Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque, bas-relief et médaillon Léon TRESIGNIES

Plaque, bas-relief et médaillon à la mémoire de Léon Trésignies, réalisée par Eugène de Bremaecker, 1920.

À Charleroi, sur le boulevard général Michel, la caserne qui accueille désormais le Musée des Chasseurs à pied porte depuis les années 1920 le nom du caporal Trésignies. Né à Bierghes en 1886, cet ouvrier aux chemins de fer a été mobilisé en août 1914 et a rejoint directement la 2e compagnie, 3e bataillon du 2e Chasseur à pied. À hauteur du canal de Willebroeck, sa compagnie est bloquée par les Allemands et il n’hésite pas à se porter volontaire pour plonger dans le canal et tenter d’actionner le mécanisme du pont-levis. Repéré  par les Allemands, il est abattu sur place (26 août 1914). Cité à l’ordre du jour de l’Armée belge, il devient le héros du Pont-Brûlé, un héros de la résistance nationale auquel de nombreux hommages sont rendus après l’Armistice. 

À Charleroi, une réalisation du sculpteur Eugène de Bremaecker est inaugurée en 1920. Elle représente le profil gauche de Trésignies inscrit dans un médaillon, cerclé de feuilles de chêne et de laurier ; une étoile le surmonte. Dans la partie inférieure, apparaît en grand la mention :


« Au Caporal Trésignies »


Vient ensuite un long texte gravé dans le bronze qui explique dans le détail l’exploit du héros :


« Est cité à l’ordre à l’ordre du jour du 15 septembre 1914 :
Trésignies Léon, caporal, 2e compagnie, 3e bataillon du 2e Chasseur à pied
Ce militaire s’est offert à son commandant pour travers à la nage
le canal de Willebroeck afin de glisser le tablier du pont qui devrait se
manœuvrer de la rive fortement occupée par l’adversaire.
A été frappé mortellement pendant qu’il actionnait le mécanisme du pont.
Sachant qu’il allait à la mort, le caporal Trésignies, avec un courage
d’une simplicité héroïque, a écrit son nom sur un bout de papier qu’il remit
à un sous-officier puis partit pour ne plus revenir.
Ce Caporal honore son régiment, l’armée et la nation ».


Habile portraitiste et médailleur, les autorités ont fait appel à Eugène de Bremaecker (1879-1963) pour réaliser le médaillon de Trésignies. Élève de Victor Rousseau et de Julien Dillens à l’Académie de Bruxelles (1900-1907), sa ville natale, attiré par la photographie à laquelle il consacre beaucoup de temps avant la Grande Guerre où il fut volontaire, de Bremaecker trouve à vivre de la sculpture, pour laquelle il avait de réelles prédispositions, après l’Armistice, en répondant notamment à des commandes officielles pour plusieurs monuments aux victimes du conflit mondial. Des bustes du roi et du cardinal Mercier assoient cependant davantage sa notoriété et lui ouvrent de nombreuses portes, en Belgique comme en Europe. Fréquentant les Salons depuis le XIXe siècle, il entretient sa propre création, en réalisant des statues et statuettes de danseuses qui sont très prisées. Actif jusque dans les années 1950, de Bremaecker a signé un tel nombre d’œuvres qu’il est quasi impossible d’en dresser l’inventaire ; les unes étaient destinées à être exposées à l’intérieur, d’autres, à l’extérieur, comme son Trésignies, à Charleroi, inauguré en 1920, ou La Musique réalisé pour l’Exposition de l’Eau, à Liège, en 1939.

À l’intérieur de la caserne, figure un second hommage à Trésignies. Surmontée d’un bas-relief illustrant une femme et un homme séparé par une flamme brûlant pour la patrie, une plaque, entre deux couronnes de laurier, une à gauche et une à droite mentionnant les dates de 1886 et de 1914, rend hommage à Trésignies de la manière suivante :


« Au caporal Trésignies
le héros de Pont-Brûlé
il honora son régiment
l’armée et la nation
(ordre du jour de l’armée du 15 septembre 1914) »
 

Sources

http://www.bel-memorial.org/names_on_memorials/display_names_on_mon.php?MON_ID=1154
http://www.bel-memorial.org/cities/hainaut/charleroi/charleroi_caserne_tresignies.htm 
http://www.sculpturepublique.be/6000/DeBremaecker-CaporalTresignies.htm (s.v. juillet 2013)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_J._de_Bremaecker (s.v. janvier 2014)
Yves VANDER CRUYSEN, Un siècle d’histoires en Brabant wallon, Bruxelles, Racine, 2007, p. 51-52
Raymond GILON, Les Carnets de la mobilisation 38-40, Liège, Dricot, s.d., p. 308
Arthur DELOGE, Le caporal Trésignies, le héros du Pont-Brûlé, Bruxelles, ACJB, 1922
Camille BUFFIN, La Belgique héroïque et vaillante, Paris, 1916, p. 117-119
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 310
 

Plaque, bas-relief et médaillon Léon Trésignies

Boulevard général Michel 1
6000 Charleroi

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Médaillon Jacques JACQUES de Dixmude né Jules JACQUES

Médaillon à la mémoire de Jacques de Dixmude, l’Africain, réalisé par Eugène de Bremaecker, 1963 ( ?).

À l’endroit où la rue de la Chapelle débouche sur l’avenue de la Salm, un espace mémorial rend hommage à une série de personnalités qui se sont illustrées au Congo. Ce « Mémorial aux vétérans coloniaux du Pays de Salm » est une initiative du Cercle africain des Ardennes, association créée au début du XXe siècle par Hubert-Joseph Putz, un habitant de Salmchâteau qui servit plusieurs années dans l'État indépendant du Congo comme éleveur de bétail et agent agricole. Établi près de l'ancienne chapelle Saint-Gengoux, l’espace mémoriel est composé d’un long mur en moellons, d’un banc et d’escaliers. L’intention de ses initiateurs est d’honorer les pionniers (jusqu’en 1898) et les vétérans (jusqu'au 18 octobre 1908) ayant servi sous l'État Indépendant du Congo et, par la suite, de nourrir le souvenir de tous ceux ayant œuvré au développement de la colonie belge du Congo. Il a été inauguré le 28 juillet 1957 en présence de nombreux représentants de l’État belge et de la veuve du général Jacques de Dixmude. J-E. Theys est l’architecte d’une construction réalisée par l’entreprise Bodart-Leurquin. Il ne s’agit pas d’un ensemble monumental collectif, mais d’un lieu où diverses personnalités sont honorées individuellement. Ainsi en est-il notamment de Jules Laplume, Norbert Diderich, Clément Burnotte et de Jules Jacques, mieux connu sous le nom de général Jacques de Dixmude (Stavelot 02/1858-Ixelles 11/1928). Situé du côté gauche par rapport à la route, le bronze de Jacques de Dixmude est aisément reconnaissable en raison de sa taille.
Sous le médaillon en bronze dû à Eugène de Bremaecker (1879-1963) qui a choisi de présenter le profil droit de Jules Jacques, une inscription gravée dans une plaque de bronze rectangulaire explique l’hommage rendu :

Médaillon Jacques de Dixmude (Vielsalm)

 

 

 

A LA GLORIEUSE MEMOIRE
DE
JACQUES DE DIXMUDE, L’AFRICAIN
HEROS DE LA LUTTE ANTIESCLAVAGISTE ET
FONDATEUR DE CITES CONGOLAISES
_______________
AINSI QU’AUX NOMBREUX

ENFANTS DE LA REGION DE LA SALM
PIONNIERS ET ARTISANS
DE L’ŒUVRE CIVILISATRICE
AU CONGO

 


 

Bourgeois actifs dans l’industrie, les parents de Jules Jacques sont originaires de Vielsalm, mais c’est à Stavelot qu’il voit le jour en février 1858, qu’il y passe son enfance et son adolescence avant de partir vers d’autres horizons (Louvain et Bruxelles). Diplômé de l’École royale militaire (1878 ou 1882), puis de l’École de guerre (1886), le 4e des 9 enfants Jacques se met au service de Léopold II et embarque pour le Congo (mai 1887) où il va séjourner pendant vingt ans et se distinguer de diverses manières. Tantôt fonctionnaire, tantôt explorateur et meneur d’hommes, il contribue à la mise en place des structures de l’État indépendant du Congo. Plusieurs biographes soulignent l’action anti-esclavagiste menée par ce fervent catholique dans l’Est du Congo, son côté missionnaire, ou bien le choix, par ce fidèle de Léopold II, d’Albertville comme nom pour l’agglomération portuaire dans le bassin de la Lukuga. À diverses reprises, « l’Africain » déposera ses armes pour prendre la plume et défendre, dans un style ferme et incisif, la politique coloniale de Léopold II contre les critiques de la presse anglaise qui avait bien identifié en Jules Jacques l’un des principaux dirigeants de plantations d’arbres à caoutchouc, dont l’exploitation se déroulait selon les règles fixées par les occidentaux.
Quittant les bords du Tanganyika en 1904, il retrouve l’Europe en pleine tension ; nommé commandant en second de l’École royale militaire (1908), Jacques n’entretient pas de bonnes relations avec son chef, le général Leman ; c’est un euphémisme. Promu lieutenant-colonel en 1913, il est affecté au 12e de ligne comme adjoint au chef de corps. En mars 1914, il passe chef de corps et, cinq mois plus tard, se trouve en plein cœur de l’offensive allemande qui déclenche la Première Guerre mondiale. Pendant plusieurs jours, il prend part aux combats de Liège qui prennent un caractère héroïque. Conformément aux plans élaborés avant-guerre, il conduit les troupes belges vers le réduit d’Anvers et, en octobre, s’attèle à la défense de la position fortifiée, avant de se retrouver sur le front de l’Yser. C’est durant la défense de Dixmude qu’il se distingue particulièrement. L’engagement dont il fait preuve lui vaudra de recevoir le titre de baron (1919) et le droit d’ajouter à son patronyme le nom « de Dixmude » (1924). Général-major en avril 1915 puis lieutenant-général en mars 1916, il devient commandant de la 3e division d’armée. Après la signature de l’Armistice, il est envoyé à Washington pour représenter le gouvernement belge à la cérémonie d’inhumation du corps du Soldat inconnu (11 novembre 1921). 
Salué et récompensé de son vivant, Jacques de Dixmude fait l’objet de nouveaux hommages après son décès, en novembre 1928, survenu à Ixelles, et son inhumation à Vielsalm. Des rues et des places portent son nom, tandis que plusieurs initiatives sont prises pour élever une statue ou apposer une plaque commémorative à l’un des héros de 14-18, en Flandre comme en Wallonie. En 2013, un musée « Jacques de Dixmude » a ouvert ses portes à Vielsalm. Dans cette ville, en dehors du cimetière, deux monuments lui sont encore dédiés.
Celui de l’avenue de Salm honore son « œuvre » coloniale. Le médaillon est l’œuvre du Bruxellois Eugène de Bremaecker qui a déjà eu l’occasion de représenter Alphonse Jacques sur une médaille. Habile portraitiste et médailleur, il a été formé auprès du Hennuyer Victor Rousseau et de l’Anversois Julien Dillens à l’Académie de Bruxelles (1900-1907). Attiré par la photographie à laquelle il consacre beaucoup de temps avant la Grande Guerre où il fut volontaire, de Bremaecker trouve à vivre de la sculpture, pour laquelle il avait de réelles prédispositions, après l’Armistice, en répondant notamment à des commandes officielles pour plusieurs monuments aux victimes du conflit mondial. Ainsi signe-t-il en 1920 le monument Trésignies de Charleroi. Des bustes du roi Albert et du cardinal Mercier assoient cependant davantage sa notoriété et lui ouvrent de nombreuses portes, en Belgique comme en Europe. Fréquentant les Salons depuis le XIXe siècle, il entretient sa propre création, en réalisant des statues et statuettes de danseuses qui sont très prisées. Actif jusque dans les années 1950, de Bremaecker a signé un tel nombre d’œuvres qu’il est quasi impossible d’en dresser l’inventaire ; les unes étaient destinées à être exposées à l’intérieur, d’autres, à l’extérieur. Outre le monument à la gendarmerie à Bruxelles, il a été invité à réaliser « La Musique » pour l’exposition internationale de l’Eau qui s’est tenue à Liège en 1939. Quant au « médaillon Jacques de Dixmude », il semble dater de 1963 et, par conséquent, avoir été installé quelque temps après l’inauguration du Mémorial.

Sources

http://www.vanderkrogt.net/statues/land.php?land=BE&webpage=ST&page=6 
http://www.ftlb.be/pdf/WAR14-18.pdf
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_J._de_Bremaecker (s.v. mars 2015)
http://vielsalm.blogspot.be/2012/03/des-salmiens-au-congo.html (s.v. novembre 2015)
R.P. J-M. BUCK, Jacques de Dixmude, Bruxelles, Durendal, 1933
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 310
Fernand HESSEL, Le général baron Alphonse Jacques de Dixmude pionnier au Congo, héros en Belgique, dans Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi, mars 2014, n°29, p. 11-19
A. ENGELS, dans Biographie coloniale belge, t. II, 1951, col. 497-504

au carrefour de l’avenue de la Salm et de la rue de la Chapelle – 6690 Vielsalm

carte

Paul Delforge