Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Mémorial Adrien de Prémorel

Mémorial Adrien de Prémorel, réalisé par Alfred Leroy, 28 septembre 1968. 


L’endroit est champêtre. Depuis quelques dizaines de mètres, la route nationale reliant Virton à Arlon s’est éloignée et l’on emprunte la rue Bakèse qui conduit à Bleid. À peine entré dans le bois de Bakèse, apparaissent de part et d’autre de la chaussée deux monuments. Celui de gauche est dédié à Arnoul de Briey ; celui de droite à Adrien de Prémorel (1889 - 1968). Un bas-relief en bronze représente le profil droit de ce « chantre de nos bois et de nos campagnes », passionné par la vie des animaux ; chapeau sur la tête, de Prémorel semble observer l’environnement immédiat, tenant sur l’épaule un fusil. Sous le bas-relief, sur une plaque en marbre blanc ont été gravés les mots de la dédicace :

ADRIEN
DE PREMOREL
CHANTRE DE NOS FORETS
1889 – 1968

S’il naît à Bruxelles en 1889, Adrien de Prémorel passe l’essentiel de son temps en Gaume, en Ardenne, puis en Famenne. Depuis le milieu du XIXe siècle, sa famille possède le petit château de Bleid et c’est dans l’atmosphère des forêts et des châtelains-chasseurs que se déroule sa jeunesse. Après des études secondaires, Adrien de Prémorel bénéficie d’un niveau de vie qui lui permet de vivre de ses rentes, tout en se consacrant à la chasse et à l’écriture. Après diverses publications où déjà se mêlent ses passions pour la chasse, la pêche, les plantes et les animaux, il publie en 1931 un premier ouvrage qui fait date. Sous le signe du martin-pêcheur, préfacé par Thomas Braun, sera suivi, en 1935, par Cinq histoires de bêtes pour mes cinq fils et, en 1959, par sept récits de Nouvelles histoires de bêtes qui constituent les trois ouvrages majeurs de l’écrivain de la nature. 

Mémorial Adrien de Prémorel

Contraint à réduire son train de vie dès le milieu des années 1930, de Prémorel doit renoncer à habiter en Ardenne ; mais il quitte fréquemment son appartement bruxellois pour s’immerger dans « son » Luxembourg, où il continue à p

artager son temps en parties de chasse ou en réunions de l’Académie luxembourgeoise, dont il est membre et qu’il préside de 1966 à 1968. Promoteur de la cérémonie de la « Bénédiction de la Forêt » à Saint-Hubert, il est devenu, après la Libération, le ré

dacteur en chef de la revue Chasse et pêche où il signe la quasi-totalité des articles. Il tient aussi une chronique « nature » dans les pages du journal Le Soir. Cet exercice régulier d’écriture lui donne matièr

es à d’autres livres : Au beau domaine des bêtes (1956), Dans la forêt vivante (1959), Le vrai visage des bêtes (1962).
Pour honorer cet enfant du pays qui l’illustra si bien, un comité regroupant différentes académies et associations prend l’initiative de lui construire un monument, avec le soutien des autorités communales de Virton. Le projet se concrétise très rapidement, puisque le monument est inauguré le 28 septembre 1968, soit sept mois jour pour jour après le décès d’Adrien de Prémorel. Bâti en arc de cercle, en grès de Buzenol et pierres de Grandcourt, le monument est implanté dans un décor correspondant parfaitement à l’état d’esprit du personnage représenté dans un médaillon de bronze. « Fernand Leroy est l'auteur des plans du monument, M. Edon, entrepreneur à Signeulx, en est le réalisateur. Quant au médaillon de bronze, il est l'œuvre d'Alfred Leroy ».


Originaire de Chiny, Alfred Leroy a 12 ans quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Dix ans plus tard, il entre à l’École royale militaire et fait une carrière militaire. Parallèlement, il est attiré par l’expression artistique et suit une formation en céramique et en sculpture à l’Académie de Cologne au milieu des années 1950. Touche à tout, il s’essaye à différents styles esthétiques et pratique autant la sculpture, la peinture, la gravure que la céramique. Fondateur et président de la confrérie des « Amis du pays de Chiny », il préside aussi pendant plusieurs années l’École des Beaux-Arts de Chiny, ainsi que le groupement des Luxembourgeois de Bruxelles où s’est installé ce colonel. Artiste signant ses œuvres « Fred Leroy » ou « Alleroy », Alfred Leroy est aussi écrivain, poète et historien, se consacrant à des sujets relatifs au passé et aux traditions du pays de Chiny. À l’époque où il signe le médaillon « de Prémorel », il publie plusieurs guides touristiques sur la région du Chiers et de la Semois.
 


 

Sources


Frédéric KIESEL, dans Nouvelle Biographie nationale, t. II, p. 121-123
La Vie wallonne, II, 1949, n°246, p. 118
La Vie wallonne, IV, 1962, n°300, p. 305-306
La Vie wallonne, IV, 1982, n°380, p. 273
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 68
Informations communiquées grâce au Syndicat d’Initiative de Virton et à madame Françoise Fincœur.
Informations communiquées par Jean-Luc Duvivier de Fortemps

À droite de la rue de Bakèse en se dirigeant vers Bleid

6760 Virton (Bleid)

carte

Paul Delforge