Monument Maurice Des Ombiaux – Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Maurice DES OMBIAUX

Monument Maurice Des Ombiaux, réalisé par Charles Piot, 8 mai 1938.

Dès sa prime jeunesse, en raison d’un père employé de l’État qui l’affecte en différents endroits, Maurice Desombiaux (1868-1943) est un voyageur infatigable qui multiplie les rencontres et les amitiés. Né à Beauraing, il fait ses études à Charleroi où il rencontre le jeune Georges Destrée, le frère du futur ministre ; ensuite, c’est à Thuin qu’il achève ses humanités (1884). Sa curiosité a été attisée par ses changements de lieux et, alors qu’il s’engage sur la voie paternelle dans l’administration des Enregistrements et Domaines, il laisse son inspiration prendre la forme de contes, de drames, de romans, de nouvelles… S’inspirant des vieilles légendes locales qui lui ont été racontées dans sa prime jeunesse, il atteint aux sommets du roman naturaliste : Mihien d’Avène et surtout Le Maugré sont considérés par Lemonnier et Maeterlinck comme des chefs-d’œuvre. Auteur très fécond, critique d’art, défenseur des artistes wallons, fondateurs des Amitiés françaises, il se retrouve dans le Cabinet du « premier ministre » de Broqueville, en charge de la propagande durant la Grande Guerre. 

Installé à Paris en 1921, il se passionne pour la critique gastronomique. Tout en affirmant son identité wallonne, il s’impose dans les milieux français où ses nombreux guides et articles lui valent le titre de « Cardinal du Bien manger ». Disposant d’un impressionnant réseau de relations, celui qui obtient en 1936 que son pseudonyme (des Ombiaux) soit reconnu comme patronyme fait l’objet de nombreux hommages qui sont autant d’occasion de faire la fête.
Ainsi, dans les années 1930, la ville de Thuin ne manque pas d’honorer l’un de ses plus célèbres concitoyens. En 1931, dans la ville-basse, l’ancienne rue de la Montagne reçoit son nom ; en mai 1938, près de l’église Notre-Dame, un monument est inauguré en présence du jubilaire. C’est l’occasion d’un banquet et de discours en l’honneur de l’écrivain, événement jumelé à l’anniversaire du Collège de Thuin. Sur le square du Moustier, devant une foule importante, est ainsi honoré

« Maurice des Ombiaux / prince des conteurs wallons ». 

Cette longue mention est gravée dans l’épaisseur de la pierre bleue qui délimite l’espace circulaire dédié à l’écrivain. Les mots se lisent encore aujourd’hui sur ce monument en parfait été d’entretien. L’initiative originelle en revient aux autorités locales, soutenues par l’association des Amis de Maurice Des Ombiaux créée en 1931. Dès la fin de l’année 1933, un comité s’était mis en place et avait alors envisagé de confier la réalisation du monument à Angelo Hecq. Finalement c’est aussi un ami de l’écrivain, Charles Piot (1886-1972), qui sculpte le médaillon qui apparaît sur la pierre bleue rectangulaire et verticale qui coupe le demi-cercle. Le bronze a été fondu chez Jules Cognioul, maître fondeur à Marcinelle, chanteur philanthrope et autre ami de Maurice des Ombiaux. Ainsi conçu, l’espace « des Ombiaux » permet de s’asseoir dans un espace arboré.

Charles Piot est sans aucun doute l’artiste qui a reproduit le plus souvent les traits de Maurice des Ombiaux. Pourtant, il est plutôt reconnu comme peintre et sculpteur animalier, ainsi que comme aquarelliste et médailleur. Volontaire de guerre, militaire engagé dans l’armée belge sur le front de l’Yser durant la Première Guerre mondiale, Piot expose, en 1917, au salon organisé par L’Étendard belge et peint des scènes avec des personnages ou des animaux. Né à Bruxelles d’un père français et d’une mère belge, le sculpteur qui vécut tantôt du côté de Paris, tantôt du côté de Bruxelles,  avait une admiration sans borne pour Des Ombiaux. Il fit le déplacement à Thuin, en 1968, lors des cérémonies en l’honneur de l’écrivain et gastronome, qu’il avait convaincu d’être, dans l’Entre-deux-Guerres, le président d’honneur de « l’Amicale des volontaires belges de France ». On doit aussi à Piot le monument commémoratif des soldats belges érigé au Père Lachaise, ainsi que de nombreux dessins d’animaux. Artiste modeste, il survécut grâce aux commandes d’un fabricant de voilages et de tapis. 

Source

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul DELFORGE, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 478-479
Jean-Marie HOREMANS, Biographie nationale, 1973-1974, t. 38, col. 640-651, en particulier col. 649
Jean-Marie HOREMANS, Maurice Des Ombiaux. Prince des conteurs wallons, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1968, coll. Figures de Wallonie
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 295
La Wallonie nouvelle, n°20, 15 mai 1938, p. 4
La Défense wallonne, n°5, 15 mai 1938, p. 3
Bulletin de l’Association pour la Défense de l’Ourthe, n°55, janvier 1934, p. 16
Wallonie libre, juin 1972

Square du Moustier 
6530 Thuin

carte

Paul Delforge