Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Louis PIERARD

Dans la cité Louis Piérard, à Frameries, à un endroit de la partie extérieure de la rue des Templiers, surgit un espace arboré qui accueille, depuis 1959, un monument consacré à un écrivain et à un homme politique très attaché à son Borinage natal, qui fut aussi un très grand amateur d’art et l’ami de nombreux artistes. Huit années après sa disparition, les autorités de Frameries ont décidé de lui dédier un monument et ont confié sa réalisation au sculpteur André Hupet (Grand-Reng 1922 – Ciply 1993).

Monument Piérard

Le sculpteur André Hupet

Formé à l’Académie de Mons auprès de Louis Buisseret (1937-1947), Prix Godecharle 1947 (pour La Dense, Mons, théâtre communal), André Hupet est un sculpteur qui a rapidement été sollicité dans la région de Charleroi, après la Seconde Guerre mondiale, pour assurer la décoration du Palais des Expositions (1953), du Palais des Beaux-Arts (1957) et du Palais de Justice (1964). On le retrouve ensuite à Gembloux (Institut agronomique), puis à Mons (Faculté polytechnique en 1962, Lycée Bervoets en 1965), etc. 

Ses œuvres monumentales (principalement des allégories) ne passent pas inaperçues, mais ce ne sont pas ses seules réalisations. Céramiste, il a été membre de la « Maîtrise de Nimy » dès 1943, et a participé à l’expérience communautaire de Raoul Godfroid dans le cadre de la Manufacture impériale et royale de faïenceries. Il expose énormément dans les années 1940 et 1950, tant à l’étranger que sur ses terres. 

Dessinateur, créateur de tapisseries, il est également peintre ; figuratif, il se range dans le courant expressionniste, sans qu’il s’agisse de sa seule marque stylistique. Professeur à l’Académie de Mons à partir de 1948, André Hupet enseigne aussi à l’École supérieure d’Architecture (1948) et à l’École normale secondaire de Mons (1954). 

Au tournant des années 50 et 60, il est sollicité pour figer définitivement les traits de personnalités de l’ouest wallon comme Alex de Taeye (1957), Louis Piérard (1958), Achille Delattre (1959), Achille Liénard (1965), René Thône (1970) et Edmond Yernaux (1970). C’est après avoir contribué à la décoration des Écoles de la cité Louis Piérard à Frameries, en 1956, qu’André Hupet est sollicité pour ciseler un portrait de Louis Piérard à placer dans l’espace public. Il réalise un bronze qui colle au plus près au profil gauche de l’écrivain et l’incruste sur une sobre colonne en pierre bleue. Sur la face avant, la dédicace est elle aussi minimaliste :


LOUIS
PIERARD

1886 – 1951

L’ensemble est placé sur une esplanade arborée, où deux saules pleureurs créent une atmosphère quiète et sauvage. Peut-être faut-il voir là une allusion à l’action que mena Louis Piérard pour sauver le bois de Colfontaine, mais ce ne serait là qu’un aspect anecdotique, tant les activités de Louis Piérard furent denses et variées. 

Louis Piérard

Descendant d’une lignée de porions, Louis Piérard était né à Frameries à la veille de l’émeute ouvrière qui frappe le pays wallon durant le printemps 1886. En a-t-il été influencé ? Toujours est-il que ce fils de commerçants mènera une carrière politique en tant que représentant du POB. Conseiller communal (1932), puis bourgmestre de Bougnies (1933-1948), il représente l’arrondissement de Mons à la Chambre pendant de nombreuses années (1919-1951). Tribun polémiste, il dépose notamment une loi instituant l’Œuvre nationale des Loisirs du Travailleur (1922) ; aussi devient-il en 1929 président du Conseil supérieur de l’Éducation populaire. Se définissant volontiers comme un Wallon ardemment francophile, grand voyageur, polyglotte, Louis Piérard taquine la plume avec passion. Écrivain, critique d’art, reporter, journaliste, essayiste (Visages de la Wallonie, 1934), ce boulimique est encore l’organisateur d’expositions de peintures et de spectacles théâtraux. Grand amateur d’art, il fait renaître la section d’art du Parti ouvrier belge (1924). Militant wallon, il soutient la Lettre au roi de Jules Destrée, tout en naviguant dans les milieux belges, entre le modèle d’une Belgique française et celui d’une Wallonie plus autonome.



Marinette BRUWIER, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. III, p. 1268-1269.
Alain JOURET, dans Nouvelle Biographie nationale, 2001, t. VI, p. 311-317.
La Vie wallonne, IV, 1951, n°256, p. 295-296.
http://www.andrehupet-artiste.be/biographie.htm (s.v. juin 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 734.

cité Piérard, rue des Templiers – 7080 Frameries

carte

Paul Delforge