Paul Delforge (avril 2015)-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Marguerite BERVOETS

Apposée sur la maison familiale des Bervoets à La Louvière, une plaque rend hommage à l’héroïsme d’une jeune résistante promise à une belle carrière littéraire. Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles qui lui avait procuré un diplôme universitaire, mais surtout lui avait permis de cultiver son goût et sa curiosité pour l’écriture. Délaissant sa thèse de doctorat et son activité littéraire, elle s’engage dans la Résistance dès 1941.

Membre de la Légion belge, elle fait paraître le clandestin La Délivrance, tout en devenant un agent de liaison. Surprise au moment où elle tentait de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres, Marguerite Bervoets est arrêtée, jugée et condamnée à mort. Transférée en Allemagne, elle est décapitée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel le 7 août 1944.
 

Inauguration de la plaque commémorative apposée sur sa maison natale. (La Louvière, 17 novembre 1946)

Le jour même où un monument est inauguré dans la cour de l’École moyenne de La Louvière, une autre inauguration a lieu quelques dizaines de mètres plus loin, la pose officielle d’une plaque sur la façade de la maison natale de Marguerite Bervoets, juste à côté de l’hôtel-restaurant Mille Colonnes exploité par son père. En raison de la ressemblance entre la plaque apposée sur la maison familiale et celles figurant sur le monument de l’École moyenne, on peut être tenté d’attribuer à Hector Brognon (1888-1977) la réalisation de la plaque commémorative évoquée ici.

Professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes pendant plusieurs années, Brognon a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou le bas-relief Ernest Martel en 1939). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ».

Dans les années 1970, d’importants travaux conduisent à la démolition de l’hôtel et de la maison voisine, dans le haut de la rue Sylvain Guyaux, près de la place Mansart. Dans l’étroite galerie piétonne qui est aménagée, entre la rue Guyaux et la rue Albert Ier, la plaque commémorative a été rétablie. Depuis le début du XXIe siècle, la galerie est cependant fermée et la plaque disparaît de la vue du public, jusqu’à sa restauration et son rétablissement sur la façade du n°32 de la rue Guyaux fin 2014, début 2015.


Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
http://www.lalouviere.be/UploadDirectory/Publication/Documents/PV%20Conseil%2008.03.17.pdf 
http://www.maisondusouvenir.be/marguerite_bervoets.php (s.v. avril 2014)
Émile PEQUET, Marguerite Bervoets, [Mons], Hainaut, Culture et Démocratie, 2014, coll. Les Carnets de la Mémoire.
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, p. 155
 

rue Sylvain Guyaux 32
7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Marguerite BERVOETS

Situé dans la cour de l’Athénée de La Louvière, un monument rend hommage à l’héroïsme de deux femmes, résistantes durant la Seconde Guerre mondiale. Si l’accent est mis sur la personnalité de Marguerite Bervoets (1914-1944), l’œuvre réalisée par le sculpteur Hector Brognon (1888-1977) est également dédiée à Laurette Demaret (1921-1944).

Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles qui lui avait procuré un diplôme universitaire, mais surtout lui avait permis de cultiver son goût et sa curiosité pour l’écriture. Délaissant sa thèse de doctorat et son activité littéraire, elle s’engage dans la Résistance dès 1941. 

Membre de la Légion belge, elle fait paraître le clandestin La Délivrance, tout en devenant un agent de liaison. Surprise au moment où elle tentait de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres, Marguerite Bervoets est arrêtée, jugée et condamnée à mort. Transférée en Allemagne, elle est décapitée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel le 7 août 1944. En 1946, le ministre Auguste Buisseret autorise – fait exceptionnel – le Lycée de Mons à porter le nom de celle qui y avait achevé ses humanités ; l’établissement était dirigé par la mère de Marguerite Bervoets. À La Louvière, où elle avait accompli ses classes primaires avant ses trois premières années d’humanités à l’École Moyenne du Centre, c’est un monument qui est élevé dans la cour d’honneur dès le 17 novembre 1946. Le même jour, est apposée une plaque commémorative sur sa maison natale.

Le monument de La Louvière rend également hommage à Laurette Demaret, elle aussi entrée très jeune dans la résistance active. Membre du Mouvement national belge, affectée dans un réseau de renseignements et d’évasion de pilotes alliés, Laurette Demaret est tuée lors d’une opération menée le 26 août 1944 dans les environs de Temploux. Ancienne élève de l’École moyenne de la rue de Bouvy, Laurette Demaret voit non seulement son nom mais aussi son combat associés à celui de Marguerite Bervoets dans ce monument dédié au rôle des femmes dans la Résistance.

Le monument de La Louvière rend un égal hommage à Laurette Demaret et à Marguerite Bervoets. Le visage réalisé par le sculpteur est une synthèse de celui des deux jeunes filles, ne ressemblant ni à l’une ni à l’autre. Sur un socle de pierre, le sculpteur a en effet représenté une jeune femme en pied, tenant en main un fusil (symbolisant leur combat), et semblant vouloir aller de l’avant d’un pas décidé.

Quant au sculpteur et architecte Hector Brognon, par ailleurs professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes pendant plusieurs années, il a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou Ernest Martel en 1933). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ».

 

Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56

rue de Bouvy, cour d’honneur de l’Athénée
7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

IPW

Ancien hôtel de Graty ou ancien lycée royal Marguerite Bervoets

Construit à l’emplacement d’un collège de jésuites supprimé en 1772, cet hôtel qui abrita le lycée Marguerite Bervoets est reconnaissable à sa façade de style Louis XVI tardif, plaquée au XIXe siècle.

Les deux niveaux de la façade s’étalent sur onze travées et sont séparés par un larmier et couronnés d’un entablement à corniche au profil appuyé. Cet alignement est rompu par les trois travées centrales traitées en frontispice et couronnées par un large fronton courbe à oculus central bordé de baies épousant la forme du tympan. 

Cette partie de la façade est rehaussée par des baies cintrées à encadrements de pierre décorés d’un listel. Les allèges sous les fenêtres, bordées de consoles, sont tantôt rectangulaires et tantôt ornées d’une guirlande. 

Deux entrées secondaires animent le rez-de-chaussée, doublant les accès principaux ouverts dans les travées extrêmes de la façade. Ceux-ci adoptent la forme de grands portails cintrés, à refends et crossettes frappés d’une clé en mascaron. Ils sont couronnés d’un épais larmier supporté par des consoles à triglyphes. Une porte-fenêtre surmonte chacun des portails. 

Deux frontons triangulaires à oculus répondent enfin au fronton courbe du centre de cette imposante façade.

Rue d’Enghien 51-55
7000 Mons 

carte

Façade classée comme monument le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Carrelage de l'ancien lycée royal Marguerite Bervoets

Renseigné comme faisant partie de l’ancien lycée Marguerite Bervoets, installé jadis dans l’hôtel de Graty, rue d’Enghien, mais également comme siège de l'école supérieure des Arts plastiques et visuels de l'État avant son déménagement au Carré des Arts, cet ancien hôtel particulier présente une façade de type tournaisien du XVIIIe siècle. Celle-ci se compose de deux niveaux rythmés par des bandeaux de pierre et une porte en plein cintre, anciennement surmontée d’un balcon. 

L’intérêt de l’édifice réside cependant dans la présence, dans le corridor d’entrée, d’un carrelage paysager Art nouveau qui recouvre les murs jusqu’au plafond sur environ 30 m. Il  représente notamment la baie de Naples et le Vésuve mais également des scènes plus exotiques (paysages d’oasis, etc.).

 

Carrelage de l'ancien lycée royal Marguerite Bervoets © IPW

 

Carrelage de l'ancien lycée royal Marguerite Bervoets © IPW

Rue Marguerite Bervoets 6
7000 Mons

carte

Carrelage classé comme monument le 1er mars 1984

Institut du Patrimoine wallon

Bervoets Marguerite

Résistance

La Louvière 6/03/1914, Wolfenbüttel 7/08/1944


Promise à une probable carrière littéraire, Marguerite Bervoets est entrée dans l’histoire en raison de l’héroïsme dont elle a fait preuve durant la Seconde Guerre mondiale et surtout en raison de sa vie sacrifiée à l’autel de la liberté. Une étude récente d’Émile Pequet apporte à la fois beaucoup de rigueur scientifique et d’humanité à son parcours de vie.

Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles et y avait décroché un diplôme universitaire, tout en cultivant son goût et sa curiosité pour l’écriture. Licenciée en Philologie romane (1936), candidate en Droit (1935), elle détenait aussi des certificats en Histoire de la musique et en Histoire de la peinture (1937). Qu’une jeune femme termine un cursus universitaire n’avait plus rien d’exceptionnel dans l’Entre-deux-Guerres, même si cela n’est toutefois pas très courant. 

Élevée dans un milieu bourgeois, laïc et tourné vers la France, elle fait un court séjour d’été en Angleterre pour s’y familiariser avec la langue anglaise (1937), mais c’est Paris qui l’attire et Tournai qui l’accueille : elle y devient professeur à l'École normale primaire et professeur de Littérature française à la section des régentes (septembre 1937). En 1939, elle reprend une inscription à l’ULB pour mener parallèlement un doctorat sur l'œuvre d'André Fontainas (qui était déjà le sujet de son mémoire).

Dès les premiers mois de la seconde occupation allemande, Marguerite Bervoets délaisse la thèse de doctorat qu’elle a entamée, ainsi que son activité littéraire pour s’engager dans la Résistance (été 1941). Engagée dans le « groupe des Cinq Clochers », elle fait paraître, avec Henri Deneubourg, le journal clandestin La Délivrance (décembre 1941-août 1942), et déploie une activité certaine mais, comme elle est forcément secrète, difficilement identifiable. Peut-être est-elle un agent de liaison entre des groupements de Lille et de Tournai ; peut-être aide-t-elle des parachutistes. Il est certain qu’elle collecte des informations de type militaire (plan, photos, descriptifs), qu’elle détient des armes à son domicile, et qu’en avril, elle intègre La Légion belge avec son groupe tournaisien devenu la section 803, et se met à son service. Elle a mission de mettre en place une antenne sanitaire.

Surprise en compagnie de Cécile Detournay au moment où elles tentaient de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres (8 août 1942), Marguerite Bervoets est arrêtée avec son amie. De grande importance militaire, le camp de Chièvres est particulièrement surveillé. Les perquisitions à son domicile ne laissent planer aucun doute. Pour les Allemands, il s’agit d’une espionne. Ils procèdent à une vingtaine d’autres arrestations. Après les prisons d’Ath, Tournai et Mons, elle est envoyée en Allemagne (1er août 1943). À la prison de Leer, elle est jugée et condamnée à mort. Elle est guillotinée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel, le 7 août 1944. 

En 1946, le ministre Auguste Buisseret autorise – fait exceptionnel – le Lycée de Mons à porter le nom de celle qui y avait achevé ses humanités ; l’établissement était dirigé par la mère de Marguerite Bervoets. À La Louvière, où elle avait accompli ses classes primaires avant ses trois premières années d’humanités à l’École Moyenne du Centre, c’est un monument qui est élevé dans la cour d’honneur dès le 17 novembre 1946. Le même jour, est apposée une plaque commémorative sur sa maison natale. Son souvenir est également entretenu par de rares productions littéraires : Chromatisme, par exemple, rassemble les poèmes composés avant son entrée à l’Université libre de Bruxelles (1932) ; quelques journaux et revues hainuyères ou bruxelloises publient l’un ou l’autre de ses poèmes entre 1936 et 1940. Quant à sa thèse, Gustave Charlier s’est employé à la publier en 1949.

 

Sources

Émile PEQUET, Marguerite Bervoets, s.l., Hainaut, Culture et Démocratie asbl, 2014, coll. Les Carnets de la Mémoire
Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89

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Buiserret Auguste

Militantisme wallon, Politique

Beauraing 18/08/1888, Liège 15/04/1965


Brillant avocat au Barreau de Liège, militant wallon et libéral, actif au sein de la Ligue d’Action wallonne (1922-1937), Auguste Buisseret devient échevin des Beaux-Arts de la ville de Liège (1937). Sur le conseil de Jules Bosmant, c’est lui qui achètera à Lucerne, au nom de la ville de Liège, des œuvres considérées comme « art dégénéré » par le IIIe Reich (Gauguin, Chagall, Picasso...). Son action antirexiste et antifasciste lui vaut une étroite surveillance de la part de l’occupant et, en 1943, il décide de gagner Londres, où il devient conseiller juridique de plusieurs départements ministériels. Dès la Libération, il est plusieurs fois ministre, de l’Instruction publique, de l’Intérieur, des Travaux publics et des Colonies. Sénateur de Liège (1939-1961), il achève son parcours politique comme bourgmestre de Liège (1959-1963).

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II
Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
LEJEUNE Jean, Biographie nationale, 1979-1980, t. 41, col. 62-68
DELFORGE Paul, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995
Histoire de la Wallonie, (dir. L. Genicot), Toulouse, Privat, 1973, p. 435
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 326
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 291