SPW - G. Focant

Ancienne abbaye de Gembloux

Actuelle faculté agronomique dépendant de l’Université de Liège et rebaptisée Gembloux Agro-Bio Tech, l’ancienne abbaye bénédictine de Gembloux se situe sur un éperon rocheux dominant la vallée de l’Orneau.

L’ancienne abbaye de Gembloux est le témoin exceptionnel d’une occupation monastique au XVIIIe siècle qui révèle des informations tant sur la vie d’une communauté que sur l’évolution des gouts architecturaux et des mentalités typiques de l’époque des Lumières.

L’abbaye, fondée vers 940 par Guibert, un noble lotharingien, est reconstruite un siècle plus tard par l’abbé Olbert, qui transforme l’abbaye en un centre spirituel, artistique et intellectuel. Reconstruite en style classique par l’architecte Laurent-Benoît Dewez en 1762-1779, l’abbaye s’ouvre au monde extérieur au XVIIIe siècle, à l’opposé de l’implantation médiévale fermée sur elle-même et vivant en autarcie. On y retrouve désormais un quartier pour les hôtes annexant le logis de l’abbé, le quartier monastique, l’église abbatiale et la cense.

L’abbaye dessinée par L.-B. Dewez comporte une partie noble construite selon un plan en H et est précédée d’une longue cour fermée. Le corps de logis principal s’élève sur deux niveaux et est annexée par deux courtes ailes. D’ordre colossal à colonnes ioniques, la façade est couronnée par un fronton triangulaire portant les armes de l’abbaye ainsi que celle du commanditaire. À l’intérieur, c’est l’escalier monumental en chêne qui marque le visiteur, ainsi que la stricte proportion des éléments et l’espace ample et ordonné, le tout reflétant l’équilibre et la raison, caractéristiques chères à l’architecte Dewez.

Comme bon nombre de ses consœurs, l’abbaye est supprimée en 1795 et ses bâtiments mis en vente en 1797. L’abbaye, l’église et la ferme sont acquises par le français Jean-Baptiste Paulée qui, sous l’Empire, transforme les bâtiments en haras dans le but d’y élever une race ardennaise. Deux grands médaillons représentant des chevaux et situés de part et d’autre de la porte principale, en sont les seuls vestiges actuellement.

Rue Sigebert 1
5030 Gembloux

carte

Classée comme monument les 13 janvier 1977 et le 23 juin 1977 
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

www.gembloux.uliege.be

Institut du Patrimoine wallon

Églises ouvertes

Église Saint-Guibert à Gembloux

L’église Saint-Guibert est l’ancienne église abbatiale de l’abbaye bénédictine de Gembloux. Fondée vers 940 par le chevalier Wicbertus (appelé plus tard saint Guibert). L’édifice actuel a été reconstruit entre 1762 et 1779 par Laurent-Benoit Dewez, célèbre architecte des Pays-Bas autrichiens, après un incendie en 1678 qui a ravagé l’abbaye mais également la ville. Suite à la sécularisation des biens et la suppression des ordres religieux, l’abbaye est vendue en 1797. L’abbatiale devient alors église paroissiale en 1812 afin de remplacer l’ancienne église paroissiale située à la rue des Abbés Comtes. À l’origine l’édifice occupait un plan en croix, mais il a été amplifié d’un parvis et exhaussé entre 1885 et 1886 afin de former une nef.  Aujourd’hui les bâtiments séculiers de l’abbaye ont été réaffectés par la Faculté agronomique de Gembloux (Université de Liège – Gembloux Agro-bio Tech).

Édifiée en briques et pierre avec un soubassement en calcaire, l’église comporte une nef de trois travées, un transept saillant et un chœur à chevet plat. La façade est ouverte d’un portail en plein cintre issu de la construction primitive. Celui-ci comporte une clé feuillagée et est surmonté d’un fronton triangulaire. La nef à trois travées est percée de baies trapézoïdales bombées à clé et de fenêtres en plein cintre à clé. Elle est rythmée de pilastres corinthiens supportant un entablement avec corniches et modillons. La nef est couverte d’une toiture en bâtière en ardoises à croupes. La croisée est surmontée d’un clocheton du XIXe siècle. Elle est flanquée à l’est d’une tour surmontée d’une toiture en cloche et d’un lanternon. Le transept saillant comporte à ses quatre angles une chapelle basse inscrite. La croisée est couverte d’une coupole aveugle et de voûtes en berceau. Le chœur abrite toujours les stalles des moines.

Place André Henin 1
5030 Gembloux

carte

Classée comme monument le 1er février 1937

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant-SPW

Beffroi de Gembloux

Contrairement à ses homologues wallons, le beffroi de Gembloux ne domine pas la ville au cœur d’un espace ouvert mais plutôt d’un enchevêtrement de ruelles d’où émerge le sommet d’un campanile. Son histoire est indissociable de celle de l’abbaye bénédictine fondée au Xe siècle par Guibert. Mainte fois incendiée aux XIIe et XVIIe siècles, cette robuste tour carrée au parement de briques et pierre bleue est le seul élément conservé de l’église Saint-Sauveur. 

Au milieu du XVIIIe siècle, l’abbaye fait l’objet d’un nouveau programme de l’architecte néoclassique Laurent-Benoît Dewez qui voit notamment la construction d’une nouvelle abbatiale, non loin. L’église Saint-Sauveur est finalement détruite au début du XIXe siècle à l’exception de la tour qui abrite les cloches communales. Celle-ci porte encore les traces de ce démantèlement sur sa façade orientale. La toiture actuelle est le résultat d’une restauration de 1906, suite à un nouvel incendie, et prend la forme d’une haute toiture d’ardoises munie d’un tronçon octogonal à ouïes surmonté d’un bulbe ouvert à la base et d’une girouette figurant les trois clés, emblème de la ville.

Place de l'Orneau
5030 Gembloux

carte

Classé comme monument le 13 janvier 1977
Patrimoine exceptionnel (avec certaine partie de l’abbaye)
Patrimoine mondial (2005)

Institut du Patrimoine wallon

Guibert de Gembloux

Eglises, Saint

Lieu de naissance inconnu 892, Gorze 23/05/962


Issu d’une famille noble, proche du roi de Lotharingie, Guibert de Gembloux est connu comme le fondateur de l’abbaye Saint-Pierre de Gembloux.

Fils de l’un des principaux officiers du roi de Lotharingie, Guibert entre au service du roi Lothaire, par la volonté de son père. À la mort de celui-ci, il s’installe dans un domaine familial de Gembloux, où il mène une vie d’ermite. Il décide de se faire moine à l’abbaye de Gorze, près de Metz. Il fait don des terres héritées de son père et fonde le monastère bénédictin de Gembloux, qu’il dédie à saint Pierre. Il nomme à la tête de la communauté le moine lorrain Erluin et s’en va pour Gorze. 

Sa retraite n’est pas de tout repos et Guibert de Gembloux est contraint, à plusieurs reprises, d’intervenir pour défendre les droits de sa fondation. Accusé par Othon Ier d’avoir donné à l’abbaye des biens qui ne lui appartenaient pas à titre héréditaire, il est sommé de se justifier auprès du roi, qui finit par accorder un diplôme confirmant toutes les donations faites par le moine à son monastère et le dote de privilèges, tels que le droit de frapper monnaie, de construire une forteresse, de désigner l’abbé successeur…

Guibert dut également défendre le monastère des visées de son beau-frère Héribrand qui revendiquait une partie de la terre de Gembloux, et des destructions des Huns.

À la mort de Guibert de Gembloux, son corps fut transporté, depuis Gorze, dans le monastère qu’il avait fondé à Gembloux pour y être inhumé. Il fut canonisé en 1211.

 

Sources

Stanislas BORMANS, Biographie nationale, t. 8, col. 404-406