Franck César

Culture, Musique

Liège 10/12/1822, Paris 8/11/1890

Identifié très jeune comme un virtuose exceptionnel, c’est tardivement que César Franck se révèle finalement comme l’un des plus grands compositeurs wallons du XIXe siècle, jouissant – comme Guillaume Lekeu – d’une réelle réputation internationale.

La transformation institutionnelle de nos régions, aux époques française, hollandaise puis belge, influe fortement sur la formation des jeunes musiciens, à l’heure où résonnent encore le Chant du Départ de Méhul ou les airs d’opéra de Grétry. À Bruxelles et à Liège, les nouvelles écoles de musique qui sont créées vont faire émerger de jeunes talents, dont César Franck, figure emblématique de la musique en Wallonie au XIXe siècle.

Particulièrement doué et surtout très appliqué, Franck maîtrise très vite le piano et devient répétiteur en harmonie alors qu’il n’a pas encore douze ans. Grand prix de solfège et piano (1834), il impressionne son professeur d’harmonie, Daussoigne-Méhul, neveu du grand Méhul, qui guide le jeune homme vers Paris. Encouragé par un père qui veut faire de son fils un virtuose international, le jeune prodige n’échappe pas à la monstration commerciale de son talent. Heureusement, Franck trouve des maîtres, comme Anton Reicha (il a formé Liszt et Berlioz), pour l’obliger à travailler et à améliorer sa technique. Au Conservatoire de Paris, formé parfaitement au piano, à l’orgue, au contrepoint et à la fugue, son talent lui vaut de remporter tous les prix (1838-1841) ; alors que le prestigieux Prix de Rome lui tend les bras, le père Franck le retire du conservatoire. Cette précipitation paternelle à en faire une vedette lui aliène les soutiens indispensables d’un milieu capable de passer rapidement de l’admiration à la jalousie envers ce César Franck de Liège. En 1845, César Franck se résout à rompre avec son impresario de père.

Installé à Paris, il réalise ses premières compositions : Trio op.1 (1843), Ce qu’on entend sur la montagne (poème symphonique, 1845), et Le valet de la ferme (opéra, 1851). Pianiste accompagnateur aux concerts de l’Institut musical d’Orléans (1845-1863), il reste longtemps un simple organiste d’église et un professeur de piano par obligation matérielle. Quelque peu marginalisé au regard de ses débuts tonitruants, César Franck va ravir les oreilles de privilégiés comme Vincent d’Indy, Charles Bordes, Chausson, Duparc, Chabrier, Magnard, Debussy, lorsqu’il joue aux claviers de son Aristide Cavaillé-Coll, dans la nouvelle église Sainte-Clotilde ; il en est l’organiste titulaire de 1859 à 1890.

Nommé professeur d’orgue au Conservatoire de Paris (1872), César Franck, qui a pris la nationalité française pour accéder à ce poste, fait de sa classe un foyer de création extrêmement actif. Lui-même s’adonne fébrilement à la composition où il introduit un procédé cyclique : un même thème réapparaît dans les différents mouvements qui composent l’œuvre. De 1874 à 1890, sa créativité fait naître une foule d’oratorios, de ballets, de pièces pour orgue et pour piano, des variations symphoniques, une sonate pour violon… Ses Béatitudes et le Quintette sont des œuvres qui l’imposent comme une figure maîtresse de la fin du siècle. « Les trois chorals, écrits en 1890, sont une sorte de testament spirituel dans lequel il opère une synthèse monumentale des possibilités techniques de son époque ».

La Légion d’honneur lui est remise en 1885 ; l’année suivante, il devient président de la Société nationale de musique. Alors qu’une statue est élevée à sa mémoire dans le square de Sainte-Clotilde à Paris (1904), Jules Destrée comme Albert Mockel n’auront de cesse de saluer le talent de Franck et de son école. L’influence franckiste sur la musique ne survivra pas à la Grande Guerre.
« On a pu parler de ‘franckisme’ parce qu’à travers les œuvres de ses disciples, un langage véritablement collectif a été recréé qui a prétendu représenter la ‘modernité’, mais qui, en s’opposant à Debussy, est apparu bientôt comme un bastion des traditions » (Wangermée). Rénovateur de la musique religieuse, Franck a été « le restaurateur d’un art noble et rigoureux qui cherchait ses références auprès des maîtres du passé (Bach, Beethoven) et qui voulait s’inscrire sans rupture dans une évolution continue à travers les siècles du langage de la musique occidentale » (idem).

Sources

FRANCK César    D’INDY, César Franck, 1987
DUFOURCQ Norbert, Biographie nationale, Bruxelles, t. 33, col. 322-335
EMMANUEL Maurice, César Franck, Paris, 1930. Coll. Les musiciens célèbres
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 189

Oeuvres principales

Grand concerto pour piano et orchestre n°2, en sol mineur, opus 11, 1835
Le Valet de ferme, opéra, 1851
Six pièces pour grand orgue (1860-1862) Op. 16 
Les Béatitudes, oratorio, 1869
Rédemption, 1874
Variations symphoniques pour piano et orchestre, 1885 
Quintette pour piano et cordes en fa mineur, 1879
Hulda, opéra, 1882
Quatuor à cordes en ré majeur, 1889
Choral, pour orgue, 1890