Ancienne Bourse de commerce de Namur

De style néo-Renaissance, la Bourse de commerce a été édifiée à partir de 1932 en briques et calcaire selon les plans de l’architecte E. Dickschen, d’après un avant-projet d’E. Frankinet. Elle fut inaugurée en 1934. Plusieurs bâtiments de la place d’Armes avaient été détruits au cours des bombardements de la Première Guerre mondiale et le nouveau bâtiment avait été édifié grâce aux réparations de guerre versées par l’Allemagne.

À l’arrière du bâtiment subsiste une ancienne tour d’enceinte, la tour Saint-Jacques, devenue beffroi de la ville de Namur, et, à ce titre, aujourd’hui, classée au patrimoine mondial de l’Unesco avec les autres beffrois wallons. Complètement restructurée voici peu suivant les plans de l’architecte Marc Jortay, la Bourse de commerce accueille actuellement un centre de Congrès ultra moderne après avoir abrité longtemps le Parlement wallon.

 

1961, 1968 : les Congrès constitutifs du MPW et du RW

Fondé dans la foulée des grandes grèves de l’hiver 1960-1961 contre la loi unique, le Mouvement populaire wallon regroupe essentiellement des syndicalistes de gauche, à l’initiative d’André Renard. Ayant pour objectif le fédéralisme, le succès du mouvement est rapide et de nombreuses régionales sont fondées suite à l’annonce officielle de sa création, faite à Namur le 27 mars 1961. Présidé par André Renard, le premier Congrès du MPW regroupe près d’un millier de personnes à la Bourse de commerce les 18 et 19 novembre 1961.

Moins de sept ans plus tard, la crise linguistique et la radicalisation du Mouvement wallon débouchent sur une autre étape parmi les plus fondamentales de l’histoire du Mouvement wallon avec le Congrès constitutif, le 9 juin 1968, du Rassemblement wallon qui regroupe plusieurs partis fédéralistes sous l’impulsion de son premier président François Perin. Le RW prendra rapidement de l’importance sur la scène politique francophone (en obtenant jusqu’à 20 % des suffrages en 1971) et jouera un rôle essentiel d’aiguillon et de propositions constructives dans la réforme de l’État de 1970 et dans la régionalisation préparatoire de 1974.

 

1981 : le premier siège du Conseil régional wallon

L’ancienne Bourse de commerce fut également et surtout le siège du Conseil régional wallon avant son installation au Saint-Gilles. D’octobre 1980 à l’automne 1981, le CRW avait siégé dans la grande salle de l’hôtel Sofitel de Wépion, louée à cette fin par la Ville de Namur, qui mit ensuite les locaux de la Bourse à la disposition du Conseil. Celui-ci regroupait initialement tous les députés et sénateurs élus en Wallonie et il ne disposa d’une composition propre et d’élus distincts des élus fédéraux qu’à partir des élections de juin 1995, les premières du genre. Le parlement de la Région wallonne siégea à la Bourse de commerce du 23 décembre 1981 jusqu’à l’inauguration du Saint-Gilles en septembre 1998, sous la présidence d’André Cools (1981-1985), de Charles Poswick (1985-1988), de Willy Burgeon (1988-1995), de Guy Spitaels (1995-1997) et d’Yvan Biefnot (1997-1999), outre un bref intérim de trois mois de Valmy Féaux de février à mai 1988.

 

Le tableau de cette législature ne serait pas complet sans un mot sur l’ambiance différente qui régnait entre les parlementaires wallons, bien moins compassée qu’au parlement fédéral. Contacts humains directs, simplicité, cordialité, y compris avec les ministres : on y apprenait différemment le débat démocratique bien plus en terme de discussion que d’affrontement. On y nouait aussi des amitiés et je ne peux pas ne pas évoquer avec tendresse Henri Mordant dont les qualités humaines et la grande culture m’avaient d’emblée séduit. Témoignage de José Daras, in L’Aventure régionale, p. 308. 

Places d’Armes
5000 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Composition du Parlement wallon (1995-1999)

Le scrutin du 21 mai 1995 est le premier qui permet à l’électeur de désigner directement ses représentants au Parlement wallon. Ils sont 75 députés élus spécifiquement au suffrage universel pour siéger à Namur. L’événement est important. Il s’accompagne de l’entrée des deux premiers élus sur une liste du FN.
Jusqu’aux élections du 21 mai 1995, l’électeur est tenu de voter soit pour la case de tête, désignant ainsi l’ensemble de la liste, soit pour un seul candidat effectif et/ou un candidat suppléant. À partir des scrutins de mai 1995, est introduit le vote multiple sur une seule et même liste (adopté in extremis au Parlement le 3 avril 1995). Par ailleurs, l’élection au Sénat se déroule désormais sur l’ensemble du collège électoral français ou flamand : plusieurs millions d’électeurs contribuent à valoriser les résultats en voix de préférence...
À partir de la rentrée politique de 1998, l’ancien hospice Saint-Gilles devient le lieu des séances plénières du pouvoir législatif wallon, qui abandonne ainsi l’ancienne place de la Bourse. Quant aux Cabinets ministériels, ils sont désormais tous installés à Namur.

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Ency04


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Composition du Parlement wallon (1992-1995)

La réforme institutionnelle de 1992-1993 consécutive aux accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin accorde de nouvelles compétences à la Région wallonne et prévoit, à l’horizon 1995, l’élection directe de ses membres. La majorité reste constituée par le PS et le PSC.
Tentant d’anticiper les nouvelles échéances, plusieurs initiatives sont prises durant cette législature pour affirmer davantage l’institution wallonne dans le paysage politique belge. Sur le plan symbolique, on commence à abandonner les termes Conseil régional wallon et Exécutif régional wallon pour leur privilégier les expressions Parlement wallon et Gouvernement wallon. Ce dernier dispose d’ailleurs de nouveaux bâtiments, le long de la Meuse, qui prennent rapidement le surnom de l’Élysette. Quant à l’implantation de l’assemblée wallonne, elle donne lieu à un concours international dont le lauréat, le suisse Botta, propose un bâtiment imposant sur le site du Grognon. La législature s’achève sans que le dossier soit tranché.

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Composition du Conseil régional wallon (1988-1991)

Au soir du scrutin de décembre 1987, le PS dispose d’une majorité quasiment absolue à Namur. Ne souhaitant pas que le PS s’allie avec Écolo pour former la majorité, le PSC se délie de ses accords avec le PRL et s’allie au PS. La coalition PS-PSC qui se met en place en 1988 se prolongera jusqu’en 1999.
Comme en 1985, le système de l’apparentement propulse au Conseil régional wallon un mandataire brabançon qui était candidat en dehors des arrondissements wallons. Le député André Lagasse, candidat FDF à Bruxelles, hérite du dernier siège de député de Nivelles, et siège à Namur jusqu’en 1991.
Disposant de nouvelles compétences suite aux accords institutionnels conclus durant l’été 1988, le gouvernement et le parlement wallons consolident leur implantation à Namur.
Le phénomène des campagnes électorales à l’américaine, caractéristiques des années septante et nécessitant d’importants moyens financiers, vient se heurter à des questions éthiques, portant sur les sources de financement des partis, débat soulevé notamment par un nouveau parti, le mouvement Écolo qui lutte à l’époque contre la personnalisation des scrutins. Le phénomène paraît pourtant inéluctable, comme en témoignent les réformes introduites en 1993, 1995 et 2003 : jusqu’aux élections du 21 mai 1995, l’électeur est tenu de voter soit pour la case de tête, désignant ainsi l’ensemble de la liste, soit pour un seul candidat effectif et/ou un candidat suppléant.

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Composition du Conseil régional wallon (1985-1987)

Après quatre années de gouvernement de la Wallonie sous une majorité tripartite, le PSC et le PRL décident de former ensemble la nouvelle majorité wallonne, repoussant socialistes et écologistes dans l’opposition. Le Conseil régional wallon doit accueillir 104 membres, dont un élu de la Volksunie qui se retrouve à Namur par le jeu de l’apparentement entre arrondissements de la province du Brabant. Considérant qu’un représentant d’un arrondissement flamand ne peut siéger au Conseil régional wallon, la présence du sénateur VU n’est pas validée ; le Conseil culturel de la Communauté française (1979), et le Vlaamse Raad (1982) avaient été confrontés au même problème et avaient aussi procédé à l’exclusion du mandataire. C’est donc avec 103 membres que fonctionnera le Conseil régional wallon jusqu’en 1987. Durant cette courte période (1985-1987), la question de l’implantation des organes wallons à Namur est remise en question, malgré le décret adopté en 1986 faisant de « Namur, capitale de la Région wallonne, (…) le siège du Conseil régional wallon ».

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Composition du Conseil régional wallon (1981-1985)

À partir de 1981, les jeunes âgés de 18 ans ont le droit de vote ; dès lors, en novembre 1981, ce sont 160.000 nouveaux électeurs qui se rendent – théoriquement – aux urnes. À l’issue de ce scrutin, le Conseil régional wallon s’établit, provisoirement, dans l’ancienne Bourse de Commerce, au centre de Namur, dans des locaux rapidement aménagés par la ville de Namur qui en est propriétaire. Désormais, les sénateurs provinciaux et cooptés ne sont plus admis aux séances du Conseil régional wallon ; d’autre part, c’est devant le président du Conseil que prêtent serment les six membres de l’Exécutif régional wallon : ils ne font plus partie du gouvernement national. Toujours avec une triple casquette (élus soit à la Chambre, soit au Sénat, ils siègent au Conseil régional wallon et au Conseil de la Communauté française), ils sont 106 parlementaires de 1981 à 1985. À cette époque, il n’y a pas d’incompatibilité entre la fonction de ministre et un mandat parlementaire.
Dans la mesure où l’institution régionale wallonne est toute récente, les trois partis traditionnels (PS, PSC, PRL) ont choisi de former un exécutif régional wallon tripartite. Il s’agit de faire face aux nouvelles obligations de la Région et notamment d’installer ces divers locaux (ministères, cabinets, etc.) à Namur. Quant à l’opposition wallonne, elle comprend alors les derniers élus du Rassemblement wallon et du Parti communiste de Belgique, ainsi que les tout premiers parlementaires du mouvement Écolo.

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Van Overstraeten Antoon (Toon)

Politique, Député wallon

Alost 07/06/1926, Alost 09/06/2011

Député wallon : 1985-1987

Fidèle à une certaine tradition, le scrutin du 13 octobre 1985 dans l’arrondissement de Nivelles réserve une nouvelle surprise au monde politique belge, en raison des aléas incontrôlables du système de l’apparentement en vigueur dans la province encore unitaire de Brabant. Parmi les trois sénateurs élus directs, se trouve Toon Van Overstraeten, membre de la Volksunie.

Ancien volontaire de la Seconde Guerre mondiale, ayant combattu sur le front de l’Est du côté des Allemands, il a reconnu son erreur de jeunesse et s’en est excusé ; il n’a jamais été condamné et n’a jamais perdu ses droits civiques et politiques. Autodidacte, secrétaire de rédaction du journal Wij, il a été pendant cinq ans (1965-1970) le rédacteur en chef de l’organe de presse de la VU. Se proclamant fédéraliste, il revendique l’autonomie de la nation flamande. Vice-président du Conseil d’administration de la BRT, directeur du service politique de la Volksunie, il n’a pas d’expérience parlementaire quand il est élu sénateur en octobre 1985, avec une cinquantaine de voix de préférence. Reconnu par le Sénat comme faisant partie du collège français même s’il y a prêté serment en néerlandais, cet élu nationaliste flamand que le système de l’apparentement a fait surgir dans l’arrondissement wallon de Nivelles a le droit de siéger au Conseil régional wallon. Sa présence engendre pourtant un sérieux imbroglio politique, lors de la rentrée du Conseil régional wallon, le 27 novembre.

Partenaires au niveau national et désireux de disposer de majorités identiques à la Région wallonne et à la Communauté française, le PSC et le PRL sont face à une logique mathématique qui bloque leurs intentions politiques. Composé des députés et sénateurs élus directement en Wallonie, le Conseil régional wallon compte 104 parlementaires qui se répartissent de la manière suivante : 47 PS, 27 PSC, 25 PRL, 4 Écolo et… 1 Volksunie. Dès lors, en totalisant les élus PSC et ceux du PRL, le total est de… 52 sièges sur 104. Pour s’assurer de la majorité sans les socialistes, PRL et PSC n’hésitent pas à procéder à l’exclusion de Toon Van Overstaeten, comme l’avaient fait le Conseil culturel de la Communauté française, en 1979, avec l’élue PVV de Nivelles, Aline Bernaerts-Viroux, ou aussi le Vlaams Raad avec le FDF Jules Peetermans élu dans l’arrondissement de Leuven en 1982. Au nom de la loi, de la démocratie et du droit des gens, mais aussi de l’opposition qui les guette, les mandataires socialistes (Ylieff, Collignon, Cools, Dehousse) et écologistes (Daras) dénoncent la mesure d’exclusion de l’élu flamand, tout en reconnaissant l’absurdité de la situation ; Écolo s’empresse d’ailleurs de proposer un texte pour modifier la loi électorale. Élu à Verviers, tout en résidant à Fourons, Jean-Marie Happart exige le respect du choix opéré par les électeurs du Brabant. Au nom du PSC et du PRL, P-H. Gendebien et Serge Kubla exigent un vote au cas par cas, par assis et levé, pour valider le statut de chaque conseiller wallon. Sous la présidence du doyen d’âge Pierre Clerdent, fort marri des recours procéduraux utilisés, les débats se prolongent pendant plusieurs heures.

Monté à la tribune, Toon Van Overstraeten s’exprime dans un parfait français pour expliquer qu’il souhaite siéger, sans se mêler des affaires wallonnes, mais pour faire évoluer plus vite le processus de fédéralisation de la Belgique. En dépit des conclusions présentées par la Commission de Vérification des pouvoirs, Pierre Clerdent annonce le début de la procédure de vote par assis et levé : à ce moment, les élus du PS et d’Écolo unanimes, ainsi que Toon Van Overstraeten, quittent l’hémicycle. Les 52 élus PSC et PRL se prononcent pour l’exclusion du député VU, ensuite pour la validation globale des 103 autres membres du Conseil régional wallon, enfin pour considérer que le quorum est tombé de 53 à 52. Dès lors, l’assemblée wallonne est en nombre pour se choisir un nouveau président (Charles Poswick), désigner les ministres de son exécutif, entamer ses travaux et valider ainsi l’accord politique « national ». La question de savoir si le quorum est atteint à 52 ou 53 restera durablement au centre des divergences entre la majorité et l’opposition, cette dernière affirmant que, indépendamment de l’exclusion de l’élu de la VU, le quorum nécessaire restait de 53 voix sur 104 ; dès lors, le PS estime que la majorité n’est jamais en nombre pour siéger et toutes ses décisions sont entachées d’illégalité.

Toon Van Overstraeten ne siègera jamais à Namur : ses recours en Justice ne donnent aucun résultat, les tribunaux se déclarant incompétents face à la décision d’une assemblée législative. Par la suite, la loi électorale sera sensiblement modifiée, mais surtout, en 1992, la scission du Brabant est décidée de même que l’élection directe des parlementaires wallons. Cette clarification met ainsi un terme à une saga qui avait connu un prolongement entre 1988 et 1991 quand André Lagasse, candidat FDF de Bruxelles, hérite du dernier siège de député de Nivelles, à nouveau par les mystères de l’apparentement. Le Bruxellois francophone ne sera pas exclu et siégera, quant à lui, à Namur jusqu’en novembre 1991.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 557-558

Spitaels Guy

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Ath 03/09/1931, Bruxelles 21/08/2012

Député wallon : 1974-1977 ; 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995-1999
8e Ministre-Président wallon : 1992-1994*
7e Président du Parlement wallon : 1995-1997*
 

Docteur en Droit (1955) et licencié en Sciences politiques et sociales (1957) de l’Université catholique de Louvain, diplômé en Hautes Études européennes du Collège de Bruges (1958), Guy Spitaels effectue une recherche d’un an au Congo (1959-1960), est associé – comme conseiller – à la Table ronde économique sur ce pays à la veille de son indépendance (1960), avant de devenir chercheur à l’Université libre de Bruxelles, plus particulièrement à l’Institut de Sociologie Solvay (1958-1964). Nommé directeur de recherche de l’Institut (1964-1968), il dirige ensuite le Centre d’Économie sociale et de Sociologie (1968). Maître de conférences à l’Institut du Travail de l’ULB (1961-1964), professeur ordinaire (1966-1971), professeur extraordinaire (1975), il ne cessera jamais, quelles que soient ses occupations, de remplir certaines charges d’enseignement dans des écoles supérieures, dont le Collège de Bruges et la Faculté de Droit de l’Université de Reims.

Affilié au parti socialiste à la suite des grèves wallonnes contre la Loi unique de l’hiver ’60-’61, Guy Spitaels adhère également au Mouvement populaire wallon (1961), mais cette filiation ne le conduit pas à des prises de responsabilité politique dans les années soixante. C’est comme chargé de mission spécial, avec rang de Chef de Cabinet, auprès du ministre de l’Emploi et du Travail, Louis Major, que G. Spitaels fait ses premiers pas en politique. Appelé par André Cools, il entre ainsi dans le gouvernement Eyskens-Cools II (20 janvier 1972-26 janvier 1973) pour organiser une « conférence pour l’emploi ». Quand Edmond Leburton forme un gouvernement tripartite, A. Cools pousse G. Spitaels à accepter de devenir le chef de Cabinet du nouveau Premier ministre. Il est en charge des dossiers économiques (26 janvier 1973-25 avril 1974). Les élections anticipées du 10 mars 1974 constituent la première apparition de G. Spitaels comme candidat du PSB. Septième sur la liste dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron, il réalise le 3e score des socialistes (1.163 vp.) et est désigné par son parti comme sénateur provincial du Hainaut (20 mars 1974).

Malgré son souhait de voir se constituer rapidement des institutions politiques wallonnes, Guy Spitaels refuse de voter la loi de régionalisation provisoire du duo Perin-Vandekerckhove (loi ordinaire du 1er août) et il boycotte les travaux du Conseil régional wallon provisoire dont il est membre de droit (novembre 1974-mars 1977). Le 19 juin 1976, son exposé devant le 10e congrès des socialistes wallons réunis à Jolimont porte sur l’évolution défavorable de la démographie et de l’emploi en Wallonie. Dans un rapport dont il a choisi lui-même la thématique, G. Spitaels constate que la minorisation de la Wallonie ne cesse de s’accentuer. Une semaine plus tard, le PSB-BSP adopte un plan de régionalisation définitive qui a l’accord de la FGTB.

Élu directement comme sénateur à partir de 1977, Guy Spitaels est choisi comme ministre de l’Emploi dans la nouvelle équipe de Leo Tindemans. Initiateur des projets CST et des stages Onem, et négociateur de l’accord sur la réduction du temps de travail à 38h/semaine, le ministre Spitaels est associé aux discussions institutionnelles. Vice-Premier ministre en charge du Budget dans les gouvernements Martens I (3 avril 1979-16 janvier 1980) et Martens II (23 janvier 1980-18 mai 1980), vice-Premier ministre en charge des Communications dans les gouvernements Martens III (18 mai 1980-7 octobre 1980) et Martens IV (22 octobre 1980-26 février 1981), Guy Spitaels est le chef de file du PS. Sous le gouvernement Martens III, l’accord décisif est scellé et, durant l’été 1980, le sénateur adopte les dispositions mettant notamment en place les bases définitives des institutions régionales, hormis pour Bruxelles. Dès le 15 octobre, il siège au sein du nouveau Conseil régional wallon.

En février 1981, à l’issue d’un deuxième tour serré, Guy Spitaels est élu à la présidence du PS où il succède à A. Cools qui soutenait sa candidature. Renonçant à ses fonctions ministérielles, le nouveau président est conscient que sa première mission sera de rassembler les diverses composantes de la famille socialiste, avant de repositionner le PS comme principale force politique de Wallonie. S’opposant à toute atteinte à l’index, le président Spitaels rejette fermement la fusion entre la Communauté française et la Région wallonne et plaide en faveur d’un fédéralisme reposant sur trois régions fortes. Menant l’opposition aux thèses néolibérales, le président du PS – qui exerce alors conjointement les mandats de sénateur, de membre du Conseil régional wallon et du Conseil de la Communauté française, ainsi que de bourgmestre d’Ath depuis 1977 – donne à son parti une image de socialisme gestionnaire et s’érige en défenseur de la Wallonie, face à l’omnipotence du CVP, principal parti « d’un État belgo-flamand ». La présence de José Happart sur la liste européenne du PS en 1984 est un maître atout. Patient, Guy Spitaels assure au PS un succès historique en  décembre 1987, surtout en Wallonie (43,9%) où le PS fleurte avec la majorité absolue. La négociation pour le gouvernement national en sera d’autant plus difficile : informateur, Guy Spitaels ne convainc pas les battus du CVP et il faut 100 jours pour sortir de l’impasse. Néanmoins, il parvient à casser l’alliance PSC-PRL et à imposer ses scénarios tant sur le plan socio-économique que sur le plan institutionnel. Une formule moyenne est trouvée pour Fourons et, en janvier 1989, les parlementaires votent la communautarisation de l’Enseignement, la régionalisation de nouvelles compétences, la reconnaissance de Bruxelles comme capitale, ainsi que les accords de la Saints-Innocents. Tout en s’attachant à réconcilier les mécontents de son camp, Guy Spitaels renonce à mener la liste du PS aux européennes de juin 1989, mais assure la présidence de l’Union des Partis socialistes de la Communauté européenne (janvier 1989-juillet 1992), et est vice-président de l’Internationale socialiste (1989-1992).

Si les questions internationales l’attirent, la troisième phase de la réforme de l’État reste à mener. Les difficultés rencontrées par les ministres de l’Enseignement de la Communauté française et la crise portant sur les licences des exportations d’armes témoignent que le processus de fédéralisation doit être poursuivi. Attendu comme Premier ministre ou comme ministre des Affaires étrangères, le président du PS est le négociateur informel de la reconduction des majorités sortantes à la Région wallonne et à la Communauté française. À nouveau, les entités fédérées sont installées avant le « national ». Mais l’événement est créé par le choix de Guy Spitaels de présider lui-même le gouvernement wallon (6 janvier 1992).

S’attribuant les compétences de l’Économie, des PME et des Relations extérieures, G. Spitaels fait clairement le choix de la Wallonie. C’est le choix de la Région et non de la Communauté. Un signal clair est lancé à l’adresse des prochains négociateurs institutionnels, dont Ph. Busquin, nouveau président du Parti socialiste. Depuis Alfred Califice, il est le huitième ministre à présider un exécutif wallon. À la tête du gouvernement wallon, Guy Spitaels s’attaque d’emblée aux dossiers qui lui sont chers : l’économie, l’Europe, la rigueur budgétaire et le respect des critères de Maastricht, l’affirmation wallonne, tout en veillant à la coordination et à la cohérence de la politique d’ensemble (redéfinition des priorités en matière de grands travaux publics, aide aux communes, aide financière à la Communauté française, etc.). Au-delà de la réforme des lois d’expansion économique et de bon nombre d’autres mesures, c’est la reconnaissance du Hainaut à l’Objectif I européen qui marque le plus « les années Spitaels ».

Dans la foulée des accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin, dont il vote les dispositions en tant que sénateur, il devient le Président du « gouvernement wallon » et s’apprête à accueillir les nouvelles compétences « à Namur » quand la juge d’instruction Véronique Ancia demande la levée d’immunité parlementaire des trois Guy : Coëme, Mathot et Spitaels (décembre 1993). Si la procédure pour les trois parlementaires est différente, la décision que prend Guy Coëme de démissionner entraîne une attitude similaire des sénateurs Mathot et Spitaels de leur fonction ministérielle. Quelques mois plus tard, aucune charge ne sera finalement retenue contre G. Spitaels dans « l’affaire Agusta » qui a provoqué son départ de l’Élysette et ruiné toutes ses perspectives d’avenir. L’image du « commandeur » est atteinte.

En retrait de la vie politique régionale et nationale pendant de nombreux mois, Guy Spitaels ne demande pas le renouvellement de son mandat de sénateur, préférant être candidat aux toutes premières élections régionales du 21 mai 1995 dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron. Déjà reconduit comme bourgmestre en octobre 1994, il figure sans peine parmi les 75 premiers députés wallons élus directement au Parlement wallon. Dans les coulisses, il participe à la négociation des reconductions de majorité PS-PSC en Wallonie et en Communauté française, notamment pour tout ce qui touche à l’Emploi, à l’Économie et au Commerce extérieur, y compris les Relations internationales. Et le 20 juin, il est choisi comme premier président officiel d’un Parlement wallon élu directement au suffrage universel. Il devient le septième titulaire de la fonction (20 juin 1995-7 février 1997). Rapidement, il règle la question de l’implantation du Parlement wallon à Namur, respectant l’avis exprimé par les citoyens namurois. 

En 1997, d’autres dossiers rattrapent l’ancien président du PS : affaire Inusop et affaire Dassault. Dans ce dossier, la levée partielle de son immunité est demandée. Comprenant qu’aucun répit ne lui serait laissé, G. Spitaels quitte la présidence du Parlement wallon. Inculpé de corruption passive dans le dossier Dassault (fin mars), il siège comme député et, bourgmestre faisant fonction (il n’avait toujours pas été nommé officiellement), il remet sa démission et renonce aussi à redevenir le bourgmestre de la Cité de Goliath, se contentant de siéger comme conseiller communal. Guy Spitaels limite ses commentaires politiques au strict minimum.

Objet de multiples accusations émanant de Merry Hermanus et entraîné en Cour de Cassation « par connexité » à cause de l’inculpation de Guy Coëme, Guy Spitaels laisse à ses défenseurs le soin de répondre à Éliane Liekendael puis d’argumenter quand s’ouvre le procès Agusta-Dassault, le 2 septembre 1998. Le 23 décembre, il est acquitté dans le volet Agusta et condamné à deux ans de prison avec sursis pour faits de corruption dans le volet Dassault et à cinq ans « de déchéance du droit de remplir des fonctions, offices ou emplois publics ». Cette sanction ne prive pas Guy Spitaels de son mandat parlementaire, mais lui interdit, pendant cinq ans, de prétendre à une fonction éventuelle de ministre, bourgmestre ou gouverneur de province. Il achève son mandat communal à Ath et ne se présente plus en octobre 2000.

Retiré du monde politique, Guy Spitaels se consacre à l’écriture : L’improbable Équilibre (2003), La triple insurrection islamiste (2005) et Obama président : la méprise (2008) sont autant de livres-références qui le conduisent à traiter de sujet de politique internationale. En septembre 2011, une importante manifestation d’hommage est organisée à Ath à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire ; quelques jours plus tard, il reçoit le titre de commandeur du Mérite wallon, titre le plus élevé de cette distinction instituée en mars 2011 par la Région wallonne.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse -2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 521-528

Mandats politiques

Sénateur provincial du Hainaut (1974-1977)
Membre du Conseil régional wallon provisoire (1974-1977)
Sénateur (1977-1995)
Conseiller communal d’Ath (1977-2000)
Bourgmestre (1977-1997), en titre (1977-1981, 1992-1994, 1997)
Ministre (1977-1981)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Ministre d’État (1983)
Ministre-Président du gouvernement wallon (1992-1994)
Député wallon (1995-1999)
Président du Parlement wallon (1995-1997)

Poswick Charles

Politique, Député wallon

Limbourg 06/10/1924, Gembloux 29/07/1994

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991
4e Président du Parlement wallon : 1985-1987
 

Comme nombre de Wallons de sa génération, Charles Poswick voit sa jeunesse perturbée par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Résistant civil, il s’engage au bataillon parachutiste et entre à la Brigade Piron. Il restera d’ailleurs un parachutiste averti et, capitaine-commandant de réserve chez les para-commandos, sera présent au Congo lors de la période des troubles qui ont précédé l’indépendance, en 1960.

À la Libération de la Belgique, en 1944-1945, Charles Poswick prend le chemin de l’université. Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain, licencié en Sciences politiques et diplomatiques ainsi qu’en Sciences commerciales et financières à Leuven, il est encore diplômé de l’Investment Dealer’s Association of Canada. Bardé de diplômes, il exerce le métier d’agent de change lorsqu’il est happé par la politique. Conservant son activité professionnelle, il demeure en contacts étroits avec les milieux financiers. En novembre 1988, il est d’ailleurs désigné comme membre du tout nouveau syndicat des agents de change de Belgique. Au début des années nonante, il est nommé à la présidence de la société ITB Groupe, spécialiste du béton, et plus particulièrement de traverses pour les chemins de fer.

Attaché au Cabinet du Premier ministre Gaston Eyskens (août 1949-juin 1950), chef de Cabinet adjoint du ministre de la Justice Charles du Bus de Warnaffe (1952-1954), Charles Poswick figure alors dans les rangs du PSC. En octobre 1958, il est d’ailleurs élu conseiller communal PSC de Sauvenière, localité du Namurois où ce Verviétois d’origine s’est établi après la guerre. Mais en 1960, il rallie les rangs du Parti libéral au moment où Omer Vanaudenhove ouvre sa formation aux catholiques. Jusqu’en 1994, Charles Poswick est régulièrement réélu conseiller communal à Sauvenière, d’abord, à Gembloux ensuite, au lendemain de la fusion des communes (1976).

En mai 1965, Charles Poswick est propulsé au niveau national, quand il est élu député dans l’arrondissement de Namur ; il va siéger à la Chambre jusqu’en 1991. Vice-président du PLP (1961-1966), il est désigné ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Vanden Boeynants (19 mars 1966-7 février 1968). Après la chute de ce gouvernement sur l’Affaire de Louvain, le député Poswick apporte son soutien à la réforme institutionnelle de décembre 1970. Le 7 décembre 1971, Ch. Poswick commence à siéger au Conseil culturel de la Communauté française de Belgique, mais l’application de l’article 107 quater va rester sur la table de nombreux gouvernements tout au long des années septante. Président du groupe PLP wallon à la Chambre (1972-1974), Charles Poswick contribue à la redéfinition du programme du PLP wallon placé sous la présidence d’A. Damseaux. Partisans d’un fédéralisme construit sur trois régions fortes, dotées d’un exécutif et d’un législatif propres, ainsi que de réelles compétences, les libéraux wallons sont décidés à mettre en application l’article 107 quater. Ils soutiennent l’expérience de la régionalisation provisoire du duo Perin-Vandekerckhove, et Ch. Poswick vote alors la loi ordinaire du 1er août qui définit notamment les limites de la Wallonie, et la dote d’institutions.

Renvoyé dans l’opposition après la chute du gouvernement Tindemans (mars 1977), Charles Poswick est l’un des vice-présidents de la Chambre des représentants (1977-1980) pendant toute la période où, d’Egmont à Stuyvenberg, la mise en place d’une régionalisation définitive se retrouve sur la table des gouvernements. Durant la période décisive où les libéraux apportent leur appui aux socialistes et catholiques (18 mai-4 octobre 1980), Charles Poswick retrouve le portefeuille de la Défense nationale au sein du gouvernement Martens III. Durant l’été, il vote les lois qui donnent notamment naissance à la Région wallonne et si, le 15 octobre 1980, il est le seul des 131 parlementaires à ne pas participer à la première réunion du Conseil régional wallon, il participe aux autres réunions de l’assemblée de 1980 à 1991.
Au niveau de la Communauté française, Ch. Poswick devient le neuvième président du Conseil culturel (16 octobre 1984-2 décembre 1985) ; ensuite, il devient le quatrième président du Conseil régional wallon (27 novembre 1985-13 décembre 1987). Président de la Commission du Règlement et de la Comptabilité, il sera particulièrement attentif à la présence de tous les parlementaires PRL-PSC, qui disposent d’une très courte majorité. Par ailleurs, il préside aussi la Commission de la Défense nationale à la Chambre et est à l’origine des révélations sur l’Affaire Gladio. Retiré de la politique active en 1991, il contribue néanmoins à l’élaboration du projet libéral pour la Wallonie, sous la houlette de Daniel Ducarme. En 1994, il s’apprêtait encore à pousser la liste libérale à Gembloux lorsqu’il s’éteint brutalement au mois de juillet. En 1996, une Fondation baron Charles Poswick voit le jour pour récompenser un (ou une) gembloutois(e) qui s’est distingué dans les domaines culturel, social ou sportif.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 494-495

Mandats politiques

Conseiller communal de Sauvenière (1959-1976)
Député (1965-1991)
Ministre (1966-1968, 1980)
Conseiller communal de Gembloux (1977-1994)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1991)
Président du Conseil de la Communauté française (1984-1985)
Président du Conseil régional wallon (1985-1987)

Cools André

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Flémalle 1/08/1927, Liège 18/07/1991

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1990*
3e Président du Parlement wallon : 1981-1985
Ministre wallon : 1988-1990*

Militant socialiste et wallon, secrétaire des Jeunes Gardes socialistes (1945-1950), il est engagé comme secrétaire-receveur à la Commission d’assistance publique de Flémalle-Haute en 1947. Député de l’arrondissement de Liège dès 1958, il s’affiche résolument aux côtés d’André Renard durant la Grande Grève wallonne de l’hiver ’60-’61. Responsable au sein du Mouvement populaire wallon, le « rebelle » choisit de défendre l’idée wallonne à l’intérieur du parti socialiste. Actif lors de la définition du programme des socialistes wallons, il se retrouve ministre du Budget dans le gouvernement Eyskens (juin 1968), décidé à mieux contrôler les dépenses de l’État.

Début 1969, il est propulsé malgré lui à de nouvelles responsabilités, quand il remplace J-J. Merlot décédé accidentellement (21 janvier) ; il devient vice-Premier ministre (23 janvier) à un moment-clé de l’histoire institutionnelle belge puisque la Constitution est révisée pour permettre la reconnaissance des régions et des communautés et que la décentralisation économique est introduite. Au moment du remaniement ministériel consécutif au décès inopiné de Freddy Terwagne (15 février 1971), A. Cools reste vice-premier mais abandonne le Budget pour les Affaires économiques, où il attache son nom à la loi sur le contrôle des prix.

Après le scrutin de 1971, il conserve les mêmes fonctions (1972) jusqu’à l’arrivée d’Edmond Leburton, auquel il succède à la coprésidence du PSB (1973-1979). Dans la deuxième moitié des années ’70, il devient le porte-parole du front francophone composé des partis de la majorité et contribue à la mise en application de l’article 107 quater, fait naître les régions wallonne et flamande par l’adoption des lois d’août 1980 et, entretemps, se résout à la scission du parti socialiste entre une aile flamande et une aile francophone, dont il conserve la présidence le temps de faire voter la réforme de l’Etat (1979-1981).

Membre du nouveau Conseil régional wallon (1980), l’homme politique de l’année 1980 (selon les journalistes de l’époque) passe le relais à la tête du PS à Guy Spitaels, après une élection mouvementée. Il retrouve une présidence, celle du Conseil régional wallon de 1981 à 1985 ; il devient ainsi le troisième président de l’assemblée et, depuis la tribune, invite à aller plus loin encore sur la voie du fédéralisme et de l’autonomie régionale, et réclame l’installation de l’Exécutif à Namur.

Ministre d’État (1983), premier vice-président du Conseil régional wallon (1986-1987), il refuse de devenir ministre-président wallon, mais accepte d’être ministre en charge des Pouvoirs locaux et des Travaux subsidiés (1988-1990). Installant son cabinet à Namur, le ministre dispose d’une compétence supplémentaire, l’Eau, dès le mois de mai 1988. Décidé à achever sa carrière politique à Namur, le ministre Cools fait le ménage dans les finances communales wallonnes, réforme le fonds des communes, passe au peigne fin les plans triennaux de travaux publics qui lui sont remis, donne un coup de fouet à l’installation des compétences wallonnes en décentralisation, favorise le développement des instruments économiques (aéroport, gare, etc.), et fait adopter le décret qui permet à la Région de gérer en toute autonomie une matière précieuse, à savoir l’eau et les nappes souterraines. Convaincu de l’indispensable coordination de tous les réseaux de distribution d’eau sous la houlette de la SWDE, André Cools veut offrir à la Wallonie, au moment où il annonce son retrait de la vie politique, la maîtrise de la gestion, de l’exploitation et de la protection de sa principale richesse.

Le 1er mai 1990, André Cools renonce à ses mandats parlementaires. Il est remplacé par Jean-Marie Léonard comme député et membre du Conseil régional wallon, par Alain Van der Biest au gouvernement wallon mais conserve encore la mairie de Flémalle, dont il est conseiller depuis 1952 et bourgmestre depuis 1965, moment où l’on parlait encore de Flémalle-Haute. 

Néanmoins, il ne perd pas tout pouvoir, car il se retrouve surtout à la tête d’un véritable réseau économique qu’il avait patiemment tissé. Nouveau patron de la Smap et de la nouvelle société de développement de l’aéroport de Bierset, il est à la tête de Néos et contrôle nombre d’importantes intercommunales liégeoises actives dans des secteurs très diversifiés. À la tête de ce réseau, André Cools entend continuer à œuvrer pour le développement économique de la région liégeoise et, par-delà, pour celui de la Wallonie.

Un geste criminel, relativement rare dans l’histoire de la région, met violemment un terme à la carrière et aux espoirs que nourrissait encore André Cools, abattu à bout portant à la sortie de son domicile (18 juillet 1991).

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 119-123

Mandats politiques

Conseiller communal de Flémalle (-Haute) (1952-1991)
Député (1958-1990)
Bourgmestre (1965-1991)
Ministre belge (1968-1972)
Vice-premier ministre (1969-1972)
Membre du CRW (1980-1990)
Président du CRW (1981-1985)
Ministre d'Etat (1983)
Ministre wallon (1988-1990)