Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Jean NOTE

Lorsqu’il est inauguré, le 20 mai 1929, devant une foule impressionnante, le monument Jean Noté (1858-1922) est installé au coin du boulevard Léopold et de la chaussée de Lille. Depuis lors, il n’a pas changé de place, mais son environnement s’est modifié : le buste en bronze du chanteur lyrique a notamment vu se construire la Maison de la Culture de Tournai et a assisté au changement de nom de la chaussée, devenue avenue du Général de Gaulle.

Enfant de Tournai, où il est né en 1858 dans une famille modeste, Jean-Baptiste Noté vivote de divers métiers avant d’être tiré au sort pour le service militaire et d’entrer pour six ans dans l’armée belge (1880). Bon vivant, interprète spontané de toutes les chansons lors des réunions et fêtes amicales, il attire l’attention de l’un de ses supérieurs, qui l’incite à mettre ses talents au service de la musique. Celui qui a fréquenté quelques cours au Conservatoire de Tournai s’inscrit au Conservatoire de Gand, où il est caserné, et reçoit les premiers prix de chant et de déclamation lyrique en 1884. 

Commence alors une carrière de baryton qui permet au Tournaisien de fréquenter quelques grands opéras d’Europe, faisant essentiellement carrière en France : pensionnaire de l’Opéra de Lyon, puis premier baryton à l’Opéra de Paris. Comme nom de scène, Jean Noté a simplifié son prénom en éliminant Baptiste.

Resté fidèle à sa ville de Tournai, Noté avait exprimé, de son vivant, le souhait qu’un buste (qu’il avait offert) soit installé dans le parc de l’Hôtel de ville. Peu de temps après son décès, un comité du Monument Jean Noté se met en place, à Tournai (septembre 1922) et il rencontre un tel succès, du côté flamand et du côté français, qu’un projet de monument grandiose représentant le baryton en pied voit le jour. Combattue, cette idée fait place au monument définitivement inauguré en 1929 : le buste offert et souhaité par Noté étant oublié. Commentant l’œuvre finalement réalisée par Fortuné Deroubaix (1879-1947), Walter Ravez devait regretter ouvertement les errements de ses contemporains : à ses yeux, le monument finalement retenu est « disgracieux, sans rythme ni noblesse (…) Noté méritait mieux », écrit-il en 1934.

Quoi qu’il en soit de cet avis, nombreux furent ceux qui se réjouirent de voir honorer l’illustre baryton quand fut révélé l’ensemble du mémorial : une allégorie de la musique tient l’avant-bras d’un très jeune enfant un peu potelé, tout en tenant une lyre dans sa main droite. Ce groupe femme/enfant orne la face avant de la longue colonne qui supporte le buste en bronze du chanteur. Un large socle en quatre parties soutient l’ensemble, avec un effet de marches arrondies sous l’allégorie à l’enfant. Une place est réservée pour l’inscription sobre :

« NOTÉ
1858 1922
DE L’OPÉRA ».
 

Quant à Fortuné Deroubaix, il s’agit d’un statuaire tournaisien, auteur de plusieurs commandes pour les autorités locales (notamment le monument du P’Tit chasseur).

Placé à un endroit de grand passage, le monument Noté a fait l’objet d’un important entretien à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du « Pavarotti » tournaisien. Une série de manifestations remettent alors l’artiste à l’honneur, comme, par exemple, la mise en vente de 150 exemplaires numérotés d’un nouveau buste de Jean Noté, réalisé en pierre par le sculpteur tournaisien David Dos Santos.



Jacky LEGGE, Tournai, tome II : Monuments et statues, Gloucestershire, Éd. Tempus, 2005, coll. Mémoire en images, p. 89-91.
http://www.tournai.be/fr/officiel/index.php?page=71 (s.v. septembre 2013)
Walter RAVEZ, Jean Noté, Tournai, 1922.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

Avenue Charles de Gaulle
7500 Tournai

carte

Paul Delforge