Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Emplacement de la statue dédiée au jurisconsulte Mathias-Guillaume de Louvrex

Statue dédiée au jurisconsulte Mathias-Guillaume de Louvrex, réalisée par Guillaume Geefs, 1853.


Dans l’expansion urbanistique exceptionnelle de la ville de Verviers au XIXe siècle, la construction du Palais de Justice constitue l’une des toutes premières étapes. Sur les plans de l’architecte Joseph Dumont, l’édifice voit le jour entre 1850 et 1853 ; il sera agrandi après 1896. Sur la façade, un hommage est rendu à quatre jurisconsultes « liégeois » de l’Ancien Régime : Toussaint Dandrimont, Olivier Leclercq, Charles de Méan et Mathias-Guillaume de Louvrex.


Comme sur la façade du Palais provincial de Liège, bâtiment dont la décoration lui est postérieure, la statue de Matthias-Guillaume de Louvrex est placée, à l’origine, à côté de celle de Charles de Méan. Les deux jurisconsultes liégeois partagent par conséquent les mêmes honneurs à Verviers et à Liège, hormis le fait qu’à Verviers, en 2014, la statue de Louvrex ne s’affiche plus en façade. Jurisconsulte, magistrat de la cité en 1702, diplomate, conseiller du prince-évêque, Mathias-Guillaume de Louvrex possédait une bibliothèque exceptionnelle. Par ailleurs, il avait rassemblé dans un impressionnant Recueil, en quatre volumes, des édits, règlements, privilèges, concordats et traités du pays de Liège et du comté de Looz.
C’est à ce titre qu’il est statufié, tant à Verviers qu’à Liège. 

De grande taille, sa statue en pierre de sable était logée dans une niche située au premier étage de la façade en calcaire du Palais de style néo-classique ; la deuxième en commençant par la gauche du bâtiment. Avant qu’elle ne soit enlevée récemment de la façade, la statue de Louvrex avait déjà connu des « mésaventures ». En 1978, les autorités locales avaient procédé à son enlèvement et à son remplacement. Comme celle de ses trois confrères, la statue de M-G. de Louvrex devait être mise au vert dans le parc de Séroule et laisser la place à des œuvres contemporaines, en aluminium, réalisées par l’artiste Serge Gangolf. Le tollé provoqué par les « nouveautés » engendra une « guerre des statues » qui divisa tout Verviers pendant des mois. Finalement, les « Gangolf » furent déplacées et trouvèrent place sur la nouvelle aile (plus moderne) du Palais de Justice (1994-1995), tandis que la vétusté des quatre statues originales des jurisconsultes empêcha de les remettre en place, telles quelles : ce sont dès lors des copies à l'identique qui occupent les quatre niches. Réalisées dans un mélange de pierre et de résine par Jacqueline Hanauer et André Bernard, elles sont réapparues en 1986. Celle de Louvrex est repartie à l’entretien.


En juste au corps, se tenant debout et coiffé d’une perruque, de Louvrex a été immortalisé à Verviers par le sculpteur anversois Guillaume Geefs (1805-1883) qui signe aussi le symbole de Thémis sur l’édifice verviétois. Formé à l’Académie d’Anvers, le jeune Geefs est très rapidement repéré par ses professeurs ; une bourse lui permet de parfaire sa formation à Paris et, à son retour, il est nommé professeur de sculpture de l’Académie d’Anvers (1833-1840). Présent dans différents salons, il s’impose avec le modèle de la statue du Général Belliard et le monument funéraire du comte Frédéric de Mérode. Le jeune royaume de Belgique venait de trouver l’un de ses sculpteurs capables de figer dans la pierre les personnes et les événements les plus illustres du pays. Statuaire du roi, Geefs s’installe à Bruxelles où son atelier répond aux multiples commandes destinées à orner les églises, les places, les édifices, les cimetières ou les salons de toute la Belgique. Ses statues de Léopold Ier se déclinent en diverses versions, dont l’une sur la colonne du Congrès, à Bruxelles. À Anvers, il livre une statue de Rubens (1840) ; à Liège, celle de Grétry (1842). Membre de la classe des Lettres de l’Académie dès 1845, il la préside de 1858 à 1883. Il était membre de l’Institut de France.

 

Sources


Catherine BAUWENS, dans Freddy JORIS (dir.), Le XIXe siècle verviétois, Verviers, CTLM, 2002, p. 98
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul BERTHOLET, Verviers et sa région en gravures, Verviers, éd. Desoer, 1981, p. 62-63
Sybille VALCKE, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 415-417

Emplacement de la statue dédiée au jurisconsulte Mathias-Guillaume de Louvrex (2014)

 

Façade du Palais de Justice

4800 Verviers

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Mathias-Guillaume de LOUVREX

Statue de Mathias-Guillaume de Louvrex, réalisée par Jules Halkin, c. 15 octobre 1880.


Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius, une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Louvrex est parmi celles-ci.


Placée aux côtés de Charles de Méan et de Jean Del Cour, la statue de Mathias-Guillaume de Louvrex est l’une des 42 personnalités retenues, selon le critère d’avoir marqué l’histoire de la principauté de Liège. De facture sérieuse, elle a été réalisée avec un souci d’art et de différenciation ; le visage présente des similitudes avec le peu de documents que l’on a conservés. Sur la façade du marteau de droite du palais provincial, dans la partie inférieure des colonnes d’angle, Mathias-Guillaume de Louvrex (1665-1734) a été représenté tenant son livre en mains, par le sculpteur Jules Halkin qui signe huit des statues et bas-reliefs liégeois dont « l’assassinat de Saint-Lambert », « la sortie des Franchimontois » et un « Notger répandant l’instruction ».


Jurisconsulte, magistrat de la cité en 1702, diplomate, Mathias-Guillaume de Louvrex possédait une bibliothèque exceptionnelle. Il avait rassemblé dans un impressionnant Recueil en quatre volumes, des édits, règlements, privilèges, concordats et traités du pays de Liège et du comté de Looz.


Quant à Jules Halkin (Liège 1830 – Liège 1888), il accomplit l’essentiel de sa carrière de sculpteur à Liège, sa ville natale, où il avait suivi les cours de Gérard Buckens à l’Académie des Beaux-Arts. Une bourse de la Fondation Darchis lui permet de séjourner à Rome pendant plusieurs mois (1851-1853), avant de parfaire sa formation en France et en Allemagne. Au début des années 1860, il trouve facilement des acheteurs privés pour plusieurs de ses premières réalisations essentiellement à connotation religieuse (Vierge, chemin de croix, bas-reliefs, etc.), avant de participer au chantier de décoration du palais provincial de Liège. Ses bustes en bronze et en marbre trouvent de nombreux amateurs auprès de bourgeois de la Cité ardente, qu’ils soient industriels, intellectuels ou artistes eux-mêmes. Il réalise aussi un Saint-Lambert pour la cathédrale Saint-Paul et un chemin de croix en pierre de France pour l’église Saint-Jacques (1862-1865). Sa notoriété, Jules Halkin la doit surtout à sa sculpture monumentale du Cheval de halage (1885) qui partage avec le Torè de Mignon l’espace des Terrasses de Liège.

 

Sources


Liliane SABATINI, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 436-437
Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 103
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. août 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 676
Isabelle VERHOEVEN, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996 

 

Statue de Mathias-Guillaume de Louvrex

Façade du Palais provincial, face à la place Notger

4000 Liège

carte

Paul Delforge