Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Giacomo MATTÉOTI

La figure de Giacomo Matteotti (1885-1924) incarne la lutte antifasciste. Figure de proue du mouvement socialiste italien, ce fils de bonne famille vénitienne est emprisonné en Sicile durant la Grande Guerre pour avoir prôné la neutralité de l’Italie. 

Élu député en 1919, il incarne l’aile réformiste du PSI. L’écart de pensée entre la direction du Parti socialiste italien et les réformistes est tel que la scission intervient en 1922. Exclu du PSI, Matteoti est l’un des fondateurs du Parti socialiste unitaire, dont il devient le secrétaire général. Contestant le résultat du scrutin d’avril 1924 où le Parti national fasciste de Mussolini a remporté la majorité absolue dans des conditions qu’il dénonce, Matteoti ne cesse d’attaquer les fascistes, leurs idées, leur dérive. 

Son enlèvement est le seul moyen trouvé pour le faire taire. En plein après-midi, dans les rues du centre de Rome, Matteoti est emmené de force par des fascistes le 10 juin 1924. Roué de coups et poignardé, son corps ne sera retrouvé que le 16 août. 

Pendant les semaines estivales de 1924, l’Italie est paralysée par une profonde crise politique dont Mussolini parvient néanmoins à sortir avec les avantages. En dépit de deux procès (1926 et 1947), d’épaisses zones d’ombre demeurent autour des circonstances de la disparition de Matteoti qui devient, dès les années 1920, une icône de la résistance au fascisme. 

En Wallonie, une petite dizaine de communes ont donné son nom à une rue ou à une place. À Petit-Wasmes, c’est un monument qui a été érigé en 1970. Plus exactement, il s’agit du transfert à Wasmes d’un monument inauguré à Bruxelles, en 1927.  

Il s’agit d’une haute pierre monumentale Art-déco réalisée par War van Asten (1888-1958). Le 21 septembre 1927, l’œuvre fut inaugurée, en grandes pompes, dans la salle blanche de la Maison du Peuple de Bruxelles, salle qui fut rebaptisée « Salle Matteoti ». Sculpté dans le grès blanc des Vosges, le monument forme un demi-relief, au milieu duquel s'élève un pilier porteur d'un cœur enflammé. Debout contre le pilier, sont appuyés un ouvrier en deuil et une travailleuse avec la tête baissée. La colonne principale porte l’inscription en langue française : « Ce cœur enflammé bat pour la liberté ».

Sur le piédestal, figure la même inscription gravée en flamand et en italien, ainsi qu’un médaillon représentant Matteotti en bas-relief. Sculpteur dit engagé, War van Asten a mis son talent au service de ses idées politiques. Né à Arendonk, réfugié à Eindhoven durant la Grande Guerre, il a réalisé de nombreux bustes et plusieurs monuments aux morts et victimes après les deux guerres mondiales. Il est décédé à Ixelles où il s’était installé.  
 

Sources


- Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 37  
- Reports submitted to the Third Congress of the LSI, Brussels, August 1928

Rue du Petit-Wasmes 
7340 Petit-Wasmes (Colfontaine)

carte

Inaugurée en 1927 à Bruxelles
Érigée en 1970 à Wasmes

Paul Delforge