Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Henri SIMON

Monument Henri Simon, réalisé par Maurice Bar, 30 juillet 1939.


La disparition, à Liège, le 11 mars 1939, de Henri Simon, à l’âge de 83 ans a laissé orphelin les amoureux de la langue wallonne. Poète, écrivain, auteur dramatique, auteur de comédies, il avait contribué à la renaissance des lettres wallonnes au tournant des XIXe et XXe siècles et, avec lui, disparaissait le Mistral du pays de la Meuse. Avec Li Mwért di l’abe (La mort de l’arbre) (1909) et Li pan dè bon Dieu (Le pain du bon Dieu) (1914), œuvres majeures ressortant d’une rare production, il avait signé des pièces de théâtre et des poèmes qui le plaçaient au premier rang des écrivains dialectaux. 

Après avoir cherché sa voie du côté de la musique, voire de la peinture, celui qui avait été boursier de la Fondation Darchis (1883) et avait bénéficié des conseils d’Adrien de Witte à Rome, s’installe loin de la ville, quand il revient à Liège. Il trouve le calme dans une maison de Sprimont-Lincé, où il va se consacrer entièrement aux lettres wallonnes. Adversaire des « Romantiques », hostile à La Wallonie d’Albert Mockel parce que le symbolisme lui paraît une esthétique ‘étrangère’, il apporte aux lettres wallonnes les qualités qui lui manquaient. Évoquant « le plus grand de tous », Albert Maquet parle d’une production rare, d’une rare tenue. Ses écrits « font de lui le maître incontesté du classicisme et, nouveau mistral, le sourcier des trésors de la langue ». Co-fondateur du Musée de la Vie wallonne (1913), Henri Simon en est le conservateur pendant ses premières années (1915-1922). Membre de la Société de Littérature wallonne et de l’Académie de Langue et de Littérature françaises, dite Académie Destrée dès sa création (1921), il ne prendra jamais place dans le fauteuil qui lui était réservé. La quiétude de sa maison de Sprimont-Lincé lui suffisait ; ses amis lui rendaient régulièrement visite. Fêté de son vivant (1934), Henri Simon ne pouvait être oublié, même si ses obsèques furent à l’image du personnage, à savoir discrètes et intimes. Discrétion ne rimant pas avec oubli, l’auteur du pan dè bon Dieu – ce monument de la littérature wallonne – se devait d’être honoré d’un lieu de mémoire à son mesure. Et ses amis ne tardèrent pas, puisque l’inauguration eut lieu le 30 juillet 1939.
Dans la rue Henri Simon, dans le grand virage, à droite en montant, juste après le n°13, un monument imposant épouse l’angle du tournant : un long mur de pierres définit un espace où des abreuvoirs sont régulièrement fleuris. Une colonne rectangulaire émerge, surmontée d’un épi de faîtage de forme ovale. Sur la face avant, ont été gravés dans la pierre les mots suivants :


A NOSS’ GRAND
SCRIYEU WALLON
HENRI SIMON
1856 – 1939


Quelques centimètres plus haut, apparaît un bas-relief représentant le visage de Henri Simon dans un léger profil, avec la barbe, la moustache et le chapeau caractéristiques du personnage. Il est signé par le sculpteur sprimontois Maurice Bar. Bien connu dans le pays de la pierre, sculpteur et entrepreneur, Maurice Bar avait suivi des cours à l’Académie de Liège et était régulièrement sollicité par les autorités communales pour réaliser des monuments aux victimes deux guerres (comme à Xhendremael), ou bien pour réaliser des bustes (comme celui en pierre du roi Albert, à Esneux), voire le monument O’Kelly, à Jemeppe-sur-Meuse.
 

Informations obtenues grâce à l’amabilité de Mme Ahn et de M. Pierre Toussaint
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature wallonne, Liège, Mardaga, 1979, p. 259
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. II, p. 473-479 ; t. IV, p. 383-385
Les Lettres wallonnes contemporaines, 2e éd., Tournai-Paris, Casterman, 1944
Albert MAQUET, Création, à Liège, du ‘Djan ‘nèsse’ de Henri Simon, dans La Vie wallonne, XLVIII, n° 348, 4e trimestre 1974
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1480
Rita LEJEUNE, Histoire sommaire de la littérature wallonne, Bruxelles. Office de Publicité, 1942
Préface de Jean Haust à la 2e édition du Pan de bon Diu, Liège, Vaillant-Carmanne, 1935, collection ‘Nos Dialectes’
Wallonia, 1893, p. 174
Louis REMACLE, Henri Simon, dans La Défense wallonne, 11 mai 1935
La Vie wallonne, octobre 1934, CLXX, p. 65-66 ; novembre 1934, CLXXI, p. 69-72
Maurice PIRON, Le souvenir de Henri Simon, dans La Vie Wallonne, CCXXIV, n° 8, 15 avril 1939
In memoriam. Textes inédits de Henri Simon dans La Vie Wallonne, CCXXXI, n° 3, 15 novembre 1939
Yves DUBOIS, Les monuments commémoratifs de la Grande Guerre en province de Liège, Université de Liège, mémoire 2010-2011, p. 103

Rue Henri Simon 13 
4140 Sprimont

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Banc, arbre et plaque Henri Simon

Banc Henri Simon, arbre et plaque commémorative, réalisé à l’initiative des amis de l’écrivain, 7 octobre 1934

Avec Li Neure Poye (1893), Li Mwért di l’abe (La mort de l’arbre) (1909) et Li pan dè bon Dieu (Le pain du bon Dieu) (1914), Henri Simon (Liège 1856 – Liège 1939) a signé des œuvres majeures, ressortant d’une rare production, qui le placent au premier rang des écrivains dialectaux. Homme discret, fuyant la foule, il avait choisi de chercher le calme loin de la ville, et avait trouvé dans sa maison de Sprimont-Lincé une oasis rêvée. Ses amis lui rendaient régulièrement visite et c’est là, à Lincé, qu’en octobre 1934, ils lui réservèrent la surprise d’une fête associant les habitants du hameau. Toutes les maisons étaient pavoisées et un joyeux cortège composé d’amis de la littérature wallonne se donna rendez-vous à hauteur de la place du Batti pour rendre hommage au poète et lui dédier un monument de son vivant. Un hêtre pourpre fut planté et, par la suite, un panneau a été enfoncé dans le sol pour indiquer :

CHAL, HENRI SIMON
VINÉV VOLTÎ
PO LI FÉ ONEUR
ON-Z-A PLANTÉ ON TCHINNE EN
1934


Poète, écrivain, auteur dramatique, auteur de comédies, Henri Simon a contribué à la renaissance des lettres wallonnes au tournant des XIXe et XXe siècles, lui donnant ses lettres de noblesse avec des œuvres de qualité. Considéré comme le Mistral du pays de la Meuse, Henri Simon avait pourtant choisi une autre voie, dans sa jeunesse. En effet, en 1883, boursier de la Fondation Darchis, il s’est d’abord orienté vers la musique et vers la peinture. Mais dès son retour de Rome, Henri Simon s’installe à Lincé où il va se consacrer entièrement aux lettres wallonnes. Hostile à La Wallonie d’Albert Mockel parce que le symbolisme lui paraît une esthétique ‘étrangère’, il contribue au mouvement régionaliste wallon par ses écrits, mais aussi comme co-fondateur du Musée de la Vie wallonne (1913), dont il est le conservateur pendant ses premières années (1915-1922). Membre de la Société de Littérature wallonne et de l’Académie de Langue et de Littérature françaises, dite Académie Destrée dès sa création (1921), personne n’est étonné qu’il ne prenne jamais place dans le fauteuil qui lui est réservé. 

À défaut d’un fauteuil, Henri Simon acceptera de s’asseoir sur le banc que lui offrent ses amis, en octobre 1934. Cette structure monumentale est relativement courante dans l’Entre-deux-Guerres. Une dizaine d’exemples pourraient être cités aux quatre coins du pays wallon ; le banc original de Lincé a cependant disparu et a été remplacé par un banc public ordinaire. En même temps qu’est planté un chêne, le banc Henri Simon est inauguré à l’initiative d’un comité présidé par Paul Baar. Une plaque commémorative est également apposée sur la façade de la « maison dite Nagant » où Henri Simon composa Li Neure Poye, « essai folklorique en deux actes qui s’appuie sur des superstitions curieuses et sur les usages populaires du Jour des Rois » (Wallonia). Cette plaque non signée est encore visible sur la façade d’une propriété privée de la rue Robespierre. Sur une pierre bleue de format carré ont été représentés un croissant de lune dans lequel s’ébat une poule, avec l’indication gravée

ICI
HENRI SIMON
ECRIVIT
LI NEURE POYE


En octobre 1934, les discours prononcés tant par le bourgmestre de Sprimont, que par Jean Haust et Joseph-Maurice Remouchamps, furent des hymnes à la langue wallonne et à l’un de ses plus grands interprètes. L’année suivante, les Amis de l’Art wallon organiseront au Trianon une autre manifestation d’hommage au « Maître de Lincé ».


Sources

Informations obtenues grâce à l’amabilité de Mme Ahn et M. Pierre Toussaint
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature wallonne, Liège, Mardaga, 1979, p. 259
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. II, p. 473-479 ; t. IV, p. 383-385
Les Lettres wallonnes contemporaines, 2e éd., Tournai-Paris, Casterman, 1944
Albert MAQUET, Création, à Liège, du ‘Djan ‘nèsse’ de Henri Simon, dans La Vie wallonne, XLV1II, n° 348, 4e trimestre 1974
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1480
Rita LEJEUNE, Histoire sommaire de la littérature wallonne, Bruxelles. Office de Publicité, 1942
Préface de Jean Haust à la 2e édition du Pan de bon Diu, Liège, Vaillant-Carmanne, 1935, collection ‘Nos Dialectes’
Wallonia, 1893, p. 174
Louis REMACLE, Henri Simon, dans La Défense wallonne, 11 mai 1935
La Vie wallonne, octobre 1934, CLXX, p. 65-66
La Vie wallonne, novembre 1934, CLXXI, p. 69-72
Maurice PIRON, Le souvenir de Henri Simon, dans La Vie Wallonne, CCXXIV, n° 8, 15 avril 1939
In memoriam. Textes inédits de Henri Simon dans La Vie Wallonne, CCXXXI, n° 3, 15 novembre 1939

 

Banc Henri Simon, arbre et plaque commémorative (montage photographique) – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Place du Batti/rue Robespierre
4140 Sprimont Lincé

carte

Paul Delforge

© Sofam

Remy Marcel

Culture, Journalisme

Bois-de-Breux/Grivegnée 1865, Berlin 09/12/1906

Critique musical apprécié et redouté pendant plus d’un quart de siècle, Marcel Remy était aussi un « savoureux conteur du terroir ». Il serait tombé complètement dans l’oubli si, en 1923, la maison Bénard et Maurice Kunel n’avaient entrepris de rassembler ses meilleurs textes sous le titre Les ceux de chez nous.

Sa connaissance de la musique était empirique ; dans sa famille – des agriculteurs –, tout le monde jouait d’un instrument. Lui appréciait particulièrement le baryton, mais touchait à tout, en fantaisiste. Dans les années autour de 1883, il était à la tête d’un petit orchestre qui faisait la joie des sorteurs du samedi soir. Il jouait dans un grenier qui servait d’atelier de peinture au poète Henri Simon. Autodidacte doué en musique, Marcel Remy avait bénéficié d’une solide formation scolaire (Athénée et Collège Saint-Servais) qui l’avait conduit à entreprendre des études de philosophie à l’Université de Liège. Il ne les acheva pas. Dilettante, il préférait signer pour son plaisir des articles dans la presse liégeoise jusqu’au jour où L’Express et Le Guide musical s’attachent sérieusement ses services.

Quittant Liège pour Paris au moment où la capitale française est bercée par César Franck, il parvient à devenir collaborateur au journal Le Temps, mais multiplie les petits boulots pour survivre : professeur de piano, répétiteur de chant, musicien de brasserie, etc. Découvreur de talents, annonciateur de nouveaux courants, le Wallon devient une sorte d’oracle dans le milieu musical de son temps. Ses critiques fort attendues étaient autant de sésames pour les meilleurs, et se transformaient en calvaires pour les autres. En 1897, Le Temps l’envoie à Berlin. Mais le correspondant doit s’occuper de la politique allemande, tandis qu’à Paris éclate l’affaire Dreyfus. Marcel Remy n’est pas dans son élément et, dans la capitale prussienne, il continue de donner des leçons, de français auprès de certains professeurs, militaires ou diplomates, de musique ailleurs.

Maîtrisant bien la langue allemande mais éprouvant de fortes réticences à l’égard de la politique prussienne, M. Remy ne perce pas à Berlin. Ses opinions trop affirmées lui ferment de nombreuses portes, même s’il parvient à livrer des billets – ses Lettres de Berlin – au Journal de Liége ou à l’Indépendance belge. De 1901 à 1906, Marcel Remy tient en effet une sorte de chronique dans Le Journal de Liége où il raconte ses souvenirs d’enfance sous divers pseudonymes (Li Houlêhe Mayanne, li Vicomte dè Timps passé, Mamé). L’éloignement et surtout la surdité qui le handicape particulièrement expliquent, en partie, cette forme de nostalgie littéraire, pourtant toujours souriante, où il décrit « ceux de chez nous », des ruraux du pays wallon qu’il distingue fortement des « Flandriens » ou des « Campinois ». La série s’arrête en 1906 avec le décès de son auteur, victime d’une méningite.

En 1916, sous l’occupation allemande, douze des vingt-et-un textes les plus marquants de Marcel Remy sont publiés par l’imprimerie Bénard sous le titre Les ceux de chez nous. Après l’Armistice, Maurice Kunel entreprend de rassembler tous les textes de Marcel Remy et de les publier sous le même titre. C’est donc après la mort de son auteur que cet ensemble de nouvelles s’est imposé comme un petit-chef d’œuvre de littérature régionale, mêlant le français et le wallon.

Sources

Maurice KUNEL, Étude-préface, Marcel Remy. Les Ceux de Chez Nous, Liège, Bénard, [1925]
Maurice KUNEL, La Vie wallonne, 3e année, XXXIV 15 juin 1923, p. 452-465
Antoine GREGOIRE, La Vie wallonne, 6e année, LXII, 15 octobre 1925, p. 45-71
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 478
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 51, 174

Ista Georges

Culture, Bande dessinée, Lettres wallonnes

Liège 12/11/1874, Paris 6/01/1939

Artiste touche à tout avec un égal talent, Georges Ista a animé la vie culturelle wallonne sur les scènes liégeoises durant les années précédant la Grande Guerre. Avec Maurice Wilmotte, il contribue à l’organisation du premier Congrès de l’Association internationale pour la Culture et l’Extension de la Langue française (1905). Autre facette de la riche personnalité de Georges Ista, il apparaît comme l’un des pionniers de la bande dessinée qu’il pratique de « façon moderne » dès le début du XXe siècle.

Dessinateur, aquafortiste, peintre, graveur sur armes, Ista a hérité de ses ancêtres tapissiers-garnisseurs d’une grande sensibilité artistique, à laquelle il ajoute un grand souci d’exactitude et un esprit certain de fantaisie, ce qui ravit le public liégeois. Alors qu’Édouard Remouchamps et Henri Simon font le triomphe du théâtre dialectal wallon de la fin du XIXe siècle, le jeune Georges Ista dénonce une certaine facilité et en appelle à davantage de rigueur, voire d’exigence artistique. Il s’en explique dans une série d’articles publiés dans La Revue wallonne avant de se lancer lui-même dans l’écriture dramatique : entre 1905 et 1912, il écrit et fait jouer huit comédies qui sont autant d’études de mœurs, de portraits ciselés de « types locaux », dont la finesse conduit à l’universel. Avec Qui est-ce qu'est l'maîsse ?, Mitchî Pèquèt, Madame Lagasse et Li babô, il fait les beaux jours du Pavillon de Flore et du « nouveau » théâtre communal wallon aidé par la ville de Liège.

Cependant, il aspire à d’autres horizons. Chroniqueur dans la presse liégeoise (Journal de Liège 1906-1912, L’Express 1913-1914), il se fixe à Paris dès 1909, et fait carrière dans la presse française, où il publie d’innombrables articles. Cela ne l’empêche pas de rester en contacts avec les Wallons, de continuer à collaborer à La Lutte wallonne (1911-1914), ou d’envoyer à L’Express sa chronique intitulée Hare èt hote. Défenseur de la langue wallonne autant que de la langue française, il contribue à donner une définition au régionalisme qu’il entend comme un moyen de diminuer les excès de la centralisation et comme un moyen d’atteindre une vraie égalité entre les hommes (Wallonia, 1913).

Rentré de Paris alors que la Première Guerre mondiale n’est pas encore finie, il s’installe à Sy, avec le peintre Richard Heintz (1917). Après l’Armistice, il repart définitivement à Paris où il vit de sa plume. Auteur littéraire (drames, contes, nouvelles, comédies, opérettes, revues locales, romans, chroniques, fantaisies), auteur de romans en français, Ista était l’un des nègres littéraires de Henri Gauthier-Villard, dit Willy, le célèbre critique parisien, écrivain, auteur d’une centaine d’ouvrages dont les premiers romans de Colette. À Paris, Ista a écrit notamment dans Comoedia, La Petite République, Le Rire, Le magasin pittoresque, Le Sourire, L’Œuvre, etc.

En 1975, Daniel Droixhe s’interrogeait sur la contribution de Georges Ista à une authentique tradition wallonne de la caricature ; récemment, on a (re)découvert que Georges Ista fut un excellent raconteur d’histoires qui utilisa la bande dessinée comme moyen d’expression. « Fait très rare pour l’époque dans l’imagerie, il développe ses histoires autour de héros récurrents qu’il suit au fil de leurs aventures. (…) Contrairement à la grande majorité – sinon l’ensemble – des auteurs de l’époque, Ista élève par ailleurs la pratique au rang de métier et fait, pendant une quinzaine d’années, de la bande dessinée de manière soutenue » (Fr. Paques). 

Sources

Paul DELFORGE, Georges Ista, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 854-855
Daniel DROIXHE, La Vie wallonne, IV, 1975, n°352, p. 204-207
Jacques PARISSE, Richard Heintz, 1871-1929 : l’Ardenne et l’Italie, Sprimont, Mardaga, 2005, p. 75
Maurice WILMOTTE, Mes Mémoires, Bruxelles, 19149, p. 120- et ssv

Œuvres principales

Titine est bizêye !, (revue, Pavillon de Flore)
Mon-n-onke Djouprèle, 1905 (théâtre)
Qui est-ce qu'est l'maîsse ?, 1905 (théâtre)
Li rôze d’argint, 1906 (théâtre)
Pire ou pa, 1907 (théâtre)
Mitchî Pèkèt, 1908 (théâtre)
Madame Lagasse, 1909 (théâtre)
Li veûl'ti, 1910 (théâtre)
Noyé Houssârt, (théâtre)
Moncheû Mouton, (théâtre)
Li bâbô, 1912 (théâtre)
La vertu de Zouzoune
Boukète èmacralêye (poème)
Li pètard (poème)
Pièrot vique co, 1922 (revue, Pavillon de Flore)

Qu’elle soit écrite en langues régionales ou en français, intimiste ou universelle, la création littéraire wallonne est abondante. Du Romantisme aux créations contemporaines, découvrez les genres et les auteurs de Wallonie au travers d’une synthèse et de nombreux textes offrant une première anthologie.

Simon Henri

Culture, Lettres wallonnes, Littérature

 Liège 2/02/1856, Liège 11/03/1939

La fin du XIXe siècle voit fleurir de nombreuses initiatives en langue dialectale : théâtres, chansons, opérettes, journaux, etc. Ce regain d’intérêt pour l’écriture de textes en dialectes wallons ne rime pas toujours avec qualité. Néanmoins, chacun s’accorde à crier au génie quand on évoque l’œuvre de Henri Simon.

Pourtant, le jeune homme paraissait devoir s’orienter vers la musique, voire vers la peinture. Boursier de la Fondation Darchis en 1883, il bénéficie des conseils d’Adrien de Witte à Rome ; mais à son retour à Liège, il s’installe loin de la ville, dans sa maison de Sprimont-Lincé, pour se consacrer entièrement aux lettres wallonnes. Adversaire des « Romantiques », hostile à La Wallonie d’Albert Mockel parce que le symbolisme lui paraît une esthétique ‘étrangère’, ses pièces de théâtre et ses poèmes le placent au premier rang des écrivains dialectaux.

Poète, écrivain, auteur dramatique, auteur de comédies, Henri Simon est rapidement considéré comme le Mistral du pays de la Meuse. Évoquant « le plus grand de tous », Albert Maquet parle d’une production rare, d’une rare tenue, dominée par deux monuments, Li Mwért di l’abe (La mort de l’arbre) (1909) et Li pan dè bon Dieu (Le pain du bon Dieu) (1914), « qui font de lui le maître incontesté du classicisme et, nouveau mistral, le sourcier des trésors de la langue ». Co-fondateur du Musée de la Vie wallonne (1913), Henri Simon en est le conservateur pendant ses premières années (1915-1922). Membre de la Société de Littérature wallonne et de l’Académie de Langue et de Littérature françaises, dite Académie Destrée dès sa création (1921), il ne prendra jamais place dans le fauteuil qui lui était réservé. 
 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, t. III
PIRON Maurice, Anthologie de la littérature wallonne, Liège, Mardaga, 1979, p. 259
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. II, p. 473-479
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 383-385
Les Lettres wallonnes contemporaines, 2e éd., Tournai-Paris, Casterman, 1944
MAQUET Albert, Création, à Liège, du ‘Djan ‘nèsse’ de Henri Simon, dans La Vie Wallonne, XLV1II, n° 348, 4e trimestre 1974
LEJEUNE Rita, Histoire sommaire de la littérature wallonne, Bruxelles. Office de Publicité, 1942
Préface de Jean Haust à la 2e édition du Pan de bon Diu, Liège, Vaillant-Carmanne, 1935, collection ‘Nos Dialectes’
PIRON Maurice, Le souvenir de Henri Simon, dans La Vie Wallonne, CCXXIV, n° 8. 15 avril 1939.
In memoriam. Textes inédits de Henri Simon dans La Vie Wallonne, CCXXXI, n° 3, 15 novembre 1939
REMACLE Louis, Henri Simon, dans La Défense wallonne, 11 mai 1935

Launay Marcel

Culture, Littérature, Militantisme wallon

Ferot-Ferrières 03/09/1890, Cointe-Liège 18/05/1944

Parmi les plus importants représentants de la littérature dialectale du début du XXe siècle, le nom de Henri Simon domine ; puis, très vite, s’imposent ceux de Jules Claskin, Joseph Mignolet et Marcel Launay. « Parnassien, il a l’amour du mot rare ou technique, du rythme appuyé, du moule strict. (…) il étale, du moins dans ses premières œuvres, un luxe descriptif qui rappelle de fort près l’idéal parnassien » (Jean Lechanteur). Par la suite, sa langue deviendra plus simple et plus authentique. Par les thèmes choisis, il introduit dans la poésie wallonne une variation de sujets en rapport avec la nature : les paysages, les travaux agricoles, les métiers, les saisons, la paix et les senteurs. En témoignent Florihâye (Floraison, 1925), Lès tchansons de bièrdjî (Les chansons du berger, 1937), Lès tchansons de mohî (Les chansons de l’éleveur d’abeilles, recueil inachevé 1949).

 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III, p. 195, 222
Histoire de la Wallonie, (dir. L. Genicot), Toulouse, Privat, 1973, p. 477
PIRON Maurice, Anthologie de la littérature wallonne, Liège, Mardaga, 1979, p. 437