Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Jean-Baptiste BERGER

Entre la rue Albert Ier et la rue du Temple, à La Louvière, s’étirait au début du XXe siècle une rue des Écoles, en référence à l’école primaire du Centre et à l’école moyenne des garçons qui s’y trouvaient. En 1929, elle est débaptisée tout en continuant pourtant à se référer au monde de l’éducation scolaire puisque c’est le nom de Jean-Baptiste Berger (1882-1927) qui lui est donné, en hommage à l’action menée par le « directeur-fondateur des écoles industrielles moyenne et supérieure, directeur d’école moyenne », ainsi que le précise le bas-relief en bronze fixé sur le mur de l’établissement scolaire qui accueille au début du XXIe siècle un enseignement de promotion sociale (format21).
Confiée à Alfred Courtens, le bas-relief qui est un « hommage de reconnaissance » représente Berger en trois quarts profil dans la partie centrale, énonçant dans la partie supérieure :


EN SOUVENIR DE
Mr J.B. BERGER
1882-1927


Régent de formation, J-B. Berger avait en effet fait partie de l’équipe qui contribua à fonder l’école des garçons en 1882. Structure scolaire embryonnaire à ses débuts, l’établissement voyait progressivement grossir le rang de ses élèves et de ses professeurs au moment où il prenait ses quartiers définitifs rue Malbecq. En 1894, J-B. Berger succédait au premier directeur, Eugène Dufour ; quatre ans plus tard, il créait l’École industrielle moyenne et, en 1907, en raison du succès de l’enseignement prodigué à des élèves toujours plus nombreux, Berger fondait une école industrielle supérieure qui offrait une formation de techniciens qualifiés, destinés à être immédiatement employés par une industrie en plein développement. En raison de son rôle fondateur, J-B. Berger assura la direction des deux écoles, dès 1898 pour l’École industrielle, à partir de 1907 pour l’École industrielle supérieure.
 

Statue Jean-Baptiste Berger (La Louvière)

En choisissant de confier la réalisation du bas-relief au sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967), les autorités locales optaient pour un jeune artiste qui disposait déjà d’un nom dans le métier. Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens avait par ailleurs bénéficié également des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste ne cache pas qu’il cherche à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répond essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment le monument reine Élisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.).

Après l’Armistice, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il sera le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des diplomates, des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.), des industriels ou en leur honneur, comme c’est le cas à Court-Saint-Étienne avec le buste Henricot. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire). « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique et le bas-relief qu’il signe à La Louvière en hommage à Berger reste une œuvre soignée et de qualité, tout en étant classique.


Marcel HUWÉ, Fidèle MENGAL, Fernand LIENAUX, Histoire et petite histoire de La Louvière, 1959, p. 573
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262

rue Jean-Baptiste Berger (anciennement rue des Écoles), place Maugrétout
7100 La Louvière

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Begge

Professeur à l’Académie de Bruxelles, le sculpteur liégeois Louis Jehotte (1804-1884) a offert ses services à sa ville natale, dès 1855, pour élever sur la place Saint-Lambert une statue équestre de Charlemagne. S’inscrivant dans un mouvement typique du XIXe siècle visant à honorer les « gloires nationales belges », cette proposition a embarrassé les autorités liégeoises tant en raison de la question non résolue à l’époque du lieu de naissance de Charlemagne, que par l’insistance du sculpteur d’installer son œuvre sur la place Saint-Lambert. Au milieu du XIXe siècle, la question du lieu de naissance de Charlemagne n’est pas réglée : Belgique, France, Allemagne ? Elle reste d’ailleurs discutée encore aujourd’hui. Cependant, en dépit des protestations de Jehotte, l’emplacement qui est finalement choisi est le boulevard d’Avroy. C’est là que le monument est inauguré le 26 juillet 1868.

Contrairement à l’impression que pourrait donner une vision lointaine de l’impressionnante statue équestre, Charlemagne n’est pas le seul à être honoré. Toute « sa famille » – du moins six de ses ascendants les plus illustres – est associée par Jehotte, par une représentation en bas-relief sur le large socle de style romano-byzantin, par ailleurs ornés de motifs végétaux et de médaillons historiés alternant avec des têtes de lion. Dans les six niches à arcades en plein cintre, que séparent des colonnes ornées de l’aigle impérial, on rencontre Charles Martel, Pépin de Landen, Pépin le Bref, Pépin de Herstal, ainsi que deux femmes, Bertrade et Begge.
 

Statue de Begge sur le monument Charlemagne

Sans que l’on connaisse son lieu de naissance ni d’ailleurs la date, Begge est la fille de Pépin l’Ancien et d’Itte, la fondatrice de l’abbaye de Nivelles. Begge est aussi la sœur de Gertrude de Nivelles. Vers 644, Begge épouse Anségisel, intendant des domaines royaux en Austrasie, avec qui elle a un fils, Pépin le Jeune (dit Pépin II de Herstal) qui deviendra maire des palais d’Austrasie et de Neustrie. Rédigée dans le courant du XIe siècle, la Vita Beggae raconte que son mari fut assassiné à la chasse par un certain Gondouin. Devenue veuve, Begge se réfugie en Hesbaye, vers 673, avant de partir pour l’Italie où elle décide d’entrer en religion comme sa sœur. À son retour de Rome, elle développe un monastère à Andenne qui devient rapidement l’un des plus florissants de nos régions. Surnommée Begge d’Andenne, elle en devient la première abbesse (691). Elle contribue à l’expansion du pouvoir que les Pippinides détiennent alors principalement autour de Liège et en Ardenne. Son fils, Pépin II de Herstal (circa 645 – Jupille 714) n’aura de cesse de consolider la domination de sa famille sur les rois mérovingiens. C’est par conséquent l’arrière-arrière-grand-mère de Charlemagne, que Jehotte représente sur le piédestal de l’empereur.

Formé à l’Académie de Liège, Louis Jehotte a bénéficié d’une bourse de la Fondation Darchis dans sa jeunesse, et a fait le voyage en Italie (Florence et Rome). Ami d’Eugène Simonis, il est comme lui élève de Mathieu Kessels à Rome (en 1823), avant de séjourner à Paris (1830) et à Copenhague où il fréquente l’atelier de Thorwaldsen (1831). Nommé professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1835, il y enseigne seul cette matière pendant 27 ans (1835-1863), influençant considérablement plusieurs générations d’artistes (Mélot, Bouré, Fiers, Meunier, Desenfans, etc.). Préférant sculpter des sujets religieux, Jehotte se fait rare en monuments publics. Pourtant, c’est lui-même qui avance, en 1855, l’idée de Charlemagne, personnage auquel il consacre, avec son ami André Van Hasselt, une importante biographie résultant de vingt ans de recherches. Tenant particulièrement à ce monument, Jehotte a acquis un terrain à Bruxelles (rue de Pachéco) et c’est là qu’il exécute la fonte de cette œuvre colossale, pesant dix tonnes. En 1888, des vandales abîment trois des statues du piédestal et un nouveau procès oppose la ville et le sculpteur qui meurt sans que l’affaire soit réglée. À la veille de la Grande Guerre, la partie inférieure du socle est remplacée. Au début du XXIe siècle, il a été procédé à une rénovation totale du monument qui a retrouvé des couleurs et un large espace de dégagement.


Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, t. 1. La Sculpture belge, Bruxelles, CGER, 1990, p. 71 Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 460-461
Pierre COLMAN, Le site de la statue équestre de Charlemagne, dans Chroniques d’archéologie et d’histoire du pays de Liège, Liège, Institut archéologique liégeois, juillet-décembre 2004, n°7-8, tome II, p. 76-77
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 246-250
Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 154
Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 9-10
Pierre COLMAN, Le sculpteur Louis Jehotte, alias Jehotte (1803-1884) académicien comblé...d’avanies, Liège, 2010
http://www.sculpturepublique.be/4000/Jehotte-Charlemagne.htm 
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 764
Alexia CREUSEN, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996 
Eugène COEMANS, Begghe, dans Biographie nationale, t. II, col. 107-110
Alain COLIGNON, Dictionnaire des saints et des cultes de Wallonie. Histoire et folklore, Liège, éd. du Musée de la Vie wallonne, 2003

boulevard d’Avroy
4000 Liège

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Ludwig van BEETHOVEN

Buste de Ludwig van Beethoven, kiosque réalisé par l’architecte Fritz Maiter, 1934.

Sur son territoire, la ville de Malmedy possède trois kiosques, décorés et fleuris : ils sont situés place de Rome, place saint Géréon, ainsi que place du Pont Neuf. Datant de 1901, celui de saint Géréon rappelle l’ancienne église bâtie au même endroit pendant plusieurs siècles. En 1923, le kiosque à musique de la place de Rome est construit, à l’initiative et aux frais des habitants du quartier, à l’emplacement de l’ancienne statue en pierre à la gloire de l’empereur Guillaume : surnommée le « Pétèr Prûs » par les habitants, cette statue avait été élevée en 1904 pour commémorer la victoire prussienne de 1870 ; après l’Armistice de novembre 1918, la statue fut enlevée et son socle rasé. 

En 1934, sur les plans de l’architecte malmédien Fritz Maiter, le troisième kiosque, celui du Pont Neuf, est édifié à l’emplacement d’un petit jardin, face à la Chapelle de la Résurrection. De forme circulaire, de style néo-classique, ce kiosque à musique ressemble à un temple monoptère à chapiteaux ioniques. S’appuyant, d’un côté, sur le pignon des maisons des deux rues de la Vaulx et de Derrière la Vaulx, il est formé de six colonnes. Ouvert au public, il est créé en même temps que la société musicale « La Lyre » qui, elle, disparaîtra avec la Seconde Guerre mondiale. À l’intérieur de cet espace, on peut voir le buste de trois illustres compositeurs allemands : Richard Wagner, Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven.

Buste de Ludwig van Beethoven (Malmedy)

Compositeur né à Bonn en 1770, Beethoven occupe une place particulière au firmament de l’histoire de la musique. Lointain descendant d’une famille originaire de Malines, le jeune Beethoven évolue dans un milieu tourné vers la musique : son grand-père était en effet maître de chapelle du prince-électeur de Cologne ; son père était lui aussi musicien et ténor à la même cour. Tentant de produire son fils sur toutes les scènes d’Europe à l’instar des Mozart quinze ans plus tôt, Johann van Beethoven échoue, malgré l’indéniable talent du jeune Ludwig : celui-ci devra à de vrais pédagogues et à un mécène éclairé la chance d’émerger comme pianiste virtuose et compositeur. Introduit à la Cour de Vienne, il y rencontre Mozart qui le présente à Haydn. Désormais, à partir de 1792, Vienne devient le lieu où Beethoven s’épanouit et où il écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de la musique. 

Au-delà d’une œuvre remarquable, il influence la musique occidentale tout au long du XIXe siècle. Musicien adulé, compositeur de la 9e Symphonie, dont un extrait du presto final de l’Ode à la joie est devenu l’hymne de la CEE à partir de 1985, Beethoven est un personnage historique qui fait l’objet de très nombreux bustes ou statues à travers le monde ; s’il est statufié fort logiquement à Bonn, sa ville natale, et à Vienne, là où il passa l’essentiel de son existence, Beethoven est aussi présent dans l’espace public notamment au Mexique, aux États-Unis (New York, Los Angeles), en Hongrie, en Espagne, en Tchéquie, etc. La liste des lieux où se trouvent des bustes et statues du musicien est loin d’être exhaustive. Parmi ces dizaines de villes, on trouve Malmedy, seule cité de Wallonie à rendre hommage au compositeur allemand.

En l’absence de signature sur le buste, on sera amené à déduire que son auteur n’est autre que l’architecte qui a conçu le kiosque. Avec l’appui et le soutien de son père, Édouard (1854-1928), qui est entrepreneur, Fritz Maiter (1881-1954) est un architecte qui a entamé sa carrière de façon spectaculaire car, il n’a pas 20 ans quand il signe les plans de l’Hôtel de ville de Malmedy, souhaité et financé à ses frais par le papetier Jules Steinbach. Cette mairie au hall de marbre blanc affiche sur son fronton une inscription en latin, Civibus (aux citoyens), qui est un pied de nez au Landrat qui souhaitait une inscription en allemand. Diplômé de l’École royale d’Architecture d’Idstein (1898), le jeune Maiter avait déjà construit toutes les maisons de la nouvelle rue Steinbach (1899-1900). 

Comme son père, il est aussi entrepreneur et directeur de la briqueterie familiale, avant de fonder, en 1913, une entreprise de fabrication de blocs de cendrée et de diriger une société de transport. Mobilisé durant la Grande Guerre, il est chargé de l’entretien et de la réparation de voies ferrées pour la Prusse. Au moment de l’Armistice, il est nommé architecte de la ville de Malmedy dont l’annexion à la Belgique va se réaliser à la suite des Traités de Versailles. Il exercera cette fonction jusqu’en 1948. Marié à la liégeoise Christine Collienne, il poursuit sa carrière à la fois au service des autorités communales - il signe notamment la piscine de Malmedy, les kiosques, une école – et conçoit des plans pour plusieurs villas à Malmedy et dans sa région. Supervisant avec minutie l’entretien des voiries et des bâtiments publics de Malmedy, il s’occupe encore de rénovations ou d’interventions sur divers édifices religieux.

En dépit de ses multiples talents, Maiter est-il l’auteur des bustes des trois musiciens ? Le doute est permis. À défaut de certitude ou d’informations contraires, l’hypothèse que les trois bustes soient des productions industrielles de faible qualité est permise. Comparés à nombre de bustes des trois musiciens, ils présentent la particularité de les représenter jeunes, leur visage orienté vers la droite et la tête légèrement redressée, attitude relativement peu courante.


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot – Malmedy – Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 36 et errata dans t. 47 (1983), p. 139
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot – Malmedy – Saint-Vith, Malmedy, 1982, t. 46, p. 109
Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-43
http://wc.rootsweb.ancestry.com/cgi-bin/igm.cgi?op=GET&db=wmakemp&id=I4547 
http://ns9.horus.be/code/fr/ipw_info_detail.asp?pk_id_news=1059 (s.v. novembre 2015)

kiosque de la place du Pont Neuf
4960 Malmedy

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Baudouin le Bâtisseur

Statue de Baudouin le Bâtisseur, réalisée par Edmond de Valériola, 1910.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. La place a été aménagée en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à leur bonne exécution.

Statue de Baudouin le Bâtisseur (Binche)

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, inaugurées en même temps que la gare en 1910, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau de Frantz Vermeylen : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche (toutes les statues de droite, quand on fait face à la gare). Les quatre autres ont été réalisées par Edmond de Valériola (1877-1956) : Gilles Binchois, Marie de Hongrie dont la statue a été volée en 1993 Yolande de Gueldre et Baudouin le Bâtisseur.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1894-1904), de Valériola est le cadet de 20 ans de Frantz Vermeylen avec lequel il travaille sur le chantier binchois. Plusieurs fois candidat au Prix de Rome, le Bruxellois s’est spécialisé dans les portraits (surtout les jeunes filles et les femmes) et les médailles. La ville d’Ostende lui a confié le monument James Ensor (1930), celle d’Etterbeek celle de Constantin Meunier (1931) et il est aussi l’auteur d’un buste en marbre de Jules Bordet (Académie royale de Médecine, 1950). Comme beaucoup de sculpteurs de son époque, il fut sollicité pour réaliser des monuments commémoratifs des événements de 14-18, puis de la Seconde Guerre. Il semble cependant que les critiques émises lors de la présentation de son lieutenant-général Bernheim (inauguré à Bruxelles, au square Marie-Louise, en 1936) aient quelque peu porté préjudice à sa réputation. Cela ne l’empêche pas de réaliser de nombreuses œuvres personnelles, l’artiste travaillant le marbre autant que le bronze suivant son inspiration qui trouva aussi à s’épanouir comme médailliste. À Binche, en 1910, ce sont cependant quatre statues qu’il réalise dont un Baudouin le Bâtisseur, située à l’extrême gauche et « dans l’angle » lorsqu’on fait face à la gare. Il se trouve entre Marie de Bourgogne et Yolande de Gueldre.

Dans l’histoire de la ville de Binche, Baudouin – comme Yolande – occupe une place particulière. À Yolande, on attribue en effet d’avoir choisi le site d’où est née une ville neuve au début du XIIe siècle : bâtie sur un éperon rocheux, au pied de la Samme, Binche sera fortifiée par Baudouin IV de Hainaut, le fils de Yolande, dans les années 1140, ce qui lui vaut le surnom de « Bâtisseur ». La date précise de l’édification de cette enceinte n’est pas connue, mais elle semble achevée en 1147 lorsque Bernard de Clairvaux est en visite à Binche. Veuve de Baudouin III de Hainaut (1088-1120), Yolande de Gueldre avait épousé, en 1107, le 4e héritier du comté de Hainaut depuis que Baudouin Ier avait acquis le titre en 1051. Leur fils, Baudouin IV, exercera un long règne sur le Hainaut, héritant de son père en 1120 et gardant son titre jusqu’à son décès en 1171. Cependant, jusqu’en 1127, Baudouin doit composer avec sa mère, comtesse douairière, administratrice vigilante du pays. Par son mariage avec Alix de Namur (1130), il fait entrer le marquisat de Namur dans la couronne de Hainaut.

Contrairement à ce que laisserait paraître la statue binchoise, Baudouin IV de Hainaut a été, dans un premier temps, un prince belliqueux, qui n’hésitait pas à lancer des attaques contre ses voisins immédiats de Flandre et d’Artois. Dans un second temps, la paix ayant été retrouvée au début des années 1150, Baudouin se montre moins téméraire (à l’image de la statue), tout en renforçant cependant son pouvoir à l’égard de vassaux turbulents et en faisant fortifier les cités de Mons, Le Quesnoy, Beaumont, Bouchain et Binche. Autorisant la construction d’églises et de cathédrales, il est encore à l’origine de la ville d’Ath.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 460

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Baudouin de Constantinople

Statue équestre de Baudouin de Constantinople, réalisée par le statuaire Jean-Joseph Jaquet et l’architecte communal Charles Vincent, 19 mai 1868.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, aucune statue n’a encore été érigée sur le sol de la ville de Mons. Les autorités locales nourrissent certes quelques projets, mais ne semblent pas pressées. En 1850, les noms de Roland de Lassus et de Baudouin de Constantinople sont en concurrence, y compris pour l’emplacement. Chronologiquement, c’est le musicien qui va l’emporter, bénéficiant du soutien actif d’une société locale. Sa statue est inaugurée en 1853, en dehors de la Grand Place, lieu qui doit accueillir la statue équestre de Baudouin de Constantinople. Ce personnage a les faveurs des autorités belges. En effet, il est l’une des six « gloires nationales » qui bénéficie d’une statue pour décorer le péristyle du grand vestibule du Parlement. La décision a été prise par le ministre de l’Intérieur, Jean-Baptiste Nothomb en 1845. 

Deux ans plus tard, le peintre Louis Gallait en fait aussi le personnage principal de l’une de ses œuvres majeures. Jeune État né d’une révolution en 1830, la Belgique incite les peintres et les sculpteurs à « honorer la mémoire des grands hommes belges » dans l’espace public. Chef de Cabinet, en charge de l’Intérieur (1847-1852), Charles Rogier invite chaque province à élever un monument dans son chef-lieu. Soutenu par son successeur, Joseph Piercot, le projet se concrétise lorsque Rogier redevient ministre, entre 1858 et 1868. Aux quatre coins du pays, les édiles municipaux se mobilisent bon gré mal gré (en raison des coûts) dans un projet qui se veut collectif, mais qui révèle à la fois des particularismes locaux et des interrogations sur la définition de «belge».

Ainsi, à Mons, tant le choix de Baudouin de Constantinople que le lieu d’implantation du monument ne font pas l’unanimité. De longues discussions et controverses mobilisent les esprits pendant près de quinze ans. En quoi ce personnage du XIIIe siècle, né à Valenciennes et comte de Flandre, représente-t-il le Hainaut belge ? Est-il vraiment le père des importantes chartes hennuyères de 1200 ? En retenant ce « croisé », ne va-t-on pas honorer un guerrier, parti à la Croisade pour sauver la foi chrétienne, en imposant sa vision du monde aux autochtones ? Prenant l’initiative, la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut met le choix de Baudouin au concours, mais personne ne réponde, ni en 1853, ni en 1854. Président de la Société, Camille Wins fait alors l’éloge de la gloire nationale attachée au Hainaut (1855), tout en réclamant de la ville qu’elle se détermine rapidement.

Statue équestre de Baudouin de Constantinople

Parce qu’il était comte de Flandre sous le nom de Baudouin IX (1194-1205) et comte de Hainaut sous le nom de Baudouin VI (1195-1205) avant de partir pour la croisade, où il devint empereur de Constantinople, pendant quelques mois seulement, sous le nom de Baudouin Ier, le personnage paraît être porteur des valeurs nationales que l’on souhaite développer. De surcroît, le gouvernement belge attache une importance toute particulière au choix de ce personnage ayant acquis la notoriété la plus grande sur le plan international par son élection comme empereur de Constantinople, car le titre de « comte de Hainaut » vient de faire l’objet d’un arrêté royal (12 juin 1859). Ce titre est créé à côté de titres honorifiques déjà existants, portés par la famille royale. Avec les trois titres « comte de Hainaut, « comte de Flandre » et « duc de Brabant », « Nos populations wallonnes et flamandes, confondues dans l’unité monarchique et constitutionnelle fondée en 1830, auraient de la sorte (…) leur personnification historique près du Trône », précise le rapport qui motive l’Arrêté royal… Poussé dans le dos par le ministre Rogier qui assure le financement du projet à raison de 30 à 40% de son coût, la ville sollicite la générosité de l’institution provinciale, si bien que la présence d’une statue de Baudouin de Constantinople à Mons devient une affaire qui regarde tout le monde, les politiques à tous les niveaux de pouvoir, ainsi que les journalistes qui alimentent une polémique. Arrivant sur la place publique le débat est aussi alimenté par les historiens appelés à la rescousse, tandis que l’appréciation de l’emplacement – Mons est en train de démanteler son ancienne forteresse – interpelle tous les citoyens. Le conseil communal de Mons retient « Baudouin » lors de sa séance du 16 juin 1860 ; il est rejoint par le conseil provincial du Hainaut le 21 juin 1863.

Quant au choix du statuaire chargé de l’exécution du monument, il ne fait pas débat, car il est imposé par l’arrêté royal du 23 janvier 1864 qui entérine le choix de Baudouin de Constantinople. Né à Anvers, formé à l’Académie de Bruxelles par le Liégeois Louis Jehotte, 

(Jean)-Joseph Jaquet (1822-1898) se perfectionne auprès de Guillaume Geefs avant de voler de ses propres ailes. Dès 1845 et son modèle pour le Monument Froissart à Chimay, il est sollicité par le gouvernement qui multiple les commandes. Sa collection atteint les 300 statues et groupes, et une trentaine de bustes, souvent réalisés avec son frère Jacques. À titre personnel, il s’inspire de l’antiquité et de la Bible pour les plâtres et les marbres qu’il imagine. Nommé en 1863 professeur de sculpture d’après la figure antique à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, il y devient aussi titulaire du cours de sculpture d’ornement, à partir de 1888. Parmi ses élèves figurent Thomas Vinçotte, Rombaux, Lagae ou Dubois.

Précédé par sa réputation, J-J. Jaquet commence à travailler sur le projet montois en novembre 1864. Interrogé sur le meilleur emplacement parmi trois qui lui sont propos

és, l’artiste opte spontanément pour le rond-point de l’avenue d’Havré et son choix devient parole d’Évangile, mettant presque un terme aux discussions qui déchirent toujours les Montois (186

5).
Alors que l’inauguration officielle est annoncée pour septembre 1867 (dans le cadre des commémorations officielles des « Journées de Septembre 1830 »), le statuaire demande et obtient l’autorisation de présenter son œuvre dans le cadre de l’Exposition universelle de Paris. Voyant l’opportunité de magnifier l’œuvre de leur ville, voire de couper court aux critiques négatives, les autorités doivent rapidement déchanter tant leur Baudouin fait pâle figure à côté des immenses statues présentées par la Prusse, à l’exposition de Paris. C’est finalement dans la plus totale discrétion que l’architecte communal, Charles Vincent, réalise le socle/piédestal en pierre de Soignies (fin 1867) et que la statue équestre prend place au printemps 1868. Il est vrai qu’une nouvelle polémique a surgi au sujet des deux bas-reliefs à installer sur les faces latérales du socle. Il était prévu une représentation de « L’Assemblée des États à Mons » quand Baudouin octroie et fait approuver les chartes de 1200, ainsi qu’une scène de « Couronnement », 

inspiré du tableau peint par Louis Gallait en 1847. Finalement, le Couronnement est remplacé par « l’Institution de la Haute Cour du Hainaut sous les chênes de Hornu ». Mais, à la suite de divers articles de presse, la contribution que Charles de Bettignies publie, dès juin 1868, dans les Annales du Cercle archéologique, dénonce des erreurs historiques et, notamment, pointe du doigt la présence de représentants de l’Église (évêques et abbés mitrés). Entre les anachronismes et les imprécisions historiques se glisse un débat éminemment politique auquel s’ajoutent des blagues potaches ou des surnoms moqueurs (« Baudouin le Turc, dit le Vagabond », « le coupeur d’oreilles », « l’inventeur de la tarte au fromage », etc.) qui décrédibiliseraient toute inauguration en grandes pompes. Le 19 mai 1868, la statue équestre est installée, sur le rond-point d’Havré – place de Flandre, sans aucun cérémonial.

Bien plus tard, quand cet espace de la cité du Doudou est réaménagé, la statue 

équestre de Baudouin de Constantinople (1171-1204/1205) est déplacée, fait l’objet d’une rénovation et s’inscrit dans le prolongement de l’une des grandes avenues menant au centre de Mons. Proche du parc du Waux-hall, le lieu porte désormais le même nom que le chevalier en question.

Statue équestre en bronze, le monument de Baudouin de Constantinople que Jules Destrée trouvait beau et ridicule comme un ténor d’opéra est porté par un nouveau socle où l’on a maintenu les explications initiales :

« BEAUDOUIN, EMPEREUR DE CONSTANTINOPLE
COMTE DE FLANDRE ET DE HAINAUT
AUTEUR DES CHARTES DE L’AN 1200 »

Les deux bas-reliefs explicatifs ont aussi été réinstallés. L’ancien socle reste visible dans le square entre le boulevard Kennedy et l’école des Ursulines.

 

Charles DE BETTIGNIES, La statue équestre de Baudouin de Constantinople, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, Mons, 1867, t. VII, p. 417-431, suivi d’une biographie, p. 432-446
Jean WUILBAUT, Mons 1853-1868. Controverses autour de la statue de Baudouin de Constantinople, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, Mons, 1988, t. 73, p. 1-45
Richard KERREMANS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 458-459
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 762
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 246-250
Jules DESTRÉE, Mons et les Montois, 1933, p. 17-18

avenue Baudouin de Constantinople (anciennement place de Flandre)
7000 Mons

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Mémorial Jules BARY

Mémorial Jules Bary
Réalisé par Vincent Strebelle ; 1982.


Situé à l’intérieur du zoning industriel de Nivelles, dans la zone I, sur un square à droite lorsque l’on vient de la chaussée de Namur, au carrefour de la rue de l’Industrie et de la rue du Progrès, un monument rend hommage à l’activité déployée par Jules Bary (1912-1977) en faveur de la Wallonie et du Brabant wallon en général, de Nivelles en particulier. Chimiste spécialisé dans l’industrie sucrière, syndicaliste et homme politique, militant wallon actif, secrétaire national du PSB, Jules Bary a représenté l’arrondissement de Nivelles à la Chambre de 1961 à 1971 et, après avoir été échevin des Travaux pendant près de dix ans dans les années 1950, accède au maïorat de 1962 à 1969.

Défenseur affirmé de l’appartenance du roman Païs à la Wallonie, il démissionne de tous ses mandats en guise de protestations à l’égard de son parti. Durant son mandat de bourgmestre, il donne naissance au zoning industriel de Nivelles qui s’avère être le tout premier de Wallonie.
En hommage à l’action décidée de son prédécesseur qui n’appartenait pas à son parti politique, Marcel Plasman fait voter par le collège communal la décision d’ériger un monument « Bary » qui prend place à l’entrée du parc industriel de Nivelles. 

La réalisation en est confiée à un jeune artiste, Vincent Strebelle (1946-) qui signe là l’une de ses premières commandes. Petit-fils du tournaisien Rodolphe Strebelle, il s’est formé à l’Académie de Liège (1966) et de Bruxelles (1968) et acquiert progressivement la maîtrise de nombreuses techniques (céramique, bois, fonte, etc.).
Le monument Bary est inauguré en 1982. La végétation s’est développée autour de lui. Avec ses principaux traits creusés dans le béton, le grand portrait de Jules Bary fixe le caractère décidé du personnage ; une petite plaque rappelle :

                                                                   Jules Bary
                                                                   1912-1977
                                                           Député - bourgmestre
                                                    Fondateur du Zoning de Nivelles
                                                          1er zoning de Wallonie

 

Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 478
Paul DELFORGE, Jules Bary, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2000, t. I, p. 121-122
Joseph DUMONT, Rita BUCHET, Jacques DAVOINE, Entreprises d’aujourd’hui à Nivelles, monument Jules Bary, Nivelles, 2003
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 9-10

Zoning industriel, zone I, rue de l’Industrie 8
1400 Nivelles

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Théodore BARON

 
Monument Théodore Baron, réalisé par Charles Van der Stappen, 12 juillet 1903 ; 2 juillet 1911. 

C’est le dimanche 12 juillet 1903 qu’a été inauguré le monument dédié au peintre paysagiste namurois Théodore Baron. L’œuvre réalisée par le sculpteur Charles Van der Stappen était alors située près du Casino. Quelques années plus tard, en juillet 1911 précisément, un nouvel emplacement est choisi pour accueillir le monument : le parc de la Plante devient son lieu définitif et le 75e anniversaire de l’Académie des Beaux-Arts de Namur sert de prétexte officiel. Figé dans le bronze pour l’éternité, le peintre statufié est entouré d’arbres et de végétation et a la compagnie proche et permanente de la Meuse, l’une de ses principales sources d’inspiration.

Né à Ixelles en 1840, Théodore Baron a fait de la vallée de la Meuse et des sommets de l’Ardenne son espace de travail pendant plusieurs années. Après des études à l’atelier Saint-Luc à Bruxelles (1854-1858), Théodore Baron avait d’abord peint des paysages de Campine et c’est de cette époque que remonte une prédilection pour le gris qui en fait l’un des fondateurs de l’école du gris. Secrétaire et organisateur des expositions de la Société libre des Beaux-Arts (1868), il plaide en faveur d’une totale liberté dans l’expression artistique. Découvrant Anseremme puis les environs de Profondeville où Camille Lemonnier l’a invité dans sa maison de campagne, Baron tombe amoureux des paysages forgés par les multiples cours d’eaux de la vallée mosane. Quand il voyage en Europe, il est surtout attiré par la vallée de la Moselle et par l’Eifel. Tournant le dos au romantisme, il s’inscrit dans un courant résolument réaliste quand il représente la nature ; son grand intérêt pour la science qu’est la géologie se ressent dans son œuvre ; son observation méticuleuse exclut l’improvisation, voire parfois une certaine spontanéité. 

Ayant opté pour des dominantes ocres et brunes tout en continuant à privilégier les gris, il s’arrête sur toutes les particularités des paysages – rochers, schistes, ruisseaux, taillis, ciel, etc. – et il s’efforce d’en rendre tous les aspects réels, n’hésitant pas à utiliser abondamment la pâte pour faire ressentir la lourdeur des pierres ou la pesanteur des nuages. Il excelle aussi dans les paysages hivernaux. Quand il devient professeur à l’Académie de peinture de Namur, il se laisse séduire par le courant impressionniste. En 1893, il succède à Marinus à la tête de l’Académie de Namur. À l’annonce de son décès, à Saint-Servais, en 1899, ses amis et ses proches décident d’honorer sa mémoire par un monument dont la conception et la réalisation sont confiées à Charles Van der Stappen.

Contemporain de Baron, né lui aussi à Bruxelles (Saint-Josse-ten-Noode précisément) en 1843, Van der Stappen n’était pas issu d’un milieu aisé. Muni des fondamentaux de l’école primaire, il contribue aux revenus de la famille en travaillant comme plâtrier pendant la journée, avant d’entreprendre des cours, en soirée, à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, dans les années 1860. Il y bénéficie des conseils avisés des Liégeois Jéhotte et Simonis. Il fréquente aussi l’atelier de Portaels où le hasard lui fait rencontrer Meunier et Lemonnier. Tentant sa chance lors de salons et de concours, il travaille sur divers chantiers de décoration, dont un à Paris qui lui permet de fréquenter l’École des Beaux-Arts. C’est à partir des années 1870 que ses œuvres commencent à être véritablement remarquées, après sa médaille d’or au Salon de Bruxelles (1869). La commande par l’État du monument Gendebien à Bruxelles, ainsi que l’aide de mécènes lui procurent les moyens de mener des voyages d’étude en Italie (Rome, Florence, Naples), tout en repassant par Paris où les œuvres de Jean-Baptiste Carpeaux et d’Auguste Rodin l’influencent encore.

Monument Théodore Baron

Mais son séjour en Italie le conduit plutôt à adopter le style néo-Renaissance version Michel-Ange et Donatello. Ayant redécouvert la technique oubliée de la cire perdue, il la remet au goût du jour et ne va pas manquer dans l’enseigner à Bruxelles lorsqu’il est chargé de cours à l’Académie de 1883 à 1910. Il dirige aussi l’institution de 1898 à 1901 et de 1907 à 1910, manifestant clairement ses goûts en faveur de l’usage de toutes les techniques, anciennes comme nouvelles (la photographie notamment). Lui-même n’avait pas hésité à renouveler son style et ses techniques, innovant sans cesse. Les commandes publiques qu’il remporta dès les années 1870 n’ont pas monopolisé le travail de Van der Stappen ; il offre dès lors régulièrement à la vue des œuvres originales lors de Salons et d’Expositions, signe des bustes pour des particuliers et réalise des objets de décoration tant pour les jardins que pour les tables ou les intérieurs. 

Les critiques et les polémiques seront nombreuses tant son style et ses sujets d’inspiration apparurent singuliers, voire déroutants. C’est à un artiste dans la pleine maturité de son art qu’est confiée, en 1902, la statue de Théodore Baron. À l’époque, Van der Stappen travaille sur des projets ambitieux, de très grande dimension, qu’il n’aura jamais l’occasion d’achever, la mort l’emportant en 1910. Ainsi ne verront jamais le jour le Monument à l’infinie bonté – initiative personnelle – et le Monument au Travail – pour la province de Brabant. Par contre, présentée sous forme d’esquisse au Salon de la Libre esthétique en 1902, la statue de Théodore Baron est bien achevée et inaugurée le 12 juillet 1903. À cette occasion, Edmond Picard rend hommage à Baron, « l’un des maîtres du paysage belge ».

Avec son allure de marcheur infatigable muni de grandes bottes, à la recherche d’un angle de vue pour un nouveau paysage, elle présente le peintre en mouvement, tenant son chapeau dans la main droite, tandis que son matériel de travail apparaît sous le coude de son bras gauche. Dans l’épaisseur du socle rond, en bronze, qui soutient la statue, apparaissent la signature du sculpteur et la mention de la « Fonderie nationale des bronzes/Ane Firme Petermann/ St Gilles-Bruxelles ». Le piédestal a lui aussi une forme arrondie. Sur la partie avant apparaît la mention :


«A
Théodore Baron
Ses amis . Ses admirateurs».


Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012, p. 21
Notice de Georges Mayer, http://balat.kikirpa.be/peintres/Detail_notice.php?id=173 (s.v. avril 2014)
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. 2, p. 542-543
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 574-582


http://www.sculpturepublique.be/5000/VanDerStappen-TheodoreBaron.htm 
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-3.html (s.v. juillet 2013)
S. HOUBART-WILKIN, dans Biographie nationale, t. 31, col. 43-48
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 603
L’Art moderne, 5 juillet 1903, n°27, p. 241 ; 9 août 1903, n°32, p. 278-279

parc de la Plante, rue Théodore Baron – 5000 Namur

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Statue Jules BARA

Statue à la mémoire de Jules Bara
Réalisée par Guillaume Charlier et Victor Horta, inaugurée le 20 septembre 1903.

Située place Crombez, à Tournai, un imposant ensemble statuaire figuratif rend hommage à l’action politique de Jules Bara (1835-1900), particulièrement à son rôle en tant que ministre de la Justice. Juriste, ministre de la Justice durant plus de dix ans dans des gouvernements dirigés par Frère-Orban entre 1865 et 1885, il a représenté l’arrondissement de Tournai au Parlement, en tant que mandataire libéral, de 1862 à 1900, comme député d’abord (jusqu’en 1894), comme sénateur provincial ensuite.

La stature nationale de l’homme politique libéral a conduit la ville de Tournai à ériger un monument imposant en son honneur. Sur base d’un projet du célèbre architecte Victor Horta (1861-1947), les socles sont en pierre taillée, tandis que les statues en bronze sont l’œuvre de Guillaume Charlier (1854-1925), artiste apprécié dans la cité des cinq clochers où il s’est occupé du chantier du Musée des Beaux-Arts (Mémorial Van Cutsem et groupe allégorique).

Formé auprès des frères Geefs puis praticien chez Eugène Simonis, le jeune bruxellois Guillaume Charlier a séduit un riche collecteur avec un plâtre intitulé Le déluge. Cette œuvre de 1879 place le jeune orphelin sous la généreuse protection du mécène ; il peut ainsi suivre les cours de l’École des Beaux-Arts de Paris (1880) puis chez Cavelier (1884-1886). Entre-temps, le Prix de Rome 1882 lui offre la possibilité de séjourner en Italie (1882-1884). Honoré par diverses distinctions lors des Salons où il présente ses œuvres d’inspirations diverses, il apporte à la sculpture de son temps un style propre, où s’exprime en permanence une forme de douleur de vivre due aux difficiles conditions matérielles des milieux ouvriers ou des nécessiteux. 

Dans l’ombre de Constantin Meunier, il s’attache à représenter des travailleurs (houilleur, marin, etc.) en pleine activité. Portraitiste reconnu, il répond à de nombreuses commandes officielles ou privées, à Bruxelles comme à Tournai. Dans la cité wallonne, il dépose l’impressionnante scène Les Aveugles (1906), après avoir livré un Louis Gallait, ainsi que le tout aussi monumental Jules Bara, où se mêlent le bronze et la pierre. C’est à la suite d’un concours organisé en 1901 que Guillaume Charlier est retenu par les autorités tournaisiennes.

Le monument Bara est composé de quatre parties ; de part et d’autre de la statue centrale montrant Jules Bara debout, le bras gauche plié et orienté légèrement vers l’avant, se trouvent, à gauche un homme et son fils en train de lire, et à droite, une femme dont on ne sait si elle est en train d’écrire ou de dessiner le portrait de Bara. À l’arrière, sur un très haut socle entouré de quatre colonnes, la Justice couronne l’ensemble du monument situé sur une large place donnant sur la gare. Un seul mot est gravé dans la pierre, le nom de BARA. On peut lire sur le socle du bronze de l’homme politique la signature de Guillaume Charlier, celle de la société « H. Verbyst. Fondeur. Bruxelles » et la mention du nom « Victor Horta » sur la pierre, à l’avant du monument.

L’ensemble a été inauguré en très grandes pompes le 20 septembre 1903, l’inscrivant dans la tradition – maintenue en Wallonie – de la célébration des Journées de Septembre de 1830. Une foule nombreuse eut l’occasion d’entendre le discours prononcé par Paul Hymans, d’assister au défilé de plusieurs centaines de gymnastes, de prendre part à un concert ou d’admirer, le soir, la statue illuminée. C’est à une véritable glorification de la figure de Jules Bara que procède la ville de Tournai, trois ans à peine après sa disparition.


Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 209
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 247
Paul HYMANS, Jules Bara. Discours prononcé à la cérémonie d'inauguration de la statue de Jules Bara à Tournai le 20 septembre 1903, Bruxelles, Vanbuggenhoudt, 1903
Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images
Serge LE BAILLY DE TILLEGHEM, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 321-325
Elia KETELS, dans Biographie nationale, t. 41, col. 110-114.

Place Crombez
7500 Tournai

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Plaque Charles BALBOUR

Stèle et plaque à la mémoire d’un musicien et d’un combattant de 1914 victime de la grippe espagnole.

Plaque commémorative en l’honneur d’un résistant dinantais de 1914
Réalisée à l’initiative des autorités dinantaises.Dinant, circa 1930.

Apposée sur un mur, juste sous le début du pont de Dinant, à hauteur de la collégiale, une plaque en pierre rend hommage à Charles Balbour (1885-1924) qui s’est distingué en réalisant un acte de désobéissance spectaculaire par rapport aux occupants allemands de la Grande Guerre. Cantonnier des ponts et chaussées, plongeur, Balbour connaît particulièrement bien la Meuse. 

Avec Jules Hentjens, Charles Balbour est l’un des principaux protagonistes de l’évasion spectaculaire de dizaines de citoyens à bord de l’Atlas V, épisode héroïque de la Grande Guerre qui se déroula dans la nuit du 3 au 4 janvier 1917. Malgré la surveillance et les tentatives d’interception des Allemands, le navire parvient à quitter Liège et à gagner les Pays-Bas, où une centaine de personnes arrivent à bon bord.

Afin de rendre hommage à Charles Balbour qui perdit la vie, en 1924, lors des travaux de reconstruction du pont détruit pendant la guerre, la ville de Dinant inaugure cette inscription gravée dans la pierre :

                                                                                   À 
                                                                        Charles Balbour 
                                                                      Héros de l’Atlas V
                                                                             3-1-1917
                                                                           Décédé ici
                                                                       Le 13 mai 1924

Près de la collégiale, depuis 1993, une place porte aussi le nom de Charles Balbour.

Édouard DEHARENG, L’odyssée du remorqueur Atlas V, Visé, s.d.
L'Atlas V, Liège, Vonêche, 1930

près de la collégiale, sur le mur du pont de Dinant
5500 Dinant

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Statue Arnould de Binche

Statue d’Arnould de Binche, réalisée par Frantz Vermeylen, septembre 1911.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993) ; il s’agit en fait de toutes les statues de gauche quand on fait face à la gare. Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche qui nous occupe ici. Il s’agit de la statue la plus à droite (par rapport à la gare) et la plus éloignée de celle-ci.

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche.

 

Statue d’Arnould de Binche

Concernant les 8 statues qui composent l’ensemble face à la gare, tous les personnages ont vécu avant le XVIIe siècle, six représentent des « princes ou princesses », et les deux autres sont des artistes : Gilles Binchois et Arnould de Binche. Représenté tenant un plan et un compas dans ses mains, ce dernier est un architecte né à Binche au XIIIe siècle et auquel on attribue la construction de l’église de Pamele près d’Audenaerde, édifice datant de 1235 et remarquable en raison de son style curieux, typique de la transition entre le roman et l’ogival. Les connaissances dont l’architecte fait preuve dans la construction de Pamele témoignent de sa grande maîtrise des techniques nouvelles de son temps. Au XIXe siècle, Arnould de Binche apparaît comme l’architecte le plus ancien d’un monument belge. Une recherche menée par Félix Hachez au milieu du XIXe siècle apporte quelques renseignements sur le parcours d’un Arnould de Binche qui reste néanmoins un personnage fort mystérieux.




 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 192

0, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1, p. 57-68
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739
Baron de SAINT-GENOIS, dans Biographie nationale, t. 1, col. 464-465
Félix HACHEZ, Notice sur maître Arnould de Binche, architecte au XIIIe siècle, Mons, 1859

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

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