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Collège royal Marie-Thérèse à Herve

Le collège royal Marie-Thérèse est encore aujourd’hui un des rares témoins de la politique religieuse et d’enseignement de l’impératrice d’Autriche dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. 

La suppression de la compagnie de Jésus par le pape Clément XIV en 1773 provoque dans les Pays-Bas autrichiens la suppression de dix-sept collèges et incite Marie-Thérèse à créer des collèges royaux sur le modèle des collèges thérésiens autrichiens. L’établissement de Herve, actuellement le seul à toujours porter le nom de sa fondatrice, est créé le 9 mars 1777. 

Les anciens bâtiments du collège englobent les constructions du refuge des Récollets de Bolland et sont inaugurés le 1er janvier 1778. Le collège est toutefois supprimé dès 1794 par les troupes françaises qui réquisitionnent les bâtiments. De leur passage, nous conservons une trace discrète mais révélatrice. Sur une des portes du collège a été gravée l’inscription « République française une et indivisible ». En 1803, après la pacification religieuse apportée par le Concordat, un établissement scolaire privé intègre l’ensemble qui renoue définitivement avec l’enseignement.

 

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Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Château de la Tour et l'église Saint-Hubert

La seigneurie d’Esneux était une des sept seigneuries au-delà des bois du duché de Limbourg, la plus importante d’entre elles. Son territoire était bien supérieur à celui de la commune actuelle et comportait plusieurs enclaves. Esneux appartenait avant 1140 à la famille de Duras puis passa entre divers mains avant d’être engagée à la famille d’Argenteau au XIVe siècle. Cette famille resta propriétaire de la seigneurie jusqu’en 1787 et éleva la terre en comté. Esneux possédait sa cour de justice, qui relevait de la Haute Cour de Limbourg, et une cour féodale pour ses arrière-fiefs.

La pierre tombale de Guillaume d’Argenteau dans le porche de l’église Saint-Hubert d’Esneux. Photo de 1942 © KIK-IRPA, Bruxelles

Les sires d’Argenteau, comtes d’Esneux, possédaient une maison forte sur leurs terres. Le château de la Tour, siège du comté, barrait le passage entre l’Ourthe et la colline et défendait ainsi les positions du duché au sud de ses territoires. Aujourd’hui privé de sa cour intérieure, l’ensemble ne conserve plus que l’aile d’habitation construite entre les XVIe et XVIIIe siècles en moellons de grès et en calcaire. Le bâtiment est caractérisé par une toiture à la Mansart percée de lucarnes et par une tourelle d’angle en échauguette de construction récente (1931) avec remploi d’éléments divers parmi lesquels une dalle funéraire d’un enfant d’Argenteau du XVe ou du XVIe siècle. Au nord se trouve la partie la plus ancienne du château millésimée 1582 ; la façade est est ornée de deux dalles armoriées de Guillaume II d’Argenteau et Jeanne d’Autel. De la tour qui donna son nom au château et qui fut détruite par une crue de l’Ourthe au XVIe siècle, nous ne conservons rien.

L’église Saint-Hubert d’Esneux compte quant à elle plusieurs monuments funéraires parmi lesquels la dalle funéraire de Guillaume d’Argenteau et de ses deux épouses, datant de la première moitié du XVIe siècle. Située au mur dans le porche, elle a été taillée dans le calcaire de Meuse. On y trouve également la dalle de Gilles Martin Stassart, maïeur du ban de Sprimont (†1687).

Avenue Montéfiore, 29
4130 Esneux

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Frédéric MARCHESANI, 2013

G. Focant - SPW Patrimoine

Abbaye de Floreffe

Entre 1102 et 1121, le comte de Namur Godefroid Ier rachète l’alleu de Floreffe afin de le réunir à son comté. À partir de cet instant, le sort de Floreffe est lié à celui des destinées namuroises : l’endroit devient ville et franchise et le comte accorde des libertés aux Floreffois. En 1121, il donne à saint Norbert une partie de ses droits et fait de Floreffe un centre religieux en lui permettant de fonder une abbaye. En même temps, la localité devient un des centres administratifs et économiques importants du comté de Namur ; située dans le baillage de Fleurus, elle devient le chef-lieu d’une mairie et possède une halle. Autour de l’abbaye, la ville devient aussi une position défensive et se trouve au centre de la politique stratégique du comte Henri l’Aveugle au milieu du XIIe siècle : le comte érige des murailles ponctuées de tours et portes. En 1289, le comte de Namur y détient les droits seigneuriaux fonciers et hautains dont la haute justice et y possède d’importants domaines. En 1672, la seigneurie hautaine et foncière est cédée par Charles II à l’abbé Guillaume de Jallet ; le monastère restera seigneur hautain jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. De l’enceinte de l’abbaye subsistent quelques murs du XVIIe siècle et cinq tours carrées.
Le site de l’abbaye de Floreffe est exceptionnel à plus d’un titre ; l’ensemble est construit sur une pointe rocheuse qui domine la Sambre. 

De l’abbaye médiévale subsistent l’église, la salle du chapitre, le cellier, l’infirmerie et le moulin-brasserie. Des Temps modernes, un ensemble d’autres bâtiments parmi lesquels les quartiers abbatiaux. L’ancienne abbatiale retient ici particulièrement notre attention de par sa richesse architecturale et de par son rôle politique d’importance : le sanctuaire est une des sépultures des comtes de Namur au Moyen Âge. Bordant le côté nord du périmètre abbatial, l’église a été érigée par l’abbé Gerland entre 1165 et 1188 ; de cette campagne subsistent la dernière travée de la nef, le transept avec le bas-côté occidental, les chapelles flanquant le chœur et la crypte. Les nefs gothiques sont achevées en 1250, le transept en 1552-1578.

Le chœur de l’abbatiale de Floreffe avec, à droite, un monument funéraire. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

La grosse tour, construite au même moment, est achevée en 1563 comme l’atteste un millésime et un blason aux armes du comté de Namur présents sur la face sud. L’ensemble est coiffé d’une flèche baroque au XVIIe siècle. La superbe façade en briques et pierre bleue qui mélange l’esprit baroque et le style Louis XIV est construite sous l’abbatiat de Charles Dartevelle (1737-1756) ; l’intérieur sera pour sa part remodelé par Laurent-Benoît Dewez entre 1770 et 1775. Le chœur de l’abbatiale est encore orné de deux sépultures de comtes de Namur, reconstruits sous les travaux de décoration menés par Dewez. Du côté nord se trouve la tombe du comte de Namur Godefroid et de son épouse Ermesinde. Ce comte, né en 1067 et ayant régné entre 1102 et 1139, est à l’origine de la fondation de l’abbaye. Devenu comte de Namur, il répudia son épouse et se remaria en 1109 avec Ermesinde, fille de Conrad Ier, comte de Luxembourg, avec qui il aura cinq enfants. Il était également le frère du prince-évêque de Liège Frédéric de Namur (1119-1121). Avec son épouse Ermesinde de Luxembourg, ils reçurent à titre de fondateur de l’abbaye leur sépulture dans l’église, devant le grand autel. Cette tombe ancienne, avant d’être déplacée dans le nouveau chœur en 1642, disparut lors des transformations apportées en 1770-1775. Elle fut remplacée par le monument que nous connaissons encore aujourd’hui, conçu en harmonie avec le nouveau décor et comme élément de la composition de l’habillage architectural. 

Le blason du comté de Namur sur la tour de l’abbatiale de Floreffe. Photo de 1992 © KIK-IRPA, Bruxelles

Le monument est résolument de son temps et comporte une riche décoration : un sarcophage, une tête de mort, une colonne et un pot-à-feu, assemblés avec draperie et fronton. Du côté sud, une composition analogue abrite la sépulture du comte de Namur Henri l’Aveugle et de son épouse Anne de Gueldre. Successeur de Godefroid et né en 1112, il règne sur le comté de Namur et le comté de Luxembourg, hérité de sa mère, entre 1139 et 1196. Une grave maladie lui fera perdre la vue en 1182, ce qui lui vaudra son surnom. L’histoire de ce monument est analogue au précédent, seule la composition est différente : sarcophage convexe, médaillon portant les armes du comté de Namur porté par deux angelots, tenture suspendue à une couronne et placée devant un obélisque.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Photo de 1979 © KIK-IRPA, Bruxelles

Ancienne chapelle des Capucins

La chapelle de l’actuel collège Saint-Remacle conserve la mention de quatre princes-abbés. 

Cette ancienne chapelle des Capucins, dédiée à la Vierge, saint Antoine de Padoue et saint François, a été construite en 1659. Elle fut un des rares bâtiments stavelotains à avoir échappé à l’incendie de la localité en 1689. 

Située au fond d’une courette bordée d’arbres, la chapelle est élevée en briques et calcaire et possède une nef unique. 

À l’intérieur se trouve le monument funéraire de Jean Gilson, révérend et conseiller de plusieurs princes-abbés. Daté de 1767, le monument est construit en marbre noir et blanc et porte l’inscription suivante en son centre : « Icy repose le Révérend Seigneur Jean Gilson prêtre bénéficier de Marchienne-au-Pont. Recteur du cantuaire de Warnant, secrétaire et receveur général des Princes Nicolas de Massin, Dieudoné de Drion et Joseph de Nollet et Alexandre de Delmotte, décédé le 30 octobre 1767 ».

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Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW - G. Focant

Ancien palais des princes-évêques de Liège

Les premières mentions d’un « palais épiscopal » remontent au IXe siècle, lorsque son occupant n’était encore qu’évêque de Liège. C’est toutefois sous l’épiscopat de Notger (972-1008), considéré comme le premier prince-évêque suite à la donation du comté de Huy en 985, que l’on trouve la trace d’un nouveau palais, que nous considérons aujourd’hui comme le « premier palais des princes-évêques ».

Le palais de Liège a connu les affres du temps, des raids normands de 881 au grave incendie de 1185 (le siège du pouvoir est immédiatement reconstruit par Raoul de Zähringen (1167-1191)) et aux conflits entre Liège et le duché de Bourgogne au XVe siècle.

C’est sous le règne du richissime bâtisseur Érard de la Marck (1505-1538) que la renaissance du palais a lieu. L’édifice actuel en est encore en grande partie l’héritier : articulation autour de deux cours en enfilade dont la première est caractérisée par une série de colonnes aux motifs Renaissance.

Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques n’ont de cesse d’imprimer leur marque dans l’intérieur de leur résidence dont ils modernisent les locaux. L’extérieur connaît de lourdes modifications sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) lorsqu’un grave incendie ravage le palais dans la nuit du 23 mars 1734 et détruit intégralement la façade Renaissance construite sous Érard de la Marck.

Aux premières heures de la Révolution, le palais est épargné. Il faut dire que les premières années qui suivent le soulèvement populaire sont confuses à Liège où les deux derniers princes-évêques prennent la fuite et sont chacun rétablis dans leurs États à deux reprises. La bataille de Fleurus et l’arrivée des Français signent pour de bon la fin de l’occupation princière au palais de Liège. Le 27 juillet 1794, la foule envahit l’édifice et procède à un pillage en règle de tout ce que le prince-évêque n’a pu emporter, c’est-à-dire la majorité des richesses. Cet envahissement populaire fait disparaître les blasons et portraits rappelant le régime déchu. Ensuite, on procède à une totale laïcisation du bâtiment qui est préservé dans sa totalité pour des raisons pratiques évidentes. Déjà lors de la première occupation de nos régions par les armées républicaines, le général Dumouriez avait choisi le palais pour y loger lors de son passage en novembre 1792. Sous la seconde occupation, l’édifice devient le palais de Justice de la République et, en son sommet, un carillon vient remplacer le globe et l’aigle impériale.

Le palais abrite ainsi, jusqu’à l’annexion, le tribunal révolutionnaire de Liège, installé dans l’ancienne chapelle du prince. Ce tribunal criminel est installé le 12 octobre 1794, il est composé de dix membres et étend sa juridiction sur les anciens pays de Liège, Franchimont, Stavelot, Logne et Limbourg. On y trouve 8 juges, un greffier et un accusateur public. L’ancien « palais des princes-évêques » est rebaptisé « palais national ». En tant que chef-lieu de département, Liège devient le siège des juridictions d’instance et d’appel sous le régime français. Les salles jusqu’alors occupées par le Synode, la Cour féodale et l’Échevinage, institutions abolies, sont réaffectées en dépôt d’archives. Après l’annexion, le tribunal d’appel du département de l’Ourthe s’installe dans l’aile ouest. Le palais abrite alors non seulement les institutions judiciaires, mais également les institutions centrales. C’est au préfet Desmousseaux que l’on doit, en 1800, le départ de ces dernières vers l’hôtel de Hayme de Bomal. La destinée du palais est désormais écartée de celle du pouvoir central et conserve une fonction essentiellement judiciaire.

Chaque changement de régime en France à l’époque est accompagné de changements institutionnels : nouvelle constitution, réforme administrative, réforme judiciaire… L’Empire ne déroge pas à la règle. Créée par la loi du 20 avril 1810 et établie le 20 mai 1811, la cour impériale de Liège s’installe logiquement au palais. Sa juridiction s’étend sur les départements de la Lippe, de la Meuse inférieure, de l’Ourthe, de la Roer et de Sambre-et-Meuse. Il s’agit bien ici d’une « super » cour de justice dont l’importance est considérable qui est installée dans l’ancienne capitale principautaire. La cour impériale est divisée en quatre chambres : deux chambres civiles, composées de 7 à 9 conseillers et tenant chacune quatre audiences par semaine ; une chambre des mises en accusation, composée de 3 conseillers et tenant audience tous les lundis ; une chambre des appels de police correctionnelle, composée de 7 conseillers.

Hormis ces institutions strictement judiciaires, le palais abrite d’autres administrations parmi lesquelles celle des domaines nationaux, chargée de procéder à la vente d’immeubles déclarés « biens nationaux ». On y trouve également, à partir de 1800, une prison pour femmes, installée dans la partie orientale du palais, autour de la seconde cour, où les arcades des galeries sont murées afin d’augmenter l’espace carcéral.

De cette affectation judiciaire apportée par les Français, rien n’a changé. Aujourd’hui encore, le palais abrite, dans sa partie droite, le palais de justice. Le régime belge affecte également le bâtiment à la résidence du gouverneur de la province de Liège, fonction qu’il occupe toujours actuellement.

Plus de deux siècles après sa disparition en 1795 au terme d’un millénaire d’existence, les Liégeois restent encore viscéralement attachés au souvenir de leur ancienne principauté, de son autonomie, du rôle de capitale de Liège. Ce sentiment d’appartenance distinctive de l’ancienne "Nation liégeoise" a contribué, sinon à nourrir un sentiment wallon, en tous cas à affaiblir un sentiment national belge que d’autres options politiques, bien plus tard, ne renforceront pas davantage.

Ainsi, ce n’est pas un hasard si le 14 juillet est fêté à Liège autant qu’en France, et bien plus que le 21 juillet : c’est en 1937 que la Ville (qui avait déjà été la première ville étrangère à recevoir la Légion d’Honneur en 1919 – des mains du Président de la République française Raymond Poincaré en personne – pour sa résistance face à l’armée allemande en août 1914) décida de s’associer officiellement à la fête nationale française, en signe de protestation contre la rupture de l’alliance militaire franco-belge et la politique de neutralité vis-à-vis du IIIe Reich, l’une et l’autre voulues par les milieux flamands radicaux et par le roi Léopold III, et qui portaient déjà en elles les signes avant-coureurs des errements de ces derniers durant l’occupation allemande. Mais l’ancien palais princier a également été le cadre de manifestations plus tangibles du Mouvement wallon et un détail de sa façade principale rappelle un élément fondateur de celui-ci, à savoir la « pierre noire ». 

La « pierre noire »

Sur la façade principale du palais, à gauche de l’entrée principale, se trouve encore, épargnée par les changements de régimes et les restaurations successives depuis deux siècles, une pierre prévue pour l’affichage et dont le dessus porte la mention gravée : Loix publiées dans le département de l’Ourte. Elle fut utilisée à partir du 12 mars 1796, alors que le palais n’avait plus, provisoirement, qu’une fonction judiciaire depuis le rattachement de l’ancienne principauté à la France et son démantèlement dans le cadre de la création de départements préfigurant nos actuelles provinces.

Le palais provincial

Partie intégrante du palais, le nouveau palais provincial est érigé à l’emplacement des anciennes écuries épiscopales sur les plans de Jean-Charles Delsaux, lauréat d’un concours organisé en 1848. De style néogothique, le bâtiment de trois niveaux se développe sur un corps central flanqué de deux marteaux en saillie. La façade, imposante, s’élève sur vingt-cinq travées, au centre desquelles un péristyle soutenu par cinq colonnes trouve sa place au rez-de-chaussée. La décoration de cette façade est exceptionnelle : quarante-deux statues, soixante blasons et dix-neuf bas-reliefs évoquent l’histoire de la ville et de la principauté de Liège.

La décoration intérieure est elle aussi remarquable : le hall d’entrée est orné d’un harmonieux plafond à caissons et de peintures murales décoratives. Les salles des pas perdus et du Conseil provincial sont également très intéressantes. Richement décorée, cette dernière salle comporte un plafond à caissons orné de peintures d’Édouard van Marcke, mais également une imposante double tribune baroque en chêne sculpté polychrome. Une frise et des colonnes polychromes courent tout le long de la pièce et s’harmonisent avec les pupitres couverts de velours pourpre.

1907 : la réunion des ligues wallonnes

À l’occasion du dixième anniversaire de la Ligue wallonne de Liège, toutes les ligues wallonnes se réunissent à Liège, au palais provincial, le 9 mai 1907, date du dixième anniversaire de la Ligue de Liège. Celle-ci, comme les autres ligues, a pour but de défendre les droits des Wallons sans porter de couleur politique. 

La Ligue liégeoise a pour président Julien Delaite, déjà secrétaire de la Société liégeoise de Littérature wallonne. Promotrice du chant des Wallons, la Ligue wallonne de Liège sera également l’organisatrice des Congrès wallons de 1912 et 1913, tenus à Liège. Cette Ligue aura toutefois une existence éphémère : sans aucune action durant la Première Guerre mondiale, elle tient quelques réunions après l’Armistice, mais le comité directeur décide de la fin des activités le 28 novembre 1919. La Ligue wallonne de Liège fut cependant une des associations les plus militantes et les plus dynamiques du Mouvement wallon à la prétendue belle époque.

1930 : le premier Congrès de la Concentration wallonne

Au début de l’année 1930, la Ligue d’Action wallonne décide d’organiser les 27 et 28 septembre un premier Congrès de la Concentration wallonne, au moment où la ville de Liège organise une exposition internationale s’inscrivant dans le cadre du centenaire de l’indépendance de la Belgique. Désireux d’affirmer franchement une identité wallonne, ce Congrès est présidé par Charles Defrêcheux et Marcel Franckson, et tient ses séances dans la salle du Conseil provincial. À nouveau, les discussions portent sur la coexistence des Wallons et des Flamands au sein de l’État belge, et sur l’identité française du sud du pays. Une commission est chargée d’étudier la forme institutionnelle que pourrait prendre la Wallonie.

1947 : l’action du groupe « Jeune France »

Fin 1945, Liège avait accueilli en novembre, au palais provincial notamment, le général français de Lattre de Tassigny, qui avait accepté alors de porter l’insigne de « Wallonie libre ». Un an et demi plus tard, à l’été 1947, alors que la mise au placard des revendications wallonnes de 1945 commence à se dessiner, André Schreurs (le fils du secrétaire du Congrès national) et Fernand Massart (futur parlementaire Rassemblement wallon), animant le groupe « Jeune France », font nettoyer et redorer « la pierre noire » en tant que témoin des vingt années de période française.

Le bâtiment que nous connaissons actuellement garde les traces des interventions de nombreux prélats liégeois et est l’héritier de plusieurs autres bâtiments défunts.

Les témoins du passé

Aujourd’hui, si les blasons, armoiries et portraits des princes d’Ancien Régime ont été restaurés, le palais garde encore quelques maigres traces physiques qui viennent rappeler la période française. Sur la façade principale, à gauche du porche d’entrée, une pierre discrète est encore visible. Appelée « pierre noire », il s’agit de l’endroit sur lequel étaient placardées les lois publiées dans le département et que le régime utilisa à partir du 12 mars 1796. On peut encore y lire, en lettres dorées sur sa partie supérieure « Loix publiées dans le département de l’Ourte ». Dans le grandiloquent programme iconographique du palais provincial, construit à partir de 1836 dans le but de célébrer plusieurs siècles d’histoire liégeoise, la période française ne fut pas oubliée. Parmi les noms présents dans les phylactères du plafond de la salle du Conseil provincial figurent les noms des deux préfets du département de l’Ourthe : Antoine Desmousseaux (1800-1806) et Charles-Emmanuel Micoud d’Umons (1806-1814).

Outre de nombreux portraits, plusieurs traces nous sont parvenues, la plupart témoignant des interventions ayant suivi l’incendie de 1734.

Le fronton courbe de la façade principale porte les armoiries de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Il est le témoin principal de la reconstruction par l’architecte bruxellois Jean Anneessens suite à l’incendie de 1734. Les armoiries datent de 1737 et présentent le blason du prince, entouré de deux lions et portant la couronne, la crosse et l’épée. Une inscription en-dessous de la composition rappelle l’incendie et la reconstruction suite à l’intervention des États : « Georges-Louis, évêque et prince de Liège, a restauré le palais, détruit partiellement par un incendie, grâce à la générosité des États, du Clergé et de la Cité – 1738 ». Disparues à la Révolution, ces armoiries furent rétablies vers 1905.

Les voûtes des galeries de la première cour sont ornées des armoiries de plusieurs princes-évêques au niveau des clés de voûte.

Seul témoin de la première campagne d’édification, les armes d’Érard de la Marck (1505-1538) se trouvent à l’angle nord-ouest. La fragilité de la construction obligea ses successeurs à ordonner des travaux de reconstruction et de consolidation tout au long du XVIe siècle.

Les armoiries de Gérard de Groesbeeck (1564-1580), présentes dans la galerie est, commémorent la réfection des voûtes en 1568 ; la première arcade au nord-est porte, quant à elle, un chronogramme daté de la même année témoignant également de cette reconstruction et portant une inscription latine signifiant « À l’exemple de ton prédécesseur, Gérard de Groesbeeck ». Les armes d’Ernest de Bavière (1581-1612) figurent, quant à elles, dans la galerie nord et commémorent la restauration des voûtes en 1587.

Un autre chronogramme, tracé non loin du premier témoigne lui aussi de cette campagne de restauration : « Ô chef et roi Ernest de Bavière, tu consolides les choses branlantes ».

Toutes les façades de la première cour sont ornées de nombreuses armoiries d’Érard de la Marck (1505-1538). Placées sous chaque baie, elles indiquent l’identité du commanditaire. Martelées à la Révolution, elles furent rétablies au XIXe siècle lors de la restauration des façades de la cour par l’architecte Lambert Noppius.

Le cabinet du Procureur général est notamment décoré d’une cheminée datée de 1742 dont le contre-cœur est orné des armoiries de Jean-Théodore de Bavière ; le cabinet du Premier Substitut du Procureur du roi abrite une brique de cheminée aux armes de Jean-Théodore de Bavière ; la salle du conseil de la 4e chambre de la Cour d’appel conserve une taque de foyer datée de 1744 aux armes de Jean-Théodore de Bavière. Celles-ci se présentent sous leur forme habituelle : le blason de Bavière est entouré de la couronne, de la crosse, de l’épée et de deux lions. Sous l’ensemble, un bandeau portant la mention « I.T.H.B. 1744 » ; la salle du Conseil de l’ordre des avocats abrite une taque de foyer aux armes et initiales de Jean-Théodore de Bavière. Datée de la même année que la précédente, elle est son exacte réplique et est, elle aussi, placée dans une cheminée en marbre de Saint-Rémy datée de 1750 ; le cabinet du secrétaire du Procureur du roi conserve une taque de foyer aux armes et initiales de Charles-Nicolas d’Oultremont (1763-1771). Située sur la paroi est et datée de 1767, elle représente les armes traditionnelles du prince, telles que l’on peut les voir sur le fronton de l’église du Saint-Sacrement. L’inscription « C.N.A.O.E.P.L. » (Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, Évêque et Prince de Liège) est gravée dans le bas de la composition. La même cheminée comporte aussi une brique de foyer de 1764 aux armes de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; l’escalier royal figure le monogramme de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Réalisé vers 1740, ce très bel ensemble en fer forgé présente les initiales G et L entrelacées, dans un médaillon surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique.

Au sommet de cet escalier, une large baie est surmontée par le monogramme du même prince et ouvre sur la grande galerie Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière. Installé entre 1762 et 1764, l’ensemble réalisé en fer forgé présente, en médaillon, les initiales J et T entrelacées, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire ; l’escalier des États conserve des motifs au monogramme de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; les galeries de la seconde cour sont aujourd’hui transformées en « galerie lapidaire » et conservent des pierres aux armes d’Érard de la Marck (1505-1538) et de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688); la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé, dite aussi « salle bleue » est entièrement lambrissée d’armoires aux initiales de Maximilien-Henri de Bavière, entrelacées et placées sous le bonnet de prince du Saint-Empire, rappelant que le prince était également Électeur de Cologne. Ces monogrammes constituent un témoin rare et privilégié de la décoration intérieure liégeoise de l’époque

La salle du Conseil provincial, bien que datée du XIXe siècle, conserve la tribune de l’ancienne salle des échevins. La haute tribune en chêne sculpté et polychrome, portée par des atlantes et des putti, date en effet du siècle précédent. Elle présente, en son centre, le blason des princes de Bavière: crosse, épée et couronne sur un grand manteau de prince du Saint-Empire, doublé d’hermine. Le tout est l’œuvre du sculpteur Jean Del Cour, sculpteur officiel de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) mais ornait vraisemblablement le trône édifié pour Joseph-Clément de Bavière (1694-1723) ou Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; le palais provincial abrite également l’escalier de la maison des États, dans les appartements du gouverneur de la province. Dessiné en 1749 par l’architecte Charles-Antoine Galhausen et réalisé par Jean-François Ermel en 1752, il comporte des motifs évoquant le monogramme de Jean-Théodore de Bavière.

Avec les multiples richesses patrimoniales que recèlent ses façades, ses deux cours et ses nombreuses pièces d’apparat, le palais de Liège est incontestablement à placer au rang des plus beaux palais européens et il bénéficie d’ailleurs du label "Patrimoine européen". Sa fonction politique donna au bâtiment ses plus beaux salons d’Ancien Régime et ses très belles réalisations du XIXe siècle dans la partie provinciale. Architecturalement, celles-ci furent une des premières manifestations du style historiciste (néogothique en l’occurrence) et, à cet égard, en avance sur leur temps comme l’avait été, des siècles auparavant, l’adoption précoce et très éclectique dans le palais des princes-évêques des premiers canons de la Renaissance italienne dont témoignent le plan de l’édifice et les colonnes de l’imposante première cour.

Place Saint-Lambert et Place Notger
4000 Liège

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Classé comme monument le 22 octobre 1973
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Ancienne sépulture des ducs de Brabant, Abbaye de Villers-la-Ville

Vue des ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville, autrefois sépulture des ducs de Brabant. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

 La première implantation d’une abbaye sur le site de Villers-la-Ville eut lieu en 1146 lorsque des moines de l’abbaye de Clairvaux vinrent s’installer à cet endroit suite à l’intervention de saint Bernard. Sous le règne de l’abbé Charles de Seyne, les bâtiments primitifs furent remplacés et augmentés entre 1197 et 1209. Une intense activité de construction et d’expansion se poursuivit tout au long du XIIIe siècle et durant la première moitié du XIVe siècle. L’église et le quartier abbatial furent encore modifiés entre 1254 et 1545. En 1568, des dommages furent causés par la révolte des Gueux menée depuis deux ans par Guillaume d’Orange, puis un siècle plus tard par les troupes de Louis XIV. Le XVIIIe siècle apporta un calme bénéfique et vit la remise en état de l’abbatiale par Laurent-Benoît Dewez, architecte attitré des abbayes (Gembloux, Floreffe, Orval, Heylissem…). Le site fut lourdement pillé pendant la Révolution brabançonne et lors du passage des armées françaises en 1794. Supprimée et mise en vente en 1797 après un grave incendie, l’abbaye servit alors de carrière. Propriété de l’État depuis 1892, les ruines sont aujourd’hui classées, restaurées, protégées et forment toujours, malgré leur destruction, un site abbatial de premier ordre.

 

Le blason présent sur les vestiges du monument funéraire de Conrad de Souabe à l’abbaye de Villers-la-Ville. Photo de 1943 © KIK-IRPA, Bruxelles

L’abbaye fut de tous temps liée au duché dans lequel elle se trouvait, les moines cherchant la protection et les faveurs des ducs de Brabant. Durant la seconde moitié du XIIe siècle, l’abbaye tenta d’assurer sa situation vis-à-vis des princes laïques, en particulier des ducs de Brabant. Dans un premier temps, l’abbé obtint une promesse de protection des ducs Godefroid III et Henri Ier, ainsi que du comte de Namur Henri Ier l’Aveugle. À partir de 1205, le nom du domaine fut même transformé en abbaye de Villers-en-Brabant. Les princes accordèrent aussi l’exemption d’impôts à l’abbaye et en devinrent les avoués. La plupart des propriétés de Villers se trouvaient par ailleurs en terres brabançonnes. Cet état de fait perdit progressivement de l’importance en même temps que s’opéra le premier déclin de l’abbaye dans les dernières décennies du XIIIe siècle.

 

Vestiges de la tombe présumée de Godefroid de Perwez, conseiller du duc de Brabant. Photo de 1943 © KIK-IRPA, Bruxelles

 Au XIIIe siècle, l’abbaye fut choisie comme lieu de sépulture par plusieurs ducs de Brabant. Nous ne conservons rien des monuments funéraires d’Henri II de Brabant (1235-1248) et de Sophie de Thuringe ainsi que de celui de Jean III (1312-1355) et de Marie d’Évreux. Situées dans le sanctuaire de l’église abbatiale, les sépultures ont subi des dégradations lors des troubles religieux de 1588, lorsque des iconoclastes saccagèrent l’abbaye. Un rapport remis en 1620 aux archiducs Albert et Isabelle précise que les monuments furent gravement endommagés. Quelques dessins anciens tendent à démontrer qu’il est probable que les tombeaux aient été restaurés à la demande des archiducs. Les deux monuments ont toutefois été définitivement détruits par les armées républicaines en 1794. De nombreux autres monuments funéraires existaient à Villers-la-Ville. Parmi les rares exemplaires conservés dans la galerie lapidaire du cloître, celui de Conrad de Souabe retient l’attention. Il s’agit en effet de la dalle funéraire d’un haut personnage du duché de Brabant, conseiller du duc Henri II. Quelques fragments du monument funéraire de Godefroid de Perwez sont également conservés. Situés dans l’église, au côté sud du chœur, ils témoignent de la sépulture de ce seigneur de Perwez, lui aussi conseiller du duc Henri II.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Collégiale de Chimay

Les armoiries du duc de Croÿ au-dessus de son monument funéraire © IPW

La collégiale Saints-Pierre-et-Paul de Chimay conserve le souvenir du duc Charles de Croÿ, personnage indissociable de l’histoire chimacienne. 

Situé sous une arcade décorée de neuf écus d’armes, le très beau mausolée témoigne des relations entre Charles Ier de Croÿ, premier prince de Chimay, et Charles Quint. Rangé aux côtés de l’empereur Maximilien au cours des confrontations entre les héritiers de la maison de Bourgogne et des milices flamandes, il fut récompensé en 1486 lorsque l’empereur érigea le comté de Chimay en principauté. Mort en 1527, il fut le parrain et le précepteur de l’empereur.

Monument funéraire du prince de Chimay Philippe de Hénin-Liétard dans le choeur de la collégiale de Chimay © IPW


Sculpté dans le marbre noir et l’albâtre, le gisant représente le prince en armure drapé d’un manteau et portant le collier de l’ordre de la Toison d’Or. Sa tête est ceinte de la couronne princière et repose sur un coussin. Sur le mausolée, sous le gisant, figure l’inscription suivante : « Icy gist très illustre et très vertueux Charles de Croÿ, premier prince de Chimay, seigneur d’Avesnes, de Buvrin, Lilers, Malanois, Marpent et en son temps premier chamberlain à l’empereur Charles 5e de ce nom, époux et mary à très noble et très vertueuse dame Louise d’Albrect, princesse de Chimay, dame d’Avesnes, lequel trépassa le 2 de septembre 1527 – Priez Dieu pour son âme ». 

Sur la voûte surplombant le mausolée sont peintes les armes de Charles de Croÿ, surmontées de la couronne princière et entourées du collier de la Toison d’Or. Sous la composition se trouve un bandeau sur lequel est inscrit « Charles de Croÿ, premier prince de Chimay ».

L’épitaphe de Marie-Thérèse Jacquier de Lompre dans la collégiale de Chimay © IPW


Parmi les nombreux autres monuments funéraires situés dans la collégiale de Chimay se trouvent trois monuments eux aussi liés à l’ancien comté de Hainaut. 

À droite du porche d’entrée, contre une colonne de la tribune d’orgue, se trouve le très beau monument de Marie-Thérèse Jacquier de Lompre. Celui-ci est composé d’une table d’épitaphe en marbre blanc cerclée de marbre brun, surmontée d’un fronton décoré de deux chérubins et de ses armoiries. On peut y lire l’inscription suivante : « Au pied de ce pillier repose le corps de Dame Marie Thérèse Jacquier de Lompre, espouse de Mr de Rons, secrétaire de sa majesté catholique en son conseil privé à Bruxelles (…) ». 

Derrière le mausolée de Charles de Croÿ, au sol, se trouve une petite dalle de calcaire au centre de laquelle figure une table d’épitaphe en marbre blanc contenant l’inscription suivante : « Ci gît Jean Henri Flescher (…), conseiller clerc au conseil souverain du Hainaut (…) ». 

Enfin, de part et d’autre du maître-autel se trouvent des monuments funéraires de princes de Chimay parmi lesquels celui de Philippe de Hénin-Liétard. Le monument est décoré du blason du défunt encadré par deux griffons, entouré du collier de la Toison d’Or et surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire. On peut y lire la dédicace suivante « Philippe Gabriel Maurice Joseph d’Alsace d’Hénin Liétard, comte de Boussu, prince de Chimay (…), premier pair des comtés de Hainaut et de Namur (…) ».

Rue Fromenteau

6460 Chimay

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Bruxelles, KIK-IRPA

Chapelle Saint-Pierre de Boneffe

Située à l’angle de la rue de Taviers-Branchon, la chapelle Saint-Pierre est un petit édifice carré en briques peintes et pierre bleue de style néoclassique. Sommée d’un clocheton cubique coiffé d’une pyramide elle-même surmontée d’une croix, l’édifice comporte une inscription, sur le devant de l’autel « Saint Pierre, protégez-nous comme vous nous avez protégés des cosaques en 1814, de Blücher en 1815 ». 

Elle rappelle le passage de troupes russes et prussiennes dans la région lors des dernières campagnes napoléoniennes. Les cosaques, cavalerie légère de l’armée russe, traversent la Wallonie depuis l’est dans les premiers mois de 1814 afin de rejoindre Paris et la campagne de France. Blücher et les troupes prussiennes figurent parmi les protagonistes les plus importants de la campagne de 1815.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Chapelle Saint-Jacques de Beaulieu

La chapelle Saint-Jacques fait office de chapelle castrale pour la famille Duval de Beaulieu. Il s’agit d’un petit édifice de plan rectangulaire construit au début du XIIIe siècle mais lourdement remanié au début du XIXe siècle afin de le transformer en chapelle funéraire. On y adjoint ensuite un porche néo roman vers 1890. On y trouve entre autres les boiseries du couvent des Dominicains de Mons, démoli peu après la Révolution pour y ériger l’hôtel particulier de Constant Duval de Beaulieu. Le domaine appartient à une famille de haute noblesse, dont les membres s’illustrent sous l’Empire et deviennent comtes Duval de Beaulieu en 1809.

Plusieurs membres de la famille enterrés dans la chapelle ont joué un rôle sous le régime français. Constant Duval de Beaulieu (1751-1828) est maire de Mons entre 1800 et 1815. Dieudonné Duval de Beaulieu (1786-1844) occupe de nombreux postes administratifs importants sous l’Empire, notamment auditeur du Conseil d’État en 1806 et intendant de la province de Burgos en 1809. Il poursuit une carrière politique sous les régimes hollandais et belge. Édouard Duval de Beaulieu de Blaregnies (1789-1873) entre au service de la France en 1804 et prend part aux campagnes impériales (Prusse, Pologne, Espagne, Russie). Il est décoré sur le champ de bataille de La Moskova et nommé officier de la Légion d’honneur à Leipzig en 1813. Sous la Restauration, il rejoint les troupes des Pays-Bas et donne sa démission en 1819.

 

Rue de Beaulieu 115 (derrière)
7021 Mons (Havré)

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Chapelle Sainte-Anne de Vaux-sous-Chèvremont

Située au sommet du plateau dominant la vallée de la Vesdre et de la Meuse à hauteur de Vaux-sous-Chèvremont, la chapelle Sainte-Anne est un édifice de calcaire de la fin du XIXe siècle. 

La petite construction classée porte l’inscription « Sainte-Anne 1889 » et abrite, derrière une grille en fer forgé, une potale plus ancienne. Érigé près d’un siècle après les faits, l’édifice mêle la symbolique religieuse et la symbolique révolutionnaire en rendant hommage à des soldats français tués au cours d’un combat contre les Autrichiens en juillet 1794. 

À l’intérieur, une plaque commémorative rappelle cet état de fait : « Chapelle dédiée à sainte Anne d’Auray en Bretagne. Les tilleuls et la potale datant de 1794 évoquent le souvenir de cinq soldats bretons tombés lors de l’offensive française ». Aujourd’hui, seuls trois des cinq arbres subsistent.

Rue Michel de la Brassine 1
4051 Vaux-sous-Chèvremont

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Frédéric MARCHESANI, 2014