Dispositions du traité d’Anvers dit des Barrières (1715) relatives à l’espace wallon

Lors du traité des Barrières (1715), après la mort de Louis XIV, les Provinces-Unies obtiennent d’occuper huit places fortes dans les Pays-Bas autrichiens ; en d’autres termes, des garnisons « hollandaises » peuvent prendre position afin de constituer une Barrière contre la France ; à l’usage, l’entretien de ces places-fortes s’avèrera fort coûteux.

Références
Duby125 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GeniRE98 ; H85A


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Dispositions du traité d’Utrecht (1713) relatives à l’espace wallon

Espérant une union étroite entre les trônes de France et d’Espagne, Louis XIV entreprend sa dernière grande guerre, celle de Succession (1701-1714). Il souhaite que son petit-fils, Philippe d’Anjou, soit établi sur le trône de Madrid. L’union des couronnes de France et d’Espagne aurait notamment signifié que Paris pourrait désormais disposer de frontières septentrionales en contact direct avec les Provinces-Unies, les vallées de l’Escaut, de la Meuse et de la Moselle lui étant acquises. Pour en arriver à ce résultat, le roi Soleil doit vaincre une coalition européenne acquise à l’idée qu’un Habsbourg serait préférable à un Bourbon et concéder que le jeune souverain renonce à jamais (ainsi que sa descendance) à celui de Paris.
Les batailles sont multiples, mais non décisives quand l’Europe épuisée se résout à conclure le Traité d’Utrecht (1713). Parmi les nombreuses dispositions, la France conserve toutes ses conquêtes précédentes, mais doit démanteler le port de Dunkerque. Les Habsbourg qui renoncent à la couronne d’Espagne et des Amériques, héritent des Pays-Bas. La Gueldre que détenait l’Espagne est réduite à portion congrue, une partie étant attribuée aux Provinces-Unies (Venlo) et une autre au tout nouveau royaume de Prusse. Par ailleurs, les Pays-Bas retrouvent le Tournaisis, ainsi que le territoire de West-Flandre constitué de Furnes, Roulers, Ypres et Menin.
Après la conclusion de ce traité, les Autrichiens, les Français et la principauté de Liège pratiqueront diverses petites modifications de frontières, dont l’effet principal est de désenclaver le territoire français de Givet. Par rapport au Traité d’Utrecht, le tracé frontalier actuel entre la Wallonie et la France est quasiment identique sur toute sa longueur, hormis quelques enclaves.

Références
Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GeniRE98 ; H85A ; Lent347 ; Lent348 ; VdEss04

 


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Dispositions de la trêve de Ratisbonne (1684) relatives à l’espace wallon

Au lendemain des précédents traités, Louis XIV fait vérifier avec la plus grande des précisions si les dispositions sont bien appliquées sur le terrain. Il crée des « chambres de réunion » chargées d’étudier chaque dossier et de réclamer des terres qui paraissent devoir revenir à la France. La frontière avec les Pays-Bas espagnols, en particulier du côté du duché de Luxembourg, est soumise à un examen serré, puis à un grignotage progressif : la Chambre de réunion de Metz étend les prétentions françaises des régions frontalières au comté de Chiny, puis à Echternach et aux villes de la Moselle. Finalement l’ensemble du duché est revendiqué. En 1682, Louis XIV n’hésite pas à envoyer des troupes, s’empare de Courtrai (1683) mais surtout, après en avoir fait le siège, entre à Luxembourg et s’empare de la forteresse (1684). Par la trêve de Ratisbonne (15 août 1684), cette politique du fait accompli est reconnue par les adversaires de la France qui ne veulent plus recourir aux armes. La place-forte de Luxembourg est fortifiée par Vauban. L’occupation du duché de Luxembourg dure moins de vingt ans (1681-1697).

Références
Bou154 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1687 ; H85A ; Lent345 ; TrauLxb-181 ; VdEss04


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Dispositions du traité de Nimègue (1678) relatives à l’espace wallon

Décidé à combattre les Provinces-Unies, ses anciens alliés, Louis XIV s’engage dans « la guerre de Hollande » (1672-1678) qui amène les troupes françaises jusqu’aux portes d’Amsterdam. Anglais, Suédois, Espagnols et Allemands se jettent aussi dans une bataille qui affole toutes les cours d’Europe. Les événements écartent définitivement Bouillon de la principauté de Liège, et Dinant est occupée par les troupes françaises (1677-1696). La paix de Nimègue consacre la victoire du roi de France surnommé alors « Louis le Grand ».
Si elle rend Maastricht aux Provinces-Unies et les places-fortes de Ath, Binche, Charleroi, Audenarde, Courtrai et Tielt à l’Espagne, la France gagne la tant convoitée Franche-Comté, et toute une série de places-fortes de Flandre et du Hainaut, ainsi que Charlemont-lez-Givet. Pour accéder à cette enclave, la France conviendra avec la principauté de Liège un couloir le long de la Meuse (appelé le rentrant de Givet).

Références
Bou154 ; DCM25 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1659 ; H85A ; HPLg-169 ; Lent345 ; VdEss04


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Du duché souverain à la république de Bouillon (XVe- XVIIIe siècles)

Assez éloigné de Liège, Bouillon va conserver une identité propre, avec ses lois et coutumes particulières, avec sa monnaie et ses cours souveraines et le petit duché entend se faire respecter par le prince-évêque. Le principe d’un gouverneur nommé par l’évêque pour s’occuper de son administration va permettre l’éclosion d’une famille seigneuriale importante, les La Marck (XVe siècle). Élargissant leur autonomie au moment où la principauté connaît quelques déboires intérieurs et extérieurs, les La Marck sont bien introduits à Liège et y deviennent même « envahissants ». Soutenu par le roi de France, Bouillon affirme brièvement sa totale indépendance (1552-1559), avant que le traité de Cateau-Cambrésis (1559) ne rétablisse Liège dans sa propriété.  À partir de 1594, la souveraineté de Bouillon est « transférée » à la famille de La Tour-d'Auvergne, vicomtes de Turenne.
En soutenant les ducs de Bouillon dans leurs droits face aux princes-évêques (XVIe-XVIIIe siècles), la France prend ses quartiers en Ardenne, au-delà de la frontière impériale. Pour Vauban, Bouillon constitue la « clé des Ardennes », et il n’est pas question que cette clé soit accrochée au trousseau de l’Espagne ou de l’Autriche. Malgré les protestations liégeoises (Bouillon revendique de surcroît un droit de regard sur l’abbaye de Saint-Hubert), les multiples traités qui marquent le XVIIe siècle laissent sa souveraineté au duché de Bouillon, sous l’aile militaire protectrice de la France, bien qu’il continue à relever juridiquement de l’empire germanique (1678-1795).
« Diamant enchâssé dans la crosse de Liège » dès 1096, territoire conquis par Louis XIV en 1676 puis placé dans l’écrin de la maison d’Auvergne, le duché de Bouillon éclatera en trois morceaux en 1795, emporté par la grande Révolution.

Références
HHWH59 ; VdEss06 ; VerM01 ; WPH01-236


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Dispositions du traité d’Aix-la-Chapelle (1668) relatives à l’espace wallon

Faisant valoir ses droits dans la succession du trône d’Espagne, Louis XIV invoque une ancienne disposition du droit du Brabant pour prétendre à toutes les provinces des Pays-Bas espagnols, ainsi qu’à la Franche-Comté (soit le cercle de Bourgogne).
Concluant la guerre dite de Dévolution, le traité d’Aix-la-Chapelle consacre la plus profonde expansion de la France dans les territoires du nord, en Flandre, en Picardie avec Tournai, en Hainaut (Ath, enclave de Binche), ainsi que l’enclave de Charleroi. La France obtient de surcroît un grand nombre de places fortes.

Références
Bou154 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1659 ; H85A ; Lent344 ; VdEss04


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)

Dispositions du traité des Pyrénées (1659) relatives à l’espace wallon

Le traité de Westphalie (1648) consacre les traités antérieurs, l’acquisition de l’Alsace par la France et l’acquisition définitive par les Provinces-Unies de la Flandre zélandaise, du Brabant septentrional et de Maastricht (les anciens Pays de la généralité). L’indépendance de la république des Provinces-Unies est également reconnue.
Partout, Provinces-Unies, Angleterre et France tentent d’affaiblir l’Espagne. Ici, la place-forte de Dunkerque est conquise par une coalition franco-britannique (1658). Attribuée à l’Angleterre en 1659, elle est rachetée par la France (1662). Quant aux places fortes espagnoles de Mariembourg, Charlemont-lez-Givet, Philippeville, elles tombent aux mains des Français et, lors du traité des Pyrénées (1659), la France est confirmée dans ses nouvelles possessions de l’Artois, une partie du Hainaut, Gravelines, Thérouanne, une partie du duché de Luxembourg et quelques enclaves, dont Philippeville et Mariembourg.
Ayant perdu la bataille de l’Entre-Sambre-et-Meuse, l’Espagne se replie sur la Sambre. Le village de Charnoy est acheté et transformé en forteresse, donnant naissance à Charleroi (1666), nom choisi en l’honneur de Charles II. Namur est renforcée et devient l’une des dix plus grandes forteresses d’Europe à l’époque : les deux cités sambriennes deviennent une des clés d’accès aux Pays-Bas.

Références
Bou154 ; Duby126 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; GdA_1659 ; H78 ; H85A ; Lent343 ; Pos592 ; VdEss04


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L’Europe du Traité de Westphalie (1648)

La limite posée sur l’Escaut par le monde germanique n’a guère bougé depuis 925. Et les offensives vers le nord et vers l’est, vers l’Escaut, la Meuse et le Rhin, des différents rois de France se sont toujours soldées par un quasi retour au statu quo sur la Meuse, avec quelques progrès vers le Rhin (Metz, Toul, Verdun, la Lorraine, la Franche-Comté, l’Alsace) et des grignotages – provisoires – dans le nord (les picardes Tournai et Amiens, l’Artois et une partie de la Flandre avec Lille). Les combats entrepris par François Ier contre Charles Quint se sont même soldés par des pertes pour la France. Par les traités de Madrid (1526) et de Cambrai (1529), le roi de France est contraint de renoncer à sa suzeraineté sur Tournai, sur la Flandre et le Tournaisis, ainsi que sur l’Artois. En conséquence, la frontière la plus occidentale du Saint-Empire germanique se déplace pour la première fois depuis 925 ; elle quitte le cours de l’Escaut pour se fixer sur la côte de la mer du nord, à l’ouest de Dunkerque. Elle englobe la Flandre et l’Artois avant de rejoindre son tracé ancien à hauteur du Hainaut.
Ce bouleversement se produit au moment même où un nouveau facteur vient se mêler aux enjeux économiques et militaires traditionnels : la dimension religieuse. Les guerres de religion embrasent notamment nos contrées avant que France et Suède ne contestent l’hégémonie de la maison de Habsbourg. À bout de forces, les protagonistes finissent par accepter de confier à la diplomatie la manière de terminer une guerre de Trente ans. En 1648, la signature à Münster et Osnabrück des Traités de Westphalie consacre la fin d’une conception médiévale visant à forger une Europe chrétienne unifiée, et la naissance d’un « nouveau mécanisme de relations internationales fondé sur les rapports de force » (Blin, p. 5). La souveraineté des familles cède la place à la puissance des États ; les ambitions personnelles cèdent à la raison d’État. Une forme d’équilibre a été instaurée entre les puissances européennes et les territoires situés entre la France, les Provinces-Unies, la mer du nord et les États allemands constituent alors une sorte de sas de sécurité.
 
Références
Blin ; Bou154 ; FH04-235 ; H85A ; GM03-06 ; Piera-207


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Dispositions du traité de Cateau-Cambrésis (1559) relatives à l’espace wallon

La faiblesse affichée par Marie de Bourgogne, propulsée à la tête de l’ensemble bourguignon suite au décès de Charles le Téméraire au siège de Nancy (1477) est mise à profit par le roi de France. Passés dans le patrimoine des Habsbourg suite au mariage de Marie avec Maximilien, les anciens états bourguignons sont désormais défendus par l’empereur qui en est le suzerain. La lutte entre François Ier et Charles Quint se solde par le succès du second. Tournai (1521), la Flandre et l’Artois (traités de Madrid en 1526 et de Cambrai en 1529) entrent dans l’orbe impérial. Quant à la principauté de Liège, un statut de neutralité lui a été reconnu en 1492, même si un prince-évêque accepte d’y laisser construire pour l’empereur les forteresses de Mariembourg (1546), de Philippeville (1554) et de Charlemont près de Givet (1555) : il s’agit de verrouiller l’accès de la vallée de la Meuse. Le 2e traité de Cateau-Cambresis (1559) rétablit une paix fragile : après avoir annexé Cambrai (1543), Charles Quint confirme la perte de la souveraineté de la France sur l’Artois et la Flandre, tout en abandonnant la Bourgogne (Traité de Crécy-en-Laonnois, 1544). Alors que les Anglais s’emparent brièvement de Boulogne sur Mer (1544-1546), la France occupe les trois évêchés romans de Metz, Verdun et Toul situés dans les frontières de l’empire germanique (1552). Occupé par les Anglais depuis 1347, Calais revient à la France en 1558. Signé en 1559, le second traité de Cateau-Cambrésis entérine ces situations et oblige la France à libérer les places qu’elle avait occupées en Flandre. Cette paix aura des effets durables pendant près d’un siècle.

Références
Bou154 ; Duby174c ; Er53b ; FH04-235 ; RouNa-206


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