Jo Van Hove

Maison Maugré

La maison Maugré fut également appelée « maison des Monnayeurs » et date des 18e et 19e siècles. 

Vu depuis la place, seul le premier tiers gauche de l’édifice date de la seconde moitié du 18e siècle. 

À cette époque, il appartient à Remacle Henry, connu pour avoir réalisé un certain nombre d’ouvrages pour le roi de France et le duc de Bouillon. 

À sa mort, le bien est transmis à sa nièce, Élisabeth-Sophie Bourgeois et son époux Richard Chauchet, avocat à la Cour souveraine du duché de Bouillon. Issu d’une famille renommée d’architectes ayant participé aux fortifications de la ville, il devient une des personnalités bourgeoises incontournables de Bouillon après la Révolution française. Il fut notamment sénateur à partir de 1831 et bourgmestre de Bouillon en 1836. C’est à lui que l’on doit la construction de la totalité du bâtiment actuel en façade de la place des Champs-Prévôts. 

En 1852, l’immeuble devient propriété de la famille Ozeray dont plusieurs membres laissent leur nom dans l’Histoire. Michel Ozeray fut le premier à écrire une synthèse sur l’histoire du duché de Bouillon ; Jules Ozeray fut sénateur et bourgmestre au moment de la guerre franco-prussienne de 1870 ; Madeleine était une comédienne célèbre de l’Entre-deux-Guerres, égérie de Louis Jouvet et emblématique interprète de l’Ondine de Jean Giraudoux.

Place des Champs-Prévôts 10 
6830 Bouillon

carte

Classée comme monument le 29 mars 1976

Institut du Patrimoine wallon

Ozeray Madeleine

Culture, Cinéma, Théâtre

Bouillon 13/09/1908, Paris 29/03/1989

Comédienne et actrice, muse du metteur en scène Louis Jouvet, inspiratrice de Jean Giraudoux, Madeleine Ozeray a connu la gloire dans son pays et à Paris, dans les années 1930. Les années d’après-Guerre l’éloignent durablement du monde de la scène et du cinéma ; de retour dans sa région natale, elle lance le musée ducal de Bouillon, en 1948.

Issue d’une famille aisée, Madeleine Ozeray développe très tôt un goût pour la littérature classique, notamment Molière et La Fontaine, en flânant le long de la Semois, à Bouillon. Inscrite au Conservatoire de Bruxelles (1923), diplômée d’un premier prix en art dramatique (1927), elle se fait un nom dans le théâtre (1931), en jouant sous la direction du metteur en scène Raymond Rouleau, la pièce de l’Autrichien Bruckner, Le mal de la jeunesse, au Théâtre des Galeries de Bruxelles. Créée à Paris également, la pièce y connaît un immense succès. L’année suivante, Madeleine Ozeray apparaît au cinéma, dans La guerre des valses, du réalisateur Ludwig Berger, pour lequel elle joue la reine Victoria. C’est à cette même époque qu’elle rencontre le metteur en scène Louis Jouvet, qui deviendra son compagnon (1934), et donnera un nouvel envol à sa carrière. Comme beaucoup de comédiennes de théâtre de l’époque, elle est fortement sollicitée par le cinéma : avant la Seconde Guerre mondiale, elle tourne dans dix-sept films, notamment Liliom (1934), Ramuntcho (1938) et La fin du jour (1939).

Restant fidèle à la scène, les succès s’enchaînent avec Tessa (1934), pièce adaptée par Jean Giraudoux – Jouvet met le plus souvent en scène des créations de cet auteur –, La guerre de Troie n’aura pas lieu (1935), dans laquelle Madeleine Ozeray joue Hélène, L’école des femmes de Molière (1936) – «  Mademoiselle Ozeray joue Agnès avec un succès épatant », écrit Collette – Electre (1937), Le Corsaire (1938), de Marcel Achard, dans laquelle elle joue avec Jouvet. Son plus grand succès, Ondine (1939) de Jean Giraudoux, bat tous les records en termes de recettes. Alors qu’elle est au sommet de sa gloire, Madeleine Ozeray, qui a pris la nationalité française, part, avec Jouvet et sa troupe, en Amérique du Sud, en juin 1941, pour une tournée théâtrale financée par le gouvernement de Vichy. Sa rupture avec celui qui fut son mentor pendant une dizaine d’années brise brutalement ses rêves : à son retour, en 1947, les théâtres parisiens lui restent délibérément fermés.

En Belgique, par contre, elle est accueillie avec les honneurs et, avec le soutien de Pierre Nothomb notamment, elle multiplie les initiatives dans sa région natale : elle fonde, en 1948, le musée ducal, et crée une pièce au Château du Pont d’Oye à Habay. Se spécialisant dans les récitals de poésie autour de Péguy, Musset, de Nerval et Van Lerberghe, Madeleine Ozeray est nommée professeure de poésie et de littérature, à l’École des Comédiens de la rue Blanche, et d’art dramatique, à l’École normale des Batignolles, à Paris.

Dans les années 1970, elle joue encore la mère d’Alain Delon dans La race des seigneurs (1973) et celle de Philippe Noiret, deux années plus tard, dans Le vieux fusil (1975). C’est à cette époque que la Belgique lui décerne le titre de Chevalier de l’Ordre de la Couronne et qu’en France, elle reçoit la médaille de Commandeur des Arts et des lettres des mains de Jack Lang, alors ministre de la Culture.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir, 26 juin 2001, Le Soir, 10 juillet 2008, L’Avenir, 11 juillet 2008
Dominique ZACHARY, Madeleine Ozeray : Ondine de la Semois, Bruxelles, Racine, 2008
Dominique ZACHARY, dans Nouvelle Biographie nationale, t. X, p. 303-304

Œuvres principales

Le mal de la jeunesse, théâtre (1931)
La guerre des valses, cinéma (1932)
Knock ou le triomphe de la médecine, théâtre (1932)
Tessa, théâtre (1934)
Liliom, cinéma (1934)
La guerre de Trois n’aura pas lieu, théâtre (1935)
L’école des femmes, théâtre (1936)
Electre, théâtre (1937)
Le Corsaire, théâtre (1938)
Ramuntcho, film (1938)
La fin du jour, cinéma (1939)
Ondine, théâtre (1939)
La race des seigneurs, cinéma (1973)
Le vieux fusil, cinéma (1975)