Les rêves d’une Grande Belgique (1916-1921)

En raison de l’occupation allemande en Belgique, la presse belge est plus que jamais patriotique, exalte l’âme belge et l’Union sacrée, et en vient même à s’interroger sur les perspectives d’avenir du pays. Dans les milieux officiels désormais réfugiés au Havre, on évoque sérieusement la possibilité d’élargir les frontières de la Belgique, pour devenir maître de l’embouchure de l’Escaut, pour mieux contrôler les eaux de la Meuse, voire pour protéger davantage la cité de Liège. L’annexion du grand-duché de Luxembourg et celle de la Prusse malmédienne sont considérées comme acquises (fin 1914, début 1915). L’idée d’une ‘Grande Belgique’ est caressée dans certaines milieux où refait florès la théorie des ‘frontières naturelles’ qui permettrait à la Belgique de s’étendre jusqu’au Rhin et le long des bassins mosan et scaldien. Un manifeste, des livres entretiennent les revendications ; certains ministres couvrent aussi l’idée que la Belgique devienne le pays auquel on confierait la garde des Lieux-Saints. Ces idées comme celle d’un retour aux frontières d’avant 1839, encore défendues au moment des négociations de paix (1919), seront très mal accueillies par les « Grandes puissances ».

Références
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Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Nothomb Pierre

Politique

Tournai 28/03/1887, Habay-la-Neuve 29/12/1966

Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain, avocat, Pierre Nothomb est le secrétaire du ministre de la Justice Carton de Wiart pendant la Première Guerre mondiale. Durant cette période, il est notamment affecté au service de la propagande, ce qui lui permet de donner libre cours à une plume particulièrement active et à ses idées nationalistes belges. Entré en poésie plusieurs années avant la Grande Guerre, Pierre Nothomb est saisi par la hâte de témoigner. Avec une profusion qui marquera plus tard sa vaste production poétique et romanesque, il publie à Paris pas moins de sept gros volumes et de nombreux opuscules qui, tous, à l’exception de son prometteur premier roman, Fauquebois, sont voués au réquisitoire contre la barbarie allemande, à l’histoire de la guerre ou à la ‘politique nationale’. 

D’abord favorable à l’élargissement de la Belgique, il plaidera ensuite en faveur de la constitution d’un nouvel État autour du grand-duché de Luxembourg. L’Armistice ne tarira pas la vaine féconde du poète, de l’essayiste, du romancier ou du biographe. Toujours fidèle aux idées de droite, il siège au Sénat, comme élu direct ou provincial, de 1936 à 1965, en tant que représentant des catholiques de la province de Luxembourg à laquelle il vouait un amour passionné et dont il ne supportait pas qu’elle puisse faire partie de la Wallonie. Il est le père de Charles-Ferdinand Nothomb, et l’arrière-grand-père d’Amélie Nothomb.

 

Sources

Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 287
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. II, p. 433
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III, p. 45, 102-103
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 238, 251
DELFORGE Paul, La Wallonie et la Première Guerre mondiale. Pour une histoire de la séparation administrative, Namur, Institut Destrée, 2008, coll. Notre Histoire
BECQUET Ch-Fr., Poètes, romanciers, dramaturges, essayistes, historiens, grammairiens et journalistes. Premier répertoire de 366 Wallons, UWE, 1979