Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Désiré MERCIER

Légèrement en retrait de la chaussée de Mont Saint-Jean, devant le collège cardinal Mercier, se dresse l’imposant monument dédié au prêtre mais aussi et surtout à l’enseignant. La sculpture représente en effet le professeur-cardinal en dialogue avec un jeune étudiant en culotte courte, portant sa mallette sous son bras gauche et son calot dans la main droite. 

Réalisée en 1931, la sculpture ne sera hissée sur son socle et inaugurée que le 30 juin 1935, en présence du roi Léopold III et de la reine Astrid, comme le montre notamment une série de chromos imprimés par les chocolats « Côte d’Or », démarche qui symbolise à elle seule l’importance de l’événement auquel prirent part également le Cardinal Van Roey, le nonce apostolique Micara, plusieurs évêques, ministres et ambassadeurs. 

D’ailleurs, événement rare pour l’érection d’un monument, une cérémonie officielle a eu lieu le 17 juillet 1933 pour la bénédiction et la pose de la première pierre dudit monument ! Des discours y furent déjà prononcés, notamment par le cardinal Van Roey, le ministre de la Prévoyance sociale, Henri Carton de Wiart, et par Charles de Preter, président du comité exécutif responsable du projet. 

Le Collège Cardinal Mercier est alors en pleine phase de construction ; il a été souhaité par le cardinal qui a béni la première pierre en juin 1924 ; quelques mois avant sa disparition, il a fait une visite surprise sur le chantier, témoignant ainsi de son intérêt tout particulier pour le projet. Il ne verra cependant pas l’inauguration de cet important établissement d’enseignement primaire et secondaire dont il avait ardemment défendu la création dans sa ville natale. 
 

Statue Cardinal Mercier (Braine l’Alleud)

Les plans initiaux du Collège sont l’œuvre de l’architecte Henri Vaes qui s’occupe également de définir l’implantation du monument en l’honneur du 

Cardinal Mercier. Érigé en 1935 par l’entreprise Legrève frères, il est quelque peu décentré par rapport à la façade principale. Situé sur le côté gauche lorsqu’on fait face à l’entrée du Collège, il apparaît d’autant plus imposant que l’ensemble est surélevé par rapport à la chaussée et que la sculpture en bronze est elle-même posée sur un socle composé de 9 rangées de hauts blocs de pierre rouge.  

Au pied du socle, dans un angle créé pour faire apparaître une longue croix dans le relief de la pierre, apparaît la simple mention, aujourd’hui en lettres blanches sur fond noir : 1851 -  CARDINAL MERCIER - 1926.

À l’origine, on trouvait le même texte, mais en lettres noires sur la pierre rouge polie. 

Confié au R.P. Ephrem-Marie de Kcynia (ou Ephram-Maria de Czynia ou de Kzynia), le groupe monumental était déjà achevé en 1931. Un jeune étudiant avait posé pendant une quinzaine de jours pour ce statuaire polonais qui réalisait alors aussi la statue en bronze du Cardinal destinée aux jardins de l’Institut supérieur de Philosophie de Louvain. Pour Leuven, il représente le cardinal absorbé dans son travail d’écrivain ; pour Braine-L’Alleud, dans un style identique, il lui donne une autre stature. Familier du cardinal Mercier, Ephram-Marie de Kcynia est le dernier prêtre consacré par celui-ci. Ensemble, Mercier et de Kcynia avaient édité un ouvrage, Fioretti, les petites fleurs de S. François d’Assises où le cardinal signa la préface et l’artiste polonais une série d’aquarelles. En 1923, celui-ci signe encore une série de huit aquarelles pour illustrer l’ouvrage d’Arnold Goffin, Le Cantique des créatures de Saint-François d’Assise. Il réalisera d’autres aquarelles religieuses.  

 

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
- Xavier CAMBRON, Si le Collège m’était conté…, Braine-l’Alleud, éd. IdéeLumineuse, s.d. 
- Chronique de l’Institut supérieur de Philosophie, dans Revue néo-scolastique de philosophie, 33e année, n°30, 1931, p. 241-244 
- http://www.wiki-braine-lalleud.be/index.php5?title=Coll%C3%A8ge_Cardinal_Mercier_-_Ann%C3%A9es_1930  

Chaussée de Mont Saint-Jean 83
1420 Braine l’Alleud

carte

Paul Delforge

Beauduin Octave

Eglises

Rosoux-lez-Waremme 5/08/1873, Chevetogne 11/01/1960

Fils d’un fermier catholique à la foi vivante et bourgmestre d’un libéralisme militant, dont il gardera sans doute un esprit en rupture avec le ghetto ecclésiastique, Octave Beauduin avait pensé embrasser la vie monastique, mais il est finalement entré au séminaire de Liège. Il sera ordonné prêtre le 25 avril 1897. Après deux années d’enseignement et de surveillance au petit séminaire de Saint-Trond, il entre dans la congrégation des Aumôniers du Travail, dont la fondation en 1894 avait été encouragée par Mgr Doutreloux. Il y fait preuve de ses qualités d’entreprise en organisant à Seraing une hôtellerie ouvrière. Mais lorsque Mgr Rutten impose une orientation conservatrice à la congrégation, l’abbé Lambert revient à sa vocation première et entre au noviciat de l’abbaye du Mont-César à Louvain (octobre 1906). Séduit par la liturgie qui rythme désormais sa vie, il n’aura de cesse que celle-ci ne soit plus réservée à une élite, mais qu’elle soit « démocratisée », et devienne « source de vie pour tous les chrétiens ».

Chargé du cours de Théologie sur l’Église, l’abbé Beauduin découvre bientôt que c’est véritablement dans la messe que l’Église prend corps. Au Congrès catholique de Malines en 1909, Dom Lambert va « lancer » ce qui deviendra le mouvement liturgique. Invité par le cardinal Mercier à faire un exposé sur la liturgie, il arrive avec peine à faire accepter La vraie prière de l’Église dans la section consacrée aux Œuvres scientifiques, artistiques et littéraires, mais son projet de rendre l’intelligence de la liturgie à tous les chrétiens est appuyé en séance solennelle par le prestige de Godefroid Kurth. Dès novembre 1909, il publie une revue mensuelle La vie liturgique avec traduction et explication des messes dominicales, qui, avec l’édition flamande, est tirée dès la première année à 75.000 exemplaires. À côté de cette « revue-missel », il organise des semaines liturgiques, mais ne parvient pas à créer une école permanente comme il le souhaitait. « (…) Dans un opuscule sur La Piété de l’Église, Dom Lambert va remettre en valeur la liturgie, non comme un ensemble de cérémonies extérieures, mais comme l’acte central du Christ en son Église » (Tihon).

Après l’invasion allemande de 1914, Dom Beauduin collabore avec le cardinal Mercier à la rédaction de la fameuse Lettre de Noël 1914. Il se lance bientôt dans la résistance active et se fait passeur d’hommes. Ayant dû se réfugier aux Pays-Bas, ses activités lui font découvrir l’Angleterre et l’Église anglicane. Peu après la guerre, il entrevoit un nouveau champ d’action tourné vers les Églises orientales, mais il est nommé professeur de Théologie à Rome en 1921. Son intérêt pour l’Orient s’y épanouit de même que son ouverture à l’œcuménisme. Rentré au pays, il écrit le mémoire sur L’Église anglicane unie mais non absorbée que le cardinal Mercier lira à la Conférence de Malines avec les anglicans en 1925. Cette même année, il fonde le monastère d’Amay, qui sera transféré à Chevetogne en 1939 ; il est destiné à promouvoir l’unité chrétienne, mais est centré sur l’Orient, en s’efforçant tout d’abord de comprendre cette autre tradition par une approche scientifique mais aussi spirituelle. « (…) La défection de quelques moines et des accusations fantaisistes provoquent bientôt une intervention romaine ».

Dès 1928, Dom Lambert doit se retirer à Tancrémont, et, en 1931, il comparaît devant un tribunal romain qui l’envoie en exil dans une abbaye du Midi de la France. Après deux années de pénitence, il est obligé de rester dans ce pays comme aumônier de religieuses. Plus proche de Paris, il a de nombreux contacts avec des prêtres et des membres d’autres Églises. « (…) 

En 1942, les Dominicains lui offrent la présidence du Centre de Pastorale liturgique qu’ils viennent de fonder. Gardant son enthousiasme de jeunesse et son optimisme, il reste l’entraîneur qui ne craint pas les paradoxes et les boutades primesautières » (Tihon). Il pourra enfin regagner le monastère qu’il avait fondé et il y passera les dix dernières années de sa vie. Il meurt le 11 janvier 1960, peu après l’annonce du Concile par son ami Jean XXIII.

Sources

André TIHON, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV,  p. 54-58
Claude SOETENS, dans Biographie nationale, t. XLIV, col. 27-47
Dom Lambert Beauduin (1873-1960). In Memoriam, éditions de Chevetogne (1960)
BOUYER L., Dom Lambert Beauduin. Un homme d’Église, Paris, Cerf, 2009
LOONBEEK Raymond et MORTIAU Jacques, Dom Lambert Beauduin, visionnaire et précurseur, Paris, Cerf, Chevetogne, 2005

Mercier Désiré-Joseph

Eglises

Braine-l’Alleud 22/11/1851, Bruxelles 23/01/1926

Nommé archevêque de Malines en 1906, créé cardinal en 1907, Désiré Mercier s’impose comme une forte personnalité morale durant la Grande Guerre. Prêtre (1874), licencié en Théologie de l’Université catholique de Louvain (1877), professeur de philosophie au Petit Séminaire de Malines, directeur spirituel des séminaristes, Désiré Mercier a été le premier titulaire de la chaire de Philosophie thomiste créée à l’Université de Louvain en 1882, et le président-fondateur de l’Institut supérieur de Philosophie en 1889, ainsi que du Séminaire Léon XIII, où les futurs prêtres diocésains sont formés (1892). Il a écrit et publié de nombreux traités de philosophie et de psychologie.

 

Sources

DELFORGE Paul, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 43-44
SIMON A., Biographie nationale, 1958-1959, t. 30, col. 575-596