Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Désiré MAROILLE

Compagnon de route d’Alfred Defuisseaux, syndicaliste, considéré comme le père d’un socialisme pragmatique, Désiré Maroille (1862-1919) est l’un des fondateurs du POB et surtout de la Fédération socialiste républicaine du Borinage : créée en 1887, celle-ci gardera ce nom jusqu’en 1945. 

Statue Désiré Maroille (Frameries)

En 1894, Maroille est parmi les tout premiers députés du POB élus au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural ; il siègera à la Chambre sans interruption, jusqu’à son décès en 1919. Le 20 octobre 1912, il figure parmi les membres fondateurs de l’Assemblée wallonne, ayant accepté d’y représenter l’arrondissement de Mons. Conseiller communal de Frameries (1890-1919), échevin (1896-1919), il devra attendre le lendemain de la Grande Guerre pour obtenir sa nomination officielle à la fonction de bourgmestre parce que ses convictions républicaines l’empêchent de prêter serment de fidélité au roi. Quand la Belgique tente de se reconstruire en unissant toutes ses composantes, Maroille finit par être nommé bourgmestre, mais cette officialisation intervient quelques semaines avant son décès.  
 

Très rapidement, le mouvement ouvrier se mobilise pour rendre hommage à leur leader disparu. La Centrale régionale des Mineurs du Borinage rend hommage à son premier président en lui érigeant un impressionnant monument, conçu et sculpté par R. de Winne. Représentant le portrait de Maroille, de face et en cravate, le médaillon en bronze est incrusté dans le socle central de l’imposant monument en pierre, qui s’étend de part et d’autre en trois parties symétriques. L’ensemble met en évidence un groupe de trois personnes sculptées dans le bronze : un ouvrier debout, portant un casque, apporte son soutien à une femme assise qui tient un bébé allaitant dans ses bras. À l’arrière du socle central est gravée la date de l’inauguration.

Réalisé par René de Winne (Molenbeek 18/09/1890 - Genval 08/03/1969), candidat au Prix de Rome en 1912 et 1919, sculpteur de portraits et de nus, ce monument est l’un des tout premiers élevés dans l’espace public de Wallonie en mémoire d’un leader syndical et socialiste.  

 

- François ANDRÉ, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, cédérom  
- Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 176  
- Paul DELFORGE, L’Assemblée wallonne 1912-1923. Premier Parlement de la Wallonie ? Namur, Institut Destrée, janvier 2013, coll. Notre Histoire, p. 234  
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 480  
- http://www.frameries.be/Loisirs/histoire/monuments/ (s.v. juin 2015)

À l’angle de la rue L. Defuisseaux et de la rue Gustave Defnet 
7080 Frameries

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Mémorial Joseph DUFRANE

Statue à la mémoire de Joseph Dufrane, mieux connu sous le pseudonyme de Bosquétia, réalisée par Léon Gobert, 28 septembre 1913

C’est à l’occasion de la première célébration de la Fête de la Wallonie à Frameries que l’on a procédé à l’inauguration du monument Bosquétia, en souvenir du poète wallon Joseph Dufrane. Un Comité s’était constitué, comprenant notamment Louis Piérard, Ph. Passelecq et l’avocat Demoustier, afin de réunir les fonds nécessaires à la réalisation du monument. La cérémonie officielle est l’occasion pour ce Comité de remettre le monument aux autorités locales, en l’occurrence au bourgmestre Désiré Maroille. Plusieurs discours, récitations de poème et musiques sont interprétées, en présence notamment de Jules Destrée. Honorer un auteur wallon dans le cadre des fêtes de Wallonie leur apparaissait comme une évidence.

Né à Frameries en 1833 et décédé en 1906, Joseph Dufrane a développé une importante activité dans l’industrie. Directeur de charbonnages, il est surtout connu pour être un artiste aux multiples facettes, et considéré comme le « fondateur de la littérature dialectale du Borinage » (Piron). Organiste, chef de fanfare, le musicien était chansonnier et compositeur. Installé à Bruxelles vers 1880, il ressent le besoin de se consacrer aux lettres wallonnes : adaptant en borain des fables de La Fontaine et des pièces de Molière et de Racine, il crée ensuite des œuvres originales, tant en prose que sous forme de chansons ou de pièces de théâtre. Donnant ses lettres de noblesse au wallon borain, il compose En’ c’èst nî co Fram’rîye qui est rapidement considéré comme un hymne pour Frameries et sa région. Chroniqueur dans la presse quotidienne, il utilise le pseudonyme de Bosquétia, l’Écureuil, surnom qui lui survivra. 

Œuvre du sculpteur montois Léon Gobert (1869-1935), le monument alterne la pierre et le bronze ; il se compose d’une stèle érigée sur des gradins bruts de pierre bleue ; dans la partie supérieure, est inséré un médaillon figurant le poète. Et au sommet, un écureuil grignote une branche de chêne. Il s’agit bien sûr de la référence explicite au surnom de Dufrane. Sur les gradins une petite fille lit en souriant l’inscription :

«  A Joseph Dufrane
Qui sous le nom de Bosquétia
A créé et popularisé les lettres boraines.
Ses amis et admirateurs ».

Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons, dont il deviendra lui-même professeur, Léon Gobert s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, monuments et bas-reliefs illustrant le travail de la mine et la misère ouvrière. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres, Léon Gobert a réalisé notamment la Fontaine de L’Ropieur à Mons. 

Sources 

Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 151
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598
Robert WANGERMÉE (dir.), Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, Liège, Mardaga, 1995, p. 84-85
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 206

7080 Frameries

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Paul Delforge

Maroille Désiré

Humanisme-Egalité, Politique, Socio-économique, Syndicat

Frameries 23/11/1862, Heer-Agimont 12/07/1919

Compagnon de route d’Alfred Defuisseaux, syndicaliste, Désiré Maroille est l’un des fondateurs du POB et surtout de la Fédération socialiste républicaine du Borinage, créée en 1887 et qui gardera son nom jusqu’en 1945. En 1894, il était parmi les tout premiers députés du POB élus au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural. Élu conseiller communal en 1890, réélu six ans plus tard, il devient échevin puis est contraint de faire fonction de bourgmestre parce qu’il a refusé de prêter serment de fidélité au roi en raison de ses convictions républicaines. Il ne sera nommé qu’en 1919, quelques semaines avant son décès. Considéré dans la région de Mons comme le père du socialisme pragmatique, Désiré Maroille apparaît comme un modéré, soucieux de calmer les actions d’éclat des ouvriers et de les inviter à s’organiser au sein de syndicats, mutualités et coopératives.
 

Mandats politiques

Conseiller communal de Frameries (1890-1919)
Echevin, bourgmestre ff (1896-1919)
Bourgmestre (1919)
Député (1894-1919)
 

Sources

ANDRÉ François, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. II