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Cité des Grandes Rames

La cité des Grandes Rames, construite en 1808, est traditionnellement considérée comme la plus ancienne cité ouvrière d’Europe. C’est à nouveau aux familles Biolley et Simonis que l’on doit la construction de ces bâtiments où s’entasseront des générations d’ouvriers. Situés à la limite du territoire municipal, ils sont proches des usines et fabriques qui s’implantent en nombre au début de cette période prospère. Cette rapide explosion industrielle provoque rapidement des problèmes démographiques et dès lors de logement qui se posent d’ailleurs tout au long du XIXe siècle.

La construction de la première maison débute sur le site le 25 avril 1808 sous la direction de l’architecte Henri Douha. L’édifice doit être fonctionnel et bon marché, il est dénué d’ornements, d’esthétisme et de variété. Cinq autres maisons identiques sont construites par la suite et habitables dès août 1809 ; elles précèdent quatre autres habitations qui complètent l’ensemble après 1810. Mis à part les disgracieux escaliers extérieurs en béton ajoutés lors de sa restauration, le site est encore aujourd’hui l’héritier de cette époque et a conservé son aspect d’origine : dix maisons identiques et mitoyennes formant deux gros blocs parallèles. Chaque maison est élevée en brique rouge et calcaire sur quatre niveaux de cinq travées et couverte d’un long toit brisé. Chaque étage est divisé en quatre pièces organisées autour d’un couloir central. Chaque maison possède une cave, une cuisine et un grenier aménagé dans lequel sont installés, au XIXe siècle, des métiers à tisser. Chaque chambre abrite alors un ménage de quatre à six personnes pour une superficie de 23 m² ! L’eau courante n’est installée qu’en 1876 et le raccordement à l’égout en 1883…

Après avoir été désaffectés, inoccupés et menacés de démolition, les bâtiments sont vendus par le CPAS de Verviers à une société de logements sociaux en 1991 qui procède à une rénovation de l’ensemble et son aménagement en habitations. Le crucifix, les arbres et le grillage présents contre un des pignons de l’ensemble ont été classés en 1983. Les maisons sont pour leur part reprises à l’inventaire du patrimoine monumental de Belgique.

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G. Focant © SPW

Ancienne usine Simonis de Verviers

L’ancienne usine textile Simonis est résolument un des plus beaux témoins de l’architecture industrielle du début du XIXe siècle conservé en Wallonie. Situé le long de la Vesdre, le bâtiment est le plus ancien témoin d’une époque où bon nombre de ces usines s’implantaient à cet endroit. L’entreprise, une foulerie, appartient à la famille Dauchap au XVIIIe siècle avant d’être successivement vendue à Jean-François Biolley en 1760 puis Jean-François Simonis le 23 avril 1801. Ces deux grandes familles d’industriels verviétois provoquent le déclic qui fera de Verviers une des plus importantes villes industrielles d’Europe au XIXe siècle. Dans les dernières années du siècle précédent, Biolley et Simonis désirent acheter des machines textiles anglaises mais les droits d’invention exorbitants en empêchaient l’exportation. William Cockerill enfreint cette défense et débarque avec ses deux fils sur le continent, en Russie puis en Allemagne. Il arrive à Verviers en 1799 et conclut un contrat d’exclusivité avec les familles Simonis et Biolley qui se voient réserver le monopole par le mécanicien anglais. La production explose instantanément : les machines textiles permettent en effet de remplacer deux cents bras et connaissent un important succès.

L’édifice le plus ancien des usines Simonis est érigé à la même époque, dans les premières années du XIXe siècle. De plan rectangulaire, l’usine compte sept niveaux, dont deux sous le toit, de dix-huit travées de long et trois travées de large. La façade ouest est percée au rez-de-chaussée de trois portes-fenêtres cintrées, et de baies à linteaux droits aux étages. Le long de la rue de Limbourg, la façade principale comporte des baies à linteaux droits et trois hautes portes-fenêtres à arcade en plein cintre d’une hauteur de deux niveaux à l’extrémité droite. La bâtisse, de style néoclassique, diffère des bâtiments industriels qui sont construits par la suite en Wallonie. Avant le véritable départ de la Révolution industrielle, l’architecture dans le domaine est encore très influencée par l’architecture traditionnelle régionale dont on retrouve toutes les caractéristiques ici : utilisation mêlée de brique et pierre calcaire, baies à linteaux droits, toitures mansardées la plupart du temps percées de lucarnes. L’ensemble a depuis été brillamment restauré et réaffecté en logements et constitue un bel exemple de réhabilitation d’un bâtiment industriel.

Rue de Limbourg
4800 Verviers

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Berceau de la Révolution industrielle sur le continent européen au XIXe siècle, la Wallonie s’est imposée comme la deuxième puissance économique mondiale, exportant son savoir-faire par-delà les frontières. (Re)découvrez à travers ces pages les grandes étapes de cet essor exceptionnel ainsi que les mutations auxquelles la Wallonie a dû faire face ensuite. Autant d’éléments indispensables pour comprendre la revendication fédéraliste régionale et la Wallonie d’aujourd’hui.

De Biolley Raymond Jean-François

Socio-économique, Entreprise

Verviers 10/02/1789, Verviers 22/05/1846

En raison des troubles révolutionnaires de l’été 1789, les Biolley ont préféré trouver refuge dans le nord de l’Allemagne. Ils ne rentrent à Verviers, devenue municipalité française, qu’en 1795. Quatre ans plus tard, le mécanicien anglais William Cockerill procure aux entreprises des familles Biolley et Simonis un avantage incontestable sur tous leurs concurrents. C’est dans cet esprit de réception aux idées techniques nouvelles qu’est éduqué Raymond Biolley. Ses études sont brillantes et, très tôt, il est associé à la direction de la « Maison François Biolley et fils ». Comme son oncle, Jean-François Biolley (1755-1822) connaît de sérieux problèmes de santé, c’est son épouse, Marie-Anne Simonis, dite de Champlon, qui assume la responsabilité de l’entreprise familiale. C’est elle qui confie à Raymond la direction de la succursale que les lainiers verviétois possèdent à Cambrai. Cédant à l’insistance de sa tante, Raymond de Biolley épouse, en 1817, Marie-Isabelle Simonis (1799-1865) qui est la nièce de Marie-Anne, mais surtout la fille de Jean-François Dieudonné Simonis (1769-1829), dit Iwan Simonis, considéré comme l’homme le plus riche du pays wallon sous le régime français.

Disposant ainsi de solides réseaux, le jeune entrepreneur allait démontrer ses propres capacités après un long séjour en Angleterre où il étudie attentivement les raisons de la prospérité de l’industrie insulaire. De retour en bord de Vesdre, il y attire – comme ses prédécesseurs – des ingénieurs et mécaniciens anglais qui procurent à ses installations verviétoises un savoir-faire exceptionnel. Tout au long de sa carrière, il gardera l’habitude de voyages à l’étranger, certes pour présenter ses produits, mais surtout pour observer l’évolution de la concurrence. La perfection des draps verviétois est pourtant reconnue au niveau international et c’est un important commerce qui s’est établi de part et d’autre de l’Atlantique ; les activités du Verviétois sont fortement soutenues par le roi Guillaume d’Orange ; ce dernier n’hésite pas à le désigner comme délégué effectif de Verviers aux États provinciaux (1820) ; il accorde encore une distinction à l’industriel peu avant que ne se produise la révolution de 1830.

Dans un contexte politico-économique neuf, celui qui n’est plus directeur de la grande société commercial, l’Algemeen Handels Maatschappij (1824-1830), doit alors faire face à de nouvelles responsabilités, à Verviers, quand il devient le principal héritier de la « Maison François Biolley et fils », suite au décès de sa tante (1831). Le changement n’effraye nullement cet entrepreneur. À toutes difficultés, il trouve ou invente des solutions à son avantage. Quand Napoléon avait imposé le blocus continental et privé les « continentaux » des laines britanniques, Biolley avait lancé un élevage de 4.000 moutons mérinos sur les hauteurs de Verviers. Quand le blocus a été levé et que les coûts de transport ont été très bas, il a commandé ses laines dans l’hémisphère sud. Quand naît le royaume de Belgique, il plaide en faveur d’accords douaniers avec la France pour rouvrir le marché mosan, à la France certes, au monde si possible. Le Zollverein est un système dans lequel il verrait bien entrer la Belgique. Libre-échangiste, Raymond Biolley est un industriel qui a tôt fait de se sentir chez lui aux quatre coins du monde.

Principal pourvoyeur de travail dans la vallée de la Vesdre, Raymond de Biolley est reconnu par ses pairs comme le principal industriel de l’est wallon : son savoir-faire, sa fortune et ses investissements sans limites font de la Maison de Biolley à la fois une référence, un bailleur de fonds et un moteur d’innovations exceptionnelles. Depuis 1824, il siège au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Verviers ; en 1830, il la préside. Dans le nouveau royaume de Belgique, les censitaires attribuent à ce chef d’entreprise le mandat de sénateur dès 1831, fonction qu’il exercera jusqu’à son décès. Refusant les distinctions, il acceptera le titre de vicomte que lui attribue Léopold Ier, en 1843, lorsqu’il inaugure la ligne de chemin de fer qui relie Anvers à Verviers. La famille royale avait d’ailleurs l’habitude de prendre ses quartiers dans l’hôtel de maître que l’industriel s’était fait construire au cœur de la cité lainière.

L’action sociale du couple Biolley-Simonis est souvent soulignée : une partie de la fortune de l’industriel a servi à alimenter des œuvres religieuses de secours, de soins et d’hygiène, à améliorer du logement ouvrier et des institutions scolaires et hospitalières, tant à Verviers, qu’à Augsbourg et à Sallanches, les trois cités que les Biolley marquèrent de leur empreinte. Là où s’étend aujourd’hui la rue Raymond, il a fait aménager plusieurs petites maisons destinées à la population ouvrière. Certains veulent y voir l’une des toutes premières cités ouvrières construites en Europe.

Cette générosité discrète ne doit pas dissimuler le tempérament décidé du patron face aux revendications ouvrières. Au moment de sa disparition, on estime qu’il était à la tête de 2.000 ouvriers, rassemblés dans quatre grosses usines. Propriétaire de biens de prestige, Raymond de Biolley avait encore investi dans des entreprises en Prusse rhénane et possédait des parts dans deux charbonnages proches de Verviers, investissements motivés par la nécessité de contrôler des sources d’énergie à l’heure du développement de la machine à vapeur. De 1842 à 1846, il avait également présidé le Comité industriel de Belgique.

 

Sources

G. DEWALQUE, dans Biographie nationale, t. II, col. 436-440
Paul LÉON, dans Biographie nationale, t. XLI, 1979, col. 24-30
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 145-146
Pierre LEBRUN, L’industrie de la laine à Verviers pendant le XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Liège, 1948, p. 207
Portraits verviétois (Série Α-K), dans Archives verviétoises, t. II, Verviers, 1944
P. GASON, Raymond de Biolley, Verviers, 1950
Remember, Nos Anciens. Biographies verviétoises 1800-1900, parues dans le journal verviétois L'Information de 1901 à 1905, Michel Bedeur (préf.), Verviers, éd. Vieux Temps, 2009, coll. Renaissance, p. 27-28

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Biolley François de Sales-Alexis

Socio-économique, Entreprise

Sallanches (Haute-Savoie) 21/01/1687, Augsbourg 01/11/1769

C’est de Sallanches, en Haute-Savoie, qu’est originaire la famille Biolley. On y rencontre, en effet, au début du XVIIe siècle, un Jacques Biolley dont les descendants demeurent à Sallanches pendant quatre générations. À l’entame du XVIIIe siècle, François de Sales-Alexis et Jean-François, représentants de la 3e génération, quittent la Savoie pour faire fortune. Le premier surtout est identifié du côté d’Augsbourg, à Prague, à Nüremberg et dans le pays de Liège. Avec son frère, il mène diverses activités liées au monde de la banque et de l’industrie. 

On les retrouve ensuite à Verviers, où Jean-François (Joseph) Biolley semble être le premier de la famille à s’installer comme producteur de draps. En bord de Vesdre voit le jour, en 1725, une manufacture de tissage de laine et de draps appelée à connaître une grande expansion. La société associe l’ensemble des membres de la famille de Jean-François et de François de Sales Biolley, l’aîné de la fratrie. Son fils, Jean-François Biolley (IV), né lui aussi à Sallanches, reprendra les affaires de son oncle sur les bords de la Vesdre.

 

Sources

Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 145
Paul LÉON, dans Biographie nationale, t. XLI, 1979, col. 24-30

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Biolley Jean-François

Socio-économique, Entreprise

(cinquième génération)

Verviers 06/10/1755, Verviers 12/09/1822

Le fils de Lambertine Simonis et de Jean-François Biolley (IV), dont il porte le parfait patronyme, est l’un des représentants de la 5e génération de cette famille originaire de Sallanches, en Haute-Savoie. Comme ses nombreux frères et sœurs, Jean-François Biolley est né à Verviers où son paternel a pris la tête de la « Maison François Biolley et Fils », manufacture de draps et laine qui connaît une forte croissance tout au long du XVIIIe siècle en bord de Vesdre. À la mort de son père, en 1790, il lui succède à la tête de la « Maison François Biolley et fils ». Il est aussi seigneur de Champlon.

Quand éclatent les troubles révolutionnaires dans la principauté de Liège, à partir de l’été 1789, les usines Biolley restent parmi les rares à fournir encore du travail. Les affaires sont cependant plus difficiles et elles s’aggravent surtout durant l’hiver 1794-1795. Une partie de la famille Biolley part se mettre à l’abri du côté de Hambourg et de Brunswick, mais la République française a besoin que tournent les usines et que mange la population. Très vite, dans une ville de Verviers devenue française, la Maison Biolley reprend ses activités. Sous ce régime français, Jean-François Biolley devient d’ailleurs membre du Conseil général du département de l'Ourthe. Il fait aussi partie de la députation verviétoise qui est envoyée à Liège, le 3 juillet 1803, pour rencontrer Napoléon.

Bénéficiant des bons conseils de son beau-frère, Iwan Simonis, J-F. Biolley est associé à l’engagement d’un mécanicien anglais aux talents prometteurs. Recruté à Hambourg par un des agents commerciaux de Simonis, William Cockerill vient s’installer à Verviers vers 1799 et introduit dans les usines Simonis et Biolley une série de perfectionnements techniques qui donnent un avantage incontestable aux deux drapiers verviétois : très vite, ils contrôlent plus du tiers de la production locale.

Devenu impotent, Jean-François Biolley ne peut cependant plus s’occuper lui-même de l’entreprise familiale qui comptait des centaines d’ouvriers ; il laisse la direction des affaires à sa femme, Marie-Anne Simonis (1758-1831) ; cousine de sa belle-mère, Marie-Anne Simonis est dite de Champlon depuis leur mariage en 1777 ; ils n’auront pas de descendants. C’est Raymond (de) Biolley, son neveu, qui reprendra la direction de l’ensemble de la Maison Biolley en 1831, à la mort de la veuve Simonis qui s’avère une industrielle de grande envergure, dans le sillage de son frère.



Sources

G. DEWALQUE, dans Biographie nationale, 1868, t. II, col. 436-440
Paul LÉON, dans Biographie nationale, t. XLI, col. 24-30

Biolley François de Sales-Alexis

Socio-économique, Entreprise

Verviers 30/08/1751, Verviers 03/03/1826

Fils de Jean-François Biolley (IV) et de Lambertine Simonis (1721-1782), François de Sales-Alexis Biolley contribue au succès de l’entreprise lainière familiale, implantée à Verviers depuis 1725. Ainsi que le rapporte Pierre Lebrun, en 1765, les Biolley avaient trouvé le moyen de teindre dans des couleurs écarlates et leurs produits étaient sans concurrence. Gardant pour eux le secret de leur fabrication, ils ont fait construire d'importants bâtiments pour exploiter leur savoir-faire et ils ont investi des sommes considérables. 

Représentant de la 5e génération des Biolley, François de Sales a épousé Marie-Claire Godin (1788) et est le père de Raymond (de) Biolley, né quelques mois avant que n’éclatent les troubles révolutionnaires de l’été 1789. Guère favorables aux bouleversements politiques qui handicapent leur commerce, les Biolley prendront même la précaution de partir en exil durant l’hiver 1794-1795, du côté de Hambourg et de Brunswick, et ne rentreront qu’après l’annexion à la France, en 1795. Peu d’années plus tard, à l’invitation d’Iwan Simonis, l’anglais William Cockerill vient s’installer à Verviers et introduit dans les usines Simonis et Biolley une série de perfectionnements techniques qui donneront un avantage incontestable aux deux drapiers verviétois sur leurs concurrents.

 

Sources

Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 145
G. DEWALQUE, dans Biographie nationale, 1868, t. II, col. 436-440
Paul LÉON, dans Biographie nationale, t. XLI, col. 24-30

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Biolley Jean-François

Socio-économique, Entreprise

Sallanches (Haute-Savoie) 18/11/1705 (ou 1715), Verviers 02/11/1790

Fils de François de Sales-Alexis Biolley (III), qu’il a accompagné lorsque ce dernier a quitté Sallanches pour faire fortune dans le nord, Jean-François Biolley se retrouve sur les bords de la Vesdre où son oncle, Jean-François-Joseph, a installé une manufacture de draps dès 1725, la maison Biolley et fils. Jean-François Biolley paraît jouer un rôle actif dans le succès de l’entreprise lainière. Ainsi que le rapporte l’historien Pierre Lebrun, dès 1765, Biolley avait trouvé le moyen de teindre dans des couleurs écarlates et ses produits étaient sans concurrence. Gardant pour lui le secret de sa fabrication, il fait construire d'importants bâtiments pour exploiter son savoir-faire et investit des sommes considérables. À la fin de sa vie, la maison  Biolley avait fait faire de grands progrès à la fabrication des draps verviétois ; elle envoyait ses produits jusqu’en Russie et en Orient.

À 42 ans, son mariage avec Lambertine Simonis ressemble à une union mue par des préoccupations économico-financières. Lambertine (1721-1782) est en effet la fille de Henri Simonis (1686-1745), un important bourgeois qui, comme son frère Jacques Joseph (1717-1789), est « négociant » et sera désigné bourgmestre de la « Bonne ville ». Il semble que Jean-François Biolley exerce lui aussi la magistrature verviétoise durant l’année 1771.

Quant au couple Simonis-Biolley, il aura cinq fils entre 1751 et 1760 dont François de Sales-Alexis (V) (1751-1826) et Jean-François (1755-1822). Jean-François Biolley meurt au moment où la première révolution « liégeoise » est en péril. Il n’avait personnellement jamais témoigné beaucoup de sympathie à l’égard des fauteurs de trouble et de leurs idées ; au contraire, il était un adversaire déclaré des Zinck et autre Fyon.

 

Sources

Pierre LEBRUN, L’industrie de la laine à Verviers pendant le XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Liège, 1948, p. 207
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 145

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Biolley Jean-François Joseph

Socio-économique, Entreprise

(3e génération)

Sallanches (Haute-Savoie) 06/12/1693, Verviers /1747

C’est de Sallanches, en Haute-Savoie, qu’est originaire la famille Biolley. On y rencontre, au début du XVIIe siècle, un Jacques Biolley dont les descendants demeurent à Sallanches pendant quatre générations. À l’entame du XVIIIe siècle, François de Sales et Jean-François, représentants de la 3e génération, quittent la Savoie pour faire fortune. On retrouve les frères du côté d’Augsbourg, à Prague, à Nuremberg et dans le pays de Liège où ils mènent diverses activités liées au monde de la banque et de l’industrie. On les retrouve ensuite à Verviers, où Jean-François-Joseph Biolley semble être le premier de la famille à s’installer comme producteur de draps. En bord de Vesdre voit le jour, en 1725, une manufacture de tissage de laine et de draps appelée à connaître une grande expansion. 

Le succès est tel que J-F-J. Biolley est même désigné comme échevin de la dernière « Bonne ville » de la principauté de Liège. La désignation, en août 1745, « d’un étranger » – ainsi est-il considéré à l’époque puisqu’il est né à Sallanches – à une si haute fonction contrevient à la loi, mais est acceptée en raison de l’exceptionnelle prospérité qu’apportent les activités familiales en bord de Vesdre. Dans son Histoire du marquisat de Franchimont, Detrooz explique que la famille Biolley « (…) augmenta le commerce de la ville, l’embellit par beaucoup d’édifices particuliers et mérita du public à beaucoup d’autres titres : de manière que, si la loi a été transgressée, on a lieu d’en perdre la mémoire ». Les affaires du drapier savoisien-verviétois sont reprises par son neveu, Jean-François Biolley, fils de François de Sales (III).

 

Sources

Paul Léon, dans Biographie nationale, t. XLI, 1979, col. 24-30
Ginette Kurgan, Serge Jaumain, Valérie Montens, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 145
R. J. Detrooz, Histoire du marquisat de Franchimont, Liège, 1809