Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Nicolas BOSRET

Après la Première Guerre mondiale, François Bovesse a donné ses lettres de noblesse au décret de l’Assemblée wallonne instaurant une fête de la Wallonie. Avec la création en 1923 du Comité de Wallonie, l’organisation des fêtes à Namur est désormais structurée et pérennisée : désormais, des manifestations rendent hommage aux volontaires wallons qui ont contribué aux Journées de Septembre 1830. Mêlant discours politique, folklore wallon et namurois, le rendez-vous annuel de septembre prend plusieurs déclinaisons dont l’inauguration de plaques commémoratives en souvenir de « grands Namurois ». 

Plaque commémorative Nicolas Bosret (Namur)

En 1925, à l’initiative des Amis de l’Art wallon, en particulier de la section namuroise, la plaque apposée sur la « maison natale » de Félicien Rops est la première à s’inscrire sur une liste qui ne va cesser de s’allonger, accueillant notamment par la suite une plaque dédiée à Nicolas Bosret, apposée sur sa maison natale. Le nombre deviendra à ce point conséquent qu’une sélection annuelle est faite pour déterminer le « parcours des plaques » qui s’inscrit dans le programme des fêtes de Wallonie. La plaque de Nicolas Bosret s’impose cependant comme un passage obligé.

« COLAS BOSRET
PRUMI DIRECTEÛR DES 40 MOLONS
A V’NU AU MONDE VAICI
LI 5 DI MAUS 1799 ».


Entre Nicolas Bosret et Namur, il existe une histoire d’amour qui remonte à 1856, lorsque la ville fait du Bia bouquet son hymne propre. On sait que Namur n’était pas la muse du compositeur wallon ; celui-ci évoque dans sa chanson ses états d’âme à la veille de son mariage. Musicien, bon vivant, sociétaire de plusieurs cercles culturels et d’amusement, co-fondateur des Moncrabeau, Nicolas Bosret est un personnage entré de son vivant dans le cœur des Namurois. Pour honorer sa mémoire à d’autres moments qu’à des anniversaires, une rue porte son nom dès 1878, un important buste est inauguré en 1929 et, par la suite, une plaque est apposée sur sa maison natale dans le vieux quartier de la capitale de la Wallonie. Chaque année, durant les fêtes de Wallonie, le parcours des plaques fait inévitablement halte devant cette maison située place Maurice Servais et les 40 Molons rendent un hommage particulier à celui qui a créé leur société, celle de Moncrabeau.


Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos), 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, notamment p. 27
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 78
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-1.html 
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187
Lucien MARÉCHAL, Nicolas Bosret et le « Bia bouquet », dans Le Guetteur wallon, décembre 1926, n°11 p. 232-237
Le Guetteur wallon, novembre 1926, p. 202 ; octobre 1928, n°8-9, p. 18

à l’angle de place Maurice Servais, de la rue des Échasseurs et de la rue de la Halle
5000 Namur

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Buste BOSRET Nicolas

Situé dans le cœur de Namur, entre l’ancienne Bourse de Commerce et le Théâtre auquel il fait face, le buste de Nicolas Bosret (1799-1876) rend hommage au compositeur du Bia bouquet. Entre le compositeur et la cité mosane, il existe une histoire d’amour qui remonte à 1856, lorsque la ville fait du Bia bouquet son hymne propre. On sait que Namur n’était pas la muse du compositeur wallon qui évoque, en fait, ses états d’âme à la veille de son mariage. 

Musicien, bon vivant, sociétaire de plusieurs cercles culturels et d’amusement, co-fondateur des Moncrabeau, Nicolas Bosret est un personnage entré de son vivant dans le cœur des Namurois et dont la mémoire est régulièrement honorée : en 1893, l’occasion en est donnée par le cinquantième anniversaire de la fondation des Moncrabeau ; en 1901, c’est le cinquantième anniversaire du Bia bouquet qui sert de prétexte à évoquer un Nicolas Bosret qui a donné son nom à rue de Namur depuis 1878. La réalisation d’un monument se fait par contre attendre. Il voit le jour au lendemain de la Grande Guerre.

Au début des années 1920, en effet, les groupements wallons de Namur se mobilisent pour élever un monument à Nicolas Bosret et le cinquantième anniversaire de la disparition de Bosret est l’occasion retenue pour concrétiser le projet. La Société des Moncrabeau coordonne l’initiative. Malgré une forte mobilisation et pour de multiples raisons, l’année 1926 s’écoule sans que le monument voie le jour. Sans cesse reporté, il est finalement inauguré : un buste réalisé en septembre 1928 est placé sur un monument original installé rue Jean-Baptiste Brabant. Lorsque les travaux seront entrepris pour réaliser le pont des Ardennes, le monument sera déplacé à proximité du Théâtre.

La réalisation du buste a été confiée au sculpteur et ornemaniste Désiré Hubin (1861-1944). Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Namur, où il fut l’élève de Ferdinand Marinus, il reçoit aussi les enseignements de Charles Van der Stappen à Bruxelles. Auteur de sculptures décoratives et d’ornementations, il devient professeur de sculpture à l’Académie de Namur à partir de 1916. Maître de Victor Demanet et de Gustave Fischweiler notamment, Hubin réalisera d’autres bustes (Theo Tonglet, René Barbier, Jules Genisson ou Ernest Montellier) que celui de Bosret.
Le buste du monument Bosret est en bronze ; il est placé au sommet d’un haut piédestal en pierre fort évasé à sa base. Sur la face avant du socle, a été représenté et sculpté dans la pierre le « blanc bouquet » ; il est surmonté par les inscriptions minimalistes suivantes :

« Nicolas
Bosret
1799-1876 ».


En 1960 (ou 1953 ?, Vandenbroucke, p. 35), le Comité central de Wallonie offre la « pierre de vérité » aux 40 Molons dans le cadre de la redynamisation des fêtes de Wallonie à Namur. À partir de 1963, le monument Bosret est réinstallé près du Théâtre où quatre Molons en uniforme montent une garde d’honneur autour de la statue de leur fondateur lors des fêtes de Wallonie, en septembre. Au pied de la colonne, là où les passants peuvent s’asseoir sur une large pierre faisant office de banc entourant et soutenant l’ensemble, apparaît, sur la partie toujours, l’emblème/l’écusson en cuivre gravé de la Société Moncrabeau. 

La « pierre de vérité » est une sorte de siège qui joue un rôle important, chaque année, début septembre, à la veille des Fêtes de Wallonie : c’est là en effet que les candidats au concours de menteries de ladite Société s’asseyent pour raconter leur « minte ». Le lauréat devient Prince-Président de la République libre des Menteurs.


Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos) : 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, p. 35, 54
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 78
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-1.html
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187
Le Guetteur wallon, novembre 1926, p. 202
Lucien MARÉCHAL, Nicolas Bosret et le « Bia bouquet », dans Le Guetteur wallon, décembre 1926, n°11 p. 232-237
Le Guetteur wallon, octobre 1928, n°8-9, p. 18
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, p. 730

rue de Bavière, près du Théâtre
5000 Namur

carte

Paul Delforge

SPW

Hommage du Gouvernement wallon sur la tombe de François Bovesse

Cimetière de Belgrade (Namur)

Conçu en 1865 comme un parc aux allées majestueuses bordées d’arbres imposants dont seuls quelques uns subsistent, le cimetière de Namur dit « de Belgrade » comporte de nombreux monuments commémoratifs, un carré militaire et la sépulture de plus de 67.000 Namurois. Comme tous les grands cimetières urbains de la seconde moitié du xixe siècle, il a été dessiné par un architecte qui a prévu une entrée monumentale, de larges allées carrossables arborées et une grande pelouse d’honneur.

À l’instar des cimetières liégeois de Robermont et de Sainte-Walburge, celui de Belgrade à Namur est également le lieu de nombreuses commémorations autour de tombes de militants wallons. D’autres sépultures méritent de retenir l’attention par leur symbolisme.

 

 

Jean-Antoine Bioul (1915-1983) : la tombe de ce lieutenant-colonel honoraire est intéressante par le médaillon figurant un coq et la dédicace « Wallon toujours » qui y sont présents.

 

 

 

 

 

 

Nicolas Bosret (1799-1870) : auteur de nombreuses chansons en wallon, dont Li Bia Bouquet, que la ville de Namur choisira comme hymne en 1857, et membre de la Société royale Moncrabeau, société folklorique et philanthropique namuroise. L’hommage des Fêtes de Wallonie au cimetière de Namur inscrit la sépulture de Nicolas Bosret à son programme en 1959. La pierre tombale porte les armoiries de la Royale Moncrabeau.

 

 

 

 

Hommage du Gouvernement wallon sur la tombe de François Bovesse © SPW

François Bovesse (1890-1944) : grand militant libéral wallon, fut à l’origine des fêtes de Wallonie à Namur en 1923. Gouverneur de la province de Namur en 1937, il continua néanmoins à combattre le flamingantisme. Démis de ses fonctions par les Allemands, il s’engage dans la Résistance et il est assassiné par des rexistes le 1er février 1944. Le 6 février 1954, le Comité namurois des fêtes de Wallonie lui rend un hommage solennel sur sa tombe, qui fait également partie du circuit lors de l’hommage rendu au cimetière de Namur le dimanche des fêtes de Wallonie. En septembre 1985 lors de son éphémère implantation à Namur, le Ministre-Président wallon Jean-Maurice Dehousse dépose une gerbe de fleurs sur la tombe, geste que répétera notamment Guy Spitaels en 1992 lors de son entrée en fonctions.

 

 

 

Joseph Calozet (1883-1968), auteur wallon, secrétaire de la Fédération wallonne littéraire et dramatique de la province de Namur, membre de Rénovation wallonne en 1945 et du comité provincial namurois de patronage du Congrès national wallon en 1947. Président du Théâtre wallon namurois, il participe au second Congrès culturel wallon de 1955. À la fin des années 1970, la tombe de Joseph Calozet est mise au programme du traditionnel hommage aux Wallons rendu le dimanche des fêtes de Wallonie.

 

 

 

 

 

Monument aux morts de 1940-1945 : ce monument érigé au coeur du cimetière est, avec la tombe de François Bovesse, une des premières fleuries lors de l’hommage rendu au cours des fêtes de Wallonie depuis les années 1950. Les autres sépultures ont été ajoutées par la suite à ce pèlerinage.

Chaussée de Waterloo 438

5002 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Qu’elle soit écrite en langues régionales ou en français, intimiste ou universelle, la création littéraire wallonne est abondante. Du Romantisme aux créations contemporaines, découvrez les genres et les auteurs de Wallonie au travers d’une synthèse et de nombreux textes offrant une première anthologie.

Montellier Ernest

Culture, Musique

Sart d'Avril (Noville-les-Bois) 21/02/1894, Namur 6/10/1993

Personnalité populaire quasi mythique de Namur, Ernest Montellier était connu de tous, en raison de ses passions communicatives pour la musique, le folklore, la littérature dialectale et l’histoire de son terroir. Ayant quasiment atteint le cap des 100 ans, il avait traversé le XXe siècle en partageant son savoir qui était varié.

Doué pour la musique, le jeune Ernest Montellier avait accompli ses études de solfège et de violon à l’Académie de Namur puis celles d’harmonie au Conservatoire de Liège. Premier violon dans l’orchestre du théâtre de Namur dès 1909, il devient, après la Première Guerre mondiale, répétiteur puis chef d’orchestre d’un théâtre de Namur qu’il connaissait sur le bout des doigts, pour y avoir travaillé pendant 60 ans. Professeur au Conservatoire de Namur, à l’Académie de musique d'Auvelais, à l’Institut technique de l’État, à l’École professionnelle pour jeunes filles (Namur) et à l’École française des Cadets de l’Armée, c’est dire le nombre de générations qui croisèrent la route de ce musicien et musicologue. Le passé musical de la province de Namur n’avait guère de secret pour celui qui avait étudié la musique religieuse de Namur aux XVIe et XVIIe siècles et qui découvrit des informations précieuses sur les origines du Bia Bouquet et sur la vie de son auteur, Nicolas Bosret.

Comme Bosret, il connaissait le wallon, le parlait, l’écrivait et le chantait. Président de la Société Moncrabeau, la fameuse académie des Quarante Molons créée en 1843, il en a été le directeur musical pendant plus d’un demi-siècle (1931-1984), ce qui lui a donné le temps d’écrire plus de 80 chansons wallonnes. Co-fondateur du Guetteur wallon, dans lequel il publie quelques-unes de ses partitions, il a été un membre assidu de la commission de la Société archéologique de Namur (1937-1993).

Un buste en bronze, réalisé par Désiré Hubin à la demande du frère d’Ernest Montellier dans les années 1930, a été inauguré en 1994 au Théâtre de Namur.

 

Sources

Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV, p. 375
Françoise JACQUET-LADRIER (dir.), Dictionnaire biographique namurois, Namur, Le Guetteur wallon, n° spécial 3-4, 1999, p. 181
Ernest Montellier (1894-1993) Le semeur de joie, Jacques TOUSSAINT (dir.), Namur, 2008

Bosret Nicolas

Culture, Musique

Namur 5/03/1799, Namur 18/11/1876

Entre Nicolas Bosret et Namur, il existe une histoire d’amour qui remonte au milieu du XIXe siècle. Depuis lors, les deux noms sont indissociablement liés lorsqu’on évoque la chanson en wallon et le folklore. Depuis 1856, la ville de Namur dispose en effet de son propre hymne, le fameux Bia bouquet qui a dépassé depuis longtemps les frontières de la seule cité mosane. Bosret en est l’auteur ; sa muse n’était pourtant pas Namur, mais sa jeune épouse et le sujet ne répond en rien à un classique chant patriotique puisqu’il évoque les états d’âme d’un homme à la veille de son mariage.

Aveugle en raison d’un accident domestique survenu alors qu’il avait 17 ans, Nicolas Bosret avait contourné son handicap en apprenant la musique auprès de l’organiste de l'Église Saint-Loup.  Violoniste et organiste, il avait obtenu d’être titulaire des orgues de la chapelle Saint-Jacques (1832) puis à l’église Saint-Nicolas (1842), tout en enseignant des leçons de solfège. Par ailleurs, son handicap n’empêchait pas Bosret de faire partie d’une sorte de cabaret dont les membres s’amusaient en racontant des mensonges.

Le 27 septembre 1843, il est parmi les fondateurs d’une nouvelle société d’agrément tournée vers la chanson wallonne et composée d’artistes tout aussi facétieux. Prenant le nom du village français de Moncrabeau qui entretient une solide réputation de menteurs, l’association se donne pour objectifs de conserver les traditions populaires et de défendre la langue wallonne. Au sein de cette Académie des Quarante Molons (quarante toqués), Nicolas Bosret créera un orchestre dont les instruments sont des mirlitons aux formes exotiques, les sons étranges et la disposition lors des représentations sont aussi originaux que les costumes des compères (1857).

Donnant des concerts pour venir en aide aux nécessiteux, la bande de Bosret connaît un vrai succès, sur des compositions nombreuses et originales de son mentor. Sans être un musicien exceptionnel, Bosret réjouit ses contemporains qui s’entichent de la chanson Li bouquet del Mariée, composée en 1851. L’engouement est réel et alors que le morceau est dignement interprété en 1856 lors d’une visite du roi Léopold Ier, la ville de Namur en fait son hymne officiel, sous le titre Li Bia Bouquet. Les autorités locales octroient aussi une pension permettant à Bosret de se consacrer au divertissement de ses contemporains, jusqu’à son dernier jour. Marié à Anne Quertaimont en 1842, il semblerait que Li Bia Bouquet lui était spécialement dédié.

Entré de son vivant dans le cœur des Namurois, Bosret n’en sortira jamais. Pour honorer sa mémoire à d’autres moments qu’en chanson, une rue porte son nom depuis 1878 et un important buste a été réalisé et installé en 1928. Placé en face du théâtre de Namur, sur un piédestal en forme de siège, il accueille chaque année, en septembre, les candidats au concours de menteries de la Société Moncrabeau.
 

Sources

Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 395
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 470 ; t. IV, p. 375
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187, avec bibliographie complémentaire
Paul COPPE et Léon PIRSOUL, Dictionnaire bio-bibliographique des littérateurs d'expression wallonne, Gembloux, 1950