Paul Delforge

Statue Grégoire-Joseph CHAPUIS

Statue à la mémoire de Grégoire-Joseph Chapuis, réalisée par Joseph-Antoine Van den Kerkhove, 10 octobre 1880.

Lors de la seconde restauration du prince-évêque de Liège François-Antoine de Méan (printemps 1793), le médecin Grégoire-Joseph Chapuis (1761-1794) ne se méfie pas des risques de rétorsion qui pèsent sur tous ceux qui ont pris une part active aux événements révolutionnaires depuis 1789. Maître-accoucheur diplômé (1785), premier chirurgien à pratiquer une césarienne en région verviétoise, cofondateur d’une association appelée la Chambre des Zélés, Chapuis porte une réelle attention aux plus défavorisés et se fait un propagandiste actif des idées nouvelles. Propagandiste des Droits de l’Homme, Grégoire Chapuis n’accepte de participer à l’administration de sa cité que sous le régime de liberté instauré par Dumouriez. Officier municipal en charge de l’État civil, il se fait un devoir de célébrer les mariages civils, symbole de la sécularisation de toute la vie sociale. Confiant dans la promesse d’amnistie annoncée par le prince-évêque, Chapuis est arrêté en avril 1793, emprisonné à Liège et, le 30 décembre, condamné à mort. Le 2 janvier 1794, il est décapité sur la place du Sablon, à Verviers.

En dépit de la portée de l’événement et d’un hommage rendu dès l’arrivée définitive des révolutionnaires français (à partir de 1795), l’exécution capitale de Chapuis paraît s’évanouir dans l’oubli du temps quand son souvenir est ranimé par une série de publications (biographies et pièce de théâtre), à partir des années 1870. En quête de références marquantes, les milieux libéraux locaux voient en lui un « Saint-Just verviétois », Un Docteur martyr, ainsi que l’écrit Thil Lorrain. Composé d’industriels et d’intellectuels locaux (Ernest Gillon, Pierre Grosfils, Thil Lorrain, Henri Pirenne père), un Comité spécial formé par le Comité des Soirées populaires se met en place pour organiser un concours littéraire et surtout plusieurs manifestations et souscriptions pour réunir les fonds nécessaires à l’élévation d’un monument. L’idée avait déjà été évoquée en 1837, mais le conseil communal ne l’avait pas retenue.

En septembre 1875, les autorités de Verviers renomment la place des Récollets et en font la place du Martyr, manifestant ainsi un soutien explicite à l’initiative privée. Le sculpteur qui est choisi est le bruxellois Joseph-Antoine Van den Kerkhove (1848- ?), dit Nelson. Fils d’Augustin Van den Kerkhove dit Saïbas, (Joseph)-Antoine est né dans une famille de sculpteurs anversoise venue s’établir à Bruxelles. Travaillant le bronze ainsi bien que le marbre ou la pierre, il travaille sur plusieurs chantiers de décoration d’édifices publics et réalise, d’initiative, de petits objets de décoration et de fantaisie.

Le 7 août 1880, la première pierre du socle est officiellement posée et, le 10 octobre, le monument érigé en mémoire de Chapuis est officiellement inauguré par le bourgmestre libéral Ortmans-Hauzeur. Le chantier n’a pas traîné car la manifestation – prestigieuse – devait correspondre à la date du 50e anniversaire de l’indépendance de la Belgique. 

Le monument comprend un socle de 4 mètres de haut en pierre bleue d’Écaussines et la statue en bronze fait la même taille. Présenté debout, la tête levée vers l’avenir, le personnage se tient droit, les jambes légèrement écartées, laissant apparaître la lame qui eut raison de lui. En l’absence de toute représentation du visage de Chapuis, ses traits sont  empruntés à Armand Wéber (dont chacun admettait la ressemblance). Sur les parois du socle, plusieurs inscriptions dévoilent surtout les motivations et les valeurs (libérales, voire anticléricales) que défendent ceux qui l’honorent. Grégoire-Joseph Chapuis est présenté comme :

« Éducateur et bienfaiteur du Peuple »
« Mort pour l’Indépendance du pouvoir civil
12 avril 1761 – 2 janvier 1794 ».

« G.J. Chapuis, ses concitoyens, 1880 »

En pleine querelle scolaire, les libéraux verviétois détiennent un héroïque prédécesseur, dévoué à l’éducation populaire. Entre libéraux, catholiques et bientôt socialistes, la mémoire de Chapuis ne va pas cesser de susciter des réappropriations symboliques. Sans entrer dans les péripéties du sujet, citons simplement le fait qu’en 1984 la section de Wallonie libre – Verviers a choisi le monument Chapuis pour célébrer ses 40 ans d’existence, et rappeler qu’elle partageait « le même goût de la liberté » que le martyr.

Sources:

Statue Grégoire-Joseph Chapuis

Freddy JORIS, Mourir sur l’échafaud, Liège, Cefal, 2005, p. 18
Philippe RAXHON, La Figure de Chapuis, martyr de la révolution liégeoise dans l’historiographie belge, dans Elizabeth LIRIS, Jean-Maurice BIZIÈRE (dir.), La Révolution et la mort : actes du colloque international, Toulouse, 1991, p. 209-222
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 571-573


 


 

Place du Martyr
4800 verviers

carte

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Statue Jean CHAPEAVILLE

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. 

Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». 

Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Chapeaville est parmi celles-ci.

Située entre Lambert Lombard et François Borset, la statue de Jean Chapeaville est l’une des 42 personnalités retenues. De facture sérieuse, elle a été réalisée avec un souci d'art et de différenciation ; le visage présente des similitudes avec le peu de documents que l’on a conservés. Sur la façade du marteau de droite du palais provincial, dans la partie supérieure des colonnes d’angle, Jean Chapeaville (1551-1617) a été représenté, livres en mains, par le sculpteur Mathieu de Tombay qui signe cinq des 121 figures liégeoises. 

Chanoine de la cathédrale Saint-Lambert depuis 1587, Jean Chapeaville était une personnalité proche des princes-évêques Ernest puis Ferdinand de Bavière, dont il a été le vicaire général. Premier directeur du Grand Séminaire de Liège créé en 1592, il est aussi considéré comme le fondateur de l’historiographie moderne liégeoise.

okQuant au sculpteur Mathieu de Tombay qui signe cette statue, il est le frère d’Alphonse qui est le plus connu de cette famille liégeoise de sculpteurs, et qui travaille aussi sur le chantier du palais provincial. Ce Mathieu de Tombay est souvent confondu avec son grand-père, son parfait homonyme, voire totalement ignoré.
 

Source:
 

Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 100
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 350
La Meuse, 2 octobre 1880

 

façade du Palais provincial, face à la place Notger - 4000 Liège

carte

Statue de Jean Chapeaville, réalisée par Mathieu de Tombay, c. 15 octobre 1880.

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Monument Edmond CHABOT

Le 26 juin 1963, la 13e Compagnie du 1er para doit participer à un exercice de saut dans la région de Paderborn. Malgré une météo défavorable, quatre avions C-119 décollent de Melsbroek, mais il s’avère rapidement, à hauteur de Dortmund, que l’exercice de saut doit être supprimé. Ordre est alors donné à l’avion d’atterrir sur la base de Gütersloh où sont casernées les forces britanniques. 

Au sol se déroulent alors, à hauteur de la zone d’entraînement de Sennelager, des exercices de tirs de mortiers. Au moment où les quatre avions survolent cette zone, un mortier vient malencontreusement frapper l’aile droite du CP45, juste à hauteur du réservoir. L’incendie prive immédiatement plusieurs hommes de leur parachute tout en semant la panique à bord. Se rendant immédiatement compte de la situation, le premier sergent-major Edmond Chabot ouvre la porte du côté opposé à l’incendie et parvient à faire sortir neuf parachutistes. 

L’incendie a cependant l’ascendant sur les manœuvres désespérées des jeunes parachutistes et des membres de l’équipage ; l’avion s’écrase à Detmold, à quatre kilomètres de Sennelager. Les « parachutés » ne peuvent que constater la mort de leurs camarades, 33 jeunes recrues et leur moniteur, ainsi que 5 membres de l’équipage, tout en louant l’héroïsme et le sacrifice du sergent-major Chabot.

Originaire de Fosses-la-Ville où il était né en 1921, Edmond Chabot n’avait pas 20 ans quand éclata la Seconde Guerre mondiale. Ne supportant pas la vie sous occupation allemande, il tente de rejoindre l’Angleterre via les Pyrénées. Parti en vélo (mars 1941), il est arrêté en France et interné dans différents camps près de Toulouse. Il réussit pourtant à passer les Pyrénées, mais il est arrêté par les Espagnols et enfermé à Miranda pendant quelques mois. 

Monument Edmond Chabot

Réussissant à s’évader, il parvient à gagner l’Angleterre en 1942 et il s’engage au sein de la Brigade Piron. Il figure parmi les forces de libération en septembre 1944, participe à la Campagne de Hollande. En 1946, il s’engage chez les parachutistes où il devient instructeur. 

Au moment de la crise congolaise (1960), Chabot est envoyé en mission en Afrique. C’est donc ce militaire chevronné qui sauva la vie de neuf de ses camarades en donnant la sienne.

Dans les jours et les semaines qui suivront la catastrophe, nombreux seront les journaux et les magazines qui, à partir du témoignage des survivants, mettront en évidence l’abnégation de Chabot, l’homme qui était le plus près de la 

porte de sortie de l’avion. 

Chaque année, une cérémonie rend hommage à une partie des victimes reposant sur la pelouse d’honneur du Centre d’entraînement de parachutage à Schaffen. 

Dès juillet 1963, les autorités de Fosses-la-ville avait fait rapatrier le corps de Chabot dans la localité et elles font ériger un monument devant lequel, chaque année, un hommage officiel est rendu. 

Dans l’enseignement communal, un concours de rédaction porte aussi le nom d’Edmond Chabot.
 

Le monument est composé de trois blocs carrés de pierre bleue superposés. Dans la partie supérieure sont gravés les mots :
« Il sacrifia sa vie pour sauver ses hommes »

Dans la partie médiane est incrustée une plaquette où sont gravées une médaille et les mots : « Hommage des croix de guerre de Namur/ Le 9-4-1994/E. Chabot ». 

Vient ensuite un hommage de « l’Amicale Nationale Para-Commando Vriendenkring », régionale de Namur.

Dans la partie inférieure, figure enfin la mention :
« 1e SERGENT-MAJOR EDMOND
CHABOT A DETMOLD/26-6-1963 ».
 

 

http://archive.today/TwJKj
http://marcparacdo.e-monsite.com/pages/menu/detmold-26-juin-1963.html (s.v. avril 2014)

Au croisement des rues Sainte-Brigide et des Tanneries – 5070 Fosses-la-Ville

carte

Sculpteur et architecte inconnus, 1963.

Paul Delforge

SPW-Patrimoine-Guy Focant 

Monument Arille CARLIER

Situé sur un square spécialement aménagé dans l’avenue du Centaine, à Dampremy, un monument rend hommage à l’activité wallonne d’Arille Carlier (1887-1963). Avocat, stagiaire chez Jules Destrée, il s’est distingué dans la dialectologie et a été l’un des fers de lance du Mouvement wallon de 1912 à 1962. 

Inscrivant son action dans le sillage de la pensée politique wallonne de Destrée, Carlier est à l’origine de multiples actions et associations wallonnes développées dans le pays de Charleroi et il participe activement, pendant cinquante ans, à la plupart des grandes initiatives wallonnes. 

Favorable à l’autodétermination de la Wallonie, il s’est fait le théoricien du mouvement national et de l’autonomie des États. 
Co-fondateur de la Société historique pour la Défense et l’Illustration de la Wallonie (1938) et de l’Institut Jules Destrée (1961), il avait reçu de Jules Destrée l’autorisation de rééditer la Lettre au roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre.

Soutenu par la commune de Dampremy et par l’Institut Jules Destrée, le mouvement Wallonie libre ouvre un fonds de souscription en 1968 pour rendre hommage à son activité en faveur de la Wallonie. Le Comité du Monument Arille Carlier qui se met en place (Isabelle Carlier, sa fille, Willy Bal, Maurice Bologne, Jacques Carlier, Jean Coyette, Alphonse Darville, Jacques Hoyaux, Émile Lempereur, l’échevin Maurice Magis et le bourgmestre de Dampremy Willy Seron) s’assure la collaboration amicale du sculpteur Alphonse Darville (1910-1990), qui s’était déjà signalé, notamment, par l’érection de la statue de Jules Destrée au boulevard Audent. 

Natif de Mont-sur-Marchienne, formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, Prix Godecharle 1931 et Premier Grand Prix de Rome 1935, attaché à la promotion de la création artistique en Wallonie, Darville est l’un des fondateurs de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi, qu’il dirige de 1946 à 1972.

Inauguré le 5 octobre 1969, le monument Carlier se présente sous la forme d’une pierre de six tonnes dont la forme évoque un menhir. Il est rehaussé d’un médaillon à l’effigie d’Arille Carlier dû à Alphonse Darville. Il mentionne simplement : « Arille Carlier Militant wallon 1887-1963 ».

Le square a été spécialement aménagé pour offrir un espace de dégagement. C’est là que, chaque année, depuis 1969, à l’occasion des Fêtes de Wallonie, se retrouvent des sympathisants wallons pour un dépôt de fleurs et des discours, généralement à l’initiative de Wallonie libre, de l’Institut Destrée et de l’Association wallonne des anciens Combattants.
 

 

- Paul DELFORGE, Arille Carlier, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 230-232
- Marie-Paule BOUVY, Monument Carlier, Idem, t. II, 2001, p. 1115-1116
- Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300

Avenue du Centenaire 
6020 Dampremy (Charleroi)

carte

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Mémorial Arthur CANTILLON

Situé dans le parc du Waux-Hall à Mons, le mémorial Arthur Cantillon (1893-1933) rend hommage surtout à l’écrivain. Promis à la succession de l’entreprise paternelle (une prospère fabrique de chaussures), le jeune Cantillon s’est en effet découvert un goût pour les lettres et pour la politique lors de ses études à la section préparatoire de l’Institut Warocqué. Contraint de reprendre la direction de l’usine en 1910, Arthur Cantillon va partager son temps entre les chiffres de l’entreprise et sa passion pour les lettres : théâtre, poésie, roman. Il est aussi à l’origine de plusieurs revues, qu’il dirige souvent, comme Flamberge. Prix du Hainaut de littérature en 1925, celui qui est devenu le bourgmestre libéral de Pommerœul (1927) ne parvient pas à éviter la faillite de sa société (1926) et achève sa carrière comme rédacteur artistique et littéraire de L’indépendance belge (1928-1933).

Autour de responsables de la revue Le Thryse, des amis du poète décident d’ériger un mémorial pour inscrire la mémoire de l’artiste dans l’espace public wallon pour l’éternité. En trois ans, le « Comité de la Commémoration du poète wallon Arthur Cantillon » parvient à réunir les fonds nécessaires, grâce à la générosité de souscripteurs privés comme officiels (gouvernement, ville de Mons, commune de Pommerœul). Il confie la réalisation du mémorial au sculpteur montois Gustave Jacobs (1891-1986) à qui l’on lui doit de nombreux bas-reliefs et monuments dans la cité du Doudou, que ce soit à l’hôtel de ville, au gouvernement provincial, ou dans les rues de la ville. Ami d’Anto Carte qui lui avait dressé le portrait, Jacobs a donné son nom à un jardin de Mons, au bas de la rue d’Havré. 

En dehors de Mons, le sculpteur – influencé par l’Art déco – signe plusieurs monuments (parfois aux morts de la Grande Guerre) dans l’espace public wallon, essentiellement le Hainaut ou le Namurois (Quaregnon, Wasmes, Gembloux…), et aussi à Bruxelles. Avec le portrait figurant sur la stèle du Waux-Hall, Jacobs qui avait alors déjà obtenu le Prix du Hainaut est parvenu à rendre la bonhomie et la chaleur que dégageait Arthur Cantillon.
L’inauguration du mémorial a lieu le 19 juillet 1936 dans le parc du Waux-Hall de Mons. Tout en célébrant un poète trop tôt disparu (40 ans) et qui se voua à la défense des lettres françaises, elle est l’occasion pour le Comité de céder le monument à la ville de Mons. En plus des nombreux discours officiels, un petit groupe se rend au cimetière de Pommerœul où la réplique du médaillon réalisé par Jacobs est apposée sur la tombe de Cantillon. En 1958, pour le 25e anniversaire de la mort du poète, les autorités communales projettent de réaliser un monument à Pommerœul, mais seule la biographie rédigée par Raymond Renard marqua durablement cet anniversaire.

Inauguration du mémorial Arthur Cantillon, dans Le Thyrse, 19 juillet 1936, p. 1-13
Le Thyrse, 1er septembre 1936, n°9, p. 267-276
Paul DELFORGE, Arthur Cantillon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 227
Raymond RENARD, Arthur Cantillon, Mons, éd. Fonds Raoul Warocqué, 1958, en particulier p. 60-61

parc du Waux-Hall
7000 Mons

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue Robert CAMPIN

Au tournant des années 1970 et 1980, les autorités tournaisiennes procèdent à la rénovation de leur Conservatoire. Alors que le chantier se termine, six statuettes en bronze sont posées sur le toit-terrasse de la salle des Concerts du Conservatoire qui fait face au carrefour du beffroi. Elles sont visibles depuis la rue de la Wallonie, à l’entrée de la rue du Parc. Œuvres de Gigi Warny, elles portent le nom de six Tournaisiens ayant acquis une forte notoriété dans différentes activités : Pierre de la Rue pour la musique, Lefebvre Caters pour l’orfèvrerie, Michel Le Maire pour la dinanderie, Pasquier Grenier pour la tapisserie, François Joseph Peterinck pour la porcelaine et Robert Campin pour la peinture.
 

Statue d’hommage à Robert Campin

Originaire de Valenciennes où il est né entre 1375 et 1378, Campin est à la fois décorateur, peintre et dessinateur de patron de tapisserie. Comme l’a notamment montré Jules Destrée, en dépit de l’absence de signature à son nom, il est bien l’artiste des tableaux que l’on attribue au « maître de Flémalle ». Artiste de l’ancien « comté de Hainaut », il a fait une part de sa formation à Dijon avant d’ouvrir son atelier à Tournai (1418-1432). Là s’est notamment formé Rogier de le Pasture. En 1423, Campin préside la corporation de peintres de Tournai et prend certaines responsabilités publiques dans la cité.

Il n’est par conséquent pas étonnant que Robert Campin soit considéré comme l’une des six personnalités les plus importantes de l’histoire culturelle et artistique de Tournai. Car tel est bien le sens à donner aux six statuettes réalisées par Geneviève Warny. Née à Bruges en 1958, cette artiste autodidacte qui offrait les petites statues qu’elle créait à ses amis s’est laissée convaincre par l’architecte André Wilbaux de réaliser « six attitudes grandeur nature » pour le fronton de l’ancien Conservatoire de Tournai. 

Plutôt que de procéder à une reconstitution des portraits, l’artiste va donner à chaque statue tournaisienne une attitude qui évoque le métier illustré, ici en l’occurrence la porcelaine. Relevant le défi de ce projet, en travaillant le bronze pour la première fois, Gigi Warny délaisse la psychologie qu’elle avait étudiée à l’Université catholique de Louvain (1983) pour faire de la sculpture son activité principale. Installant son atelier à Louvain-la-Neuve, elle réalise des œuvres variées pour la cité universitaire (fontaine Léon et Valérie en 1984 sur la place de l’Université, La main en diplôme en 1995 près des Halles, Rêverie d’eau en 2001 à la piscine du Blocry), mais aussi ailleurs. Améliorant et modifiant progressivement ses techniques, elle expose essentiellement en Belgique avant de traverser l’Atlantique et d’être connue aussi au Québec.


Outre la plaque qui mentionne clairement son nom « Robert Campin 1427 », la « silhouette » réalisée par Gigi Warny montre l’artiste assis, avec une jambe repliée sur laquelle il tient sa palette et un pinceau.


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.gigiwarny.be/Gallerie.html (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 777
A. SIRET, dans Biographie nationale, 1872, t. 3, col. 284-285
Marnix BEYEN, Jules Destrée, Roger de la Pasture et « les Maîtres de Flémalle ». Une histoire de science, de beauté et de revendications nationales, dans Philippe DESTATTE, Catherine LANNEAU et Fabrice MEURANT-PAILHE (dir.), Jules Destrée. La Lettre au roi, et au-delà. 1912-2012, Acte du colloque des 24 et 25 avril 2012, Liège/Namur, Musée de la Vie wallonne/Institut Destrée, 2013

rue du Parc
7500 Tournai

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Isabelle BRUNELLE

Les personnalités féminines statufiées dans l’espace public de Wallonie sont relativement rares (un monument sur vingt en moyenne). Elles sont encore plus rares au XIXe siècle. Christine de Lalaing a été la toute première à être honorée d’une statue imposante, c’était à Tournai en 1863. Avec la statue réalisée par Guillaume Geefs en l’honneur d’Isabelle Brunelle et inaugurée en 1872, on reste dans le domaine de l’exceptionnel d’autant qu’après le monument Léopold Ier inauguré en 1869, il s’agit du deuxième consacré à une personnalité qui prend place dans l’espace public namurois. En cette deuxième moitié du XIXe siècle, les autorités municipales continuent d’être encouragées par le gouvernement belge à contribuer au renforcement de l’identité belge par l’implantation de statues de personnalités héroïques dans les parcs et sur les places. À Namur, le phénomène commence à se développer au moment où l’enceinte de la ville est démantelée, où les portes et les tours sont détruites, tandis qu’un plan d’aménagement et d’embellissement de Namur trace les grandes orientations du futur. À l’entame de ces importants chantiers, l’Hospice d’Harscamps est aux premières loges : un échange de terrains est conclu entre les autorités municipales et la direction de l’Hospice qui, toujours en accord avec la ville, projette d’adjoindre un parc à ses bâtiments (1868-1869). À l’initiative de la Commission des Hospices civils de Namur, il est par ailleurs décidé qu’au centre du parc viendra prendre place un monument dédié à madame d’Harscamps et dont l’exécution sera confiée à Guillaume Geefs, sculpteur qui est en train d’achever la statue de Léopold Ier.
 

Monument Isabelle Brunelle, comtesse d’Harscamps

Formé à l’Académie d’Anvers, le jeune Geefs (1805-1883) avait été très rapidement repéré par ses professeurs ; une bourse lui a permis de parfaire sa formation à Paris et, à son retour, il était nommé professeur de sculpture à l’Académie d’Anvers (1833-1840). Membre de la classe des Lettres de l’Académie dès 1845, il la préside de 1858 à 1883. Il était membre de l’Institut de France. Présent dans différents salons, il s’impose avec le modèle de la statue du Général Belliard et le monument funéraire du comte Frédéric de Mérode. Le jeune royaume de Belgique venait de trouver l’un de ses sculpteurs capables de figer dans la pierre (ou le bronze) les personnes et les événements les plus illustres du pays. Répondant aux multiples commandes destinées à orner les églises, les places, les édifices, les cimetières ou les salons de toute la Belgique, il livre à Anvers une statue de Rubens (1840) et à Liège, celle de Grétry (1842), à Huy celle de Lebeau (1869), tout en réalisant de nombreuses statues de Léopold Ier, dont celle de Namur. C’est donc un artiste renommé qui réalise, pour Namur, la statue d’Isabelle Brunelle et qui y signera encore celle de Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy en 1881.

En 1869 déjà, G. Geefs a terminé la maquette en plâtre du monument Brunelle et la Commission a validé son projet. Cependant, les événements politiques qui secouent la France (1870-1871) sont à l’origine du retard dans l’acheminement du bloc de marbre qui a été choisi, en l’occurrence de l’Échaillon blanc exploité à une vingtaine de kilomètres de Grenoble. Entre-temps, le marbrier namurois Adolphe Balat est choisi pour réaliser le piédestal en pierres bleues d’Écaussinnes qui a une hauteur de 3,33 mètres. Finalement, la date du 15 mai 1872 retenue pour l’inauguration est respectée. Sous la pluie, la foule importante entend les discours du président de la Commission des Hospices et du sénateur de Woelmont au nom de la famille d’Harscamps. La statue dévoilée présente la comtesse en grande et forte femme, se tenant debout et serrant son testament dans la main gauche. Les habits qu’elle porte sont de l’époque Louis XV ; il s’agit d’une toilette de cérémonie. La robe et ses grands plus ont fait l’objet d’une attention particulière du sculpteur qui s’est par ailleurs inspiré des portraits peints d’Isabelle Brunelle pour réaliser son visage. Comme à son habitude, le sculpteur a laissé son signature sur la plinthe de la sculpture : « Gme Geefs/statuaire du roi ». Quant aux quatre faces du piédestal, elles portent chacune des inscriptions gravées en lettres d’or par Balat.

Sur la face avant :
« ISABELLE BRUNELLE
COMTESSE D’HARSCAMPS.
FONDATRICE
DE L’HOSPICE D’HARSCAMPS.
29 JANVIER 1805.

À droite :
NEE A AIX-LA-CHAPELLE
LE 3 SEPTEMBRE 1724.

À gauche :
DECEDEE A NAMUR


LE 8 MAI 1805.

À l’arrière : 
ERIGE
LE 15 MAI 1872. »

C’est une bienfaitrice des pauvres qu’honorent le monument et les discours, rappelant que celle qui était née à Aix-la-Chapelle en 1724, dans une famille de la petite bourgeoisie, sous le nom d’Isabelle Brunelle, avait épousé, en 1748, en Hongrie, le comte Pontian d’Harscamps, un capitaine de dragons au service de l’Autriche. Elle avait reçu une éducation attentive dans une maison de Liège ; lui était l’héritier d’une famille originaire de Gueldre qui avait fait fortune dans le Namurois et possédait d’importantes propriétés tant ce comté qu’en principauté de Liège et en Hongrie. Après avoir perdu ses trois enfants victimes de maladies, le couple vient s’installer au château de Fernelmont ; c’est là que mourut le comte en 1794. Les événements rendent alors difficiles la possibilité pour la veuve de vivre dans le Namurois. Néanmoins, vers 1800, elle retrouve Namur où elle s’installe dans son hôtel particulier du Marché de l’Ange. Se consacrant à diverses actions de bienfaisance, elle met sa fortune aux services des pauvres. Dans un testament plusieurs fois complété entre 1788 et janvier 1805, elle marque son intention de fonder plusieurs institutions charitables à Aix-la-Chapelle, sa ville natale, et dans les diverses localités où elle possède des immeubles. À Namur, en particulier, elle consacre une part importante de ses biens pour qu’y soit construit un hospice portant le nom de son époux. Quelques semaines plus tard, en mai 1805, elle décède subitement à Namur. En application des dispositions testamentaires, les autorités françaises de l’époque ouvre, le 1er octobre 1812, une maison de retraite qui accueille les personnes d’un certain âge que la bonne fortune a abandonnées. Le lieu choisi est l’ancien Couvent des Récollets supprimé par le nouveau régime. De 40 en 1812, les pensionnaires dépasseront les 200 dans les années 1860.


Sybille VALCKE, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 415-417
Jean BOVESSE, dans Biographie nationale, t. 41, col. 53-57
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t.
http://www.harscamp.be/index.php/Le-monument-a-Isabelle-Brunelle-comtesse-dHarsca/le-monument-a-la-comtesse-dharscamps.html
http://www.harscamp.be/index.php/Le-monument-a-Isabelle-Brunelle-comtesse-dHarsca/linauguration-du-monument.html
http://www.harscamp.be/index.php/Le-monument-a-Isabelle-Brunelle-comtesse-dHarsca/bibliographies-et-sources9.html (s.v. avril 2014)

parc de l’Hospice d’Harscamps
5000 Namur

carte

Paul Delforge

KIK-IRPA, Bruxelles

Brunehaut/Howardries, la mémoire de la Flandre française

La seigneurie de Howardries aurait eu des seigneurs de son nom avant la fin du XIIIe siècle. Elle passa ensuite entre les mains des Lalaing puis des Chastel au XIVe siècle ; ces derniers conservèrent leur terre jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et prirent le nom de seigneurs du Chastel de la Howardries. La seigneurie se trouvait en Flandre gallicante, à la frontière avec les terres autrichiennes, dont la limite fut définitivement fixée le 18 novembre 1779 et relevait de la châtellenie de Lille. 

Le monument funéraire de François du Chastel de la Howardries dans l’église Sainte-Marie-Madeleine. © KIK-IRPA, Bruxelles

Sur la place de la localité se trouve l’ancien château du Chastel de la Howardries, cité depuis 1200 et possession de la famille du Chastel depuis le mariage en 1330 de Jehan avec Peronne de Lalaing. Détruit à la fin du XVe siècle, il fut remplacé par un manoir mentionné au début du XVIIe siècle. Encore une fois saccagé au cours de guerres ayant ravagé le Tournaisis, il fut reconstruit vers le milieu du XVIIIe siècle et adopta un plan en U. Deux pavillons d’angle furent bâtis au siècle suivant. Désaffecté et démoli en 1869, il n’en subsiste aujourd’hui que l’aile droite, les pavillons d’angle et les fossés.

Le véritable chef-d’œuvre de la localité est sans aucun doute conservé dans l’église Sainte-Marie-Madeleine et constitue la mémoire des anciens seigneurs du lieu. Les monuments funéraires de plusieurs membres de la famille du Chastel de la Howardries rappellent à plusieurs égards ceux de la chapelle funéraire des seigneurs de Boussu. On y trouve :

Le monument funéraire de Guillebert du Chastel de la Howardries. © KIK-IRPA, Bruxelles

- le monument funéraire de Nicolas du Chastel et de ses
deux épouses, de style Renaissance et daté de 1592. Les défunts
figurent à genoux en prière, devant leur épitaphe ;

- la dalle gravée d’Antoine et Lamoral du Chastel, 1609 ;

- la lame funéraire de Jacques du Chastel, 1576 ;

- les cénotaphes de François et Nicolas du Chastel ;

- les épitaphes gothiques de Simon et Jacques du Chastel ;

- le monument funéraire de Jeanne Lamberte de Croÿ,
épouse d’Antoine du Chastel, 1624, sculptée en bas-relief ;

- le monument de Guillebert du Chastel, 1570 ;

- le monument d’Agnès de Sainte du Chastel, 1562 ;

- la lame funéraire d’Isabeau de la Howardries.


 

 

 

Chemin du Roi
7624 Brunehaut

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Oscar BRICOULT

Il n’est guère étonnant qu’un monument rende hommage à Oscar Bricoult à l’entrée d’une rue du quartier d’habitations sociales de Châtelet. En effet, avec Louis Van Laer principalement, Oscar Bricoult a grandement contribué à la constitution d’une société d’habitations à bon marché, Le Foyer moderne, qui complète l’œuvre du Foyer ouvrier. La plupart des maisons se trouvant à proximité du monument Bricoult sont nées de l’initiative de celui qui a également été membre du Comité de patronage des habitations à bon marché pour les cantons de Châtelet et Gosselies, ainsi que secrétaire de la société régionale de la Petite Propriété terrienne. Dans l’ombre de personnalités carolorégiennes socialistes beaucoup plus influentes que lui, Oscar Bricoult s’était mis au service de la collectivité à différentes reprises tout au long de son existence. Employé communal, il presta 35 années au service de la ville de Châtelet, terminant sa carrière comme chef de bureau. 

Durant les deux guerres, son activité suscita le respect : entre 1914 et 1918, il contribue à l’organisation des secours à la population ; entre 1940 et 1944, il est reconnu comme résistant par la presse clandestine. Membre influent de la section locale du POB de Châtelet, il est élu pour la première fois au Conseil provincial du Hainaut en 1932 ; il aurait sans doute continué à y siéger si, en 1949, René de Cooman n’avait abandonné son mandat de député permanent pour siéger à la Chambre. Oscar Bricoult est alors désigné pour le remplacer : le député permanent s’occupera principalement d’enseignement technique et de l’enfance. Vice-président de l’Université du Travail, il accèdera à la présidence de l’Œuvre nationale de l’Enfance quelque temps avant son décès inopiné, le 7 novembre 1954, pendant une réunion de travail du congrès national du Progrès social.

À l’initiative des « communaux de la CGSP », un monument d’hommage lui est dédié :

Monument Oscar Bricoult (Châtelet)

EN RECONNAISSANCE
AU DÉPUTÉ
PERMANENT
OSCAR BRICOULT
1887-1954

LES COMMUNAUX


DE LA C.G.S.P.


La réalisation en a été confiée à Joseph Ganty (1921-2004), bien que ce sculpteur travaille de préférence le bois. Mais Ganty est un touche à tout doué, reconnu à la fois comme aquarelliste, sculpteur et ébéniste.

 Formé à l’ébénisterie à l’école des Métiers d’Art de Maredsous, il multiple les expériences artistiques (modelage, peinture, dessin, aquarelle, gravure, etc.) s’installant dans un premier temps comme « indépendant ». Vers 1950 et pour près de 40 ans, il est chargé de cours à l’Académie de Châtelet ; il donne le cours de sculpture sur bois et de modelage. C’est de cette année 1950 que semble dater le médaillon présent sur le monument dont la date d’inauguration n’a pas été retrouvée. Après quelques mois consacrés à des projets variés au service de la SNCB puis de Solvay, Joseph Ganty devient professeur à l’Institut Saint-Joseph de Saint-Hubert en 1954 ; il y prodigue un enseignement avisé durant une trentaine d’années. Trouvant ses sources d’inspiration en Afrique comme en Chine, il a une prédilection pour les oiseaux, thème que l’on retrouve régulièrement dans son travail. Dans les années 1980, Joseph Ganty est l’auteur d’un manuel à l’usage du sculpteur sur bois qui ne sera publié qu’après son décès, par son disciple Alain Tilmant, ainsi que par Christian Dewez.



http://gw.geneanet.org/astridbricout?lang=fr;p=oscar;n=bricoult
Jean-Louis DELAET, dans Dictionnaire biographique des militants du mouvement ouvrier en Belgique, Bruxelles, EVO, s.d., t. I, A-B, p. 209
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 599
Alain TILMANT, Christian DEWEZ, L’ébéniste sculpteur Joseph Ganty. Sa vie, son œuvre, Weyrich, 2005

rue Oscar Bricoult, à l’angle de la rue Chavepeyer, près de la rue des Chasseurs
6200 Châtelet

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Médaillon BRIALMONT Hubert

C’est en 1871 que Seraing rend hommage à John Cockerill en élevant une majestueuse statue de l’industriel. Cette année-là, la société créée par l’entrepreneur anglais et fortement restructurée après sa disparition en 1840 connaît des résultats exceptionnels. Elle le doit en partie à Gustav Pastor et Eugène Sadoine qui en ont pris la direction, ainsi qu’à Hubert Brialmont (1807-1885), ingénieur en chef de 1842 à 1872. Ce dernier ignore encore que son portrait réalisé dans le bronze viendra se superposer sur un pan du large socle qui porte la statue de Cockerill, du côté qui fait face à l’hôtel de ville. De grand format, ce médaillon est entouré d’inscriptions gravées dans la pierre bleue :


1807-1885


HOMMAGE
DE LA
SOCIÉTÉ COCKERILL
À LA MÉMOIRE DE
HUBERT BRIALMONT
INGÉNIEUR EN CHEF
1842-1872.


Natif de Seraing, Hubert Brialmont occupe une place importante tant dans la société Cockerill que dans la vie sérésienne de son temps. Fils de Mathieu Brialmont (-1819), frère cadet de Mathieu L. J. (1789-1885), ce militaire qui fut ministre de la Guerre sous le gouvernement Rogier (1850-1851), il est aussi l’oncle de Henri Alexis (1821-1903), député dont le nom rime avec le système défensif mis en place par la Belgique au XIXe siècle. Hubert Brialmont avait entamé sa carrière de manière spectaculaire en signant les plans de l’imposant pont métallique surplombant la Meuse à hauteur de Seraing. Modèle suspendu à la conception originale, mesurant 120 mètres de long, il est achevé en 1843 et son passage restera payant jusqu’à la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, toujours dans les années 1840, celui qui est considéré comme un dessinateur industriel contribue à la construction de la « machine dite du Haut-Pré » : deux machines à vapeur de 320 chevaux actionnent des câbles qui tractent les trains sur le plan incliné conçu par Henri Maus, entre Liège et la vallée de la Meuse d’une part, Ans et le reste du pays d’autre part (à partir de 1842). Hubert Brialmont est encore le créateur de puissantes machines soufflantes. Son œuvre sociale est par ailleurs appréciée par ses contemporains ; il était notamment membre de la Commission de Salubrité publique de Seraing. En 1872, Jean Kraft lui succède comme ingénieur en chef.

Coulé par la Compagnie des Bronzes à Bruxelles, il est l’œuvre d’Armand Cattier (1830-1892), le même sculpteur qui signa la statue Cockerill 15 ans plus tôt à Seraing, et aussi celle de Bruxelles. Français né à Charleville, Cattier s’installe à Bruxelles où il a fait ses études à l’Académie ; Louis Jéhotte est l’un de ses professeurs ; il fréquente aussi l’atelier d’Eugène Simonis. Répondant à de nombreuses commandes publiques (hôtel de ville de Bruxelles, les Boduognat, Ambiorix et Vercingétorix pour les portes des fortifications d’Anvers, et bien d’autres allégories – souvent du travail voire du progrès) ou privées (bustes), Cattier réalise par ailleurs d’initiative des œuvres inspirées par l’antiquité ou la vie populaire. Ses statues de John Cockerill, à Seraing et à Bruxelles, font partie de ses œuvres les plus abouties, de même que sa Daphnis, œuvre personnelle qui est conservée par le Musée de Bruxelles. Quant au médaillon Brialmont qui se trouve à Seraing, il s’agit d’une reproduction du médaillon que Cattier avait exécuté précédemment pour le monument Cockerill de Bruxelles. L’initiative de cette duplication a été prise par Jean Kraft et annoncée lors des obsèques de Brialmont, en juillet 1885. En présence des autorités sérésiennes, des dirigeants et ingénieurs de la Société Cockerill et de nombreux chefs d’industries du bassin liégeois, le médaillon est inauguré officiellement, le 19 juillet 1886, soit un an après la disparition du célèbre ingénieur wallon qui, selon les mots prononcés alors par Eugène Sadoine, « a consacré sa vie toute entière à la grande œuvre de John Cockerill ».


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont La Meuse, juillet 1885 et juillet 1886
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
Suzy PASLEAU, dans Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 123
Robert HALLEUX, Cockerill. Deux siècles de technologie, Liège, éd. du Perron, 2002, p. 132
Suzy PASLEAU, John Cockerill, Itinéraire d’un géant industriel, Liège, éd. du Perron, 1992, p. 89-92
http://users.skynet.be/osterrieth/Pages/Brialmont.html (s.v. mars 2015)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 198
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 317-318
Suzy PASLEAU, dans Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 123

carte

Paul Delforge