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Château de Roiseux

Le château de Roiseux défendait autrefois les confins de la principauté ; sa situation en bordure immédiate du Hoyoux faisait en effet de ce complexe castral une position stratégique des plus intéressantes. Situé aux portes du Condroz et non loin de l’Ardenne, il avait pour mission de barrer un des principaux accès de l’arrière-pays méridional de la Meuse et défendait la principauté vers le sud-ouest. Roiseux relevait en 1249 de Wauthier de Barse, dont la seigneurie avait été cédée en fief au prince-évêque de Liège en 1232. Joint par la suite à la seigneurie de Vierset, il échut ensuite à partir de 1496 à diverses familles. Il fut notamment la possession de Mathias de Fléron, conseiller du prince-évêque Jean-Louis d’Elderen. Déjà cité au XIVe siècle, le complexe actuel nous est parvenu pratiquement intact depuis les modifications des XVIIe et XIXe siècles.

Le complexe comprend une chapelle, une ferme castrale et le château en lui-même, forte construction élevée sur trois niveaux en moellons de grès condrusien et pierre calcaire. Une tour à l’est domine le bâtiment ; elle est flanquée d’un corps de logis quadrangulaire, lui-même adjoint d’une seconde tour de plan carré.

4577 Modave

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Ancien château de Huy et vestiges des fortifications

Ville d’importance de la principauté, Huy possède également un relief qui fait d’elle une position stratégique en surplomb de la Meuse. Le Mont Picard, promontoire rocheux dominant la vallée, est depuis longtemps une position fortifiée. La donation du comté de Huy à l’évêque de Liège Notger en 985 annonce l’âge d’or de la cité mosane. Durant toute la période médiévale, la ville devient lieu de villégiature et de protection des princes de Liège. Un imposant château est élevé dès le milieu du XIe siècle pour contrôler le passage de la Meuse et abriter le souverain liégeois lors de ses passages à Huy. Wazon (1042-1048) et Théoduin (1048-1075) érigent un solide donjon fortifié et augmenté de plusieurs bâtiments aux XIIe et XIIIe siècles. Détruit par les troupes bourguignonnes en 1467, le château est progressivement réhabilité à partir de 1472 et principalement restauré sous le règne d’Érard de la Marck (1505-1538). C’est dans cette résidence que le prince-évêque Georges d’Autriche reçoit Charles Quint en février 1553. 

Les vestiges d’une tour des remparts de Huy située derrière les habitations de la rue du Marché © IPW

Les guerres perpétuelles menées par Louis XIV sonneront le glas de la forteresse : le « traité de la Barrière » de 1715 impose son démantèlement. Le château disparaît totalement et laisse l’emplacement désespérément vide durant plus d’un siècle, avant la construction par les Hollandais du fort actuel.

Hormis ce château disparu, la ville se voit dotée de solides murailles, également sous les épiscopats de Wazon et Théoduin. D’autres murs sont élevés à la fin du XIIe siècle ; cette importante campagne de fortification de la ville s’achève vers 1220. Plusieurs témoins de cette enceinte subsistent sur la rive droite de la Meuse. Le tronçon le plus important de cette muraille est parallèle à la rue du Marché et des vestiges de murs et de tours se trouvent derrière le no 11 de la rue des Larrons. L’ensemble est dominé par une forte tour en partie masquée par des constructions récentes ; elle présente une grande ouverture cintrée sur presque toute sa hauteur. À droite de celle-ci, une seconde tour semi-circulaire est également conservée. 

L’actuelle rue des Remparts doit pour sa part son nom à la section de l’enceinte médiévale qui la borde. Les vestiges sont identiques à ceux de la rue des Larrons et de la rue du Marché : même hauteur et même maçonnerie. Elle est ponctuée de deux tours. Un autre tronçon est visible derrière les bâtiments de la rue des Crépalles et de nombreux autres endroits conservent des vestiges divers. Malgré le démantèlement de l’enceinte par les Français au XVIIe siècle et les destructions urbanistiques des XIXe et XXe siècles, Huy conserve toutefois d’imposants témoins de son système de défense qui sont autant de traces du passé principautaire de la cité.

Chaussée de Napoléon
4500 Huy

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Frédéric MARCHESANI, 2013

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Château de Fenffe

Le château de Fenffe, lui aussi situé en terres luxembourgeoises, est un ensemble composé d’une ferme en U servant d’avant-corps au château proprement dit, construit aux XVIe et XVIIe siècles. 

Appartenant sous l’Ancien Régime à des seigneurs locaux, il fut racheté en 1891 par Léopold II avant d’intégrer la donation royale. L’intérieur conserve notamment une taque de foyer aux armes du prince-abbé de Stavelot-Malmedy Jean-Ernest de Loewenstein.

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

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Théâtre du Trianon à Liège

Bâtiment aujourd’hui disparu, le « Théâtre Trianon Pathé » a été ouvert en 1908. À la fois salle de spectacle et de cinématographe, il prend son appellation définitive dans les années 1920 et il propose des divertissements variés : actualités, opéras bouffes, spectacles patriotiques, théâtre wallon, etc.

1926 à 1930 : trois Congrès

Le théâtre du Trianon a, par deux fois, accueilli un Congrès d’Action wallonne dans l’Entre-deux-Guerres.

Celui organisé les 10 et 11 juillet 1926 vit les congressistes affirmer leur volonté d’autonomie malgré une importante divergence de vue, déjà, entre les partisans du fédéralisme et ceux favorables à une réunion à la France. Dans sa motion finale, le Congrès envisageait une entente avec les fédéralistes flamands, dans le but de créer un mouvement pour le fédéralisme.

Le Congrès des 7 et 8 juillet 1928 rejeta définitivement cette idée d’accord avec les partisans flamands d’une solution fédérale. Alors que la Ligue d’Action wallonne s’essoufflait, le congrès opta à nouveau pour l’autonomie wallonne et ses positions seront celles de la Concentration wallonne, qui lui succédera. Le théâtre du Trianon accueillera aussi la séance matinale du premier Congrès de la Concentration wallonne, le 27 septembre 1930.

Bâtiment disparu du boulevard de la Sauvenière
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Théâtre de l’Eden

Réalisé par l’architecte Auguste Cador en 1884-1885, il s’agit du premier théâtre en matériaux durables de Charleroi. Le corps principal, élevé en brique et en calcaire, présente une façade de trois niveaux et cinq travées sous un fronton triangulaire. Ce volume est prolongé vers la rue de France par un bâtiment fort simple, structuré par des pilastres de brique.
Racheté par la province du Hainaut peu avant la Seconde Guerre mondiale, il passe sous la gestion de la Maison de la culture de Charleroi en 1992, devenu Centre culturel de Charleroi, qui procède à sa rénovation en 1996-1997 sous la direction des architectes Pierre et Pablo Lhoas.

1946, 1953, 1957 : trois fois l’hôte du Congrès national wallon

Après celui de Liège en 1945, le second Congrès national wallon se déroule au « théâtre provincial de Charleroi », les 11 et 12 mai 1946, alors que la ville s’est drapée aux couleurs wallonnes. La commission des griefs, constituée lors du précédent congrès, y présente son rapport et classe les griefs wallons en quatre catégories : griefs administratifs, culturels, économiques et agricoles. Constat est déjà fait que sous ces quatre angles, la Flandre est privilégiée par rapport à la Wallonie. La seconde grande question débattue à Charleroi concerne le fédéralisme. La motion votée à l’issue de ce Congrès se prononce clairement pour un fédéralisme à deux. Une commission, chargée d’y travailler à l’issue du Congrès, aboutira au dépôt (purement symbolique) d’un projet de loi au Parlement le 25 mars 1947, optant pour le confédéralisme : deux États (Wallonie et Flandre) et une région fédérale (Bruxelles). Après quelques années, l’Éden retrouve à nouveau le Congrès national wallon et accueille sa septième session, les 3 et 4 octobre 1953, trois ans après le précédent congrès. Plusieurs sujets sont débattus : les congressistes tracent un projet de frontière linguistique, se prononcent encore et toujours pour le fédéralisme après l’échec du projet parlementaire et appuient l’initiative du manifeste Schreurs-Couvreur.

Après une nouvelle pause de plusieurs années, le huitième Congrès national wallon se retrouve au même endroit, les 25 et 26 mai 1957. La participation est d’emblée bien moins encourageante : bon nombre de congressistes, déçus par l’action des six ministres wallons du gouvernement socialiste-libéral, décident de ne pas se rendre au Congrès. Les membres présents doivent faire face à une crise de confiance chez les militants wallons et, dans sa motion finale, le Congrès ne fait que réaffirmer la volonté d’autonomie de la Wallonie, prônée depuis 1945. La vie du Congrès national touche à sa fin et les militants ne peuvent que se rendre compte de l’importante baisse d’influence de cet organe sur la politique wallonne. Une neuvième et dernière session sera convoquée à Liège en 1959.

Boulevard Jacques Bertrand 3
6000 Charleroi

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW-Patrimoine

Ville haute de Limbourg

Limbourg fut dès l’origine la capitale du comté et du duché du même nom et a toujours été une petite ville fortifiée installée sur un promontoire rocheux dominant une courbe de la Vesdre. 

La ville naquit aux alentours de 1020 lorsque Frédéric de Luxembourg, membre de la maison d’Ardenne-Verdun et futur duc de Basse-Lotharingie, édifia la forteresse de Limbourg qui donna son nom à la nouvelle principauté territoriale, qui ne prit le titre de duché qu’au cours du XIIe siècle. 

La ville haute vécut des siècles durant au rythme de son duché, de ses appartenances successives et des nombreuses guerres européennes dont il fut le centre. 

La forteresse fut ainsi ruinée par onze sièges et huit incendies dont un siège de deux mois mené en 1101 par l’empereur d’Allemagne Henri IV ou encore celui mené par les Liégeois en guerre contre le duc de Bourgogne en 1465. 

Les malheurs se poursuivirent jusqu’en 1703 lorsque, près d’un quart de siècle après la prise de la ville par Louis XIV, les troupes du commandant Marlborough bombardèrent la ville. Limbourg se releva petit à petit de ses ruines sous le gouvernement autrichien qui mit définitivement fin au rôle de position défensive et stratégique de la ville.

Reconnue dans son entièreté patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis 1993, la ville haute de Limbourg est un musée à ciel ouvert, une plongée dans un passé glorieux qui fait de cette tranquille bourgade de la vallée de la Vesdre une des plus importantes places fortes médiévales de Wallonie et le siège d’une capitale d’un État disparu. Nombreuses sont les traces qui encore aujourd’hui attestent de ce passé.

4830 Limbourg

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Classé comme patrimoine exceptionnel de Wallonie en 1993

Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Ville haute de Charleroi

Vue aérienne de la ville de Charleroi. Au centre, la place Charles II et ses rues en étoile rappellent le tracé des rues de l’ancienne place forte. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Le cas de la ville haute de Charleroi est bien différent de celui de ces cités centenaires et millénaires qui existent en Wallonie depuis l’Antiquité et le Moyen Âge. 

Charleroi est véritablement le fruit de la volonté du roi d’Espagne de protéger ses frontières et peut être dans son entièreté considérée comme une trace de l’ancien comté de Namur. 

Le Traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659 mettait fin à une longue guerre entre Français et Espagnols. Le roi Philippe IV d’Espagne s’efforça, après la fin de ce conflit, de renforcer à nouveau les frontières des Pays-Bas espagnols, sévèrement meurtries. Il décida de la création d’une forteresse nouvelle face à la France, près du village de Charnoy. 

Située sur la rive gauche de la Sambre, complétée par deux vallons latéraux et créant un éperon barré propice à une fonction défensive, la place forte sort de terre en 1666. La ville nouvelle est baptisée Charleroi en l’honneur du nouveau roi d’Espagne Charles II. 

La place forte, à vocation militaire uniquement, épouse la forme d’un hexagone embastionné autour de fossés à escarpes et contrescarpes et zones inondables. Un an plus tard, la forteresse fut déjà abandonnée par les Espagnols après un démantèlement partiel ; les Français prendront le relais et décidèrent dès 1668 de la reconstruire. 

Supervisés par les ingénieurs Choisy et Vauban, les travaux offrirent à Charleroi un plan radioconcentrique défini par l’actuelle place Charles II dont les rues adjacentes témoignent encore de la physionomie défensive du XVIIe siècle. 

Les Français fondèrent également une ville, entamèrent une œuvre d’urbanisation et installèrent progressivement une population civile. Le sort de Charleroi ne cessa d’évoluer dans les décennies suivantes : entre 1678 et 1748, la forteresse releva des Français, fut reprise par les Espagnols et intégra les Pays-Bas autrichiens. Elle fut une dernière fois modifiée en 1816 par les Hollandais avant d’être abandonnée progressivement après l’indépendance de la Belgique. Désarmée par étapes, elle fut démantelée à partir de 1867.

L’ancienne maison du bailli à Charleroi © IPW

 

La pierre de fondation fleurdelisée à l’entrée de l’église Saint-Christophe de Charleroi © IPW.

De son riche passé de place défensive, Charleroi n’a malheureusement gardé que très peu de traces visibles. La Révolution industrielle et l’urbanisation effrénée ont résolument transformé le visage de la ville. La place Charles II correspond à l’ancienne place d’armes de la forteresse dont elle a gardé la forme hexagonale. 

L’église Saint-Christophe, située sur cette place, est l’héritière d’une chapelle construite en 1667 par les Français. Une pierre de fondation de cette chapelle disparue, millésimée 1667 et frappée de trois lys de France est toujours conservée dans le porche d’entrée de l’église actuelle. Les bâtiments d’importance de la place d’armes telle la caserne de cavalerie ou la maison du gouverneur, ont tous disparu. La maison du bailli, aujourd’hui occupée par l’Espace Wallonie, se trouve toujours rue Turenne, à proximité de l’hôtel de ville. 

Datée de 1780, la bâtisse construite en briques enduites et pierre calcaire a fait l’objet d’une belle restauration. La porte est surmontée du millésime, d’une couronne et de guirlandes taillées dans le calcaire. Classé en 1989, cet édifice est un témoin privilégié de l’architecture civile de l’époque ; elle abritait le bailli, représentant de justice dans la ville haute.

 

La borne du génie située au coin de la rue Turenne et de la rue du Beffroi à Charleroi © IPW

 

 

Non loin de là, au coin de la rue Turenne et de la rue du Beffroi, une borne marquée du nombre 80 et de la lettre G fait référence au génie, organisme qui décidait de l’alignement des habitations dans la forteresse. 

La chapelle Sainte-Anne, située rue de la chapelle, a pour sa part été bâtie en 1819. 

Récemment restaurée, elle a été élevée en pierre calcaire et briques enduites et conserve toujours deux pierres de commémoration antérieures à son édification rappelant le nom des donateurs à l’origine de la construction de l’édifice primitif en 1682, les gouverneurs de la place forte de Charleroi, Juan de la Paz Tementio et Don Juan Antonio Sarmiento y Camudio.

La pierre de commémoration du gouverneur Juan de la Paz Tementio sur la façade de la chapelle Sainte-Anne à Charleroi © IPW


Quelques vestiges des fortifications existent encore mais sont invisibles depuis la chaussée. 

Dans les caves du café « le Corto », situé rue de Montigny, sont conservées des casemates ainsi qu’un tronçon de souterrain qui semblent dater de la forteresse française. Rue de Dampremy, les caves de l’immeuble situé au no 61 abritent encore une voûte de soutènement qui appartiendrait au chemin couvert de la forteresse française. À gauche du bâtiment se trouve une casemate et, dans le jardin situé dans l’îlot, un long mur en pierre témoigne vraisemblablement des fortifications espagnoles ou françaises.

Place Charles II

6000 Charleroi

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Collection privée

Siège des États du Tournaisis

En 1734, une élégante bâtisse est construite dans l’aile nord-ouest de l’évêché, situé à quelques pas de la cathédrale, dans le but d’y installer le siège des États du Tournaisis. De l’édifice lourdement endommagé au cours de la Seconde Guerre mondiale ne subsiste que la façade à rue, construite en briques et pierre sur quatorze travées de deux niveaux. La travée centrale est encadrée de pilastres et présente une large porte sous un arc en plein cintre. La composition est richement décorée : feuillages, coquille, cornes d’abondance, fleurs.

Ce palais prolonge le palais épiscopal, non loin de la cathédrale et témoigne encore de nos jours de l’importance de l’évêque de Tournai qui, sous l’Ancien Régime, était président en titre des États. Détachés progressivement des États du comté de Flandre, les États de Tournai-Tournaisis évoluent progressivement tout au long du XVIe siècle. Leurs délibérations sont enregistrées officiellement pour la première fois en 1556 et des députés de Tournai seront nommés pour représenter le baillage aux États généraux à partir de 1560. Un sceau leur est accordé en 1577. Leur compétence, fiscale au départ (voter les impôts), devint ensuite financière, politique (inaugurer le souverain par exemple), sociale et économique.

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW - J.-L. Carpentier

Parlement wallon (ancien hospice Saint-Gilles)

Situé au pied de la citadelle de Namur, l’hospice Saint-Gilles, attesté dès le XIIIe siècle, est entièrement reconstruit entre 1667 et 1724. Composé de trois ailes selon un plan en U ouvert sur la Meuse, le bâtiment est typique des constructions mosanes du XVIIe siècle : façade composée de brique pour les murs et de pierre calcaire pour le soubassement, encadrement de fenêtres, chaînages d’angle et cordons. Face à la citadelle se dresse un portail baroque en calcaire.

Après son abandon dans les années 1960, l’hospice devient propriété de la Région wallonne en 1985. Celle-ci entame des travaux de rénovation dans les années 1990 sur les plans de l’architecte André Dupont. Le bâtiment est consolidé et les murs extérieurs enduits de couleur rouge qui restitue la coloration des briques dont la disposition est rappelée par des joints. L’aménagement intérieur respecte les structures existantes, comme la salle des séances publiques, en U étroit, rappelant la Chambre des Communes anglaise. Une audacieuse verrière extérieure est ajoutée ultérieurement pour faciliter les circulations internes.

Le siège du Parlement wallon

L’installation de l’assemblée parlementaire wallonne au Saint-Gilles avait été envisagée à l’automne 1975 par le premier Conseil régional avant que celui-ci ne retienne l’idée d’une implantation neuve sur le site (voisin) du Grognon. Lorsqu’en 1985, la Région avait acquis l’ancien hospice, inoccupé depuis vingt ans, c’était initialement dans le but d’y reloger le cabinet du Ministre-Président, la Maison jamboise ne devant abriter dans la conception de ce dernier que les réunions de l’Exécutif. La réorientation de l’affectation se passa en deux temps : d’abord suite à l’implantation du cabinet du Ministre-Président dans la Maison jamboise, qui rendait les surfaces du Saint-Gilles excessives pour les seules réunions de l’Exécutif si bien qu’il fut décidé dès 1992 d’y loger plutôt des services du Parlement.

Ensuite, lors du rejet par la Ville de Namur, suite à un référendum populaire, du projet de construction d’un bâtiment neuf pour la salle des séances du Parlement sur le Grognon : le président de l’assemblée, Guy Spitaels, proposa à celle-ci, le 26 juin 1996, d’installer sa salle des séances et ses locaux principaux dans le Saint-Gilles alors déjà en cours de rénovation, ainsi que son lointain prédécesseur Franz Janssens l’avait imaginé onze ans plus tôt.

La première séance du Parlement dans ses nouveaux locaux eut lieu à la rentrée parlementaire du 21 octobre 1998. Aujourd’hui, le Saint-Gilles est devenu un symbole fort du pouvoir régional, au même titre que l’Élysette qui lui fait face de l’autre côté de la Meuse.

"Détaché en 1995 à la présidence de mon parti pour y remplir les fonctions de chef de cabinet, je n’ai pas vécu l’aménagement dans le bâtiment du Saint-Gilles. J’y ai directement siégé comme parlementaire et président. S’ il est vrai que l’ensemble a été superbement rénové et se situe au confluent symbolique de la Meuse et de la Sambre, j’ai cependant été amené à déclarer qu’ il me paraissait encore trop peu fonctionnel pour répondre aux exigences d’une Assemblée moderne qui doit gérer le destin de la Wallonie. Aujourd’hui, j’espère que les années à venir verront la transformation de ce bâtiment, en harmonie avec le site que les Namurois nomment « le Grognon ». Il y va pour Namur, de sa dimension de capitale wallonne et pour la Wallonie, de la traduction architecturale de sa modernité et de son nouvel élan".  Témoignage de Richard Miller, in L’Aventure régionale, p. 296. 

Rue Notre-Dame 1
5000 Namur

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Classé comme monument le 15 janvier 1936

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW - Guy Focant 

Passage Lemmonier à Liège

Ouvert au public le 25 janvier 1839, le passage Lemmonier, du nom de son architecte, est le premier grand passage couvert de Belgique. Avec ses 160 mètres de long, 4 mètres de large et ses 48 boutiques, il dépasse largement la galerie bruxelloise de la Monnaie, seule galerie marchande du pays à l’époque.

Son tracé comporte deux tronçons au milieu desquels se trouve une rotonde. Si le passage compte trois étages, seul le premier est visible depuis la galerie. Celle-ci est recouverte d’une verrière. Toutes les boutiques présentent les mêmes dimensions. 

À l’origine assez sobre, le passage Lemmonier subit de nombreux changements à partir des années 1930, à l’initiative de l’architecte Henri Snyers. Le soubassement des vitrines est orné de marbre, et la coupole, originellement en verre, est reconstruite en béton armé et recouverte de carreaux de mosaïque bleue, ses arcades soutenues par des ferronneries stylisées.

Le passage Lemmonier est donc le résultat d’aménagements divers tout en conservant une grande cohérence architecturale qui fait toujours de cet endroit un lieu prisé du commerce liégeois et un témoin privilégié du développement d’un mode architectural typique du XIXe siècle, alliant commerce et habitat.

Il ne subsiste de la construction d’origine que les façades externes de style néoclassique tournées vers la rue de l’Université et la rue Lulay des Fèbvres.

1892 : le troisième Congrès wallon

Présidé par Édouard Termonia, le troisième Congrès wallon se réunit le 20 novembre 1892 à Liège dans la salle des mariages de l’hôtel de ville pour sa séance matinale. Mais pour la séance de l’après-midi, les congressistes se rendent au casino du passage Lemmonier, aujourd’hui disparu. Le Congrès est essentiellement culturel. Le Mouvement wallon, à peine structuré dans ses premières années, se soucie alors plus de questions culturelles, historiques et linguistiques que de questions politiques. Certes, une discussion sur les dangers du flamingantisme est déjà entamée au passage Lemonnier, mais elle conclut encore que les flamingants, peu nombreux, ne menacent en rien l’unité nationale.

Passage Lemonnier 
(entre la rue de l'Université et Vinâve d'Ile)
4000 Liège

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Classé comme monument le 15 décembre 1988

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009