de bateau dont la coque se terminerait par une série de bâtiments aux toits arrondis comprend cinq unités de cinq à huit niveaux, autour d’une placette centrale, agrémentant la circulation piétonne du quartier. Un grand voile de briques, beau geste dynamique, suit la courbe de la voirie qui longe l’îlot. Une tour de 25 m de haut, rappelant celle du Centre administratif de l’ancien MET, constitue l’élément le plus élevé de cette réalisation, d’où la vue s’étend sur toute la capitale wallonne jusqu’à la citadelle.
 

Les services de l’Agriculture

Depuis juin 2004, les services centraux de ce qui était jusqu’il y a peu la Direction générale de l’Agriculture du Ministère de la Région wallonne (aujourd’hui intégrée à la Direction générale « Agriculture, Ressources naturelles et Environnement ») ont été regroupés dans cet ensemble construit derrière la gare de Namur, à l’intersection de plusieurs voiries. Cette infrastructure à la fois séduisante et performante abrite non seulement les agents de l’Administration, mais aussi le cabinet du Ministre en charge de la matière. Tout comme le Centre administratif du MET achevé cinq ans plus tôt et celui érigé peu après sur le site de l’ancienne maternité provinciale, l’ensemble des bureaux de l’îlot Saint-Luc s’inscrit dans la politique actuelle de regroupement des services publics régionaux, à Namur, dans des bâtiments neufs, la réaffectation du patrimoine ancien semblant avoir atteint actuellement ses limites par rapport aux besoins.

On rappellera que la régionalisation de la politique de l’agriculture fut réclamée très tôt par les partis fédéralistes wallons outrés de la mainmise flamande permanente sur ce secteur et sur ses importantes aides publiques nationales, puis européennes, mais aussi qu’elle ne fut – pour ce motif, comme souvent – concrétisée que tardivement et par petites étapes.

Chaussée de Louvain 14 
5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant (SPW)

Chantre de la Liberté

Installée en 1996 à l’entrée de la ville de Charleroi, sur le rond-point situé entre le boulevard Tirou, les rues du Pont-Neuf et de l’Écluse, cette sculpture réalisée par l’artiste local Charles Delporte (né à Marcinelle en 1928) représente trois coqs identiques et dos à dos regardant chacun dans une direction différente. Choisi par son auteur, le titre de l’œuvre symbolise clairement la signification politique donnée ici au coq wallon.

Rond-point du boulevard Tirou
6000 Charleroi

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy (Focant)

Centre administratif Cap Nord du SPW

Conçu par l’architecte montois Jean Barthélemy (par ailleurs président des Journées du Patrimoine en Wallonie de 1991 à 2008) au sein de l’Atelier d’urbanisme, de réhabilitation et d’architecture (AURA), le Centre administratif du Ministère de l’Équipement et des Transports - aujourd'hui intégré au sein du Service public de Wallonie - fut édifié derrière les voies de chemin de fer de la gare de Namur à partir d’octobre 1996 et achevé en juin 1999. L’édifice se singularise non seulement parce qu’il fut le plus grand bâtiment public réalisé jusqu’alors en Wallonie, mais aussi par la précision et le raffinement de sa réalisation ainsi que par la modernité de son image. Offrant une superficie totale de 68.000 m² et pouvant accueillir 950 agents autour d’une rue intérieure qui permit de développer un espace interne d’une valeur esthétique manifeste, il réussit le pari d’intégrer une construction d’envergure dans le paysage urbain en tirant parti d’un terrain long et étroit, tout en marquant sa présence – et donc celle de la Région – avec une certaine solennité.

Un ministère pour le XXIe siècle

La création du Ministère de l’Équipement et des Transports (le MET) remonte à l’été 1989, lorsqu’eut lieu le transfert aux Régions (décidé par la loi du 8 août 1988) de nouvelles compétences, principalement en matière d’économie, de transport et d’infrastructure. Quelques 3.500 agents des Travaux publics, des Communications, du Fonds des Routes, des Voies navigables et des Voies aériennes intégrèrent ainsi le 1er janvier 1990 le tout nouveau Ministère, créé alors aux côtés du Ministère de la Région wallonne (le MRW, remontant à 1981). Ceux-ci furent d’abord disséminés dans divers locaux namurois, mais le principe de la construction d’un bâtiment pour les regrouper fut arrêté dès 1990 et le choix du site de la gare fut accepté par l’Exécutif régional dès l’année suivante. Il fallut ensuite deux ans de discussions complexes sous la
houlette du cabinet du Ministre en charge des Implantations Robert Collignon pour que le projet prenne corps et soit approuvé en mai 1994, puis deux ans de démarches diverses encore pour pouvoir entamer le chantier en octobre 1996.

Le démarrage des travaux du Centre administratif du MET suivait d’un peu plus d’un an et demi l’inauguration par le même Robert Collignon, le 13 janvier 1995, du siège central du MRW, à Jambes, entamé en mars 1992. OEuvres des architectes Honoré, Minet, Wargnies, Farla et Greisch, celui-ci accueillait sur le site de l’ancien hôtel de ville de Jambes quelque 800 fonctionnaires dans un bâtiment renouant avec l’inspiration urbanistique et architecturale de la Renaissance, tout en dégageant à ses pieds une nouvelle place de la Wallonie. L’équipe architecturale initiale (Honoré et Farla) avait été constituée en 1984 déjà lorsque le Ministre-Président Jean-Maurice Dehousse avait lancé un concours de promotion pour l’implantation des administrations régionales à Namur, décidée en 1983 mais remise en cause entre 1985 et 1987.

Une cellule provisoire de la future administration wallonne, forte de douze agents, avait été mise en place en mars 1981 et elle s’était efforcée dans un premier temps de regrouper l’ensemble des fonctionnaires alors régionalisés en un lieu unique à Bruxelles, square Frère-Orban. À l’époque, en matière d’outils publics régionaux, seuls des agents de la Société de Développement régional de Wallonie (SDRW) se trouvaient à Namur, soit au siège de celle-ci (rue Grafé, 5), soit au 54 de la rue Godefroid, face à la gare. Ils furent intégrés au MRW en juillet 1983, la SDRW ayant été dissoute. Les premiers transferts de fonctionnaires depuis Bruxelles pour Namur eurent lieu au milieu des années 1980, dans les endroits les plus divers : au-dessus du magasin C&A face à la gare, dans une aile encore inoccupée de l’hôpital (avenue Albert Ier face à la Meuse), dans des immeubles à appartements transformés en bureaux à Jambes, etc. Le Ministre-Président Bernard Anselme put élaborer une politique d’implantations plus cohérente au tournant des années 1980-1990.

Témoignage de Georges Horevoets, ancien Secrétaire général du Ministère de la Région wallonne

"Nous avons également à négocier le transfert des fonctionnaires qui composent le Ministère de la Région wallonne au départ de huit ministères nationaux. Le passage des membres du personnel des ministères nationaux aux ministères des Communautés et des Régions ne se fait pas sans peine. Sur les mille quatre cent cinquante agents qui composent le cadre du Ministère, neuf cents tout au plus sont transférés. Les effectifs ressemblent quelquefois à une armée en déroute. Des pans entiers de l’administration se retrouvent sans le moindre encadrement. De surcroît, ils sont dispersés dans de multiples bâtiments bruxellois. Je me souviens encore que l’on nous avait même transféré des agents... décédés ou retraités. 
Notre tâche consiste alors à rassembler l’ensemble de nos troupes en un lieu unique de Bruxelles : square Frère-Orban, à proximité du Conseil d’État. Pour faire face à une telle situation comme pour éviter tout double emploi, nous proposons à l’Exécutif régional wallon de fusionner le Ministère et la Société de Développement régional pour la Wallonie (S.D.R.W). Ce que malheureusement nous n’avons pas prévu, c’est qu’à la veille de la fusion, l’Exécutif décide de gonfler le cadre de la S.D.R.W, si bien que ce sont cent cinquante-six agents supplémentaires qui rejoignent le Ministère. 
En 1984, l’Exécutif décide d’installer ses services à Namur. D’abord, le cabinet du Ministre-Président, puis l’administration. L’économie, l’environnement, les pouvoirs locaux déménagent ensuite progressivement. Fin 1985, changement de coalition. Melchior Wathelet décide de tout arrêter, allant jusqu’à rappeler les camions en route vers Namur. L’administration doit dès lors vivre avec cette double implantation jusqu’en 1988, moment où l’ensemble des services rejoignent définitivement la capitale wallonne". 
Source: L’Aventure régionale, p. 71-72.

Boulevard du Nord, 8, 5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant SPW

Fresque des Wallons

Réalisée entre avril et août 2004, la fresque des Wallons est une grande oeuvre en trompe-l’oeil décorant l’entièreté du pignon de l’extension contemporaine de l’hôtel de ville de Namur donnant sur les « Jardins du Maïeur ». Inspiré par une célèbre fresque similaire sur la place Royale à Québec (ville jumelée avec la capitale wallonne), le projet naît en 2001, tant pour célébrer la Wallonie au coeur de sa capitale que pour agrémenter cet espace, récemment aménagé en jardin. L’oeuvre est inaugurée à l’occasion des fêtes de Wallonie le 18 septembre 2004. 

Réalisée par l’atelier français « Cité de la Création » (qui avait signé un travail similaire à Lyon) et regroupant près de 250 personnages sur un espace de 330 m2, la fresque monumentale évoque des références typiques de l’histoire tant ancienne que récente de la Wallonie, des personnages historiques, artistes, écrivains, etc. On remarquera aisément aussi bien la reproduction du coq wallon de Pierre Paulus que le portrait de François Bovesse à une fenêtre, à titre d’exemple. 

La fresque des Wallons est aujourd’hui un des témoins les plus symboliques de l’histoire de la Région, au même titre que ses soeurs et modèles de Québec et de Lyon.

Esplanade de l’Hôtel de Ville
5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

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Jean Glibert : de forme et de couleur

Ayant abandonné la création d’objets peints pour des démarches plasticiennes où l’idée de peinture se conjugue avec le projet architectural ou urbanistique, Jean Glibert est l’un des rares artistes dont les œuvres n’existent que dans leur valeur « d’intégration ». Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce défenseur de la couleur et de la lumière ait dirigé l’atelier de vitrail de La Cambre (Institut supérieur des arts visuels), entre 1975 et 1995. Traditionnellement, le vitrail est cette interface entre intérieur et extérieur, par laquelle la lumière extérieure prend une couleur, une chaleur. La référence au vitrail, au-delà des l‘idée que l’on se fait de cet art appliqué traditionnel, nous permet de saisir le principe de conjonction « transparence – espace – lumière » que recherche l’artiste.

En collaboration avec le designer Jacques Tilman, le plasticien fut chargé par la commission des Arts de la mise en lumière de l’ancien hôtel Desoër de Solières et de son environnement immédiat.

La transformation ou la simple orientation de la lecture des espaces architecturaux par la couleur et donc, inévitablement par la lumière, est la principale préoccupation que Jean Glibert poursuit depuis près de quarante ans.

Face à un édifice, certes ancien, mais tout aussi contemporain par l’interventionnisme de sa réhabilitation, Jean Glibert a choisi d’installer des « drapeaux de lumière », c’est à dire des disques réfléchissants portés par des mâts de hauteurs et d’inclinaisons différents.

Fonctionnant la nuit tombée, la lumière colorée, provenant de diffuseurs dans le sol de la cour, donne vie à ces drapeaux qui la réfléchissent sur l’édifice. Le propos sur la couleur d’un monument historique à la lumière du jour étant du ressort des spécialistes de la restauration, Jean Glibert dut réfléchir au rôle de son intégration. D’où l’idée d’intervenir sur un éclairage nocturne et indirect. Celui-ci soutient la couleur diurne naturelle des badigeons, son intensité chromatique étant régulée par domotique. Parallèlement, Philippe Greisch s’est chargé d’un éclairage de la tour circulaire par un dispositif qui diffuse la lumière par le recours à la fibre optique à tous les étages.

Jean Glibert ne travaille pas uniquement par réflexion de sources lumineuses émises artificiellement, il est aussi connu comme coloriste de nombreux travaux d’architecture.

Le site : l’ancien hôtel Desoër de Solières à Liège - "espace Wallonie"

L’espace Wallonie à Liège est implanté dans un hôtel édifié entre 1555-1561 pour Guillaume d’Elderen, président du Conseil privé et de la Chambre des comptes. L’hôtel doit cependant son nom à un occupant de la fin du XIXe siècle, Oscar Desoër de Solières. Complètement ruiné, ravagé par un incendie, l’avenir de l’édifice était plus qu’incertain. Composé de deux ailes perpendiculaires réunies par une tour carrée à leur intersection, il présente la particularité d’être l’un des rares édifices liégeois de style Renaissance. Situé dans le cœur historique de la ville, à deux pas des Places Saint-Lambert et Saint-Michel, il offrait à la Région, une visibilité certaine. On peut considérer que sa réhabilitation constituait un véritable défi. Les volumes intérieurs ont été totalement reconstruits car plus rien d’original ne pouvait être préservé. Les façades, avec leurs baies riches d’éléments sculptés en tuffeau si caractéristiques, constituent les seuls témoins anciens dont la préservation était envisageable. Les éléments sculpturaux les plus fragiles sont exposés à l’intérieur, dans des espaces de transition.

Le bureau d’architecture Greisch, auteur du projet, décida de supprimer les extensions sans intérêt historique pour y substituer une tour vitrée en rupture avec le style de l’ancien hôtel particulier. Matériaux de haute technologie (aciers spéciaux, vitrages…) et insertions contemporaines se substituant aux formes passées, comme les mansardes notamment, attestent d’un souhait de préserver le patrimoine régional en laissant à l’architecte contemporain suffisamment de possibilité d’expression. 
 

 

Place Saint-Michel 86
4000 Liège

Conditions d'accès : zone publique accessible sans restriction

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Pinky Pintus : perception et impression à Ottignies

Surplombée par une passerelle, le comptoir d’accueil, créé ici par Pinky Pintus, cherche à s’inscrire totalement dans l’univers du Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures.

Dans cet édifice destiné à la gestion des réseaux routiers, Pinky Pintus s’évade en évoquant l’univers des paquebots que lui inspirent les gardes corps de la passerelle qui surplombe le premier étage. Dès lors, dessine-t-elle un comptoir d’accueil en forme de proue de navire très stylisée. Disposées angulairement, les faces du comptoir sont deux quadrilatères posés obliquement pour contredire la succession des murs verticaux partout ailleurs. Ces obliques suggèrent un mouvement, quoi de plus normal dans un tel cadre.

Comparant les ailes du bâtiment à celle d’un avion, la designer prolonge ses rêveries en imaginant le voyage que le visiteur pourrait accomplir à l’aide d’images projetées. En face du comptoir, une zone de repos et d’attente convie le visiteur à pérégriner à la découverte des travaux routiers. Des projections d’images numériques sur un mur, clichés privés et photographies réalisées par Muriel Thies, témoignent de l’impact des réalisations de ce ministère. Judicieuse entrée en matière pour les visiteurs invités à une séance de travail. Outre l’aspect narratif du programme, Pinky Pintus compte sur la distorsion des images. Projetées en oblique sur le mur, déformées donc, celles-ci renforcent une volonté de brouiller les repères spatiaux, de déstructurer l’espace.

En projetant l’image lumineuse d’un cadran d’horloge sur le mur latéral du comptoir d’accueil, c’est comme si l’on tournait le temps en dérision. Ce jeu sur sa représentation n’est pas dénoué d’humour. Tâche lumineuse omniprésente, le visiteur se retrouve face au temps lorsqu’il oblique pour s’adresser à l’accueil, face à une réalité concrète de son voyage. 

Le mobilier a été conçu avec la complicité de l’Atelier Naos, designer et ensemblier liégeois lui-même lauréat d’un concours de la Commission des arts à Charleroi. L’espace créé derrière cette proue abrite ordinateur, téléphone et autres accessoires. Les matériaux choisis sont le chêne blanchi et l’inox pour les accessoires. Un cordon de lumière souligne la liaison du meuble au sol pour donner une impression de lévitation.

Le site : la direction des Routes du Brabant wallon à Ottignies
 
Le SPW Mobilité et Infrastructures a choisi d’implanter son antenne en Brabant wallon dans un édifice neuf aux abords de l’avenue de Veszprem à Ottignies.

D’allure assez classique, l’édifice se réfère à l’architecture publique traditionnelle : un corps central sur trois niveaux et deux ailes sur deux niveaux s’étendant symétriquement de part et d’autre. Un parement de briques couleur terre de Sienne et des toitures à doubles pans en zinc renforcent cette pondération des effets décoratifs. L’ensemble est austère et rigoureux tout en cherchant un confort d’utilisation. Si neuf baies carrées animent parcimonieusement les ailes au niveau du rez-de-chaussée, la tendance s’inverse aux étages où un rythme de colonnes hors d’œuvre supporte les toitures pour permettre un allègement maximal de l’étage supérieur. Les fenêtres y sont dès lors quasiment panoramiques.

Le concours valait ici pour l’aménagement artistique du hall d’accueil, espace particulièrement stratégique dans ce genre d’édifice. Après consultation de six créateurs, c’est la liégeoise Pinky Pintus qui fut choisie par le jury en mars 2000.

L’œuvre en tant que telle cherche à modifier toute l’atmosphère du hall. Le comptoir d’accueil apparaît latéralement, à la gauche du visiteur, après qu’il ait traversé un sas. Il est disposé dans un espace percé sur deux étages et éclairé également par la lumière provenant du premier. La passerelle qui surplombe l’accueil est à l’origine du sens que la designer voulait donner à son mobilier. De cet espace aéré du premier étage, se déploient les couloirs distribuant les bureaux des deux ailes symétriques de l’édifice, autre élément ayant inspiré le projet d’intégration.

Avenue de Veszprem 3 
1340 Ottignies-Louvain-la-Neuve

Conditions d'accès : hall accessible aux heures de bureau

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Marc Feulien : l'arc

L’intégration de Marc Feulien à la maison du bailli est une œuvre très simple, dépouillée, abstraite mais riche de portée symbolique. 

Disposant d’un grand mur blanc et aveugle, traversé et coupé visuellement par une passerelle reliant les premiers niveaux des édifices anciens et modernes, Marc Feulien a travaillé sur le rituel du passage, préoccupation dans son travail depuis les années nonante. Non loin, à l’Eden, Centre Culturel régional, le plasticien avait exploité cette thématique pour une intégration commandée lors de travaux de rénovation de la salle de spectacle. Il s’agissait là de la traversée de systèmes cubiques. 

Ici, Marc Feulien insère, dans l’épaisseur du mur, un encadrement carré rouge. L’idée de passage a lieu dans l’image formée sur le mur, comme si le spectateur pénétrait dans le paysage abstrait mais aussi plus concrètement d’un lieu vers un autre. Le quart supérieur gauche du quadrangle est détaché du mur, perpendiculairement, afin d’obtenir une section en « L » renversé, surplombant la passerelle. Visuellement, lorsque l’on entre dans l’espace d’accueil, l’œil reconstitue le carré initial, il discerne aussi l’orientation vers l’ancien édifice que suggère la partie en décrochage.

Le travail sur le bois laqué étonnera les amateurs de l’œuvre de Marc Feulien. Céramiste de formation, celui-ci a constamment exploité les effets de matière et de texture. Dans ses céramiques, ses pierres taillées et ses fontes, il s’est largement inspiré des tonalités et des matériaux qu’il trouvait dans les paysages industriels de sa région natale. Ici, le choix du rouge laqué s’est opéré par contraste. Le rouge primaire, choisi également pour le mobilier métallique, marque la scission entre le passé et le présent, il parvient à la même perfection en terme de traitement industriel que les autres matériaux utilisés dans l‘architecture (acier inoxydable, pierre polie…). Cependant, dans l’esprit de Marc Feulien, l’analogie entre la terre et le carré reste évidente. Le carré est le symbole du lieu idéal, sa propre synthèse spatiale du paysage.

 

Le site : l’ancienne maison du Bailli à Charleroi - "espace Wallonie"

 

Comme la plupart des cités industrielles de Wallonie, Charleroi compte parmi ces villes dont les centres historiques ont connu de profonds bouleversements au XIXe siècle. De la forteresse du XVIIe siècle, démantelée en 1868, il ne subsiste que peu de vestiges, sinon un tracé significatif des rues de la Ville Haute. Parmi ces témoins du passé, il subsiste la maison du bailli, érigée en 1780 et située aujourd’hui au n°3 de la rue Turenne.

Sa façade, tournée vers l’un des côtés de l’hôtel de ville art déco (1936), est typique du style Louis XVI. L’intérieur comme l’extérieur ont fait l’objet de travaux de restauration importants en 2000.

À l’arrière de l’édifice, après avoir procédé à la démolition de plusieurs immeubles, une communication a été établie sur une place publique et un passage pédestre vers la plus importante artère commerciale de la Ville. Une extension contemporaine à la maison du Bailli a été construite d’après les plans de l’architecte Jean-Michel Autenne. 
 

Un intéressant contraste entre les façades a été ainsi créé. On retrouve d’un côté, l’édifice avec deux niveaux, son entrée axiale sous une allège millésimée 1780, un parement de briques enduites sur un soubassement en pierre calcaire ; de l’autre, une façade résolument contemporaine de verre et d’acier inoxydable. Entre ces deux univers, l’espace intérieur de la nouvelle construction profite d’une cour intérieure pour gérer le passage de l’ancien édifice vers le nouveau. 

C’est donc autour de ce vide central qu’est organisé, tout en transparence, le nouveau hall de l'Espace Wallonie de Charleroi et de l’Agence wallonne à l’exportation (Awex). C’est là, au cœur de l’espace public que se situe, sur un mur de briques enduites de 5 x 9 m, l’intervention de Marc Feulien.

Rue de France 3 
6000 Charleroi

L'espace Wallonie vous accueille du lundi au vendredi de 8 h 30 à 17 h 00
Contact : 071 20 60 80

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L'îlot de l’Écluse à Charleroi, aménagé par Naos Atelier

Le hall d’accueil de cette antenne des services régionaux à Charleroi a été entièrement aménagé par le bureau de design liégeois Naos Atelier. L’un de ses fondateurs, Pierre Jeghers, a cherché une dimension poétique plus forte à cet espace de 50 m² destiné à accueillir les visiteurs. Parce que l’intégration artistique prenait place dans un imposant édifice dont l’architecture ne rappelait pas particulièrement la personnalité de la ville, le hall voulait d’emblée la relater plus intimement.

Naos Atelier s’est, d’une part, chargé de réaliser le mobilier, comme il l’aurait fait pour tout autre espace d’accueil, mais en donnant, d’autre part, une dimension narrative très marquée par la présentation de cliché photographiques.

L’idée maîtresse de cette intégration est de contrarier la fonction de cet espace, initialement conçu comme un lieu de passage, par la présentation d’un album photo, un livre ouvert sur le passé, rempli d’images de gens qui ont façonné l’histoire de la cité. Naos Atelier a réalisé ce choix d’images qui interpellent, au sein des collections du musée de la Photographie de Charleroi. Monde ouvrier dans sa dimension naturaliste et poétique, exil des travailleurs italiens en Wallonie, paysages industriels nocturnes… tels sont quelques-uns des sujets des photographies de Roger Anthoine, Herman Chermanne ou Jean-Louis Sieff, visibles dans le hall. Loin des images clichées du Pays noir, à l’encontre d’une vision misérabiliste, c’est le caractère humain et généreux de la ville qui est constamment exploré. En provoquant une trace émotionnelle qui incite à marquer un temps d’arrêt, l’espace devient autonome, hors du temps, déconnecté des réalités contemporaines. Les photographies sont placées sur trois bornes faisant songer à des colonnes Morris ou sur les murs vierges. Les images sont imprimées sur des films transparents couleurs sépia façon diapositives, ou sur des supports papiers traditionnels. Des phrases de l’historien Carl Havelange prolongent le contenu visuel.

Quant au mobilier, entièrement en bois (merbau), chaleureux et sobre, il trouve la meilleure adéquation entre l’esthétique inhérente aux matériaux traditionnels et les technologies nouvelles qui les mettent en œuvre. Cet équilibre est l’un des leitmotive du travail de Naos Design.

Le complexe administratif de l’îlot de l’Écluse regroupe divers services régionaux*. Ce quartier au bord de la Sambre, situé entre les rues de l’Écluse, de Marcinelle et le quai de Brabant, a connu de profondes transformations au cours des années 1990. On est bien loin de l’époque où un pont et une écluse donnaient des accents pittoresques au lieu. Dès les années 1930 déjà, le cours initial de la Sambre fut modifié pour céder sa place à l’un des principaux boulevards de la Ville basse : le boulevard Joseph Tirou. Aujourd’hui, c’est le pont de la Résistance qui sépare ce quartier du centre de la commune de Marcinelle. 

Paysage urbain éclectique, prédominé par l’industrie lourde, une gare tentaculaire, un périphérique en viaduc, un quai de Sambre avec ses bâtisses patriciennes Art déco et ses immeubles à appartement modernistes, une statuaire de Constantin Meunier (1903), etc., les abords de l’îlot de l’écluse constituent l’un des lieux les plus contrastés de Wallonie.

Réalisation des Sociétés interprofessionnelles d’architectes Dooms en collaboration avec le bureau Nokerman, le complexe immobilier de l’îlot de l’Écluse s’étend sur 14.000 m². Sa sobriété est celle qui caractérise différents édifices érigés par le Service public de Wallonie, à Jambes notamment.

Rue de l'Écluse 22  
6000 Charleroi

(*) Le site de l’îlot de l’Écluse à Charleroi regroupe les services extérieurs du SPW Mobilité et Infrastructures, du SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement et du SPW Aménagement du Territoire, Logement, Patrimoine et Énergie.

Conditions d'accès : hall d'entrée accessible aux heures de bureau

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Cadran solaire d'Émile Desmedt

Pour aménager la zone extérieure de l'hôpital des Anglais, à Liège, la commission des Arts a choisi le projet proposé par le sculpteur Émile Desmedt. Celui-ci s'est inspiré de l'histoire de l'édifice, pour déterminer son intégration : longtemps occupé par de nombreux hommes de sciences (mathématiciens, astronomes, médecins, etc.), celui-ci comptait plusieurs cadrans solaires. L'artiste s'est inspiré de cette forme pour proposer une oeuvre qui intègre un cône sculpté, dirigé obliquement vers le ciel, comme une lunette d'astrophysicien. Celle-ci rappelle également le fil à plomb et le pendule, outils des architectes des siècles précédents.

Le cône de ce cadran solaire, monumental et fonctionnel, repose sur ses flancs tandis que l'axe central (le style) d'une longueur de 20 mètres est prolongé vers le ciel. Par rapport au sol, ce dernier élément est incliné selon un angle de 50°40', soit la latitude du lieu. Des tendeurs rejoignent harmonieusement le style et les vingt-quatre sections qui constituent la base conique. Posé entre les pelouses et le revêtement, ce cadran solaire monumental "sonne" douze heures en soulignant cette limite entre les deux surfaces.

Dans l'ensemble, l'oeuvre fonctionne surtout comme un signal visuel, pour celui qui pénètre dans l'enceinte du bâtiment, sans qu'elle ne nuise à son appréciation. L'artiste a pris en compte la force visuelle de l'édifice et a compris qu'il était inutile de "rivaliser" avec une architecture de cette envergure. La structure du cône évoque d'ailleurs, comme un écho bas, celle de la toiture.

Le site : l’ancien hôpital des Anglais à Liège

Le site historique qu'a choisi les autorités wallonnes pour regrouper ses services régionaux extérieurs implantés à Liège est l'ancien "hôpital des Anglais", situé sur un versant des hauteurs de la ville. Inséré entre les rues Montagne-Sainte-Walburge, du Péri et des Anglais, à proximité du centre historique de Liège, cet endroit se caractérise aussi par son remarquable environnement boisé. Cet établissement fut construit par des jésuites anglais réfugiés, qui y étudiaient et y enseignaient les sciences exactes, notamment l'astronomie. Il fut ensuite transformé en hôpital et conserva cette appellation parmi la population liégeoise.

Il s'agit d'une remarquable bâtisse du XVIIIe siècle de style néoclassique dont la rénovation, oeuvre des architectes Jacques Valentiny et Jacqueline Charlier, offre, y compris le bâtiment annexe récemment élevé, quatorze mille cinq cents mètres carrés de surface. La réhabilitation a permis l'adaptation de la structure intérieure à ses nouvelles fonctions et a mis en évidence les caractéristiques architecturales de la façade, notamment l'alternance de pierres et de briques et les très beaux chaînages d'angle harpés. L'aménagement extérieur a souligné la qualité de l'écrin de verdure qui entoure les bâtiments.

Cette réaffectation d'importance a permis d'intégrer deux oeuvres d'art, à l'intérieur et à l'extérieur. Après appels d'offre, la Commission des arts a souhaité voir réalisés deux projets remarquables : l'aménagement du hall d'accueil par Ladislas de Monge, inspiré ici par le thème de l'arbre sacré d'Yggdrassil ; et l'implantation d'un cadran solaire monumental, dans la cour intérieure, face à la façade principale, des oeuvres d'Émile Desmedt.

Rue Montagne-Saint-Walburge 2  
4000 Liège

Ouvert aux heures de bureau

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Frêne sacré d'Yggdrassil

Au milieu du hall d'entrée restauré de l'ancien hôpital des Anglais, autour d'une colonne, s'élève un arbre stylisé dont les branches de métal noir se répandent aux quatre coins de la pièce. L'une passe au-dessus du comptoir et repose sur un panneau signalétique ; deux autres se dirigent vers les couloirs qui entourent les cages d'ascenseurs ; la dernière semble traverser le linteau d'entrée. Il s'agit d'une interprétation originale du thème mythologique du frêne sacré d'Yggdrassil, née de l'imagination et des mains du designer Ladislas de Monge. Des lampes placées au hasard de ses branches évoquent la dispersion des rayons lumineux à travers les ramures des arbres d'une forêt dense. Au sommet de la colonne-arbre, quatre structures de frêne assurent une transition visuelle harmonieuse avec la forme quadrangulaire du hall.

Au sol, les trois "racines" en frêne de "l'arbre" découpent des portions de petit granit bleu. Les pierres ont été bouchardées, afin d'offrir un aspect velouté qui feutre les pas, comme l'humus d'une forêt. L'artiste a voulu créer un espace apaisant, empreint de sérénité et qu'accentuent les couleurs patinées des murs. Assis sous les branches d'un arbre accueillant, baignée d'une lumière tamisée, le visiteur trouve un espace d'apaisement inespéré, propice à une évasion spirituelle.

Avec le comptoir d'accueil, Ladislas de Monge a donné toute la pleine mesure de sa maîtrise technique. Une pièce sculptée en merisier, longue de près de trois mètres, semble se tendre, se plisser, se contracter, se gonfler encore, et se rétracter enfin ; comme si elle était animée d'un mouvement intérieur désireux d'adapter son apparence extérieure, pour s'offrir à des mains, à des coudes, voire à un torse en quête d'appui stable. Le hall d'accueil proprement dit est rehaussé d'accords de frêne, bois masculin, clair, dur, solaire, associé avec la colonne à un principe vertical ; tandis que le merisier, au contraire, est un bois féminin, foncé tirant au rouge, souple, lunaire comme le manifeste la courbe rentrante que prend le comptoir.

Le site : l’ancien hôpital des Anglais à Liège

Le site historique qu'a choisi les autorités wallonnes pour regrouper les services régionaux extérieurs implantés à Liège est l'ancien "hôpital des Anglais", situé sur un versant des hauteurs de la ville. Inséré entre les rues Montagne-Sainte-Walburge, du Péri et des Anglais, à proximité du centre historique de Liège, cet endroit se caractérise aussi par son remarquable environnement boisé. Cet établissement fut construit par des jésuites anglais réfugiés, qui y étudiaient et y enseignaient les sciences exactes, notamment l'astronomie. Il fut ensuite transformé en hôpital et conserva cette appellation parmi la population liégeoise.

Il s'agit d'une remarquable bâtisse du XVIIIe siècle de style néoclassique dont la rénovation, oeuvre des architectes Jacques Valentiny et Jacqueline Charlier, offre, y compris le bâtiment annexe récemment élevé, quatorze mille cinq cents mètres carrés de surface. La réhabilitation a permis l'adaptation de la structure intérieure à ses nouvelles fonctions et a mis en évidence les caractéristiques architecturales de la façade, notamment l'alternance de pierres et de briques et les très beaux chaînages d'angle harpés. L'aménagement extérieur a souligné la qualité de l'écrin de verdure qui entoure les bâtiments.

Cette réaffectation d'importance a permis d'intégrer deux oeuvres d'art, à l'intérieur et à l'extérieur. Après appels d'offre, la Commission des arts a souhaité voir réalisés deux projets remarquables : l'aménagement du hall d'accueil par Ladislas de Monge, inspiré ici par le thème de l'arbre sacré d'Yggdrassil ; et l'implantation d'un cadran solaire monumental, dans la cour intérieure, face à la façade principale, des oeuvres d'Emile Desmedt.

 

Rue Montagne-Sainte-Walburge 2
4000 Liège

Conditions d'accès : ouvert aux heures de bureau