La nouvelle carte de la Belgique et de la France imposée par le Reich (1940-1942)

Il est malaisé de connaître précisément les intentions allemandes à l’égard de leurs voisins. Néanmoins, le nouveau statut imposé à l’ouest rencontre plusieurs des intentions (résumées à la carte précédente). Le nord de la France est rattaché à l’autorité militaire allemande établie à Bruxelles. À la tête du Militärbefehlshaber Belgien und Nordfrankreich, le Général Von Falkenhausen exerce ainsi conjointement ses prérogatives sur ces départements français et sur une Belgique amputée des communes romanes et des cantons dits rédimés. Au sein de la zone occupée est aussi créée une zone "interdite", rattachée au commandement militaire de Bruxelles ; elle s’étend de la mer du Nord jusque quasiment au lac de Genève. Quant à l’Alsace-Lorraine, elle est annexée de fait (7 juillet - 30 novembre 1940), tout comme le grand-duché de Luxembourg. Malgré quelques aménagements cette situation se poursuivra durant toute la durée de la guerre ; à partir de novembre 1943, l’Allemagne occupe la totalité de la France ; il n’y a plus alors de ligne de démarcation.

Référence
DamiA99


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Projets allemands concernant la frontière occidentale du Reich

On ne sait rien de précis sur les intentions du régime nazi à propos de la réorganisation de l’Europe. Plusieurs hypothèses ont circulé, pour « après la victoire du Reich sur la France ». Dans les milieux tournant autour d’Abetz, on ambitionnait de laisser le territoire français intact – l’Alsace et la Lorraine mises à part – afin d'assurer à la France le second rang en Europe, derrière l'Allemagne mais devant l'Italie. D’autres, au contraire, projetaient de ramener la France à ses frontières antérieures aux traités de Westphalie et même, pour certains, à 1552, (donc sans Metz, Toul et Verdun), correspondant sensiblement à la ligne de partage des eaux entre, d'une part, la Manche (Somme et Seine), et, d’autre part, la Mer du Nord (Escaut, Meuse, Moselle et Rhin), plus la Franche Comté, et même (projet le plus extrême) de soustraire à la France la Bourgogne (ducale) proprement dite. L’idée de rendre la Bretagne indépendante est aussi avancée, comme celle de l’intégrer à une confédération celte comprenant l'Ecosse, l'Irlande et le Pays de Galles.
Il ressort aussi de certains projets, vagues et non publiés, que l'Allemagne aurait annexé directement non seulement l'Alsace-Lorraine, le territoire de Belfort et le bassin de Briey, mais aussi le Nord (Flandre française de langue flamande étendue jusqu'au Cap Gris Nez), plus Lille (Ryssel), rattaché à une « grande Néerlande future », faisant elle-même partie plus ou moins intégrante du Reich ; de plus, aurait vu le jour une « Lotharingie » avec Nancy comme capitale et Léopold III comme roi, et composée des parties orientales de l'Artois et de la Picardie, de la Wallonie moins Eupen-Malmedy, de Bruxelles, de la Lorraine française (avec ou sans le Barois) et de la Franche-Comté. Cette « Grande-Bourgogne » (sans la Bourgogne…) – rêvée également par des rexistes belges – aurait formé un État tampon entre la France et l'Allemagne. La France n'aurait conservé qu'un petit fragment de sa frontière, à la source de l'Oise. Cette ligne Bruxelles-Morez correspond sensiblement à l'ancienne frontière entre la Neustrie et l'Austrasie, à celle du Saint-Empire avant les annexions françaises.

Références
DamiA98 ; FH05-228


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Stalags et oflags (1940-1945)

Convaincus de retrouver rapidement leur liberté, les soldats belges ne résistent pas quand ils sont faits prisonniers en mai 1940. Pourtant, Hitler n’entend pas les libérer de sitôt, ou plutôt il fait établir une distinction entre les soldats flamands et les soldats wallons. Les premiers sont libérés durant les premières semaines de l’occupation ; les seconds resteront enfermés dans les stalags (soldats) et des oflags (officiers) pendant les cinq années de guerre.
50.000 soldats auraient été capturés durant la Campagne des Dix-Huit Jours, 175.000 au lendemain de la capitulation. Sur ces 225.000 prisonniers de guerre belges, soit 30% de l’effectif mobilisé (650.000 hommes), l’ensemble des travaux sur le sujet estime à 145.000 le nombre de Flamands et à 80.000 les Wallons et Bruxellois. Au même moment, 200.000 autres soldats se trouvent encore libres en France ; au lendemain de l’armistice français, 25.000 de ces militaires sont transférés dans des camps en Allemagne tandis que les 175.000 autres rentrent chez eux ; dans ce cas-ci encore, l’arbitraire des Allemands ainsi que la confusion dans les ordres donnés expliquent la discrimination introduite entre des soldats partageant exactement le même sort. En tout, il y eut donc 250.000 soldats faits prisonniers et envoyés en Allemagne.
Jusqu’en février 1941, les Allemands procèdent systématiquement au rapatriement massif des prisonniers flamands, du moins des conscrits et des réservistes, ainsi que des Wallons des pays dits rédimés : entre 100.000 et 130.000 militaires retrouvent ainsi leur famille. Les Allemands rassembleront à Tibor des prisonniers de guerre originaires des provinces flamandes voire de Bruxelles. Dans les camps de l’Allemagne du Sud seront versés les soldats wallons. Progressivement, une « unification belge » se réalisera à Prenzlau puisque seuls y seront maintenus les officiers d’active alors que l’on ne trouvera à Fischbeck que la « réserve francophone ».
Le chiffre des prisonniers de guerre varie suivant les sources et les moments. Il reste en septembre 1944 66.481 soldats prisonniers ; et seulement un millier rentrera entre le 4 septembre 1944 et le 1er avril 1945… Pendant les cinq années de guerre, 65.000 prisonniers de guerre, essentiellement des Wallons, sont gardés en captivité dont 4.000 officiers.

Références
LoPG-621 ; PG30 ; VDL94


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La réorganisation administrative de la Belgique imposée par l’occupant (1917-1918)

Appelés à administrer la Belgique, les Allemands en viennent rapidement à réorganiser profondément l’État. Bras droit de l’empereur, un gouverneur général dirige le pays : von Bissing d’abord, von Falkenhausen ensuite. Rencontrant dans un premier temps des revendications exprimées par le Mouvement flamand, l’occupant va plus loin et décide d’une séparation administrative de la Belgique. « Il est formé en Belgique deux régions administratives dont l’une comprend les provinces d’Anvers, de Limbourg, de Flandre orientale et de Flandre occidentale, ainsi que les arrondissements de Bruxelles et de Lou¬vain ; l’autre (comprend) les provinces de Hainaut, de Liège, de Luxembourg et de Namur. L’administration de la première de ces deux régions sera dirigée de Bruxelles ; celle de la deuxième, de Namur » (décret du 21 mars 1917). Pour la première fois de manière aussi claire, sont définies officiellement les limites d’un territoire administratif appelé la Flandre et d’un autre appelé la Wallonie. Bruxelles est considérée comme ville flamande. La partie romane du Brabant est répartie entre les provinces de Hainaut et de Namur. Au printemps 1918, l’occupant envisagera sérieusement de constituer une « Union de la Flandre et de la Wallonie sous une couronne unique ».

Référence
WPgM_Carte_8


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Ettapengebiet (1915-1918)

Pendant les quatre années de la guerre, la Belgique dépend à la fois des autorités militaires et du gouverneur général. En janvier 1915, le territoire belge s’accroît des territoires français de Fumay, Givet et Maubeuge. Procédant à sa réorganisation intérieure, les Allemands créent d’emblée deux zones bien distinctes en soustrayant au territoire occupé (Okkupationgebiet) d’une part, le district des Étapes (Etappengebiet) et la zone des armées d’autre part. Le district des Étapes est soumis à la seule autorité militaire qui autorise, ou non, l’application des décisions du gouvernement général prises à Bruxelles. Placée d’abord sous l’autorité de la 4e armée allemande, l’Etappengebiet se compose de la partie de la province de Flandre occidentale au nord de l’Yser, d’une grande partie de la province de Flandre orientale, l’extrême ouest de la province de Hainaut et de l’extrême sud de la province du Luxembourg. L’étendue du domaine des Étapes varie avec le temps.

Référence
PaSLq-dep ; WPgM_Carte_6


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