Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Fontaine Jean-François Ortmans-Hauzeur

Située au carrefour des rues Ortmans, des Raines, des Alliés, des Sottais et du Collège, à Verviers, le monument fontaine édifié à la mémoire de Jean-François Ortmans (1806-1885) est l’une des plus grandes fontaines murales de Wallonie, avec ses 15 mètres de haut et ses 13 mètres de large. 

Par la décision prise en 1891, les Verviétois et leurs autorités entendaient montrer toute leur reconnaissance à leur bourgmestre récemment décédé ; ils voulaient mettre en évidence son opiniâtreté pour amener l’eau courante et potable à l’intérieur des maisons, tout en dotant l’industrie lainière d’un nouvel instrument de développement économique, par la construction de l’impressionnant barrage de la Gileppe. Industriel lui-même, chimiste de formation, Jean-François Ortmans-Hauzeur avait mené de pair une carrière dans la teinturerie industrielle et dans la politique. Député libéral de 1874 à 1885, il avait consacré 36 ans de son existence à sa ville, en tant qu’échevin d’abord (1849-1854), comme bourgmestre ensuite (1854-1885).

Placé dans la partie supérieure de l’immense fontaine, le buste d’Ortmans-Hauzeur occupe une position centrale ; tous les regards doivent converger vers celui qui a introduit la distribution d’eau à Verviers. Gravés sur une des deux pierres bleues latérales (à gauche), les lettres d’or insistent fortement sur ce point :

«  1878
Ortmans-Hauzeur
réalisa
la
distribution d’eau
de la
Gileppe »
De l’autre côté, sur une autre pierre bleue (à droite), sont inscrits les mots suivants :
« Au
bourgmestre
Ortmans-Hauzeur
1854-1885
ses concitoyens
reconnaissants ».

 

Fontaine monumentale Jean-François Ortmans-Hauzeur

La réalisation de l’ensemble du monument-fontaine a été confiée à Clément Vivroux (1831-1896). Pour cette œuvre d’inspiration néo-classique, il a eu recours, à la fois, à la pierre de taille, au bronze et au calcaire. Placé sur un socle, le buste s’inscrit dans une alcôve en forme de coquillage, le tout entouré de deux fois deux colonnes. Sur le fronton, une femme symbolisant la ville de Verviers tient dans sa main une pièce de drap évoquant l’activité industrielle. Plusieurs allusions à l’eau émaillent le monument : coquillages, amphores et bien sûr le liquide lui-même (provenant du réseau de distribution), qui dévale des bandeaux sculptés imitant des vagues ou des rideaux d’eau (cinq bassins). À la fois architecte et sculpteur, Clément Vivroux semble s’être inspiré de la fontaine Saint-Michel à Paris.

Par ailleurs, Vivroux a aussi signé la fontaine David à Verviers et quatre « pères de l’Église » (en pierre de France) dans l’église Saint-Remacle. Frère d’Auguste Vivroux, Clément appartient à une dynastie liégeoise qui s’adonne à la sculpture, à la peinture et à l’architecture depuis le début du XIXe siècle et jusqu’à la fin du XXe siècle, signant de multiples constructions dans l’est de la Wallonie.




Renseignements communiqués par Jean-François Potelle (janvier 2014)
Paul Delforge, La distribution d’eau à Verviers au XIXe siècle, Université de Liège, 1985.
DESHOUGNES, La petite histoire de la Gileppe, Verviers, 1949.
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 142-152.

Rue des Raines et rue des Alliés
4800 Verviers

carte

Paul Delforge

Ortmans-Hauzeur Jean-François

Politique

Verviers 5/08/1806, Verviers 2/02/1885

Bourgmestre de Verviers durant trente ans, Jean-François Ortmans-Hauzeur a marqué l’histoire de sa cité en apportant son soutien inconditionnel au projet de construction d’un imposant barrage de retenue d’eau dans la petite vallée de la Gileppe. À l’époque (deuxième moitié du XIXe siècle), il s’agissait d’une remarquable réalisation de l’ingénierie wallonne : cette prouesse retenait le plus grand volume d’eau d’Europe (12 millions de m³) et présentait le deuxième mur le plus haut d’Europe.

Né dans une famille d’industriels verviétois, Jean-François Ortmans-Hauzeur fait des études de Chimie industrielle avant de reprendre la teinturerie industrielle que son père avait fondée ; conseiller communal élu en 1848, il devient d’emblée échevin (1849-1854), avant de remplir la fonction maïorale durant trente ans (1855-1885). Membre actif au sein du parti libéral, il siège à la Chambre de 1874 à 1885. Il était encore le président-fondateur de la Société verviétoise pour la construction d'habitations d'ouvriers (1861), président-cofondateur de la Société industrielle et commerciale de Verviers (1863) et membre du Cabinet littéraire de Verviers.

Dans le succès du projet colossal que représente la construction du barrage de La Gileppe, le rôle de Jean-François Ortmans-Hauzeur est essentiel. Dès la première heure, il est convaincu de la nécessité d’un seul barrage, puis d’une distribution d’eau industrielle et ménagère, et par conséquent d’un aqueduc ; enfin, il est persuadé de l’intérêt de l’installation du mur le plus élevé en amont de la zone calcaire dans la vallée de la Gileppe. C’est aussi lui qui négocie habilement avec les gouvernements qui se succèdent de 1856 à 1877, et obtient ainsi des interventions substantielles de l’État. Il aura le plaisir d’inaugurer « son enfant » et, en l’honneur de celui qui leur apporta l’eau courante, les Verviétois feront ériger une fontaine monumentale, dans le bas de la ville. Il s’agit de la plus grande fontaine murale de Wallonie.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Verviers (1848-1885)
Échevin (1849-1854)
Bourgmestre (1855-1885)
Député (1874-1885)

 

Sources

Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GERARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 446-447.
Paul Delforge, La distribution d’eau à Verviers au XIXe siècle, Université de Liège, 1985