Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Joseph MARTEL

Avec Georges Truffaut et François Van Belle, Joseph Martel a été le premier parlementaire wallon à déposer une proposition de loi visant à instaurer le fédéralisme en Belgique (1er mars 1938). Reposant sur le principe de la création de trois régions (Wallonie, Flandre et, au moins, l’arrondissement de Bruxelles), le texte n’a pas été pris en considération par la Chambre, mais il n’en reste pas moins une première. 

Élu député socialiste en 1936 à l’âge de 33 ans, Joseph Martel paie-t-il son initiative au scrutin de 1939 ? En tout cas, il n’est pas réélu, mais conservera ses convictions wallonnes : il aura l’occasion de les exprimer à nouveau en janvier 1961, lors de la Grande Grève wallonne contre la loi unique. 

Fils du syndicaliste et député permanent Ernest Martel, ce jeune militant socialiste marqué par le rude travail des carriers d’Écaussinnes, où il est né, s’établit à Braine-le-Comte dans les années 1920 et en devient le premier représentant. Conseiller communal socialiste de Braine-le-Comte élu en octobre 1932, il en devient échevin en juillet 1934, jusqu’à sa mobilisation en novembre 1939. 

Lors de la Campagne des 18 Jours, le jeune soldat est fait prisonnier et, comme plus de 65.000 autres militaires wallons de sa génération, il passe ses cinq années de captivité en Allemagne. Retrouvant son mandat d’échevin au moment de la Libération (1945-1946), il devient bourgmestre de Braine-le-Comte en 1947 et le restera jusqu’à son décès en 1963 ; dans le même temps, il avait retrouvé un siège à la Chambre des députés en tant que représentant PSB de l’arrondissement Soignies (1949-1963).  
 

Afin d’honorer leur leader décédé le 12 avril 1963, les socialistes brainois décident de ne pas fêter le 1er mai de cette année-là et de consacrer plutôt une manifestation en l’honneur de Joseph Martel en inaugurant les étangs qui portent désormais son nom. 

Médaillon Joseph Martel (Braine-le-Comte)

Depuis une douzaine d’années, Martel avait porté ce dossier consistant à transformer près de 3.000 m² en espace de tourisme social, autour d’un vaste étang dédié à la pêche. L’inauguration des étangs se fit en présence des ministres Bohy et Custers, ainsi que de Léon Hurez, son successeur à la Chambre. En octobre 1964, les socialistes perdaient leur majorité absolue et étaient écartés du Collège par une majorité libérale, dans des circonstances rocambolesques. Néanmoins, les oppositions politiques n’empêchent pas l’érection d’un monument témoignant de la reconnaissance à l’ancien maïeur et député. Une plaque évoque le lieu et son initiateur.


Au moment de l’inauguration, un médaillon apparaissait au centre de la partie supérieure, incrusté sur une pierre bombée qui reposait sur le socle encore visible, mais, en 2014, le monument réalisé par Pascal Norga en était dépourvu.   

Originaire d’Etikhove où il est né en 1900, Pascal Norga est un sculpteur, spécialisé en art funéraire, qui dirigea la Fonderie de bronze et de cuivre « PN », établie à Renaix (Ronse) au milieu du XXe siècle ; il y utilisait la technique de moulages à découvert. Son père, Franz Norga (1861-1948) était originaire d’Espagne et s’était établi comme ébéniste dans le petit village d’Etikhove. Il avait eu quatre enfants dont Sylvain (1892-1968), son 2e fils, avait suivi une forte formation de sculpteur et s’était fait un nom dans l’art religieux : depuis le milieu de l’Entre-deux-Guerres, il exploitait un commerce lucratif d’objets décoratifs funéraires qu’il créait et produisait lui-même. 

Pascal Norga (1900-1974) héritera de son grand frère le droit de reproduction et la commercialisation de ses produits, activités qu’il mènera jusque dans les années ’60. Sculpteur lui aussi, Pascal Norga sera sollicité à diverses reprises pour réaliser des œuvres originales. À son actif, il compte deux reliefs sur les piliers d’entrée du cimetière d’Etikhove, la plaque commémorative pour les victimes civiles et militaires et les prisonniers politiques de la Seconde Guerre mondiale à Furnes et vraisemblablement le médaillon « Joseph Martel » ; il a aussi fondu la fontaine de Messines, à Mons (1959). En 1967, Herman (1940-) reprendra la direction de la fonderie paternelle.  
 

 

- Marcel M. CELIS, Norga, dans Pierre et Marbre, 2006, n°4, p. 24-28  
- A-M. HAVERMANS et Marcel M. CELIS, Norga : terug van weggeweest, dans Epitaaf, 20e année, n° 3, avril 2006, p. 3-9.  
- Pierre Dupont, Joseph Martel. Le semis et la récolte, s.l., imprimerie du Hainaut, 2003  
- Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 1077-1078  
- Paul DELFORGE, Un siècle de projets fédéralistes pour la Wallonie. 1905-2005, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2005

Chemin de Feluy 62
7090 Braine-le-Comte

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Paul Delforge