Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Marcel COOLS

La famille Cools est originaire du pays flamand. En 1880, Joseph Cools quitte la Campine avec sa famille pour s’établir en Wallonie ; comme d’autres migrants, les parents de Pierre Cools (1874-1949) viennent travailler en pays wallon sachant qu’on y bénéficie de meilleurs salaires et de conditions de travail moins pénibles. Avec six enfants, dont le jeune Pierre, les Cools découvrent la région de Seraing, ses hauts-fourneaux, ses mines surtout. Dès l’âge de 12 ans, Pierre Cools est engagé au charbonnage de Marihaye, après avoir travaillé peu de temps à la cristallerie du Val Saint Lambert. En 1900, il épouse Hermance Brossé (1876-1945), une Flémalloise, et le couple donne naissance à Marcel (1906-1942). Établi à Flémalle, le jeune couple partage la vie ouvrière et milite dans les structures syndicales et coopératives, mais souhaite surtout que l’instruction publique offre de nouvelles perspectives à leur fils.


Après ses « primaires », Marcel Cools est engagé comme garçon de bureau au Syndicat des Métallurgistes. Son engagement syndical et politique est à la fois précoce et décidé. Ouvrier dans la sidérurgie, il devient rapidement délégué syndical. Avec son épouse, Amélie Deleau, issue elle aussi d’une famille de militants progressistes affirmés, il achète une partie de l’immeuble de l’Union coopérative mise en liquidation à Flémalle-Haute ; l’ancienne Maison du Peuple devient ainsi la maison des Cools. André y naît en 1927. Permanent syndical, Marcel Cools participe aux mobilisations des années 1930 : grève de Phenix Works en 1934, grande grève du printemps 1936, mobilisation en faveur des républicains espagnols et contre la montée du rexisme. Ainsi est-il « commandant » du « 3e bataillon des milices de défense ouvrière » constitué pour lutter contre les fascismes. Posant des actions concrètes, il héberge à la Maison du Peuple des Italiens qui ont fui le régime de Mussolini dès les années 1920 ; ensuite, vers 1936, il permet à des républicains espagnols de loger en sécurité. Membre du POB, il est élu aux communales de Flémalle et devient échevin de l’Instruction en 1930. Il est aussi le président de la Commission d’Assistance publique.


Au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marcel Cools est mobilisé ; il participe à la Campagne des Dix-Huit Jours et combat notamment sur la Lys. Refusant la capitulation et l’idée de se constituer prisonnier de guerre en Allemagne, il rejoint Flémalle, où il se remet au service des idées politiques qui sont bien connues de tous. Entré très vite en Résistance contre l’occupant, il est arrêté une première fois en décembre 1941 et retenu comme otage avant d’être libéré. Mais avec la création du Grand-Liège et la désignation d’un bourgmestre rexiste par l’occupant à la tête de Flémalle-Haute, les événements se précipitent ; après avoir manifesté son mécontentement, Marcel Cools entre en clandestinité ; quand il en sort en février 1942, il est dénoncé par un sbire de Léon Degrelle, interpellé par la Gestapo qui le qu’il soupçonne de faire partie d’un réseau de renseignements (en l’occurrence le SRA Antoine). Arrêté, emprisonné pendant quelques mois à la citadelle de Huy, il est emmené ensuite à Breendonck puis déporté à Mauthausen. Il est affecté à des tâches de maçon qui finissent par l’épuiser ; il meurt en déportation le 15 août 1942 dans des circonstances qui ne sont pas clairement établies (épuisement ou exécution, voire l’une après l’autre).


À la libération, la mémoire d’une telle figure marquante est honorée de diverses manières à Flémalle. Outre le fait que l’éducation du fils, André, est prise en charge par les amis de son père, une plaque commémorative est apposée sous le porche d’entrée de l’hôtel de ville de Flémalle, avec l’inscription :


RECONNAISSANCE
DE
L’AMICALE S.R.A. ANTOINE
À
COOLS MARCEL
MORT À MAUTHAUSEN LE 15.8.1942


Sources


http://www.wijkginderbroek.be/wijkblaadjes/2011-02/wijkblaadje-feb-11%281%29.pdf (s.v. mars 2015)
Paul BRUSSON, De mémoire vive, Liège, Céfal, 2003
François BRABANT, Histoire secrète du PS liégeois, Paris, la boîte à Pandore, 2015, p. 13-15
Arnaud COLLETTE, Philippe HALLEUX, André Cools. Rebelle d’État, Louvain-la-Neuve, Quorum, 1996, p. 18-30
Christiane LEPÈRE, André Cools : de la contestation à la gestion progressiste, Bruxelles, Labor, 1972, p. 21-25

 

Plaque commémorative Marcel Cools (Flémalle)

 

Porche d’entrée de l’hôtel de ville

287 Grand’Route 

4400 Flémalle

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Mémorial André COOLS

Mémorial André Cools, réalisé par Michel Smolders, 19 septembre 1993.


Assassiné en juillet 1991, André Cools a fait l’objet d’une multitude de marques de sympathie. Une fois l’émotion passée et alors que la Justice menait son enquête, les autorités communales de Flémalle prenait l’initiative, dès juillet 1992, d’apposer une plaque commémorative dans le porche d’entrée de la Maison communale. Il s’agit d’un premier pas car le conseil communal décide de consacrer un mémorial à son ancien membre (il a siégé au Conseil de 1952 à 1991) et surtout bourgmestre.


De 1965 à 1991, en effet, André Cools a été à la tête de l’entité flémalloise. Parallèlement, député élu en 1958 dans l’arrondissement de Liège, il allait accomplir une carrière nationale et régionale. Militant du Mouvement populaire wallon et sympathisant affirmé du programme d’André Renard en faveur du fédéralisme et des réformes de structures, André Cools devient Ministre en 1968 et les circonstances le propulse en tant que vice-premier dans le gouvernement Eyskens qui introduit plusieurs modifications fondamentales dans la Constitution, dont la reconnaissance du principe des Régions et des Communautés. Président du Parti socialiste (1974-1981), André Cools est le leader de la majorité wallonne qui négocie la mise en place de l’article 107 quater et crée les institutions wallonnes en août 1980. Membre (1980-1990) et président du Parlement wallon de 1981 à 1985, il achève sa carrière politique comme ministre wallon (1988-1990), tout en restant actif dans les projets de redynamisation économique du bassin de Liège. C’est l’ensemble de ce parcours que le mémorial va tenter d’illustrer, mais aussi le profond engagement socialiste, wallon, franc-maçon du « maître de Flémalle.


Ne rencontrant pas l’approbation de la famille, un premier projet est abandonné avant que celui de Michel Smolders soit finalement réalisé, non sans soulever diverses réticences. Finalement, en septembre 1993, c’est une pyramide de trois mètres de haut, à trois faces, en pierre bleue du pays, qui est inaugurée dans les jardins, à l’arrière de l’hôtel de ville de Flémalle. L’espace a été réaménagé pour l’occasion. Les trois faces de la pyramide présentent la particularité d’être différentes l’une de l’autre : la face avant est lisse et polie, tandis que les deux autres sont burinées. Écartant l’idée d’un médaillon en bronze, c’est finalement un portrait en bas-relief qui a été retenu, présentant André Cools sur son profil droit : ce bronze est serti sur le pan lisse de la pyramide. Celle-ci s’inscrit au centre d’un large cercle dont le contour est cintré en pierre bleue, avec diverses phrases inscrites. Des petits pavés de rue complètent la surface arrondie.


Face au portrait d’André Cools qui donne l’impression de continuer à veiller sur « son » hôtel de ville, l’inscription principale au sol mentionne

« André Cools
1927-1991.
Bourgmestre de Flémalle
homme d’État
militant socialiste et wallon
assassiné le 18 juillet 1991 ».


De part et d’autre, des formules et saillies dont Cools était coutumier rappellent divers moments de sa carrière. En partant de droite à gauche, à partir de la face principale de la pyramide, on peut lire au sol :

« Un homme de parole. André Cools fait ce qu’il dit ».
« Le parti ne me doit rien. Je lui dois tout ».
« Il ne faut jamais rougir de ses origines. Ce n’est pas la fonction qui fait l’homme, mais la manière dont il la remplit ».
« Être heureux, et surtout veiller à ne pas être seul à être heureux ».
« Guéris-toi des individus ».
« Il est temps que les hommes prennent conscience du passé pour mieux préparer l’avenir ».
« La régionalisation, c’est de la responsabilité, encore de la responsabilité, toujours de la responsabilité ».
« Ci qui abîme si narenne, abîme si visedge ».


L’ensemble a été réalisé par le sculpteur bruxellois Michel Smolders (1929-) qui a travaillé une pierre bleue venant des carrières Jullien. Formé à Saint-Luc puis à La Cambre, M. Smolders a voyagé et travaillé tour à tour au Congo-Kinshasa, en Italie (Carrare) et au Mexique. Sculptant sur pierre comme sur bois, il expose dans peu de galeries, mais ses œuvres sont visibles dans plusieurs églises de Bruxelles, ainsi qu’à Huy et à Boussu. Il est aussi présent au Musée en plein air du Sart Tilman (avec un Grand gisant, 1982), à HEC (Carnaval et Le Chemin, 2013), ainsi qu’à l’Université catholique de Louvain (Le Byzantin). En 1984, il a créé les Symposiums de sculpture à Les Avins-en-Condroz qu’il anime. Il est aussi peintre, dessinateur et graveur.



Sources


Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Namur, Institut Destrée, 2010, t. IV, p. 119-123
Alain COLIGNON, Nouvelle Biographie nationale, t. IX, p. 86-96
Arnaud COLLETTE et Philippe HALLEUX, André Cools. Rebelle d'État, Ottignies (Quorum), 1996 
De l'Échec du Pacte d'Egmont en 1977 à la Régionalisation en 1980. Le rôle d'André Cools, Colloque du 4 décembre 1993, Institut André Cools, 1994
Christiane LEPÈRE, André Cools, de la contestation à la gestion progressiste, Bruxelles, 1972 
Emmanuel MAURAGE, La longue marche vers la régionalisation. Les carnets politiques d'André Cools (1973-1979), Ottignies (Quorum), 1997
http://www.smolderscarabee.be/mich_bio.php (sv. février 2014)

 

Jardins de la Maison communale

Grand Route 297

4400 Flémalle

carte

Paul Delforge

Cools André

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Flémalle 1/08/1927, Liège 18/07/1991

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1990*
3e Président du Parlement wallon : 1981-1985
Ministre wallon : 1988-1990*

Militant socialiste et wallon, secrétaire des Jeunes Gardes socialistes (1945-1950), il est engagé comme secrétaire-receveur à la Commission d’assistance publique de Flémalle-Haute en 1947. Député de l’arrondissement de Liège dès 1958, il s’affiche résolument aux côtés d’André Renard durant la Grande Grève wallonne de l’hiver ’60-’61. Responsable au sein du Mouvement populaire wallon, le « rebelle » choisit de défendre l’idée wallonne à l’intérieur du parti socialiste. Actif lors de la définition du programme des socialistes wallons, il se retrouve ministre du Budget dans le gouvernement Eyskens (juin 1968), décidé à mieux contrôler les dépenses de l’État.

Début 1969, il est propulsé malgré lui à de nouvelles responsabilités, quand il remplace J-J. Merlot décédé accidentellement (21 janvier) ; il devient vice-Premier ministre (23 janvier) à un moment-clé de l’histoire institutionnelle belge puisque la Constitution est révisée pour permettre la reconnaissance des régions et des communautés et que la décentralisation économique est introduite. Au moment du remaniement ministériel consécutif au décès inopiné de Freddy Terwagne (15 février 1971), A. Cools reste vice-premier mais abandonne le Budget pour les Affaires économiques, où il attache son nom à la loi sur le contrôle des prix.

Après le scrutin de 1971, il conserve les mêmes fonctions (1972) jusqu’à l’arrivée d’Edmond Leburton, auquel il succède à la coprésidence du PSB (1973-1979). Dans la deuxième moitié des années ’70, il devient le porte-parole du front francophone composé des partis de la majorité et contribue à la mise en application de l’article 107 quater, fait naître les régions wallonne et flamande par l’adoption des lois d’août 1980 et, entretemps, se résout à la scission du parti socialiste entre une aile flamande et une aile francophone, dont il conserve la présidence le temps de faire voter la réforme de l’Etat (1979-1981).

Membre du nouveau Conseil régional wallon (1980), l’homme politique de l’année 1980 (selon les journalistes de l’époque) passe le relais à la tête du PS à Guy Spitaels, après une élection mouvementée. Il retrouve une présidence, celle du Conseil régional wallon de 1981 à 1985 ; il devient ainsi le troisième président de l’assemblée et, depuis la tribune, invite à aller plus loin encore sur la voie du fédéralisme et de l’autonomie régionale, et réclame l’installation de l’Exécutif à Namur.

Ministre d’État (1983), premier vice-président du Conseil régional wallon (1986-1987), il refuse de devenir ministre-président wallon, mais accepte d’être ministre en charge des Pouvoirs locaux et des Travaux subsidiés (1988-1990). Installant son cabinet à Namur, le ministre dispose d’une compétence supplémentaire, l’Eau, dès le mois de mai 1988. Décidé à achever sa carrière politique à Namur, le ministre Cools fait le ménage dans les finances communales wallonnes, réforme le fonds des communes, passe au peigne fin les plans triennaux de travaux publics qui lui sont remis, donne un coup de fouet à l’installation des compétences wallonnes en décentralisation, favorise le développement des instruments économiques (aéroport, gare, etc.), et fait adopter le décret qui permet à la Région de gérer en toute autonomie une matière précieuse, à savoir l’eau et les nappes souterraines. Convaincu de l’indispensable coordination de tous les réseaux de distribution d’eau sous la houlette de la SWDE, André Cools veut offrir à la Wallonie, au moment où il annonce son retrait de la vie politique, la maîtrise de la gestion, de l’exploitation et de la protection de sa principale richesse.

Le 1er mai 1990, André Cools renonce à ses mandats parlementaires. Il est remplacé par Jean-Marie Léonard comme député et membre du Conseil régional wallon, par Alain Van der Biest au gouvernement wallon mais conserve encore la mairie de Flémalle, dont il est conseiller depuis 1952 et bourgmestre depuis 1965, moment où l’on parlait encore de Flémalle-Haute. 

Néanmoins, il ne perd pas tout pouvoir, car il se retrouve surtout à la tête d’un véritable réseau économique qu’il avait patiemment tissé. Nouveau patron de la Smap et de la nouvelle société de développement de l’aéroport de Bierset, il est à la tête de Néos et contrôle nombre d’importantes intercommunales liégeoises actives dans des secteurs très diversifiés. À la tête de ce réseau, André Cools entend continuer à œuvrer pour le développement économique de la région liégeoise et, par-delà, pour celui de la Wallonie.

Un geste criminel, relativement rare dans l’histoire de la région, met violemment un terme à la carrière et aux espoirs que nourrissait encore André Cools, abattu à bout portant à la sortie de son domicile (18 juillet 1991).

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 119-123

Mandats politiques

Conseiller communal de Flémalle (-Haute) (1952-1991)
Député (1958-1990)
Bourgmestre (1965-1991)
Ministre belge (1968-1972)
Vice-premier ministre (1969-1972)
Membre du CRW (1980-1990)
Président du CRW (1981-1985)
Ministre d'Etat (1983)
Ministre wallon (1988-1990)