Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Jules CORNET

Monument Jules Cornet, réalisé par l’architecte Georges Pepermans et le sculpteur Harry Elström, 1953.
 

Au bout de l’avenue Frère-Orban, au moment où elle croise le boulevard Dolez, au lieu-dit « la porte des Guérites », près des machines à eaux, un imposant ensemble statuaire rend hommage à l’action de Jules Cornet (1865-1929), géologue, prospecteur au Katanga au tournant des XIXe et XXe siècles et professeur à l’École des Mines de Mons. Au milieu d’une esplanade arborée, trois piliers rectangulaires, espacés de quelques centimètres, sont reliés à leur sommet par une longue et fine dalle de béton. Devant le pilier central, un haut buste du scientifique repose sur un socle de pierre bleue où ont été sobrement gravés :


JULES CORNET
1865 – 1929


Sur les colonnes de droite et de gauche, le sculpteur Harry Elström (1906-1980) signe encore un bas-relief de format carré illustrant des scènes africaines. À l’arrière du pilier central, une plaque en bronze explicite les circonstances et les motivations du monument conçu par l’architecte Pepermans :


AU PROFESSEUR
JULES CORNET
1965 - 1929
FONDATEUR DE LA GÉO-
LOGIE DU CONGO.
L’ASSOCIATION DES INGE-
NIEURS DE LA FACULTE
POLYTECHNIQUE DE MONS.


Vient ensuite une des conclusions rédigées en 1894 par Cornet lui-même :


« ON A VU, PAR LES CONSI- / DÉRATIONS QUE NOUS VE- / NONS D’EXPOSER, QUELLE / MASSE ENORME DE MINE- / RAIS DE FER ET DE CUIVRE / DOIT RECELER LE SOL DE / LA PARTIE MERIDIONALE / DU BASSIN DU CONGO ». / JULES CORNET, ADJOINT A / L’EXPÉDITION BIA-FRANQUI / 1891 -1893 / (EXTRAIT DE SON MEMOIRE / DE 1894, EN CONCLUSION).


À la tête de l’État indépendant du Congo, le roi des Belges, Léopold II, avait fait appel au Montois pour prospecter ses terres africaines. Fils de François Léopold Cornet spécialiste en minéralogie, diplômé de l’Athénée de Mons, docteur en Sciences de l’Université de Gand, Jules Cornet fait en effet partie de la fameuse expédition Bia-Francqui (1891-1893) qui contribue à la soumission de cette province au Congo, jusqu’au bassin du Zambèze, mais surtout, grâce à Cornet, qui découvre l’immensité des richesses concentrées au Katanga. À son retour, Cornet dresse une carte physique et géologique du Congo et révèle de façon scientifique l’importance des formidables gisements métallifères. L’inscription gravée sur la plaque de bronze, apposée à l’arrière de l’une des trois « colonnes » de l’ensemble, en témoigne.


Nommé à la chaire de Géologie, de Minéralogie et de Paléontologie à l’École des Mines de Mons (1897), professeur pendant 33 ans, il donne ses lettres de noblesse à l’école montoise, tout en enseignant aussi à l’Institut commercial de Mons (jusqu’en 1903) et en acceptant d’être chargé du cours de Géographie physique à l’Université de Gand (à partir de 1904) et professeur à l’École de Commerce annexée à la dite université. Après le Congo, c’est désormais le bassin de la Haine qui va révéler tous ses secrets à Jules Cornet. Auteur des Premières notions de géologie (1903), il rédige plusieurs traités jusqu’à la fin des années 1920, dont sa Géologie, véritable encyclopédie des Sciences de la terre parues en quatre volumes entre 1909 et 1923, ou ses Leçons de Géologie (1927). Lauréat du prix Gosselet 1909, membre de l’Académie des Sciences de Belgique (classe des Sciences, 1912), Prix décennal des Sciences minéralogiques (1920), Cornet était aussi membre correspondant de l’Institut de France (1923) et de l’Institut royal colonial belge.


Sans conteste, Jules Cornet a marqué son temps, par son apport dans la connaissance de la géologie de l’Afrique Centrale et du Bassin de Mons, par son influence dans leurs développements économiques, et par son rôle essentiel dans l’enseignement de la géologie à Mons. Encouragés par son fils René-Jules Cornet et par l’association des « anciens du Congo », ses élèves et disciples et les autorités communales et belges multiplient les hommages au milieu des années 1930, tant au Musée de Tervueren, que dans les localités boraines et au Congo. Si la Seconde Guerre mondiale freine considérablement cet élan mémorial, la création d’une Fondation Cornet, en 1953, est l’occasion d’ériger, à Mons, un monument d’une ampleur certaine.


Sa réalisation en est confiée à l’architecte Georges Pepermans (1910-2006) et au sculpteur Harry Elström (Berlin 1906-Linkebeek 1993). Né à Berlin d’un père danois et d’une mère anglaise, Elström a mené ses études en histoire de l’art à Dresde, Berlin et Bruxelles, ville où il s’installe en 1934, après avoir participé à une campagne de fouille à Pompéi. Professeur de sculpture à Saint-Luc (1939), puis professeur d’arts graphiques et plastiques à la faculté des Sciences appliquées (architecture) de l’Université catholique de Louvain (1952), auteur de pièces de monnaie et de timbres, céramiste, le sculpteur impose sa signature en bas de plusieurs dizaines de statues religieuses, comme son calvaire dans la basilique de Koekelberg ; on lui doit aussi une vie de Saint-Pierre à Lessines (1956), un monument pour la Paix à Saint-Léger (1959), la façade de l’hôtel de ville de Turnhout (1964), qui sont autant de réalisations majeures postérieures à sa contribution au mémorial Cornet de Mons (1953). Là, il se contente de réaliser le buste du géologue et les deux bas-reliefs latéraux. L’ensemble du monument est quant à lui dû à Georges Pepermans, lui aussi professeur à Saint-Luc et professeur extraordinaire nommé en 1952 à l’Université catholique de Louvain. Diplômé de l’Université catholique de Louvain et de l’Institut des Beaux-Arts d’Anvers, Pepermans signe plusieurs immeubles dans le centre de Bruxelles. En 1959, il réalise, avec E. van Love, l’Institut Albert Ier (rue Wayenberg).

 


Musée de Tervueren, fonds d’archives Cornet
Armand RENIER, Jules Cornet. Fondateur de la Géologie du Congo, s.l., s.d., 12 p.
Marcel CROCHET (coord.), Des Écoles spéciales à l’EPL : 50 ans de science et de technologie à l’UCL, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2012, p. 120-121
La Vie wallonne, janvier 1921, n°5, p. 232
Willy STAQUET, Un fleuron intellectuel du Hainaut : la faculté polytechnique de Mons, Mons, 1990, p. 88-98
Françoise BRADFER, Georges Pepermans, s.l., CRA, 1987
http://www.telemb.be/index.php?iddet=12550&qp=24&lim_un=207
http://www.basilicakoekelberg.be/documents/basilica/the-monument/sculptures/harry-elstrom.xml?lang=fr 
http://www.reflexcity.net/bruxelles/metiers/architectes/architecte-georges-pepermans (s.v. mars 2015)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 547

Avenue Frère-Orban
7000 Mons

carte

Paul Delforge