Guy Focant

Hôtel Desoër de Solières

Édifié de 1555 à 1561 par Guillaume d’Elderen, président du Conseil privé et de la Chambre des Comptes, l’hôtel Desoër de Solières – du nom de la dernière famille qui l’occupa – est un témoin privilégié de l’architecture civile de la Renaissance à Liège. Construit en briques, tuffeau de Maastricht et calcaire de Meuse, il se distingue par un plan irrégulier en L rythmé par une tour à la jonction des deux corps du bâtiment. La décoration des façades est exceptionnelle : colonnes doriques, entablement avec frise, mascarons.

Abandonné dans les années 1970 et victime d’un incendie en 1995, le bâtiment était très gravement endommagé lorsque débuta sa restauration en décembre 2001. Le bureau d’architecture Greisch travailla dans la volonté de restaurer les éléments d’origine encore lisibles. Malheureusement, l’intérieur dut être vidé compte tenu de l’état désastreux de sa structure. La façade fut entièrement rénovée et une audacieuse extension contemporaine ajoutée à l’ensemble. Celle-ci s’acheva par une tour cylindrique conçue par Philippe Greisch, qui s’intègre hardiment entre l’hôtel Desoër de Solières et l’hôtel de Bocholtz, restauré de manière beaucoup plus traditionnelle.
 

Une des vitrines de la Wallonie

L’hôtel Desoër abrite depuis mai 2003 un des trois « Espaces Wallonie », les permanences de diverses administrations régionales, une boutique de l’Office des Produits wallons, et il a hébergé durant cinq ans jusqu’en août 2008 les services administratifs de l’Archéoforum de Liège, dépendant de l’Institut du Patrimoine wallon (IPW). C’est également l’IPW qui avait mené à bien l’achèvement du chantier à partir de décembre
2001, pour le compte et avec l’aide tant du MET (Implantations) que du MRW (Patrimoine). « La restauration de l’hôtel Desoër de Solières constitue, à ce jour, une des expressions les plus significatives de la volonté du Gouvernement régional de faire converger ses besoins immobiliers et sa mission de protection du patrimoine ». On notera que l’architecte Philippe Greisch a également réalisé pour la Région wallonne en 2000-2005, mais pour le compte cette fois de la Société régionale wallonne du Transport (SRWT) et de la Société wallonne des Aéroports (SOWAER), la nouvelle aérogare de Liège, bâtiment de verre à image technologique forte en adéquation avec sa fonction, et belle image de modernité pour un autre outil régional wallon.


"On a peine à imaginer aujourd’hui qu’il n’y a guère beaucoup plus de dix ans, les seules installations civiles de Bierset consistaient en un baraquement provisoire dont le responsable de l’aéroport essayait vainement de colmater les nombreuses brèches... Cette situation illustre le fait que, durant des dizaines d’années, le Gouvernement fédéral avait - totalement - négligé les aéroports régionaux de Bierset et de Gosselies. Tout au contraire, dès le début 1989, le Gouvernement wallon a pris l’option de faire de ceux-ci des outils centraux de développement et de reconversion économique". Témoignage d’Amand Dalem, in L’Aventure régionale, p. 166.

Place Saint-Michel 86 
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Collection privée

Hôtel de ville de Namur du XIXe siècle

À l’origine sur la place d’Armes, l’hôtel de ville de Namur fut incendié par les Allemands en août 1914 et installé après la guerre à un tout autre endroit, rue de Fer. L’édifice précédent datait de 1828 et avait remplacé un premier hôtel de ville datant du XVIe siècle. Imposant et de style néoclassique, l’hôtel de ville du XIXe siècle consistait en un long bâtiment de trois étages avec un soubassement agrémenté d’arcades et, en son centre, un avant-corps composé de colonnes ioniques et surmonté d’un fronton. Le dernier étage était agrémenté d’une élégante corniche. D’abord remplacé par une série de cafés, ce bâtiment se trouvait à l’emplacement de l’actuel magasin « Inno ».
 

1891 : le deuxième Congrès wallon

Organisé à Namur les 25 et 26 décembre 1891 et présidé par Édouard Termonia, le second Congrès wallon est essentiellement orienté autour de problèmes stratégiques : faut-il créer un parti à caractère wallon ou doit-on s’interdire toute activité directement politique ?

 Le Congrès décide de s’organiser autour d’un Comité permanent composé de membres de diverses régions. Les questions abordées au cours de la séance du 26 décembre portent sur les subventions à allouer à l’art dramatique wallon et sur la sauvegarde des intérêts des fonctionnaires wallons via un bilinguisme limité en Flandre aux seuls fonctionnaires en contact avec le public néerlandophone.

Bâtiment disparu, Place d'Armes

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel de ville de Dinant

Imposante bâtisse de briques et pierre calcaire, l’hôtel de ville de Dinant occupe actuellement l’emplacement d’une ancienne résidence des princes-évêques de Liège édifiée par Joseph-Clément de Bavière et occupée par le maire de la ville après la mort de ce dernier en 1723. Il fut reconstruit en 1924-1925 par les architectes bruxellois R. Monnaert et F. Petit en style néoclassique, tout en restant fidèle à la construction d’origine, détruite par un incendie en août 1914. L’édifice se compose de deux ailes à deux niveaux dans l’angle desquelles se niche, en oblique, l’entrée monumentale en pierre de taille. La façade de droite comporte neuf travées de baies encadrées de pierres dans un parement de brique. Celle de gauche n’en compte que six seulement. Le long du fleuve, la façade a été reconstruite à l’identique, à l’exception de la substitution de la toiture originelle à la Mansart par une bâtière à croupes. Une tour coiffée d’un haut bulbe amorti par un campanile termine l’édifice.
 

 1948 : l’Association des Bourgmestres de Wallonie

Le Mouvement wallon souhaitait sensibiliser les édiles communaux aux problèmes wallons. L’idée d’un organe ad hoc fut avancée pour la première fois par Fernand Schreurs lors du Congrès national wallon de Namur en 1947. La concrétisation du projet aura lieu un an plus tard au travers de la création d’une Association des Bourgmestres de Wallonie, indépendante de tout parti. Une première réunion est organisée le 3 novembre 1947, à Liège, à l’instigation du bourgmestre de la cité ardente, Paul Gruselin, mais à ce moment, tous les bourgmestres des grandes villes wallonnes ne se sont pas encore prononcés sur le sujet.
C’est finalement à l’invitation du bourgmestre de Dinant que la première séance de l’Association, présidée par Paul Gruselin, se tiendra en l’hôtel de ville de Dinant le 6 juin 1948. Numériquement dominés par leurs collègues flamands, les députés wallons ne se sentaient pas entièrement en mesure de pouvoir défendre la Wallonie au Parlement et comptaient sur les élus locaux pour les épauler dans cette tâche : les bourgmestres, à la différence des parlementaires, avaient le pouvoir de faire flotter le coq sur les maisons communales et étaient au coeur des manifestations de septembre. Ils avaient dès lors un rôle de proximité à jouer en faveur du Mouvement wallon.

Si l’existence de cette Association fut éphémère, les bourgmestres wallons eurent à d’autres reprises l’occasion de se mobiliser dans un but wallon commun, notamment en 1967, lorsque l’économie wallonne avait l’opportunité de bénéficier d’aides européennes, mais que le Gouvernement belge ne la saisissait pas ; dix-huit bourgmestres wallons54 décidèrent de reprendre la démarche à leur compte et réussirent à obtenir une réponse favorable en février 1968, même si la chute du Gouvernement remit le projet à plus tard. Cet événement fut significatif d’une possibilité d’action commune des pouvoirs locaux wallons, timidement annoncée dans l’Association de 1948, et définitivement concrétisée quarante-cinq ans plus tard avec la fondation en 1993 de l’Union des Villes et Communes de Wallonie.

Rue Grande, 112, 5500 Dinant

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Hôtel de ville d'Arlon

Terminé en novembre 1843, l’hôtel de ville d’Arlon était à l’origine un athénée. Construit sur une grande terrasse entourée de grillages de fer, il était le bâtiment le plus considérable construit jusqu’alors à Arlon. L’édifice s’étant vite dégradé, décision est prise de construire un nouvel athénée. La ville d’Arlon dresse alors des plans d’appropriation de l’ancien bâtiment, destiné à devenir le nouvel hôtel de ville. La façade est remise à neuf, l’escalier central partiellement renouvelé. Tous les services communaux sont définitivement installés dans leurs nouveaux locaux le 19 août 1898. Le bâtiment, ayant souffert au cours de la grande guerre, sera à nouveau restauré en 1920.

L’édifice présente un volume principal composé d’une façade en double corps de cinq travées sur deux niveaux et un niveau d’attique. De part et d’autre, deux ailes transversales en léger retrait présentent en façade une travée sur trois niveaux de baies rectangulaires. Le tout surmonte un haut soubassement ajouré de baies.

Aujourd’hui, l’hôtel de ville a été considérablement agrandi car la fusion des communes demandait un espace plus grand pour gérer la nouvelle population. Les travaux d’extension furent terminés en 1997.  Contemporains, les nouveaux bâtiments s’intègrent néanmoins parfaitement avec le bâtiment d’origine.

 

1908 : la réception d’ouverture du Congrès international de langue française

Présidée par le bourgmestre Numa Ensch-Tesch, cette réception solennelle, le 20 septembre 1908, était un moyen de célébrer plus que d’ouvrir le Congrès. Arlon, encore essentiellement empreinte de culture germanique au début du siècle, avait à coeur en tant que chef-lieu d’une province belge de montrer son appartenance francophone au reste du pays.

Réunis autour des autorités communales et provinciales, les congressistes sont présentés aux officiels présents par le président du congrès, Maurice Wilmotte. Parmi ceux-ci, plusieurs personnalités étrangères de haut rang sont venues faire honneur à la francophonie : Jules Gautier, délégué du ministre français de l’Instruction publique, Monsieur Bonnard, délégué de la Confédération helvétique, et d’autres personnalités françaises ou encore luxembourgeoises. Le bourgmestre, lors de son discours, commentera le choix d’Arlon comme siège du congrès. Après cette soirée inaugurale le Congrès pouvait s’ouvrir, dans la foulée de celui de Liège de 1905, déjà présidé par Wilmotte. Mais si le Congrès de Liège était resté fort linguistique et littéraire, celui d’Arlon fut l’occasion de tentatives de débats nettement plus politiques avec les rapports d’Hector Chainaye (Pourquoi et comment les Wallons doivent combattre les flamingants) et de Julien Delaite (Le français en Wallonie et en Belgique).

Rue Paul Reurer 8
6700 Arlon

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Collection privée

Hôtel de l'Europe à Liège

Appelé Grand Hôtel jusque 1923, l’hôtel de l’Europe faisait partie des nombreux bâtiments construits dans les années 1880 sur la place Verte dont le tracé avait été modifié par la ville de Liège en 1849 afin de lui donner un nouvel alignement. Construit à l’angle des anciennes place Verte et rue Joffre et aujourd’hui disparu, comme la plupart des bâtiments de la place, l’hôtel de l’Europe se dressait à l’actuel emplacement de l’îlot Saint-Michel. Cet ensemble néoclassique présentait deux façades rythmées par des pilastres engagés. Côté rue Joffre, la travée centrale était soulignée par un décrochement de la marquise, un fronton triangulaire et une toiture en pavillon (cône tronqué percé d’oeils de boeuf et sommé de ferronneries). Ce dispositif de toiture était répété aux trois angles à rue du bâtiment.

 

1927, 1929, 1930 : trois Congrès d’Action wallonne

Entre 1927 et 1930, la Ligue d’Action wallonne de Liège tiendra trois fois son Congrès dans cet hôtel encore connu dans la mémoire de certains Liégeois comme le Grand Hôtel. Le quatrième Congrès, réuni les 9 et 10 juillet 1927 dans la salle japonaise de l’hôtel, se préoccupe principalement de questions économiques : équipement de la Wallonie, union douanière avec la France et gestion du réseau wallon de canaux.

Deux ans plus tard, le sixième Congrès retrouve l’hôtel de l’Europe les 6 et 7 juillet 1929. Plus culturel que les précédents, il voit également la création d’une commission chargée de réaliser un nouveau programme pour la Ligue.

Le septième et dernier Congrès, réuni dans la salle japonaise le 6 avril 1930, se penche sur les projets établis par la commission créée l’année précédente. Après de longues discussions, les congressistes décident d’adopter une motion en faveur de la formation tant à la Chambre qu’au Sénat d’un bloc wallon uni afin de faire entendre les revendications wallonnes. Enfin, l’Action wallonne proclame le droit de la Wallonie à disposer d’elle-même si la sauvegarde de son intégrité l’exigeait.

Après la réforme de son programme à l’issue de ce septième Congrès, la Ligue d’Action wallonne se dote d’un Comité central qui, en remplaçant le Comité d’Action wallonne, va devenir l’organe directeur de la Ligue. Ce Comité central décidera la création de la Concentration wallonne et organisera son premier Congrès, toujours à Liège, à l’occasion du centenaire de l’indépendance, les 27 et 28 septembre 1930.

Carrefour de la rue Joffre et de la place Verte
4000 Liège
(Bâtiment aujourd'hui disparu)

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Hôtel de la Couronne

Henri-Chapelle est pour la première fois mentionné dans une charte de 1172. En 1263, le duc de Limbourg Waleran IV élève la localité au rang de franchise avant de devenir seigneurie hautaine en 1384 et d’être engagée à Jean de Gronsveld, drossard du duché de Limbourg. Elle appartient également à partir de 1644 à Nicolas de Croonenborg, lieutenant-colonel au service de l’Espagne.

Situé au centre de la localité, l’hôtel de la Couronne est une ancienne auberge dont les bâtiments datent du début du XVIIIe siècle comme l’indique le millésime 1706 présent sur un panneau orné d’une couronne et des lettres GG. Un autre panneau armorié, présent sur le linteau de la porte de la façade côté cour, est lui aussi frappé de la couronne et du millésime 1704. Construits en moellons de calcaire, les bâtiments forment un L et sont éclairés par des fenêtres au linteau bombé à clé datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle. La cour est accessible par un portail daté de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle. Le bâtiment est pourtant plus ancien, une auberge à l’enseigne In den croon est citée en 1637 comme appartenant à Gérard Goor, maïeur de la cour foncière du Ruyff. Le choix en 1704 de l’hôtel comme lieu de réunion des États fut l’occasion d’une restauration complète de l’ensemble. En effet, l’hôtel était le lieu le plus fréquent de réunion des États du duché de Limbourg. Jusqu’en 1777, chaque composante du duché possédait ses États particuliers (duché de Limbourg, comté de Dalhem, comté de Fauquemont et seigneurie de Rolduc). Par une ordonnance de Joseph II du 29 janvier 1778, tous furent réunis en un seul corps. Les États se réunissaient dans la pièce qui, encore aujourd’hui, porte le nom de « salle des États ». Jusqu’en 1696, la cour féodale du duché se réunissait aussi souvent à Henri-Chapelle, endroit plus central des terres limbourgeoises et dès lors plus facilement accessible par tous. Un tribunal souverain fut également établi à l’hôtel de la Couronne après l’inauguration en 1703 de Charles III d’Espagne en tant que duc de Limbourg.

Village 67
4841 Welkenraedt

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Guy Focant

Hôtel de Grady

Construit en brique et calcaire, l’hôtel de Grady, également appelé de Sklins ou de Spirlet, est un des nombreux hôtels de maître de la rue Hors-Château. Commandité par Nicolas de Spirlet, il est composé de neuf baies rythmant les deux niveaux qui posent sur un haut soubassement en pierre. Les trois travées centrales sont couronnées d’un fronton triangulaire qui présente une allégorie des fonctions de conseiller. Un porche cintré s’ouvre vers la cour intérieure bordée de bâtiments. La façade porte le millésime de 1765. L’hôtel de Grady illustre la richesse du statut social de cette artère liégeoise au XVIIIe siècle. La beauté de ses décors intérieurs, notamment des peintures de Henri Deprez, stucs, boiseries et cheminées, traduit le raffinement de l’art de vivre à l’époque. Actuellement, l’hôtel de Grady abrite une partie de l’École d’hôtellerie de Liège.

 

1935 : la Maison wallonne de Liège

Fondée en 1930, la Maison wallonne de Liège s’inscrit dans un mouvement né après la Première Guerre mondiale. La première association du genre avait été créée à Bruxelles en 1921, et de grandes villes wallonnes avaient suivi. Les diverses associations wallonnes pouvaient se retrouver dans ces maisons, mettre en commun leurs initiatives et développer ensemble leurs activités. Prenant la forme d’une coopérative, la Maison wallonne de Liège naît donc au moment de l’exposition internationale de 1930, organisée à Liège à l’occasion du centenaire de l’indépendance. Installée en premier lieu sur le boulevard de la Sauvenière, la Maison wallonne déménage en 1935, en Hors-Château, dans l’hôtel de Grady. Une association des Amis de la Maison wallonne prendra alors la suite de la coopérative. Composée de responsables issus des milieux culturels wallons, elle est ouverte à tous. Pourtant, en raison de tensions avec le Front démocratique wallon, elle sera contrainte de fermer peu avant la guerre : les Amis restent ensuite actifs, mais la Maison wallonne n’existe plus. Il faudra attendre le 13 avril 1957 pour que soit inaugurée une Nouvelle Maison wallonne, au boulevard de la Sauvenière, qui restera ouverte jusqu’en 1998.


 

 

1938 : l’assemblée de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie 

Réunis le samedi 11 juin 1938 autour du président de la Concentration wallonne, l’abbé Jules Mahieu, sept militants wallons décident de créer une société savante, la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie. Les premiers travaux de la société sont prolifiques : cinq assemblées sont organisées en deux ans, dont la première à l’hôtel Cosmopolite de Namur. La seconde se tient à Liège, dans les locaux de la Maison wallonne, le 29 octobre 1938, toujours sous la présidence de Jules Mahieu. On y signe l’acte constitutif de l’association. Trois personnalités d’envergure se trouveront à la tête de celle-ci : Jules Mahieu (président), Maurice Bologne (secrétaire) et Robert Grafé (administrateur). La société présente son programme et son but principal : par des communications et des publications, faire connaître l’histoire de la Wallonie au peuple wallon. En 1960, la Société deviendra l’Institut Jules Destrée, toujours en activité actuellement.

Rue Hors-Château 5
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant 

Vestiges du palais de Marie de Hongrie et du château des comtes de Hainaut

Simple centre économique, administratif et religieux, Binche accède au rang de ville neuve en 1120 suite à une faveur comtale attribuée par Yolende de Gueldre, veuve du comte de Hainaut Baudouin III. Quelques années plus tard, Baudouin IV dote la ville d’une enceinte confiée aux bons soins de l’autorité communale, un cas unique. Comme cela sera le cas pour les principales villes du comté, de grands travaux de renforcement, d’agrandissement et de consolidation des remparts sont entrepris au XIVe siècle. Binche devient une des villes clés du Hainaut : elle est le siège d’une prévôté et devient une des Bonnes Villes du comté. 

Le portail provenant de l’ancien palais de Marie de Hongrie devant le musée du masque à Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

L’histoire binchoise reste toutefois marquée par l’arrivée sur son territoire de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, gouvernante et régente des Pays-Bas espagnols. Elle choisit Binche pour y installer une de ses splendides résidences et confie au célèbre architecte montois Jacques du Broeucq la construction d’un palais intra-muros. C’est dans ce lieu d’exception qu’elle recevra Charles Quint du 22 au 31 août 1549. L’empereur y est reçu avec son fils, le futur Philippe II, dans le but de présenter le prince héritier à ses futurs États des Pays-Bas.

Vue du chœur de l’église du Très Saint Sacrement à Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

De cette résidence, il ne reste toutefois que très peu de vestiges. Les ruines du palais de Marie de Hongrie se confondent avec ceux du château des comtes de Hainaut, installé au même endroit. Creusé à même la roche, le donjon médiéval est accolé aux remparts et prend appui sur un éperon rocheux. Le donjon, résidence comtale édifiée au XIIe siècle, est accompagné d’une basse-cour, d’un marché et d’une église paroissiale. Les vestiges aujourd’hui retrouvés de ce château médiéval ont permis de montrer que le palais de Marie de Hongrie a quant à lui été édifié à partir du noyau castral primitif ; Jacques du Broeucq habille et surélève les structures existantes, réutilise certains volumes. Si de cette demeure, il ne reste que des ruines, plusieurs témoins plus conséquents ont été conservés : dix-huit colonnes provenant de la chapelle castrale du palais Renaissance se trouvent aujourd’hui dans l’église du Très Saint-Sacrement (anciennement église Sainte-Élisabeth de Hongrie) ; un portail de ce palais se trouvent aujourd’hui dans la cour du musée du Carnaval et du masque de Binche et un second à l’entrée de l’ancien hôpital militaire situé rue Masquelier à Mons. Tout autour des ruines de ces anciennes résidences se trouvent les remparts de Binche, reconnus patrimoine exceptionnel de Wallonie.
 

Les remparts de Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

L’hôtel de ville de Binche compte lui aussi des traces considérables de la présence de Marie de Hongrie dans la cité. Ce monument exceptionnel date essentiellement du XVIe siècle et a longtemps servi de poste de guet pendant les guerres incessantes en Hainaut. Le beffroi est incendié par les Français en 1554 et immédiatement reconstruit par Jacques du Brœucq à la demande de Marie de Hongrie. La façade porte encore les armoiries de la ville de Binche, de Charles Quint et de Marie de Hongrie, ainsi que le monogramme de la gouvernante des Pays-Bas espagnols. Des cartouches de pierre armoriés similaires se trouvent à l’étage. Enfin, la très belle et monumentale cheminée de la salle du Conseil, bien qu’étant une reconstitution, est décorée des armoiries et de la devise de Charles Quint.

 

 

Les armoiries de Charles Quint dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Binche. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine
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Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant © SPW-Patrimoine

Vestiges du château des comtes de Hainaut

Citée dans les textes depuis 971, la ville d’Ath connaît une nouvelle destinée de par la volonté du comte de Hainaut Baudouin IV. Entre 1150 et 1155, il achète la partie du territoire qui appartenait à Gilles de Trazegnies, décide de faire de ce village une ville neuve et d’y construire quelques années plus tard une demeure. Le château des comtes de Hainaut à Ath ou château Burbant, imposante forteresse caractérisée par son donjon appelé « tour Burbant » devait assurer la protection et l’autorité des comtes de Hainaut face au comté de Flandre tout proche. Au même titre que Mons, Ath joue au XIIe siècle un rôle de premier plan dans la politique comtale. Toutefois, la fonction militaire d’Ath disparaît à partir de 1191 lorsque Baudouin V cumule les titres de comte de Hainaut et de Flandre ; le château demeure alors la seule construction d’ordre défensif de la cité. Cet état de fait ne perdure toutefois que peu de temps : les deux comtés sont à nouveau séparés en 1280. 

La dynastie hennuyère des Avesnes redonne alors à Ath son rôle de ville défensive et octroie à la cité un rôle politique et économique important. Ath devient une des villes les plus importantes du comté de Hainaut et le chef-lieu d’une vaste châtellenie. Vers 1328, la ville se voit dotée pour la première fois d’une enceinte, déjà remplacée en 1359 et pratiquement terminée en 1377. Cette enceinte est toutefois remplacée par des fortifications érigées par Vauban au XVIIe siècle. Située également non loin de la frontière française, Ath connaît une position stratégique mais également dangereuse. Prise par Turenne en 1667, elle est attribuée à Louis XIV l’année suivante et devient une véritable place forte. La ville revient aux Pays-Bas autrichiens en 1706 et est conquise une nouvelle fois par les Français en 1745 qui décident alors de démanteler la forteresse avant de quitter les lieux.

La tour de Burbant et son site castral exceptionnel constituent sans aucun doute le témoin le plus marquant de la volonté des comtes de Hainaut de faire d’Ath une des positions les plus avantageuses de leur comté. Le donjon est érigé par Baudouin IV en 1166 et doté d’une enceinte castrale de 20 ha vers 1185. Au XIIIe siècle, une seconde enceinte lui est adjointe et forme une basse-cour des plus imposantes. Le château est à l’époque le siège administratif de la châtellenie, institution dépendant du comté de Hainaut et qui assurait la gestion d’un important territoire. T

Tout comme la plupart des ouvrages défensifs ou castraux du Moyen Âge, le site d’Ath est plusieurs fois modifié au cours des siècles. Le donjon est réaménagé une première fois entre 1370 et 1406 : le parement de la tour est remplacé, l’encadrement de baies modifié, un pavillon surmonté d’une charpente aujourd’hui disparu est érigé au sommet de l’ensemble par Jacques du Broeucq en 1570. Malgré ces modifications, la tour de Burbant reste un témoin des plus fidèles de l’architecture castrale de l’époque et fascine de par ses dimensions : le donjon mesure 20 m de hauteur, 14 m de côté et ses murs sont épais de 4 m. Les parties les plus anciennes de la haute-cour remontent pour leur part au XVIe siècle et ont à nouveau été modifiées au XVIIe siècle. Les bâtiments composant le château s’appuient directement sur la muraille primitive.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant - SPW

Vestiges du château des comtes de Dalhem

Les ruines de la porte d’En-Haut à Dalhem. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Dalhem était la capitale du comté du même nom, possédait un château et des fortifications et était, au moins depuis le XIVe siècle, une franchise ayant le titre de ville. Le comté de Dalhem eut à l’origine des souverains particuliers et passa sous la domination des ducs de Brabant en 1243. Dès l’année suivante, le duc Henri II porta également le titre de comte de Dalhem et intégra le territoire dans les pays d’Outremeuse. La Cour féodale du comté avait son siège au château et fut de tous temps présidée par le comte en personne, entouré de ses vassaux. Le comté était composé de huit bans (Aubel, Dalhem, Cheratte, Fouron, Trembleur, Olne, Cadier et Oost), des deux seigneuries laïques de Neufchâteau et Mouland, de cinq terres ecclésiastiques (Richelle, Mortier, Berneau, Bombaye et Housse) et de deux enclaves, Feneur appartenant à la principauté de Liège et Fouron-Saint-Pierre, terre d’Empire. Le château était occupé par le drossard, lieutenant du duc de Brabant pour lequel il gardait la forteresse et gouvernait le comté. 

Les fortifications furent détruites par les troupes françaises lors des guerres menées par Louis XIV au moment où Dalhem, entre 1661 et 1785, avait été transférée dans les possessions des Provinces-Unies avant de retourner à la couronne autrichienne quelques années seulement avant la Révolution.

Les vestiges du château médiéval des comtes de Dalhem sont encore visibles aujourd’hui. Ils se composent d’un important massif quadrangulaire en moellons de grès, quelques bâtiments d’habitation et une cour intérieure. Non loin de là subsiste un vestige de la porte haute de la ville. Le château, l’église et la ville formaient une agglomération située sur un rocher et qui était entourée de murailles et de bastions.

Place du Centenaire
4608 Warsage

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Frédéric MARCHESANI, 2013