Guy Focant

Coqs de l'Elysette

« Le coq wallon » qui se trouve à proximité du bassin du jardin de l’Élysette à Namur, siège du Gouvernement wallon, est une commande du Ministre-Président (de 1994 à 1999) Robert Collignon (en remplacement de L’Envol de la Wallonie de René Julien, finalement installé à Liège quai Van Beneden). Cette audacieuse sculpture monumentale en métal est l’oeuvre du couple franco-belge Léon et Peggy de Pas, installé à Chaumont-Gistoux. Salvador Dali, entre autres, admirait beaucoup l’art de Léon de Pas, né en 1925, dont les créations sont exposées dans des dizaines de pays différents.

Un autre coq en bronze, posé sur une reproduction en pierre de la carte de Wallonie, se trouve à l’arrière du bâtiment de l’Élysette. Il est l’oeuvre du sculpteur Martin Guyaux.

Rue Mazy 27

5100 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy (Focant)

Centre administratif Cap Nord du SPW

Conçu par l’architecte montois Jean Barthélemy (par ailleurs président des Journées du Patrimoine en Wallonie de 1991 à 2008) au sein de l’Atelier d’urbanisme, de réhabilitation et d’architecture (AURA), le Centre administratif du Ministère de l’Équipement et des Transports - aujourd'hui intégré au sein du Service public de Wallonie - fut édifié derrière les voies de chemin de fer de la gare de Namur à partir d’octobre 1996 et achevé en juin 1999. L’édifice se singularise non seulement parce qu’il fut le plus grand bâtiment public réalisé jusqu’alors en Wallonie, mais aussi par la précision et le raffinement de sa réalisation ainsi que par la modernité de son image. Offrant une superficie totale de 68.000 m² et pouvant accueillir 950 agents autour d’une rue intérieure qui permit de développer un espace interne d’une valeur esthétique manifeste, il réussit le pari d’intégrer une construction d’envergure dans le paysage urbain en tirant parti d’un terrain long et étroit, tout en marquant sa présence – et donc celle de la Région – avec une certaine solennité.

Un ministère pour le XXIe siècle

La création du Ministère de l’Équipement et des Transports (le MET) remonte à l’été 1989, lorsqu’eut lieu le transfert aux Régions (décidé par la loi du 8 août 1988) de nouvelles compétences, principalement en matière d’économie, de transport et d’infrastructure. Quelques 3.500 agents des Travaux publics, des Communications, du Fonds des Routes, des Voies navigables et des Voies aériennes intégrèrent ainsi le 1er janvier 1990 le tout nouveau Ministère, créé alors aux côtés du Ministère de la Région wallonne (le MRW, remontant à 1981). Ceux-ci furent d’abord disséminés dans divers locaux namurois, mais le principe de la construction d’un bâtiment pour les regrouper fut arrêté dès 1990 et le choix du site de la gare fut accepté par l’Exécutif régional dès l’année suivante. Il fallut ensuite deux ans de discussions complexes sous la
houlette du cabinet du Ministre en charge des Implantations Robert Collignon pour que le projet prenne corps et soit approuvé en mai 1994, puis deux ans de démarches diverses encore pour pouvoir entamer le chantier en octobre 1996.

Le démarrage des travaux du Centre administratif du MET suivait d’un peu plus d’un an et demi l’inauguration par le même Robert Collignon, le 13 janvier 1995, du siège central du MRW, à Jambes, entamé en mars 1992. OEuvres des architectes Honoré, Minet, Wargnies, Farla et Greisch, celui-ci accueillait sur le site de l’ancien hôtel de ville de Jambes quelque 800 fonctionnaires dans un bâtiment renouant avec l’inspiration urbanistique et architecturale de la Renaissance, tout en dégageant à ses pieds une nouvelle place de la Wallonie. L’équipe architecturale initiale (Honoré et Farla) avait été constituée en 1984 déjà lorsque le Ministre-Président Jean-Maurice Dehousse avait lancé un concours de promotion pour l’implantation des administrations régionales à Namur, décidée en 1983 mais remise en cause entre 1985 et 1987.

Une cellule provisoire de la future administration wallonne, forte de douze agents, avait été mise en place en mars 1981 et elle s’était efforcée dans un premier temps de regrouper l’ensemble des fonctionnaires alors régionalisés en un lieu unique à Bruxelles, square Frère-Orban. À l’époque, en matière d’outils publics régionaux, seuls des agents de la Société de Développement régional de Wallonie (SDRW) se trouvaient à Namur, soit au siège de celle-ci (rue Grafé, 5), soit au 54 de la rue Godefroid, face à la gare. Ils furent intégrés au MRW en juillet 1983, la SDRW ayant été dissoute. Les premiers transferts de fonctionnaires depuis Bruxelles pour Namur eurent lieu au milieu des années 1980, dans les endroits les plus divers : au-dessus du magasin C&A face à la gare, dans une aile encore inoccupée de l’hôpital (avenue Albert Ier face à la Meuse), dans des immeubles à appartements transformés en bureaux à Jambes, etc. Le Ministre-Président Bernard Anselme put élaborer une politique d’implantations plus cohérente au tournant des années 1980-1990.

Témoignage de Georges Horevoets, ancien Secrétaire général du Ministère de la Région wallonne

"Nous avons également à négocier le transfert des fonctionnaires qui composent le Ministère de la Région wallonne au départ de huit ministères nationaux. Le passage des membres du personnel des ministères nationaux aux ministères des Communautés et des Régions ne se fait pas sans peine. Sur les mille quatre cent cinquante agents qui composent le cadre du Ministère, neuf cents tout au plus sont transférés. Les effectifs ressemblent quelquefois à une armée en déroute. Des pans entiers de l’administration se retrouvent sans le moindre encadrement. De surcroît, ils sont dispersés dans de multiples bâtiments bruxellois. Je me souviens encore que l’on nous avait même transféré des agents... décédés ou retraités. 
Notre tâche consiste alors à rassembler l’ensemble de nos troupes en un lieu unique de Bruxelles : square Frère-Orban, à proximité du Conseil d’État. Pour faire face à une telle situation comme pour éviter tout double emploi, nous proposons à l’Exécutif régional wallon de fusionner le Ministère et la Société de Développement régional pour la Wallonie (S.D.R.W). Ce que malheureusement nous n’avons pas prévu, c’est qu’à la veille de la fusion, l’Exécutif décide de gonfler le cadre de la S.D.R.W, si bien que ce sont cent cinquante-six agents supplémentaires qui rejoignent le Ministère. 
En 1984, l’Exécutif décide d’installer ses services à Namur. D’abord, le cabinet du Ministre-Président, puis l’administration. L’économie, l’environnement, les pouvoirs locaux déménagent ensuite progressivement. Fin 1985, changement de coalition. Melchior Wathelet décide de tout arrêter, allant jusqu’à rappeler les camions en route vers Namur. L’administration doit dès lors vivre avec cette double implantation jusqu’en 1988, moment où l’ensemble des services rejoignent définitivement la capitale wallonne". 
Source: L’Aventure régionale, p. 71-72.

Boulevard du Nord, 8, 5000 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Collignon Robert

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Villers-le-Bouillet 10/02/1943



Député wallon : 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995* ; 1999* *2000-2004 
Ministre wallon : 1992-1995 
9e Ministre-Président wallon : *1994-1995 ; 1995-1999 
11e Président du Parlement wallon : *2000-2004 

Docteur en Droit de l’Université de Liège (1966), professeur de Droit dans l’enseignement technique (1967), le militant wallon et socialiste fait brièvement partie du Cabinet du ministre des Relations communautaires, Freddy Terwagne, en qualité d’attaché de presse (1968). C’est d’ailleurs dans l’étude de ce dernier que Robert Collignon mène sa carrière d’avocat, avant de reprendre le Cabinet après le décès de celui-ci. Sur les pas de son mentor, il est élu député PS dans l’arrondissement de Huy-Waremme (1971-1974).

Conseiller communal d’Amay élu en 1976, d’emblée échevin de l’Instruction publique (1977-1982), puis des Finances (1983-1987), il succède au bourgmestre Maurice Dumongh démissionnaire en 1987. Hormis durant la période où il exerce des fonctions ministérielles, il restera le bourgmestre d’Amay jusqu’en décembre 2006.

Retrouvant la Chambre des représentants après l’adoption des lois d’août 1980, il siège également au Conseil régional wallon (1981-1995). En 1985, il quitte la Chambre pour le Sénat (1985-1995), où il préside la commission parlementaire d’enquête sur le drame du Heysel. Dans les commissions parlementaires, il se montre particulièrement intéressé par les problèmes institutionnels, économiques, de Justice et des Affaires étrangères. Régionaliste wallon affirmé, il prend fait et cause pour la question fouronnaise et l’installation des institutions régionales à Namur. Membre de la Commission du Sénat chargée de transformer les termes de l’accord institutionnel de 1988 en dispositions de loi, le chef de groupe du PS au Sénat (1988-1989) veille à l’adoption de chacune d’elles.

Chef du groupe socialiste au Conseil régional wallon (1988-1992), président du Comité permanent des Fédérations wallonnes du PS, et vice-président du PS (1989-1992), principal animateur du Congrès d’Ans des socialistes wallons (février 1991), il devient ministre de l’Aménagement du territoire, du Logement et du Budget dans le gouvernement wallon présidé par Guy Spitaels (1992-1994), tout en restant un acteur attentif du « dialogue de communauté à communauté » qui aboutit aux accords de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin. Conséquence de ces réformes, le ministre Collignon hérite de compétences supplémentaires : la Santé et l’Aide aux personnes, alors que l’Aménagement du Territoire est confié à André Baudson.

La démission de Guy Spitaels cité dans le dossier Agusta modifie la trajectoire politique de Robert Collignon qui se retrouve ministre-Président wallon (25 janvier 1994), en charge de l’Économie, des PME, des Relations internationales et du Tourisme. Depuis Alfred Califice, il est le neuvième ministre à présider un exécutif wallon. Il préside aussi le Comité de suivi d’Objectif 1. Au sein de son Cabinet, il crée une cellule dite « Identité wallonne », fort active de 1994 à 1999.

Plébiscité dans son arrondissement de Huy-Waremme en mai 1995, R. Collignon figure parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon. Reconduit comme ministre-Président du gouvernement wallon (1995-1999), le député wallon est remplacé par son suppléant, Marc Mélin. Le « Premier wallon » retrouve les mêmes compétences auxquelles s’ajoute le Patrimoine, matière à laquelle il accorde beaucoup d’importance. En 1998, un premier site wallon est inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco (les ascenseurs du Canal du Centre) ; il ne s’agit là que d’un petit exemple de l’important travail effectué durant toute la législature et dont l’Institut du Patrimoine wallon – créé en 1999 – pérennisera les principes.

Soucieux de vaincre les sous-régionalismes, partisan résolu du transfert des compétences culturelles et d’enseignement aux Régions, il accorde une grande importance à la lutte contre la pauvreté et au redressement socio-économique. En raison des critiques du partenaire PSC, notamment, une « Déclaration de politique générale complémentaire » fixe à l’exécutif wallon 65 actions concrètes à réaliser dans un délai rapproché (novembre 1997) ; la transversalité et l’évaluation alimentent désormais la réflexion politique wallonne. Par ailleurs, il appuie aussi une résolution du Parlement wallon en faveur du droit de vote des étrangers, rappelant la définition du Manifeste pour la Culture wallonne selon laquelle Sont de Wallonie tous ceux qui vivent et travaillent dans l’espace wallon.

« Le fédéralisme belge sera arrivé à maturité lorsqu’il comprendra quatre entités : la Flandre, la Wallonie, Bruxelles et la Région germanophone, dotées d’un territoire propre et de compétences identiques », écrit-il en substance dans Le Pari wallon (1999). Lors du scrutin de juin 1999, la crise de la dioxine propulse les Écolos en premières lignes, alors que les partenaires sortants subissent un ressac. Dans sa circonscription, Robert Collignon retrouve son mandat de député wallon, emmenant d’ailleurs avec lui un second élu socialiste (Meureau), mais il a perdu des voix (21.519 vp.), au moment où émerge le jeune Écolo Jean-Michel Javaux. Malgré tout, il réalise, avec Willy Taminiaux, le meilleur taux de pénétration de Wallonie. Avec Elio Di Rupo et Jean-Claude Van Cauwenberghe, Robert Collignon négocie la nouvelle majorité wallonne : elle sera arc-en-ciel. Mais R. Collignon n’en sera plus. Avec un peu plus de 66 mois à la tête du gouvernement wallon, il est, après Rudy Demotte, celui qui a exercé cette fonction le plus longtemps.

En juillet 1999, il reste ministre, mais au sein du gouvernement de la Communauté française. Numéro 2 de cette équipe, il est en charge du Budget, de la Culture et des Sports (juillet 1999-avril 2000). Au Parlement wallon, Micheline Toussaint occupe son siège. Maître rigoureux du budget communautaire, il s’attire le courroux de ses collègues et accepte avec plaisir de retrouver Namur et le Parlement wallon, dont il devient le onzième président (2000-2004). Il retrouve du même coup deux bords de Meuse qui lui conviennent mieux que la place Surlet de Chokier. À Namur, il reprend son mandat de député wallon et, à Amay, il exerce effectivement le maïorat après le scrutin d’octobre 2000 (2001-2006). 
Mettant l’accent sur l’identité wallonne, il tente de relancer le dossier de l’installation d’un nouveau bâtiment pour le Parlement wallon, sans succès. 

En juin 2004, il n’est pas candidat à sa propre succession. S’il met un terme à sa carrière parlementaire (2004) et communale (2006), il reste actif dans les milieux d’action wallonne, tant auprès du Mouvement du Manifeste wallon qu’en manifestant sa sympathie pour une forme de rapprochement avec la France qui respecterait l’identité wallonne. Il se montre avant tout partisan d’une régionalisation de la culture. 
En octobre 2012, à la demande de la section amaytoise du PS, il tente un retour sur la scène politique locale ; mais les Amaytois renforcent plutôt le leadership de Jean-Michel Javaux, en repoussant davantage le PS dans l’opposition. Bien qu’élu, Robert Collignon ne siègera pas au conseil communal.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 112-118 – Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014

Mandats politiques

Député (1971-1974) 
Conseiller communal d'Amay (1977-2006) 
Échevin (1977-1987) 
Bourgmestre (1987-2006) 
Député (1981-1985) 
Sénateur (1985-1995) 
Membre du Conseil régional wallon (1981-1995) 
Chef de groupe au CRW (1988-1991) 
Ministre wallon (1992-1994) 
Ministre-Président du gouvernement wallon (1994-1999) 
Ministre de la Communauté française (1999-2000) 
Député wallon (2000-2004) 
Président du Parlement wallon (2000-2004)