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Kock David

Socio-économique, Entreprise

Limbourg fin du XVIe siècle, Liège ( ?) circa 1613-1614

Frère de Daniel et fils de Remacle Kock dit le Serwyr, David Kock est originaire du duché de Limbourg où sa famille s’est spécialisée dans la fabrication d’instruments de pesage. On le sait associé à son frère dans l’exploitation des mines de la Blanche Plombière à Prayon. En 1601, avec son frère Daniel, il obtient du prince-évêque (Ernest de Bavière) un brevet lui reconnaissant la paternité d’une machine destinée à puiser l’eau des galeries et puits de mines. Vraisemblablement mise au point lors de l’exploitation du site de Prayon-Trooz, cette machine comprenait des séries de pompes étagées, mues par les eaux de la Vesdre. Il s’agit là de la préfiguration de ce qui sera utilisé par Renkin Sualem à Marly, pour amener l’eau de la Seine dans les jardins du château de Versailles. 

En effet, Renkin Sualem était le fils de Renkin et de Catherine Kock, fille de David Kock..., en d’autres termes le gendre de ce dernier. Au début du XVIIe siècle, un certain Renard dit Renkin Sualem, venant de Campine, s’était fixé à Forêt et il apparaît comme directeur à la Blanche Plombière en 1633, chargé de l’entretien des machines d’exhaure. Parti en 1642 s’installer à Jemeppe-sur-Meuse, ledit Renard y applique son savoir-faire dans les charbonnages du bassin de Liège. C’est là que naquit, Renkin Sualem junior, le célèbre inventeur de la machine de Marly. Dans une certaine mesure, la machine de Marly doit beaucoup à David Kock.

 

Sources

Jean YERNAUX, dans Biographie nationale, t. XXXI, col. 515-528
Georges HANSOTTE, La métallurgie wallonne au XVIe et dans la première moitié du XVIIe siècle, Essai de synthèse, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, Liège, 1972, t. LXXXIV, p. 37
Jean YERNAUX et M. MATHY, Une famille de pionniers industriels wallons au XVIIe siècle : les Kock, de Limbourg, dans Bulletin de l’Académie Royale de Belgique, classe des Lettres, 5e série, t. 46, p. 66-124, dont les pages 74-79
Revue du Conseil économique wallon, n° 64, septembre 1963, p. 69

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Kock Daniel

Socio-économique, Entreprise

Limbourg date inconnue, Liège circa 1615

Depuis plusieurs années est posée la question de savoir si la fenderie est une invention liégeoise ? Cette activité métallurgique utilise des laminoirs à rouleaux munis de taillants pour diviser des plaques de métal en feuillards et en vergettes. De sources sûres, les quatre fenderies les plus anciennes du pays de Liège ont été construites quasi en même temps, trois en 1583, une en 1587, et toutes paraissent dirigées par Daniel Kock et des associés. Deux hypothèses sont formulées : l’une attribue aux frères Kock cette invention née de leurs activités dans la recherche de nouvelles techniques d’exhaure pour les houillères. L’autre hypothèse conduit à penser que les mêmes mécaniciens liégeois ont découvert la technique de la fenderie quelque part dans l’Empire romain de la Nation germanique et qu’ils l’ont ramenée à Liège en la perfectionnant. 

Lorsqu’elle apparaît dans le comté de Namur, vers 1609, la fenderie est dite de Nuremberg… (Hansotte), machine à découper les fers plats qu’aurait décrite Eobanus Hessus en 1532 (Yernaux & Mathy). Quoi qu’il en soit de cette origine, la fenderie liégeoise assure à la clouterie un développement considérable à partir du XVIIe siècle. On retrouve des clous « liégeois » aux quatre coins de l’Europe. Leurs usages sont multiples, notamment dans la fabrication des bateaux. Le long de la Vesdre et de l’Ourthe, les ateliers de clouterie sont particulièrement nombreux. Le duché de Luxembourg voit également prospérer cette activité.

Quant à Daniel Kock, il est originaire du duché de Limbourg où sa famille s’est spécialisée dans la fabrication d’instruments de pesage. Fils de Remacle et frère de David, notamment, il est venu s’installer à proximité de la cité du prince-évêque, peut-être en raison de son mariage avec une Liégeoise. Dans le quartier de Fragnée-Vennes, il exploite de 1582 jusqu’en 1595, le fourneau dit « des Polets » qu’en son temps Wauthier Godefroid (ou Godefrin) avait lui-même loué ; il y dispose d’un terrain, proche du cours d’eau, d’un fourneau, ainsi qu’une « usine pour fendre le fer » qu’il a construite. La mémoire collective liégeoise rapporte qu’il s’agit là de la toute première fenderie, dont Daniel Kock est l’évident inventeur. À l’évocation de son nom, chacun s’accordait à lui reconnaître une créativité fertile et de grandes connaissances en matière d’exploitations minières et métallurgiques. 

En l’absence de sources plus précises, Jean Yernaux observe en tout cas la place centrale occupée par Daniel Kock dans la gestion et le bon fonctionnement des fenderies de Henné, Hoster et Vaux-sous-Chèvremont, propriétés de l’industriel liégeois Laurent Butbach. Et s’il n’en est pas l’inventeur, il a certainement développé l’outil de manière telle que ses machines sont les meilleures de l’époque et contribuent ainsi à assurer à Liège le monopole de toutes les fenderies d’Europe.

« En 1613, Hurtino de Ugarde, « pagador » général des Pays-Bas espagnols, décrivant le nouveau procédé dans un rapport adressé au roi d’Espagne, déclare que, grâce aux machines liégeoises, « deux hommes feraient » plus en vingt-quatre heures que » cent autres employant le mode de » fabrication espagnol » (Yernaux, BN). En effectuant ainsi mécaniquement une grande partie du travail manuel, les fenderies liégeoises donnèrent à la clouterie mosane un essor inouï et lui conquirent la première place sur le marché européen.

En plus de la direction des fenderies, on attribue à Daniel Kock l’exploitation – en association avec ses frères – des importantes minières de la Blanche Plombière, à Prayon-Trooz. Il fut père d’au moins neuf enfants dont la plupart s’adonnèrent à l’industrie, certains dans les fenderies, d’autres dans la fabrication d’instruments de pesage, tandis que Marcus se distinguera en Suède où l’on continue à s’intéresser fortement à « cette famille de pionniers industriels wallons ».

Enfin, en 1601, on retiendra qu’avec son frère David, Daniel Kock obtient du prince-évêque (Ernest de Bavière) un brevet reconnaissant la paternité d’une machine destinée à puiser l’eau des galeries et puits de mines. Il s’agit là de la préfiguration de ce qui sera utilisé par Renkin Sualem à Marly. En effet, Renkin Sualem était le fils de Renkin et de Catherine Kock, fille de David Kock..., en d’autres termes le gendre de ce dernier.

 

Sources

Revue du Conseil économique wallon, n° 64, septembre 1963, p. 69
Georges HANSOTTE, La métallurgie wallonne au XVIe et dans la première moitié du XVIIe siècle, Essai de synthèse, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, Liège, 1972, t. LXXXIV, p. 37
Jean YERNAUX, dans Biographie nationale, t. XXXI, col. 515-517
Jean YERNAUX et M. MATHY, Une famille de pionniers industriels wallons au XVIIe siècle : les Kock, de Limbourg, dans Bulletin de l’Académie Royale de Belgique, classe des Lettres, 5e série, t. 46, p. 66-124, dont les pages 68 et 69

© Sofam

Sualem Rennekin

Conception-Invention

SUALEM RennekinJemeppe-sur-Meuse 29/01/1645, Bougival 29/07/1708

Rennekin (ou René ou Rennequin, voire Renkin) Sualem est certainement le charpentier le plus connu des Wallons. La notoriété des jardins de Versailles a en effet durablement rejailli sur sa personne, déjà de son vivant, le roi de France, Louis XIV, ayant très vite reconnu les mérites de l’ingénieux liégeois. C’est un autre Liégeois, le chevalier Arnold de Ville, docteur en Droit, qui introduisit Sualem à la Cour. Fils d’un maître de forge du pays de Liège, le hobereau de Ville avait repéré une machine étonnante qui élevait l’eau du Hoyoux à 50 mètres du sol, dans le domaine du château de Modave. Illettré mais technicien doué, Rennequin Sualem avait perfectionné des techniques utilisées dans les mines liégeoises pour l’exhaure de l’eau des galeries, et les avait adaptées aux besoins du propriétaire de Modave pour lui permettre d’alimenter les fontaines de ses jardins (circa 1668). Or, on cherchait à Versailles le moyen de disposer de quantités importantes d’eau pour l’entretien des jardins et la création de jeux d’eau ; plusieurs projets avaient été menés, mais aucun ne donnait satisfaction. De Ville parvient à convaincre Sualem de former une équipe déjà expérimentée et de tenter leur chance à Paris où un appel d’offres avait été lancé (1678).

Ayant convaincu le roi et sa Cour lors d’une expérience à échelle réduite à Saint-Germain, le duo Sualem - de Ville reçoit mission d’exécuter de semblables travaux, à partir de la Seine, pour le bon plaisir du roi Soleil. Entamé en 1681, le chantier de Marly s’achève sept ans plus tard. Près de 1800 hommes furent occupés et on forma une équipe de maintenance de 60 personnes. Au final, l’eau de la Seine est élevée à plus de 150 mètres au-dessus de son niveau ordinaire par la fameuse machine de Marly. Pour que l’ensemble soit opérationnel, il a fallu construire et installer des roues, des pompes, des tuyaux, des aqueducs, des réservoirs, etc. Et tout fonctionnait comme l’avait imaginé le technicien-charpentier wallon auquel le roi accorda une pension jusqu’à la fin de sa vie et de celle de son épouse. En dépit d’une rivalité – réelle ou supposée – entre De Ville et Sualem, c’est à ce dernier que les honneurs furent rendus par la Cour, les hommages soulignant que Sualem avait été l’unique inventeur de « la machine ». Quant à De Ville, il fut jusqu’à sa mort le gouverneur de la machine. Plus qu’un inventeur, Sualem fut un génial adaptateur des meilleures techniques connues à l’époque et De Ville un entrepreneur qui osa se lancer dans un projet qui aurait pu valoir sa ruine, en cas d’échec, et qui parvint à convaincre Louis XIV de ne pas trop regarder à la dépense... « Jusqu’à sa destruction, en 1817, elle passa pour la huitième merveille du monde ». Nul doute que le gigantisme de quatorze roues de douze mètres de diamètre, mues par une chute de la Seine créée artificiellement, et activant trois cents pompes avait de quoi impressionner les yeux et… les oreilles. Les réservoirs pouvaient contenir deux millions de mètres cubes d’eau, la quantité d’eau y envoyée était d’environ six mille mètres cubes par vingt-quatre heures, quand la force motrice permettait de faire tourner les roues suffisamment vite.

En fait, la « Machine » apparaît surtout « comme un cas typique de transfert de technologie. En effet, c’est un savoir-faire collectif inhérent au système technologique wallon au XVIIe siècle qui s’est exporté en changeant à la fois d’échelle et de contexte. Non seulement il a relevé le défi du gigantisme, mais il est passé de l’hydraulique industrielle à l’hydraulique somptuaire » (Halleux).

Après Marly, Sualem et son équipe mèneront d’autres projets en France, moins spectaculaires, mais où leur savoir-faire demeurait un atout primordial. Rennekin Sualem prit aussi des participations dans une compagnie du Nivernais d’exploitation minière où travaillèrent des houilleurs du pays de Liège.

Sources

Robert HALLEUX, dans Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Michel ORIS, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV
E. DE QUATREBARRES, La famille Sualem de Jemeppe-sur-Meuse à Bougival, dans La vie wallonne, t. 54, Liège, 1980, p. 50-91
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 300
BUFFET, EVRARD, L’eau potable à travers les âges, Liège, 1950
Henri MICHEELS-BAUPAIN, dans Biographie nationale, t. XXIV, 1926-9, col. 216-219
L.A. BARBET, Les grandes eaux de Versailles : installation, mécaniques et étangs artificiels, description des fontaines et de leurs origines, Paris, 1907

 

Sous l’Ancien Régime - et particulièrement durant les guerres de religion - nombreux sont les Wallons qui émigrent pour des raisons financières, culturelles ou spirituelles. D’Amérique en Chine, en passant par la France, la Suède et l’Égypte, plusieurs d’entre eux ont ainsi marqué de leur empreinte indélébile leur pays d’accueil. Retrouvez ici leurs parcours et leurs réalisations emblématiques qui, aujourd’hui encore, témoignent de leur savoir-faire.

Carrefour de l'Europe ouvert à ses influences, la Wallonie a, de tout temps, été traversée par les grands courants scientifiques et technologiques. Les Wallons en ont assimilé les multiples apports et ont développé leurs propres techniques, participant ainsi, parfois de façon décisive, à l’évolution de la connaissance. Des parcours édifiants que vous pourrez retrouver dans cette leçon, au travers d’une synthèse et de documents éclairants.

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