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Rodolphe de Hainaut

Politique

Lieu et date de naissance inconnus, lieu de décès inconnus en Bohême à une date imprécise, peut-être 964

Propriétaires de biens relativement dispersés, à la tête de plusieurs pagi initialement du côté de la Meuse, les Régnier feront souche en Hainaut, se concentrant dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. Profitant de la faiblesse de leur suzerain, ils vont imposer non seulement leur nom, mais surtout leur pouvoir personnel dès le début du Xe siècle, à partir de leur résidence fortifiée établie à Mons.

Fils puîné de Régnier II, frère de Régnier III, Rodolphe semble hériter de deux comtés, celui de Maasgau (approximativement le Limbourg hollandais actuel) et celui de Hasbania (approximativement la Hesbaye orientale) vers 940. Lorsque Régnier III prend les armes et se soulève contre les princes voisins afin de consolider sa puissance entre l’Escaut et la Meuse, autant contre l’empereur que contre le roi de France, Rodolphe s’allie à son frère. Le premier, le roi de France réagit en s’emparant de Mons et de la famille de Régnier III. Duc de Lotharingie et frère d’Otton Ier, Bruno parvient, quant à lui, à rétablir l’autorité impériale. En 958, il condamne les frères Régnier III et Rodolphe à l’exil en Bohême et confisque tous les biens et propriétés de cette famille ; les enfants trouvent refuge en France, tandis que leurs pères ne reverront jamais leur terre natale.

 

Sources

Léon VANDERKINDERE, dans Biographie nationale, t. XVIII, col. 870-879
Léon VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, Bruxelles (Henri Lamertin), 1902, t. II, p. 159-183
Maurice-A. ARNOULD, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Recueil d'études d'histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, édité par Jean-Marie CAUCHIES et par Jean-Marie DUVOSQUEL, Mons, Analectes d’histoire du Hainaut, Hannonia, 1983, t. I, p. 25-50

Richilde

Politique

Mons 1027, Messines 15/03/1087

Depuis Régnier III qui rétablit sa famille à la tête du comté de Hainaut en 958, cinq noms se sont succédé avant que n’émerge Herman, fils de Régnier V, décédé en 1039. Peu de temps après la disparition de son père, Herman épouse Richilde, fille des comtes alsaciens d’Eguisheim et de Dagsbourg. Forte personnalité, Richilde s’implique dans les affaires du comté wallon ; elle conteste même le choix de Herman de s’allier à Godefroy de Basse-Lotharingie et à Baudouin V contre l’empereur (milieu des années 1040). À la mort de son père vers 1048/1049, Richilde apporte à son mari le marquisat de Valenciennes, reconstituant à peu de choses près le territoire sur lequel Régnier Ier exerçait son pouvoir.

Quand meurt Herman, vers 1049/1050, Richilde écarte ses enfants de la succession et devient la dernière de la lignée des Régnier, quand elle se remarie, en 1051, avec Baudouin Ier, héritier présomptif de la maison de Flandre. Ce mariage semble le prix à payer par Richilde de Hainaut pour empêcher son comté de tomber entre les mains du roi de Germanie ou entre celles du roi de Francie.

L’union de Richilde et de Baudouin Ier de Hainaut est célébrée à Mons en décembre 1051, mais le mariage est controversé, car il n’a pas été autorisé par l’empereur et il s’en suit plusieurs années de guerres. En 1067, Baudouin de Hainaut hérite de son père Baudouin V de Flandre et va régner jusqu’à sa mort sur la Flandre, unissant les destinées de ce comté à celui de Hainaut l’espace de trois années, puisque Baudouin VI meurt en 1070, laissant Richilde à nouveau veuve et surtout seule, son fils aîné, Arnould, comte de Flandre et de Hainaut étant tué en 1071, près de Cassel, au cours d’une bataille : Robert le Frison, son beau-frère, s’empare alors du comté de Flandre.

Cherchant une aide extérieure (1071), Richilde, héritière du Hainaut, obtient le soutien de la principauté de Liège. Par le traité de Fosses, le comté de Hainaut devient un fief de l’Église de Liège, tout en conservant son autonomie politique. Comme l’a écrit Léon-E. Halkin, cette association, en d’autres circonstances, eût pu créer une puissance wallonne. En contrepartie, l’évêque de Liège lève une armée pour aider le Hainaut à combattre le comte de Flandre, mais Robert le Frison remporte d’emblée, en 1072, une victoire éclatante à Broqueroie contre les coalisés wallons. En 1085, le traité de paix maintient le statu quo de 1071 (hormis la ville de Douai), et le comté de Hainaut demeure un fief de Liège sur le plan spirituel. C’est ce statut dont dispose le Hainaut quand Richilde meurt en 1087. Réfugiée à Saint-Hubert en raison du danger que lui a fait courir le comte de Chiny, elle partageait la direction du Hainaut, depuis 1071, avec son second fils, Baudouin II, qui lui succède.

 

Sources

Henri PIRENNE, dans Biographie nationale, t. XIX, col. 293-300

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Régnier IV

Politique

circa 947, 1013

Après le règne très agité de son père, Régnier III dit au Long Col, Régnier IV s’avère un vassal du roi de Germanie beaucoup plus calme, du moins quand l’empereur Otton II consent à lui rendre un des titres de son père, le comté de Hainaut. Par rapport aux titres et aux biens dont disposait Régnier III, ce comté représente peu de choses. Mais, en 958, Bruno, duc de Lotharingie, avait réussi à mâter le trublion et l’avait envoyé en exil en Bohême, privant sa famille de tous ses biens. Après avoir trouvé refuge auprès du roi de France, Régnier IV et son frère Lambert reprennent le Hainaut par la force, en éliminant physiquement les comtes désignés par l’empereur. Afin de pacifier la région, Otton II finira, en 977, par concéder à Régnier IV le comté de Hainaut et à Lambert le comté de Louvain. Régnier IV devra attendre 998 pour récupérer aussi la place de Mons.

 

Sources

Léon VANDERKINDERE, dans Biographie nationale, t. XVIII, col. 879
Léon VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Age, Bruxelles (Henri Lamertin), 1902
Maurice-A. ARNOULD, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Recueil d'études d'histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, édité par Jean-Marie CAUCHIES et par Jean-Marie DUVOSQUEL, Mons, Analectes d’histoire du Hainaut, Hannonia, 1983, t. I, p. 25-50
Mélanie DE CLERFAYT, Le Château des comtes de Hainaut à Mons (du Xe au XXIe siècle), Charleroi, asbl Hainaut culture et démocratie, 2002
Claire BILLEN, Xavier CANONNE, Jean-Marie DUVOSQUEL, Hainaut. 1000 ans pour l’avenir, Anvers, Fonds Mercator, 1998
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 219

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Régnier III

Politique

dit au Long col

Lieu et date de naissance inconnus, lieu de décès inconnus en Bohême à une date imprécise, 958 ou 973, selon les sources

Propriétaires de biens relativement dispersés, à la tête de plusieurs pagi initialement du côté de la Meuse, les Régnier feront souche en Hainaut, se concentrant dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. Profitant de la faiblesse de leur suzerain, ils vont imposer non seulement leur nom, mais surtout leur pouvoir personnel dès le début du Xe siècle, à partir de leur résidence fortifiée établie à Mons.

Fils aîné de Régnier II, Régnier III semble hériter, dès 939, de son oncle, Gislebert, du comté de Luighau, territoire compris entre la Meuse, l’Ourthe et la Gueule, soit sur ce qui deviendra les comtés de Dalhem et Limbourg, ainsi que le marquisat de Franchimont, avant de recevoir de son père (s’il est bien mort en 940) le comté de Hainaut. Ses prédécesseurs avaient fortement contribué à placer la Lotharingie sous la suzeraineté du roi de Germanie et bien qu’il souhaite s’émanciper, Régnier III reconnaît, dans un premier temps, l’autorité de l’empereur Otton Ier. Pourtant, comme son grand-père, Régnier n’hésite pas à prendre les armes et à se soulever, même contre l’empereur. 

En ces temps agités, où l’empereur joue la carte de l’Église impériale et place ses pions dans l’évêché de Liège, Régnier III n’a de cesse d’éliminer ceux qui font – ou qui pourraient faire – de l’ombre à sa puissance entre l’Escaut et la Meuse. Ainsi, quand Rathier, jusque-là moine à l’abbaye de Lobbes, est nommé à la tête du diocèse de Liège, Régnier vient aider l’aristocratie liégeoise et le clergé local, en profite pour détruire le château de Thuin, propriété de l’évêque jugée trop avancée dans « ses » terres sambriennes, et place son neveu sur le siège épiscopal. L’empereur n’est pas la seule cible de Régnier III qui lorgne aussi vers le sud et n’hésite pas à s’en prendre à des vassaux du roi de France ; sur les terres d’entre Ourthe-et-Meuse de son frère Rodolphe, Régnier provoque encore l’empereur, tout en ciblant les riches abbayes du pays mosan et mosellan, celle de Lobbes étant tombée dans son escarcelle grâce à son neveu. S’il convoite leur potentiel économique et se montre lui-même peu scrupuleux, Régnier III se montre particulièrement intraitable à l’égard des moines et des prêtres avec la discipline et le respect des principes religieux ; son règne sera marqué par un soutien inconditionnel à de profondes réformes qui, au final, doivent renforcer son pouvoir.

Le premier, le roi de France réagit contre ce voisin envahissant ; des troupes françaises occupent la place de Mons et s’emparent de la famille de Régnier III. Duc de Lotharingie et frère d’Otton Ier, Bruno parvient, quant à lui, à rétablir l’autorité impériale. En 957, il obtient la reddition, puis l’exil en Bohême de Régnier III ; il intervient ensuite dans la succession de Baldéric (mort en 959), en faisant élire Eracle comme prince-évêque ; il reprend enfin le contrôle de l’espace lotharingien, en divisant le territoire en Basse et en Haute Lotharingie. Dans ses sentences, Bruno condamne aussi à l’exil Rodolphe, frère de Régnier III, et confisque tous les biens et propriétés de cette famille ; les enfants trouvent refuge en France, tandis que leurs pères ne reverront jamais leur terre natale. La rébellion des ambitieux Régnier était définitivement mâtée. Des enfants de Régnier III, Lambert deviendra comte de Louvain et Régnier IV conservera le comté de Hainaut.

 

Sources

Léon VANDERKINDERE, dans Biographie nationale, t. XVIII, col. 875-879
Léon VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, Bruxelles (Henri Lamertin), 1902, t. II, p. 159-183
Maurice-A. ARNOULD, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Recueil d’études d’histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, édité par Jean-Marie CAUCHIES et par Jean-Marie DUVOSQUEL, Mons, Analectes d’histoire du Hainaut, Hannonia, 1983, t. I, p. 25-50
Mélanie DE CLERFAYT, Le Château des comtes de Hainaut à Mons (du Xe au XXIe siècle), Charleroi, asbl Hainaut culture et démocratie, 2002
Claire BILLEN, Xavier CANONNE, Jean-Marie DUVOSQUEL, Hainaut. 1000 ans pour l’avenir, Anvers, Fonds Mercator, 1998
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 219

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Régnier II

Politique

Lieu de naissance inconnu circa 890 (en tout cas avant 901), lieu de décès inconnu en 940 (peut-être en 932)

À la mort de Régnier Ier, c’est Gislebert, le fils aîné de cette riche et puissante famille aristocratique, qui est le principal héritier des titres et biens familiaux. En tant que deuxième fils, Régnier n’obtient de titre, en l’occurrence comte de Hainaut, qu’en 925, lorsque le roi de Germanie, Henri l’Oiseleur, annexe la Lotharingie à la Francie orientale. Dans la lutte entre Francie occidentale et Francie orientale, les Régnier contribuent au rattachement de la Lotharingie dont ils étaient les vassaux au royaume allemand plutôt qu’à la France. L’espace wallon entre ainsi pour plusieurs siècles dans l’espace institutionnel germanique et l’empereur donne à Régnier le titre dont son père avait été privé lorsqu’il était tombé en disgrâce, vers 898.

Régnier II sera comte de Hainaut de 925 à sa mort, dont on ne sait si elle remonte à 932 ou à 940. Durant son règne, le comté de Hainaut eut à subir quelques dévastations en raison de la guerre que se menèrent les deux frères, Gislebert et Régnier. Le successeur de ce dernier sera son fils aîné Régnier III, dit au Long col.

 

Sources

Léon VANDERKINDERE, dans Biographie nationale, t. XVIII, col. 875
Léon VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Age, Bruxelles (Henri Lamertin), 1902
Maurice-A. ARNOULD, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Recueil d'études d'histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, édité par Jean-Marie CAUCHIES et par Jean-Marie DUVOSQUEL, Mons, Analectes d’histoire du Hainaut, Hannonia, 1983, t. I, p. 25-50
Mélanie DE CLERFAYT, Le Château des comtes de Hainaut à Mons (du Xe au XXIe siècle), Charleroi, asbl Hainaut culture et démocratie, 2002
Claire BILLEN, Xavier CANONNE, Jean-Marie DUVOSQUEL, Hainaut. 1000 ans pour l’avenir, Anvers, Fonds Mercator, 1998
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 219

Régnier Ier

Politique

Lieu de naissance inconnu circa 850, Meerssen entre le 25/08/915 et le 19/01/916

Propriétaires de biens relativement dispersés, à la tête de plusieurs pagi initialement du côté de la Meuse, les Régnier feront souche en Hainaut, se concentrant dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. Profitant de la faiblesse de leur suzerain, ils vont imposer non seulement leur nom, mais surtout leur pouvoir personnel dès le début du Xe siècle, à partir de leur résidence fortifiée établie à Mons.

Si beaucoup de prudence doit guider à cerner le personnage de Régnier Ier, celui qui va donner son nom à la famille apparaît, sans conteste, comme un homme puissant, qui prend volontiers les armes pour défendre ses intérêts et ceux de son prince. Disposant de propriétés en Hesbaye, en Ardenne, sur les bords de la Meuse, voire jusque sur la rive gauche de l’Escaut, celui qui est comte de Hainaut depuis 880 parvient aussi à se faire reconnaître abbé laïc de Saint-Servais à Maastricht, non sans provoquer l’irritation des évêques de son temps.

Conseiller de Zwentibold alors en lutte contre le royaume de Francie occidentale, Régnier Ier de Hainaut tombe en disgrâce, vers 896-898, lorsqu’il prend parti en faveur de comtes mosellans victimes de la vindicte du roi de Lotharingie, son prince. Condamné à rendre ses titres et ses biens, Régnier s’y refuse et entre en révolte. Alors que sa famille se réfugie à la Cour de Francie occidentale, Régnier Ier trouve des alliés auprès de son roi, Charles III dit le Simple, et d’autres comtes issus de la partie sud et moyenne de la Lotharingie.

Après la mort de Zwentibold qui pourrait bien avoir perdu la vie des mains de Régnier (13 août 900), ce dernier retrouve ses titres et ses biens et abandonne la lutte contre son roi. Il est vrai qu’il est autorisé à garder les abbayes de Stavelot-Malmedy (902), puis d’Echternach (903), avant qu’il ne s’empare de celles de Saint-Maximin puis de Chèvremont. Il portera même le titre de marquis à sa mort en 915 ou 916, mais Léon Vanderkinderen ne lui reconnaît pas le surnom Régnier au Long Col qui, selon l’historien, appartient à son petit-fils, Régnier III. « Fier de sa naissance, confiant dans les forces que lui assuraient ses vastes domaines ainsi que les abbayes dont il avait su se rendre maître, il rêva, sans aucun doute, d’asseoir sur la région que limitaient le Rhin et l’Escaut son autorité presque indépendante, et si cet espoir fut déçu, il transmit à son fils Gislebert son ambition et sa puissance » (Vanderlinkere).

 

Sources

Léon VANDERKINDERE, dans Biographie nationale, t. XVIII, col. 870-874
Léon VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Age, Bruxelles (Henri Lamertin), 1902
Maurice-A. ARNOULD, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Recueil d'études d'histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, édité par Jean-Marie CAUCHIES et par Jean-Marie DUVOSQUEL, Mons, Analectes d’histoire du Hainaut, Hannonia, 1983, t. I, p. 25-50
Mélanie DE CLERFAYT, Le Château des comtes de Hainaut à Mons (du Xe au XXIe siècle), Charleroi, asbl Hainaut culture et démocratie, 2002
Claire BILLEN, Xavier CANONNE, Jean-Marie DUVOSQUEL, Hainaut. 1000 ans pour l’avenir, Anvers, Fonds Mercator, 1998
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 219

Lambert II Baldéric

Politique

Comte de Louvain

Louvain ( ?) fin du Xe siècle, Tournai 19/06/1054

Petit-fils de Régnier III, comte de Hainaut, et deuxième fils de Lambert Ier, comte de Louvain et de Bruxelles, Lambert hérite des titres de son frère aîné, Henri Ier de Louvain, décédé en 1038 sans héritier. Détenteur de terres s’étendant de la Hesbaye au Brabant, et surtout avoué des riches abbayes de Nivelles et de Gembloux, Lambert II Baldéric va s’employer à déplacer le centre de gravité du comté de Louvain vers l'ouest : il choisit Bruxelles pour y faire construire de nouvelles fortifications ainsi que l'église Saint-Michel où il transfère les reliques de sainte Gudule (1047). Contrairement à son frère qui avait accepté de l’évêque de Cambrai une longue période de paix (1018-1038), Lambert II entreprend d’élargir ses possessions au détriment du prince-évêque de Liège (Wazon) et de l’empereur ; en vain. Ayant rejoint le parti de Baudouin V de Flandre contre l’empereur Henri III, Lambert II perd la vie dans une bataille près de Tournai. Son fils aîné, Henri II de Louvain, lui succède en 1054.

 

Sources

Raymond VAN UYTVEN, Claude BRUNEEL (dir.), Histoire du Brabant : du duché à nos jours, Zwolle, Waanders, 2004
Félix ROUSSEAU, Henri l’Aveugle, comte de Namur et de Luxembourg (1136-1196), Liège, Université de Liège, 1921
Alphonse WAUTERS, dans Biographie nationale, t. XI, col. 142-143

Lambert Ier

Politique

dit le Barbu

circa 950, Florennes 12/09/1015

Après le règne très agité de son père, Régnier III dit au Long Col, Lambert s’avère un vassal du roi de Germanie un petit peu moins rebelle, du moins quand l’empereur Otton II consent à lui attribuer un des titres de son père, le comté de Louvain. Par rapport aux titres et aux biens dont disposait Régnier III, ce comté représente peu de choses. Mais, en 958, Bruno, duc de Lotharingie, avait réussi à mâter le trublion et l’avait envoyé en exil en Bohême, privant sa famille de tous ses biens. Après avoir trouvé refuge auprès du roi de France, Lambert et son frère Régnier IV reprennent le Hainaut par la force, en éliminant physiquement les comtes désignés par l’empereur. Malgré leur défaite à Mons en 976, les frères reçoivent de l’empereur – en quête de pacification – chacun un titre que possédait leur père ; à Lambert revient le comté de Louvain qui s’élargit à celui de Bruxelles par mariage.

Détenteur de terres s’étendant de la Hesbaye au Brabant, avoué surtout des abbayes de Nivelles et Gembloux, Lambert Ier va rivaliser avec ses voisins hennuyers, namurois et liégeois. Enhardi par son succès à Hoegaarden en 1013 sur les armées liégeoises, le fondateur de la maison de Louvain-Brabant brigue la couronne du Lothier, mais l’empereur l’attribue à Godefroid, comte d’Ardennes. Même si le titre est honorifique, Lambert Ier entreprend une guerre contre son rival, en s’alliant au comte de Hainaut et à celui de Namur. Le 12 septembre 1015, il trouve cependant la mort lors de la bataille de Florennes (site de Saint-Aubin - Hemptinne), remportée contre les coalisés par Godefroy Ier de Basse-Lotharingie, soutenu par l’empereur. À cette époque, la seigneurie de Florennes est l’un des plus vastes domaines seigneuriaux de l’Entre-Sambre-et-Meuse.

À la mort de Lambert Ier, son fils aîné, Henri Ier, lui succède.

 

Sources

Raymond VAN UYTVEN, Claude BRUNEEL (dir.), Histoire du Brabant : du duché à nos jours, Zwolle, Waanders, 2004
Félix ROUSSEAU, Henri l’Aveugle, comte de Namur et de Luxembourg (1136-1196), Liège, Université de Liège, 1921
Alphonse WAUTERS, dans Biographie nationale, t. XI, col. 138-142
Léon VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Age, Bruxelles (Henri Lamertin), 1902
Maurice-A. ARNOULD, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Recueil d'études d'histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, édité par Jean-Marie CAUCHIES et par Jean-Marie DUVOSQUEL, Mons, Analectes d’histoire du Hainaut, Hannonia, 1983, t. I, p. 25-50
Mélanie DE CLERFAYT, Le Château des comtes de Hainaut à Mons (du Xe au XXIe siècle), Charleroi, asbl Hainaut culture et démocratie, 2002

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Henri Ier

Politique

Fin du Xe siècle, Louvain 08/1038

Petit-fils de Régnier III, comte de Hainaut, et fils aîné de Lambert Ier, comte de Louvain et de Bruxelles, Henri hérite de l’ensemble des titres de son père, à la mort de ce dernier à la bataille de Florennes. En 1015, il est donc le détenteur de terres s’étendant de la Hesbaye au Brabant, et surtout il est l’avoué des riches abbayes de Nivelles et de Gembloux. Comme son père, Henri Ier est désireux d’accroître son autonomie à l’égard de l’empereur et de rivaliser avec ses voisins hennuyers, namurois et liégeois. À partir de 1018, l’intervention de l’évêque de Cambrai instaure une période de paix que Henri Ier va respecter pendant près de 20 ans. Après son assassinat en 1038 par un chevalier qu’il avait fait prisonnier en venant en aide au duc de Haute-Lotharingie, il est remplacé par son frère Lambert II : l’historien Alphonse Wauters balaye en effet d’un revers de main toutes les hypothèses relatives à une descendance directe de Henri Ier.

 

Sources

Raymond VAN UYTVEN, Claude BRUNEEL (dir.), Histoire du Brabant : du duché à nos jours, Zwolle, Waanders, 2004
Félix ROUSSEAU, Henri l’Aveugle, comte de Namur et de Luxembourg (1136-1196), Liège, Université de Liège, 1921
Alphonse WAUTERS, dans Biographie nationale, t. IX, col. 97-99

La fin des Régnier (998-1051)

Dans le dernier quart du Xe siècle, le roi de France aide les Régnier à récupérer la plupart de « leurs » biens et l’on retrouve des enfants Régnier à la tête des comtés de Louvain et de Hainaut. Par les jeux d’alliance et les guerres, les Régnier IV et V, ainsi que Herman s’empressent d’ailleurs d’agrandir leurs territoires notamment au détriment des marches de Valenciennes et d’Éname. Chièvres et Alost appartiennent alors à la maison de Verdun, mais, au fil des conflits, le comte de Flandre qui est aussi ambitieux que les Régnier, se retrouve maître du comté de Chièvres dans l’ancienne marche d’Ename, alors que le Hainaut possède le reste de cette marche, c’est-à-dire les terres situées au nord, sans lien direct avec le Hainaut. En 1047, les deux familles décident d’un échange, et c’est ainsi que l’ancien comté de Chièvres intègre celui de Hainaut et que l’Escaut est atteint et même débordé en 1047, avec la cession de Valenciennes et ses environs, vers l’Ostrevant.
D’abord terre d’empire, circonscription administrative ensuite, le Hainaut s’est détaché progressivement de toute autorité souveraine pour devenir une principauté quasi autonome, mais dépendante de la lignée seigneuriale (XIe siècle).
À la mort de Herman en 1051, sa veuve, Richilde, déjà fort active dans les affaires du comté, déjoue les difficiles relations entre Germanie et Francie, mais ne peut éviter un mariage avec le fils du comte de Flandre, le futur Baudouin VI qui règnera sur la Flandre de 1067 à 1070. Depuis le IXe siècle, les comtés de Hainaut et de Flandre se sont en effet développés parallèlement et la limite « naturelle » que constitue l’Escaut a déjà été contestée à diverses reprises, les dynastes cherchant à s’étendre par-delà le fleuve.

Références
ANA ; Bo ; DCM17; DCM20; Er35c; WPH01-219


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)