Guy Focant (SPW)

Château de Seneffe

Œuvre du plus célèbre architecte des Pays-Bas autrichiens, Laurent-Benoît Dewez, le château de Seneffe, construit entre 1763 et 1769 en style néoclassique, se compose d’un corps de logis surmonté d’une balustrade et d’un fronton armorié, auquel sont adjointes deux galeries à colonnades se terminant par deux pavillons à dôme. 

Vers 1780, le parc est agrémenté d’un aménagement paysager à la mode anglaise, et l’orangerie et le théâtre sont érigés. Après une restauration du parc et du château, la Communauté française de Belgique, propriétaire du site, y a installé le musée de l’Argenterie.

Rue Lucien Plasman 7-9
7180 Seneffe

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Classé comme monument et site le 24 décembre 1958
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant

Ancienne abbaye de Gembloux

Actuelle faculté agronomique dépendant de l’Université de Liège et rebaptisée Gembloux Agro-Bio Tech, l’ancienne abbaye bénédictine de Gembloux se situe sur un éperon rocheux dominant la vallée de l’Orneau.

L’ancienne abbaye de Gembloux est le témoin exceptionnel d’une occupation monastique au XVIIIe siècle qui révèle des informations tant sur la vie d’une communauté que sur l’évolution des gouts architecturaux et des mentalités typiques de l’époque des Lumières.

L’abbaye, fondée vers 940 par Guibert, un noble lotharingien, est reconstruite un siècle plus tard par l’abbé Olbert, qui transforme l’abbaye en un centre spirituel, artistique et intellectuel. Reconstruite en style classique par l’architecte Laurent-Benoît Dewez en 1762-1779, l’abbaye s’ouvre au monde extérieur au XVIIIe siècle, à l’opposé de l’implantation médiévale fermée sur elle-même et vivant en autarcie. On y retrouve désormais un quartier pour les hôtes annexant le logis de l’abbé, le quartier monastique, l’église abbatiale et la cense.

L’abbaye dessinée par L.-B. Dewez comporte une partie noble construite selon un plan en H et est précédée d’une longue cour fermée. Le corps de logis principal s’élève sur deux niveaux et est annexée par deux courtes ailes. D’ordre colossal à colonnes ioniques, la façade est couronnée par un fronton triangulaire portant les armes de l’abbaye ainsi que celle du commanditaire. À l’intérieur, c’est l’escalier monumental en chêne qui marque le visiteur, ainsi que la stricte proportion des éléments et l’espace ample et ordonné, le tout reflétant l’équilibre et la raison, caractéristiques chères à l’architecte Dewez.

Comme bon nombre de ses consœurs, l’abbaye est supprimée en 1795 et ses bâtiments mis en vente en 1797. L’abbaye, l’église et la ferme sont acquises par le français Jean-Baptiste Paulée qui, sous l’Empire, transforme les bâtiments en haras dans le but d’y élever une race ardennaise. Deux grands médaillons représentant des chevaux et situés de part et d’autre de la porte principale, en sont les seuls vestiges actuellement.

Rue Sigebert 1
5030 Gembloux

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Classée comme monument les 13 janvier 1977 et le 23 juin 1977 
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

www.gembloux.uliege.be

Institut du Patrimoine wallon

Églises ouvertes

Église Saint-Guibert à Gembloux

L’église Saint-Guibert est l’ancienne église abbatiale de l’abbaye bénédictine de Gembloux. Fondée vers 940 par le chevalier Wicbertus (appelé plus tard saint Guibert). L’édifice actuel a été reconstruit entre 1762 et 1779 par Laurent-Benoit Dewez, célèbre architecte des Pays-Bas autrichiens, après un incendie en 1678 qui a ravagé l’abbaye mais également la ville. Suite à la sécularisation des biens et la suppression des ordres religieux, l’abbaye est vendue en 1797. L’abbatiale devient alors église paroissiale en 1812 afin de remplacer l’ancienne église paroissiale située à la rue des Abbés Comtes. À l’origine l’édifice occupait un plan en croix, mais il a été amplifié d’un parvis et exhaussé entre 1885 et 1886 afin de former une nef.  Aujourd’hui les bâtiments séculiers de l’abbaye ont été réaffectés par la Faculté agronomique de Gembloux (Université de Liège – Gembloux Agro-bio Tech).

Édifiée en briques et pierre avec un soubassement en calcaire, l’église comporte une nef de trois travées, un transept saillant et un chœur à chevet plat. La façade est ouverte d’un portail en plein cintre issu de la construction primitive. Celui-ci comporte une clé feuillagée et est surmonté d’un fronton triangulaire. La nef à trois travées est percée de baies trapézoïdales bombées à clé et de fenêtres en plein cintre à clé. Elle est rythmée de pilastres corinthiens supportant un entablement avec corniches et modillons. La nef est couverte d’une toiture en bâtière en ardoises à croupes. La croisée est surmontée d’un clocheton du XIXe siècle. Elle est flanquée à l’est d’une tour surmontée d’une toiture en cloche et d’un lanternon. Le transept saillant comporte à ses quatre angles une chapelle basse inscrite. La croisée est couverte d’une coupole aveugle et de voûtes en berceau. Le chœur abrite toujours les stalles des moines.

Place André Henin 1
5030 Gembloux

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Classée comme monument le 1er février 1937

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant-SPW

Beffroi de Gembloux

Contrairement à ses homologues wallons, le beffroi de Gembloux ne domine pas la ville au cœur d’un espace ouvert mais plutôt d’un enchevêtrement de ruelles d’où émerge le sommet d’un campanile. Son histoire est indissociable de celle de l’abbaye bénédictine fondée au Xe siècle par Guibert. Mainte fois incendiée aux XIIe et XVIIe siècles, cette robuste tour carrée au parement de briques et pierre bleue est le seul élément conservé de l’église Saint-Sauveur. 

Au milieu du XVIIIe siècle, l’abbaye fait l’objet d’un nouveau programme de l’architecte néoclassique Laurent-Benoît Dewez qui voit notamment la construction d’une nouvelle abbatiale, non loin. L’église Saint-Sauveur est finalement détruite au début du XIXe siècle à l’exception de la tour qui abrite les cloches communales. Celle-ci porte encore les traces de ce démantèlement sur sa façade orientale. La toiture actuelle est le résultat d’une restauration de 1906, suite à un nouvel incendie, et prend la forme d’une haute toiture d’ardoises munie d’un tronçon octogonal à ouïes surmonté d’un bulbe ouvert à la base et d’une girouette figurant les trois clés, emblème de la ville.

Place de l'Orneau
5030 Gembloux

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Classé comme monument le 13 janvier 1977
Patrimoine exceptionnel (avec certaine partie de l’abbaye)
Patrimoine mondial (2005)

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant

Hôtel de ville et beffroi de Binche

Patrimoine exceptionnel de Wallonie (hôtel de ville)
Patrimoine mondial en décembre 1999 (beffroi)

Sur la Grand-Place, la fondation de l’hôtel de ville de Binche est liée au développement économique de la cité – siège de la halle aux viandes – et à l’émergence des libertés communales, dont le beffroi constitue un autre puissant symbole. À ce titre, celui-ci a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco comme les autres beffrois de France et de Belgique. Les trois arcades du rez-de-chaussée et la base du beffroi datent du XIVe siècle. Remanié par Jacques Du Broeucq au XVIe siècle, modifié par Laurent-Benoît Dewez (vers 1770) dans le style néoclassique, l’hôtel de ville recouvre son allure initiale à la fin du XIXe siècle. Le beffroi abrite également une horloge et un carillon du XVIe siècle.

Grand Place
7130 Binche

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Classé comme monument le 15 janvier 1936

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant - SPW

Collégiale Sainte-Begge

La collégiale Sainte-Begge a été construite entre 1770 et 1775 par l’architecte L.-B. Dewez. L’édifice est composé de trois nefs à cinq travées, d’un transept haut et saillant et d’un chœur à trois travées et chevet polygonal. Il est surmonté d’une toiture en berceau à lunettes sur doubleaux et d’une tour située au-dessus du chevet.


La façade comporte deux niveaux. Le premier est caractérisé par des pilastres ioniques supportant un entablement. L’étage est orné de deux niches à fronton courbe placées de part et d’autre d’une porte en plein cintre moulurée et portant le chronogramme de 1773. Le second niveau est rythmé par des pilastres aux chapiteaux corinthiens, il est ouvert d’une baie en plein cintre flanquée de deux niches en cul de four. Le tout est surmonté d’un entablement et d’un fronton triangulaire.


La nef est rythmée par des arcades en plein cintre ornées de pilastres aux chapiteaux composites. Ces arcades sont surmontées d’un entablement mouluré et d’un clair étage. La nef est flanquée de collatéraux voûtés dont la clé est feuillagée. Des fenêtres surbaissées éclairent la nef, le transept et le chœur.


Les bras du transept s’achèvent par une abside à trois pans. La croisée du transept est quant à elle surmontée d’une fausse coupole.


Le chœur de trois travées est fermé par un chevet polygonal flanqué de deux absides et annexé de sacristies et d’une salle capitulaire. Le chevet est surmonté d’une haute tour de quatre niveaux coiffée d’une toiture en cloche. Chaque face est ouverte d’une ouïe en plein cintre.


Remarquons l’intérieur de style Louis XVI, les stalles Renaissance (XVIIe siècle) du chœur, les autels en marbre (XVIIIe siècle) et le tombeau de sainte Begge dans le transept, ainsi que le trésor abritant la châsse Renaissance de la sainte, fondatrice de l’abbaye d’Andenne et sainte patronne de la ville.

Place du Chapitre

5300 Andenne

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Classée comme monument le 22 février 1938
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

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Wincqz Jean-François

Culture, Architecture

Soignies 24/10/1743, Bruxelles 27/05/1791


Le travail dans les carrières est un secteur d’activités important dans la région de Feluy, Arquennes et Soignies. La famille Wincqz y est active depuis plusieurs générations quand Grégoire (1708-1794) s’impose comme un véritable patron d’entreprise au milieu du XVIIIe siècle. Parmi ses 11 enfants, Jean-François optera par une activité quelque peu différente, mais toujours en rapport avec celle de ses ancêtres.

Très jeune, il paraît avoir des prédispositions pour le dessin et il est envoyé à Gand pour se former dans une école qui deviendra plus tard l’Académie. Ensuite, il se rend à Paris, où il suit les cours publics du Louvre puis ceux de l’Académie parisienne (1766-1773). Auréolé de son séjour parisien, J-Fr. Wincqz reçoit plusieurs sollicitations et reconnaissances à Bruxelles où il s’est installé à partir de 1776. Bien introduit dans les milieux de cour relevant de Vienne, il est nommé architecte de la cour de Charles de Lorraine (2 mars 1780), évinçant ainsi le célèbre Laurent-Benoît Dewez qui n’est plus très en cour (démis de ses fonctions le 5 février 1780). En 1784, Wincqz est nommé professeur d’architecture à l’Académie de Bruxelles.

Spécialiste de la reconstruction ou de l’agrandissement de petites églises rurales, celui qui appartenait à la Logue bruxelloise des « vrais amis de l’Union » est choisi comme expert architecte auprès du Conseil de Brabant pour les églises et le patrimoine religieux. Veuf et sans enfant, il décède en 1791 des suites de maladie et laisse sa signature d’architecte sur une série d’églises du Hainaut, du Brabant, du Namurois et du pays de Liège (Cambron-Casteau, Hennuyères, Folx-les-Caves, Uccle, Grand Rosière, Tourneppe, Hermalle-sous-Argenteau, Floreffe, Grand-Leez, Neufchâteau-lez-Visé, Lathuy…). Outre des aménagements au château de Feluy, il intervient aussi à l’abbaye Saint-Pierre de Gand et au château de Marchin dans un style néo-classique rigoureux, avec des influences baroques.

 

Sources

Jean-Louis VAN BELLE, Une dynastie de bâtisseurs. Les Wincqz. Feluy-Soignies XVIe-XXe siècle, Bruxelles, ciaco, 1990, p. 47-51
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 153
Eugène DE SEYN, Dictionnaire biographique des sciences, des lettres et des arts en Belgique, Bruxelles, 1935, t. II, p. 1176
Jean-Louis VAN BELLE, dans Nouvelle Biographie nationale, t. III, p. 353-354
La Vie wallonne, IV, 1982, n°380, p. 270-271

En pays wallon, les édifices bâtis durant les Temps modernes restent longtemps de facture classique. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que les bâtisseurs et architectes s’ouvrent aux nouvelles influences, venues d’Italie et de France, avant de les adopter dans le courant du XVIIIe siècle. Grâce à une synthèse enrichie d’exemples concrets, cette leçon vous conduit au cœur du patrimoine architectural wallon, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle.

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Dewez Laurent-Benoît

Culture, Architecture

Petit-Rechain 14/04/1731, Grand-Bigard 01/11/1812

Architecte wallon majeur du XVIIIe siècle, Laurent-Benoît Dewez est considéré comme l’un des grands maîtres du style néo-classique, dont les brillantes réalisations religieuses ne doivent pas occulter les réussites « civiles » : châteaux, demeures privées, palais officiels. Seul un très grand tour de Wallonie pourrait permettre d’identifier les nombreux édifices dont il s’est occupé tout au long d’une longue existence où son talent fut assez vite reconnu, avant de tomber en disgrâce.

Né en région verviétoise dans une famille nombreuse où rien ne le prédisposait à son métier futur, il bénéficie des conseils des meilleurs maîtres grâce à la Fondation Darchis et à ses voyages à l'étranger. Boursier de 1754 à 1757, il se rend à Naples et à Rome, où il fréquente les ateliers de Carlo Marchionni et Luigi Vanvitelli. Selon certains de ses biographes, il semble parcourir nombre de pays méditerranéens, avant de croiser la route de l'illustre architecte britannique Robert Adam, à Rome, en 1756. Après avoir suivi le maître à Londres (1758), Dewez rentre au pays et s’installe à Bruxelles (1759).

Protégé de l'abbé Spirlet, il devient l’architecte de la reconstruction de l'abbaye et de l’église d'Orval. Son projet complet est terminé en 1760 et les travaux commencent en 1768 pour s’achever en 1776. Cette référence prestigieuse lui vaut de nombreuses commandes pour d’autres édifices religieux variés : l’église et l’abbaye de Gembloux, la collégiale Sainte-Begge à Andenne, l’abbaye Saint-Martin à Tournai, l’abbaye d’Afflighem. S’occupant de construction, reconstruction, rénovation et innovation, il est sollicité par le banquier et homme d'affaires Julien Depestre : L-B. Dewez démontre alors sa capacité à réaliser aussi des bâtiments civils puisqu’il offre à son commanditaire la prestigieuse demeure du château de Seneffe (1763-1768). Tant le comte de Cobenzl que le comte de Neny vont assurer sa réputation, contribuant certainement à la nomination de L-B. Dewez comme « Premier Architecte du gouverneur des Pays-Bas » à l’époque autrichiens, le 18 mars 1767.

Après les églises d’Heylissem et de Harelbelke, ainsi que l’abbaye de Florival, Dewez rénove l’hôtel de ville et le beffroi de Binche, construit l’église du monastère de Bonne-Espérance, transforme l’église abbatiale de Floreffe, bâtit le phare d’Ostende et la belle église de Vlierbeek, tout en entreprenant la maison de correction de Vilvorde pour les États de Brabant. Architecte en vogue, Dewez impose une signature, sans jamais reproduire la même chose. Son art « se caractérise par une synthèse internationale ambitieuse à fondement classique, marquée par un goût personnel pour une grandeur robuste et sobre » (X. Duquenne).

Malheureusement, vers 1780, plusieurs accusations sont portées contre lui au moment où il achève la construction de la prison de Vilvorde. Réelles malversations ou calomnies ? Plusieurs procès concluent à l’innocence de l’architecte ; mais celui-ci accuse le coup et décide d’autant plus de se retirer des affaires qu’un de ses projets routiers se solde par de fortes pertes, tandis que les troubles révolutionnaires qui éclatent à partir de 1789 rendent peu propice l’érection de nouveaux bâtiments, alors que certains, rénovés récemment (comme l’abbaye d’Orval), connaissent des bombardements destructeurs (1793). Réfugié à Vienne puis à Prague jusqu’à l’entame du XIXe siècle, Laurent-Benoît Dewez revient ruiné de son exil.

 

Principaux édifices de L-B. Dewez en Wallonie
  • Eglise de l'ancienne abbaye de Gembloux (1760-1779)
  • Château de Seneffe (1763-1868)
  • Eglise collégiale Sainte-Begge à Andenne (1764-1778)
  • Quartier abbatial de Saint-Martin à Tournai (1763)
  • Reconstruction de l’abbaye d’Orval (1768-)
  • Hôtel de Ville et le beffroi de la ville de Binche (1770)
  • Abbatiale de Bonne-Espérance (1770-1776)
  • Eglise de Floreffe (1770-1775)

 

Sources

Xavier DUQUENNE, dans Les Cahiers nouveaux, septembre 2012, n°83, p. 50-51
Cellule « Communication » de l’Institut du Patrimoine wallon, Laurent-Benoît Dewez et son temps, 2012
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 254, 391
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 215, 218, 221
L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 107-108
Charles PIOT, dans Biographie nationale, t. V, col. 908-912