Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Henri SIMON

Monument Henri Simon, réalisé par Maurice Bar, 30 juillet 1939.


La disparition, à Liège, le 11 mars 1939, de Henri Simon, à l’âge de 83 ans a laissé orphelin les amoureux de la langue wallonne. Poète, écrivain, auteur dramatique, auteur de comédies, il avait contribué à la renaissance des lettres wallonnes au tournant des XIXe et XXe siècles et, avec lui, disparaissait le Mistral du pays de la Meuse. Avec Li Mwért di l’abe (La mort de l’arbre) (1909) et Li pan dè bon Dieu (Le pain du bon Dieu) (1914), œuvres majeures ressortant d’une rare production, il avait signé des pièces de théâtre et des poèmes qui le plaçaient au premier rang des écrivains dialectaux. 

Après avoir cherché sa voie du côté de la musique, voire de la peinture, celui qui avait été boursier de la Fondation Darchis (1883) et avait bénéficié des conseils d’Adrien de Witte à Rome, s’installe loin de la ville, quand il revient à Liège. Il trouve le calme dans une maison de Sprimont-Lincé, où il va se consacrer entièrement aux lettres wallonnes. Adversaire des « Romantiques », hostile à La Wallonie d’Albert Mockel parce que le symbolisme lui paraît une esthétique ‘étrangère’, il apporte aux lettres wallonnes les qualités qui lui manquaient. Évoquant « le plus grand de tous », Albert Maquet parle d’une production rare, d’une rare tenue. Ses écrits « font de lui le maître incontesté du classicisme et, nouveau mistral, le sourcier des trésors de la langue ». Co-fondateur du Musée de la Vie wallonne (1913), Henri Simon en est le conservateur pendant ses premières années (1915-1922). Membre de la Société de Littérature wallonne et de l’Académie de Langue et de Littérature françaises, dite Académie Destrée dès sa création (1921), il ne prendra jamais place dans le fauteuil qui lui était réservé. La quiétude de sa maison de Sprimont-Lincé lui suffisait ; ses amis lui rendaient régulièrement visite. Fêté de son vivant (1934), Henri Simon ne pouvait être oublié, même si ses obsèques furent à l’image du personnage, à savoir discrètes et intimes. Discrétion ne rimant pas avec oubli, l’auteur du pan dè bon Dieu – ce monument de la littérature wallonne – se devait d’être honoré d’un lieu de mémoire à son mesure. Et ses amis ne tardèrent pas, puisque l’inauguration eut lieu le 30 juillet 1939.
Dans la rue Henri Simon, dans le grand virage, à droite en montant, juste après le n°13, un monument imposant épouse l’angle du tournant : un long mur de pierres définit un espace où des abreuvoirs sont régulièrement fleuris. Une colonne rectangulaire émerge, surmontée d’un épi de faîtage de forme ovale. Sur la face avant, ont été gravés dans la pierre les mots suivants :


A NOSS’ GRAND
SCRIYEU WALLON
HENRI SIMON
1856 – 1939


Quelques centimètres plus haut, apparaît un bas-relief représentant le visage de Henri Simon dans un léger profil, avec la barbe, la moustache et le chapeau caractéristiques du personnage. Il est signé par le sculpteur sprimontois Maurice Bar. Bien connu dans le pays de la pierre, sculpteur et entrepreneur, Maurice Bar avait suivi des cours à l’Académie de Liège et était régulièrement sollicité par les autorités communales pour réaliser des monuments aux victimes deux guerres (comme à Xhendremael), ou bien pour réaliser des bustes (comme celui en pierre du roi Albert, à Esneux), voire le monument O’Kelly, à Jemeppe-sur-Meuse.
 

Informations obtenues grâce à l’amabilité de Mme Ahn et de M. Pierre Toussaint
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature wallonne, Liège, Mardaga, 1979, p. 259
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. II, p. 473-479 ; t. IV, p. 383-385
Les Lettres wallonnes contemporaines, 2e éd., Tournai-Paris, Casterman, 1944
Albert MAQUET, Création, à Liège, du ‘Djan ‘nèsse’ de Henri Simon, dans La Vie wallonne, XLVIII, n° 348, 4e trimestre 1974
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1480
Rita LEJEUNE, Histoire sommaire de la littérature wallonne, Bruxelles. Office de Publicité, 1942
Préface de Jean Haust à la 2e édition du Pan de bon Diu, Liège, Vaillant-Carmanne, 1935, collection ‘Nos Dialectes’
Wallonia, 1893, p. 174
Louis REMACLE, Henri Simon, dans La Défense wallonne, 11 mai 1935
La Vie wallonne, octobre 1934, CLXX, p. 65-66 ; novembre 1934, CLXXI, p. 69-72
Maurice PIRON, Le souvenir de Henri Simon, dans La Vie Wallonne, CCXXIV, n° 8, 15 avril 1939
In memoriam. Textes inédits de Henri Simon dans La Vie Wallonne, CCXXXI, n° 3, 15 novembre 1939
Yves DUBOIS, Les monuments commémoratifs de la Grande Guerre en province de Liège, Université de Liège, mémoire 2010-2011, p. 103

Rue Henri Simon 13 
4140 Sprimont

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Paul Delforge