Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Mémorial PATTON à Bastogne

Si les forces alliées libèrent les villes wallonnes en septembre 1944, l’Allemagne hitlérienne tente une contre-offensive à hauteur de l’Ardenne à partir du 16 décembre 1944. L’attaque surprise du maréchal von Rundstedt vise les ponts de la Meuse et à séparer les armées anglaises des forces américaines pour reprendre le port d’Anvers. 

C’est autour de Bastogne que la bataille décisive se déroule au cours d’un hiver particulièrement terrible. Encerclées par la 5e Panzer Armee, les troupes alliées parviennent à résister et reçoivent finalement l’aide de l’aviation, avant que la division blindée de George Patton entre dans la ville le 26 décembre, créant un couloir de communication entre les défenseurs de Bastogne et les renforts. L’accomplissement de ce fait d’armes était remarquable. Quelques années après la Libération, une série de monuments seront érigés pour honorer les libérateurs. Parmi ceux-ci, le monument Patton (1885-1945) rend hommage au général américain qui commanda notamment la 7e, puis la 3e armée des États-Unis lors de la libération de l’Europe. 

George Smith Patton Jr.

Depuis son plus jeune âge, servir l’armée américaine est l’objectif de George Smith Patton Jr. Actif au Mexique contre Pancho Villa, en Europe de l’ouest lors de la Grande Guerre, il est un ardent défenseur d’un accroissement de la puissance matérielle de l’armée US. Ayant débarqué au Maroc en 1942, il mène la campagne de Tunisie, conduit les troupes de la 7e armée en Sicile et arrive le premier à Messine (17 août 1943). Après le débarquement en Normandie, il reçoit le commandement de la 3e armée, mène une guerre éclair jusqu’en Lorraine, se montre décisif dans la bataille des Ardennes et poursuit sa route vers l’Allemagne. Nommé brièvement gouverneur militaire de la Bavière, avant d’être affecté au commandement de la 15e armée, il est victime d’un accident de la route et succombe à ses blessures (21 décembre), un an presque jour pour jour après la libération de Bastogne.

C’est en 1963 qu’a été inauguré le mémorial Patton à Bastogne, en présence du lieutenant John Waters, petit-fils de Patton. Le monument est alors situé dans un espace vert compris entre la rue Merceny et la place de la rue Joseph Renkin. En 2010, le mémorial est déplacé d’une trentaine de mètres ; il fait l’objet d’une rénovation et d’un entretien total avant d’être installé le long de la chaussée d’Arlon, sur un site renommé place Général Patton. Avec l’aide du ministre wallon du Tourisme, et à l’initiative des autorités locales, un nouvel espace est aménagé à partir de 2009 ; il est inauguré le 17 juillet 2010. Un large espace est laissé autour du monument réalisé par Marcel Rau (1886-1966).

Mémorial Patton

Le sculpteur Marcel Rau

Sculpteur et médailliste, formé auprès du sculpteur Paul Dubois à l’académie des Beaux-Arts de Bruxelles, sa ville natale, Rau a également suivi les cours de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Prix de Rome de sculpture en 1909, il séjourne en Italie avant d’installer son atelier à Ixelles. Après la Grande Guerre, il obtient de nombreuses commandes publiques pour des bas-reliefs ou des monuments aux victimes de la guerre, souvent à Bruxelles, mais pas uniquement. 

Ainsi est-il l’auteur du Mineur que l’on pouvait voir sur les pièces de 50 centimes de francs belges qui circulèrent après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi contribue-t-il, avec Louis Dupont et Robert Massart, au Mémorial Albert Ier, inauguré sur l’île Monsin le 5 août 1939. Adossée à la tour, la statue du roi a une hauteur de 16 mètres. Moins grand est le masque du général Patton, gravé dans la pierre, et portant un casque étoilé. 

Les yeux du commandant scrutent l’horizon, tandis que les traits montrent un homme décidé. Le nom PATTON est simplement gravé dans la pierre, de même que le nom de l’artiste (en bas, à droite). Une autre statue est dédiée au général Patton à l’Académie militaire de West Point, où il s’était formé au début du XXe siècle.




Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
http://www.hetstillepand.be/rau.html
http://www.reflexcity.net/bruxelles/personnes-celebres/sculpteurs/sculpteur-marcel-rau (sv. février 2014)

Place Merceny (1963)
Puis place Général Patton
6600 Bastogne

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument FONCK

Antoine Fonck est le premier soldat de l’Armée belge tombé lors de l’invasion allemande du 4 août 1914. Il avait été envoyé en éclaireur afin de se renseigner sur les mouvements de l’armée allemande. Quelques heures auparavant, la demande impériale d’un libre passage à travers la Belgique a été refusée. Quant à l’ultimatum allemand, il vient d’expirer. Arrivé à proximité de Henri-Chapelle, l’éclaireur n’est donc pas étonné outre mesure d’apercevoir un petit groupe de Uhlans. Il parvient à toucher l’un d’eux, tandis que les autres se dispersent. Remontant sur son cheval pour poursuivre son observation, Fonck est pris pour cible. Il s’écroule, mort, au lieu-dit La Croix Polinard. Il est la première victime de l’invasion allemande en Belgique. Jusque-là, ce Verviétois, né en 1893 et orphelin très jeune, avait travaillé dans un commerce avant de s’engager pour trois dans l’Armée belge. Cavalier au 2e Régiment des Lanciers, il venait de quitter l’armée (mai 1914), lorsqu’il est rappelé sous les drapeaux, le 28 juillet 1914. Enterré au cimetière de Thimister début août 1914, Antoine Fonck est honoré par un monument au sortir de la Grande Guerre. En honorant spécifiquement Antoine Fonck, ce monument est singulier ; il est en effet quasiment le seul dans l’espace public wallon à mettre en évidence un soldat particulier (à Charleroi, Trésignies bénéficie du même traitement) ; dans la plupart des cas, la sculpture représente « un » soldat, l’identification des victimes ne se marquant que par la présence des noms gravés sur le monument.

Monument du cavalier Fonck

D’ailleurs, l’initiative du monument aujourd’hui communément appelé « monument cavalier Fonck » remonte à l’année 1915. Le Comité de Secours local avait adressé une demande au collège communal, visant à organiser une souscription publique pour élever un monument aux soldats de la commune tombés au champ d’honneur, ainsi qu’au lancier Fonck. Dès novembre 1915, c’est-à-dire toujours sous l’occupation allemande, les autorités communales de Thimister donnent leur accord, en précisant que les sommes seraient recueillies après la cessation des hostilités… Après l’Armistice, la réalisation du monument est confiée à Marcel Rau (1886 ou 1887-1966) et l’inauguration se déroule le 23 août 1923. Depuis ce moment, chaque année, à l’initiative des autorités locales, un hommage est rendu le 1er dimanche du mois d’août.

Situé au bord de la grand route, le monument montre un cavalier et sa monture, du moins les rep

résente à mi-corps pour le soldat qui scrute l’horizon, et jusqu’à hauteur du cou pour le cheval. Sculpté dans la pierre, dans une attitude dynamique, l’ensemble est placé sur un haut socle rectangulaire, en pierres. Sur la face avant, la dédicace mentionne :

ICI
EST TOMBÉ GLORIEUSEMENT
LE 4 AOÛT 1914
LE CAVALIER
FONCK A.A.
DU 2E RÉGIMENT DE LANCIERS
PREMIER SOLDAT DE L’ARMEE BELGE
MORT À L’ENNEMI
AU COURS DE LA GRANDE GUERRE
1914-1918

Sous cet ensemble, une base plus large surélève encore l’ensemble, tout en gommant la légère déclivité du sol. Sur la partie avant, en contre-bas, figure le même texte que ci-dessus rédigé en néerlandais.

Le monument a été réalisé par Marcel Rau, sculpteur et médailliste, formé auprès du sculpteur Paul Dubois à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, sa ville natale. Marcel Rau a également suivi les cours de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Prix de Rome de sculpture en 1909, il séjourne en Italie avant d’installer son atelier à Ixelles. Parallèlement à son activité de sculpteur, il joue un rôle important dans la réforme de l’enseignement des arts décoratifs et de l’architecture en

 tant qu’inspecteur dans l’enseignement de l’État. Après la Grande Guerre, il obtient de nombreuses commandes publiques, diverses et variées comme la tête du mineur sur les anciennes pièces de 50 centimes de franc belge ; le mémorial Albert Ier sur l’île Monsin à Liège (1939) ; le masque du général Patton à Bastogne (1963) ; les exemples pourraient être multipliés pour ce sculpteur fort sollicité au lendemain de la Grande Guerre : il réalisé alors de nombreux bas-reliefs et monuments aux victimes de la guerre, à Bruxelles surtout, mais aussi en Wallonie, comme le cavalier Fonck, à Thimister.

Sources

Jean DE THIER et Olympe GILBART, Liège pendant la Grande Guerre, t. I. Liège héroïque, Liège, Bénard, 1919, p. 49
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
http://www.reflexcity.net/bruxelles/personnes-celebres/sculpteurs/sculpteur-marcel-rau (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 337
Laurence VAN YPERSELE, La patrie en guerre : de l’idolâtrie meurtrière au culte des morts (la Belgique, 1914-1924), dans Ralph DEKONINCK et Myriam WATTHEE-DELMOTTE (dir.), L’idole dans l’imaginaire occidental, Paris/Budapest/Turin, L’Harmattan, 2005, p. 249

Route de Stockis
4890 Thimister

carte

Paul Delforge