Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Jean-Baptiste BERGER

Entre la rue Albert Ier et la rue du Temple, à La Louvière, s’étirait au début du XXe siècle une rue des Écoles, en référence à l’école primaire du Centre et à l’école moyenne des garçons qui s’y trouvaient. En 1929, elle est débaptisée tout en continuant pourtant à se référer au monde de l’éducation scolaire puisque c’est le nom de Jean-Baptiste Berger (1882-1927) qui lui est donné, en hommage à l’action menée par le « directeur-fondateur des écoles industrielles moyenne et supérieure, directeur d’école moyenne », ainsi que le précise le bas-relief en bronze fixé sur le mur de l’établissement scolaire qui accueille au début du XXIe siècle un enseignement de promotion sociale (format21).
Confiée à Alfred Courtens, le bas-relief qui est un « hommage de reconnaissance » représente Berger en trois quarts profil dans la partie centrale, énonçant dans la partie supérieure :


EN SOUVENIR DE
Mr J.B. BERGER
1882-1927


Régent de formation, J-B. Berger avait en effet fait partie de l’équipe qui contribua à fonder l’école des garçons en 1882. Structure scolaire embryonnaire à ses débuts, l’établissement voyait progressivement grossir le rang de ses élèves et de ses professeurs au moment où il prenait ses quartiers définitifs rue Malbecq. En 1894, J-B. Berger succédait au premier directeur, Eugène Dufour ; quatre ans plus tard, il créait l’École industrielle moyenne et, en 1907, en raison du succès de l’enseignement prodigué à des élèves toujours plus nombreux, Berger fondait une école industrielle supérieure qui offrait une formation de techniciens qualifiés, destinés à être immédiatement employés par une industrie en plein développement. En raison de son rôle fondateur, J-B. Berger assura la direction des deux écoles, dès 1898 pour l’École industrielle, à partir de 1907 pour l’École industrielle supérieure.
 

Statue Jean-Baptiste Berger (La Louvière)

En choisissant de confier la réalisation du bas-relief au sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967), les autorités locales optaient pour un jeune artiste qui disposait déjà d’un nom dans le métier. Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens avait par ailleurs bénéficié également des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste ne cache pas qu’il cherche à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répond essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment le monument reine Élisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.).

Après l’Armistice, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il sera le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des diplomates, des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.), des industriels ou en leur honneur, comme c’est le cas à Court-Saint-Étienne avec le buste Henricot. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire). « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique et le bas-relief qu’il signe à La Louvière en hommage à Berger reste une œuvre soignée et de qualité, tout en étant classique.


Marcel HUWÉ, Fidèle MENGAL, Fernand LIENAUX, Histoire et petite histoire de La Louvière, 1959, p. 573
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262

rue Jean-Baptiste Berger (anciennement rue des Écoles), place Maugrétout
7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Théodore SCHWANN

Statue à la mémoire de Théodore Schwann, réalisé par Alfred Courtens, 23 novembre 1954.

Lorsque l’on monte les escaliers d’accès à l’Institut de Zoologie de l’Université de Liège, ainsi qu’à l’Aquarium de l’Université, il est impossible de manquer, sur le côté droit, la statue en bronze d’Édouard Van Beneden et, sur le côté gauche, la statue en bronze de Théodore Schwann (1810-1882). Posée sur un promontoire rectangulaire en pierre bleue qui s’inscrit dans la nouvelle architecture donnée au bâtiment à l’entame des années 1950, la statue présente le professeur Schwann debout, en toge, le bras droit plié, avec la main légèrement vers l’avant tenant un microscope ; elle pose la stature du chercheur dont le nom est gravé au centre d’un rectangle de la pierre laissée brute dans ce cadre. L’inscription est sobre :

« THÉODORE SCHWANN
1810-1882 »

Afin d’éclairer davantage le passant sur les mérites du personnage ainsi statufié dans l’espace public, une plaque en bronze est apposée au bas de l’escalier, à hauteur du trottoir ; elle indique que l’initiative a pu être réalisée grâce à :

« LA GÉNÉROSITÉ DU PROF. P. NOLF (QUI)
A PERMIS
À L’UNIVERSITÉ DE LIÈGE
DE DÉDIER CETTE STATUE
LE 23 NOVEMBRE 1954
AU FONDATEUR DE LA
THÉORIE CELLULAIRE ».

À l’un des frontons du bâtiment datant de 1888, une exécution de Léopold Noppius montrait déjà Darwin au centre, tandis que Schwann figurait à gauche. Cette fois, c’est le sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967) qui a reçu commande de représenter Théodore Schwann. Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens bénéficie des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste cherche à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répondra essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment monument reine Elisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.). Désormais, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il est le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des industriels, des diplomates et des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.). « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire).

C’est quelques mois après avoir signé la statue équestre du roi Albert, au Mont des Arts, à Bruxelles, et surtout le buste du professeur Nolf (1873-1953), président de la Fondation médicale Reine Elisabeth que Courtens réalise le monument liégeois de Schwann. Ancien ministre (1922-1923), mais surtout président de la Croix-Rouge de Belgique et prix Nobel en 1925, le professeur Pierre Nolf permet l’érection du monument dédié à Schwann, tant par sa générosité que parce qu’il connaît bien Courtens et qu’il admire Schwann. 

Attiré à l’Université de Louvain d’abord (1839-1848), puis à celle de Liège (1848-1882), le professeur allemand Théodore Schwann (1810-1882) est l’initiateur d’un puissant courant de recherche biologique, dont les biotechnologies actuelles sont incontestablement redevables. Ayant assuré sa formation aux universités de Bonn, Wurtzbourg et Berlin, détenteur d’un doctorat (1834), Schwann est l’auteur de plusieurs découvertes fondamentales (entre 1835 et 1839), avant d’élaborer, en 1839, la « théorie cellulaire ». Pour la première fois, l’hypothèse est émise que des cellules sont présentes dans tous les tissus vivants et que tous les organismes ne sont rien d’autre qu’un assemblage de cellules. Les découvertes du physiologiste, histologiste et cytologiste ouvre ainsi les portes à la biologie générale, au développement de la physiologie et de la pathologie expérimentales, à l’étude de la transmission de la vie et donc de l’hérédité, tandis que l’anatomie traditionnelle devra désormais s’accompagner de l’embryologie. À Liège où lui survivra une véritable école, le professeur Schwann crée un laboratoire de pointe où beaucoup d’appareils sont de son invention. Travaillant de concert avec les milieux industriels liégeois, il contribue à divers perfectionnements et inventions, dont un appareil respiratoire particulièrement utile pour des sauvetages lors d’accidents miniers.

Sources

Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°37, hiver 1970, p. 27
http://www.sculpturepublique.be/4000/Courtens-TheodoreSchwann.htm (s.v. août 2013)
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Léon FREDERICQ, Théodore Schwann, dans Biographie nationale, t. XXII, col. 77-98
Liber memorialis, l’université de Liége depuis sa fondation, Liège, Carmanne, 1869, col. 919-938.
Robert HALLEUX, Anne-Catherine BERNÈS, Luc ÉTIENNE, L’évolution des sciences et des techniques en Wallonie, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262
Jean-Luc GRAULICH, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
 

Monument Théodore Schwann

Quai Van Beneden 
4000 Liège

carte

Paul Delforge

Paul Delforge

Buste Paul HENRICOT

Buste de Paul Henricot, réalisé par Alfred Courtens,1948. 

À Court-Saint-Étienne, c’est surtout le nom d’Émile Henricot qui est connu. Un monument a d’ailleurs été élevé en son honneur, dès 1911, sur la place des Déportés, face au hall n°11 de la première usine dont il est devenu copropriétaire en 1867, avant d’en devenir l’actionnaire principal (1873), puis le seul propriétaire (1883). C’est autour de la prospère et moderne Usine Émile Henricot et de ses ateliers que va se développer l’entité de Court-Saint-Étienne, au tournant des XIXe et XXe siècles. Lorsque le « patron » disparaît en 1910, ses deux fils sont prêts à prendre le relais. Ayant été diplômés par l’Université de Liège comme ingénieurs civils, Paul (1873-1948) et Fernand (1871-1933) sont employés par la société depuis les dernières années du XIXe siècle et en deviennent les nouveaux directeurs dès 1910. À l’instar de son père qui fut aussi échevin, député puis sénateur, Paul Henricot se lance en politique, restant fidèle aux idées libérales. Entré au conseil communal de Court-Saint-Étienne dès 1910 où il remplace son père directement comme échevin, il est désigné au Sénat, en 1924, en remplacement de Joseph Berger décédé. De 1924 à 1946, il restera sénateur provincial du Brabant et assumera notamment la présidence du groupe libéral à partir de 1937. 

Comme son père, Paul Henricot témoigne d’attention à l’égard de son personnel en faisant construire un Foyer populaire (1913) ou en veillant à l’approvisionnement alimentaire durant les deux guerres mondiales. Resté seul à la direction de l’importante usine de Court-Saint-Étienne (1933), Paul Henricot fait l’objet d’un hommage particulier au lendemain de son décès, à Bruxelles, en 1948. 

À l’initiative du personnel de l’entreprise, le disparu est honoré – comme son père en 1911 – d’un monument dont la réalisation est confiée au sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967). Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens a bénéficié des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste a cherché à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répondra essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment monument reine Elisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.). Désormais, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. 

Buste Paul Henricot

Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il est le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des diplomates, des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.), des industriels ou en leur honneur, comme c’est le cas à Court-Saint-Étienne. « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire). Le mémorial Paul Henricot est une synthèse du savoir-faire éprouvé de Courtens : sur une haute stèle rectangulaire en pierre bleue, le profil gauche de l’industriel en buste est réalisé en bas-relief dans un cartouche en bronze. Simple, la dédicace est gravée dans la partie inférieure :

A PAUL HENRICOT
1873 – 1948
LE
PERSONNEL RECONNAISSANT

Rénové en 2008 et dégagé de la végétation qui l’étouffait, le monument « Paul Henricot » est installé à proximité de l’ancienne usine n°2, entre l’ancienne conciergerie (datant de 1908) et les anciens Grands Bureaux (construits en 1926 et transformés en un Centre d'éducation et de formation en alternance CEFA).

 


Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 435
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 363
Paul VAN MOLLE, Le Parlement belge 1894-1972, Ledeberg-Gand, Erasme, 1972, p. 174

Rue Belotte 5
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Paul Delforge