Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Mémorial Albert VAN DEN BERG

Mémorial Albert van den Berg.
Réalisé par Halinka Jakubowska.


« J’ai gravé une chaine d’étoiles de David pour évoquer le réseau qu’il avait mis en place. Des petites étoiles, puis des plus grandes. Certaines sont effacées, car tout le monde n’a pas survécu… » commentait Halinka Jakubowska, dans une interview au journal Le Soir, au sujet du mémorial van den Berg qu’elle signe en 2010 dans le quartier du Laveu, à Liège. Docteur en Droit de l’Université de Liège, invalide de la Grande Guerre et décoré de la Croix de feu, Albert van den Berg (1890-1945) a reçu le titre de Juste parmi les nations de l’Institut Yad Vashem en 1995. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s’est en effet mobilisé pour sauver des vies, certes la sienne et celle de ses proches, mais surtout celle de nombreux enfants et adultes juifs persécutés par l’occupant. Avec l’aide de milieux catholiques (l’évêque de Liège Louis-Joseph Kerkhofs, les sœurs franciscaines et celles de Saint-Vincent-de-Paul), il parvient à mettre en place un réseau qui procure de faux papiers d’identité et cache des enfants juifs dans deux homes de Banneux et qui se montre particulièrement efficace de 1942 à 1944. Dénoncé en 1943, Albert van den Berg est envoyé en Allemagne dont il ne devait jamais revenir.

En 1960, un premier mémorial lui est consacré à Banneux, mais ce n’est qu’en 2010 que, en collaboration avec Guy Wolf qui préside le Foyer culturel juif de Liège, la ville de Liège pose un geste officiel similaire en inaugurant une stèle dans un endroit de la cité qui est un lieu de passage fréquenté et qui porte déjà le nom d’Albert van den Berg. La cérémonie se déroule en présence de l’ambassadeur d’Israël, des autorités locales et en particulier du bourgmestre de Liège, ainsi que du consul d’Israël à Liège. Reconnu officiellement en 1995 « Juste parmi les nations » par l’Institut Yad Vashem (comme avant lui, en 1981, l’évêque Louis-Joseph Kerkhofs), Albert van den Berg avait contribué à sauver près de 400 enfants juifs ainsi que le rappelle le texte gravé sur la pierre bleue du mémorial :


QUI SAUVE UNE VIE SAUVE L’UNIVERS TOUT ENTIER
LE PEUPLE JUIF RECONNAISSANT


Albert Van den Berg
Juste parmi les Nations


Mort en déportation (1890-1945)
Le réseau qu’il créa avec
son beau-frère Georges Fonsny
a sauvé 400 enfants juifs
condamnés à mort

par la barbarie nazie

Stèle Henri Tudor (Florival, Grez-Doiceau)

 

Si la face avant du monument est une surface polie, l’arrière par contre a été laissé brut, l’épaisseur étant de taille variable.

Artiste d’origine polonaise, née à Slubice en 1952, Halinka Jakubowska avait découvert Liège en 1972 et s’y est définitivement fixée ; elle y mène des études à l’Académie des Beaux-Arts avant de poursuivre sa formation à Anderlecht à l’Académie, où elle se spécialise dans la rénovation de la pierre et du bois. En 1990, le prix de la pierre lui est décerné par l’Association des Maîtres Tailleurs de pierre de la province de Liège ; il s’agit de la première des nombreuses reconnaissanc

es accordées à son travail : la pierre, puis le bronze, et progressivement la fonte sont autant de matières qui font l’objet de ses sculptures abstraites, d’intérieur ou d’extérieur, de petits formats ou monumentales. Jouant souvent sur la dualité, confrontant les matériaux (pierre et bronze) ou leur traitement (pierre polie aux bords rugueux), elle remporte plusieurs concours publics, dont celui de la fontaine de la place Saint-Séverin à Huy (1991), celui de la fontaine pour la Place saint-Lambert à Liège (1997), voire la fontaine de la place Patria à Soumagne (intitulée La Porte, en 2008). En 1995, l’année où elle achève l’hommage aux soldats polonais destiné au monument Interallié de Cointe, elle avait aussi séduit le jury formé pour désigner le sculpteur du mémorial Jean Gol. Prix Techni-Pierre de la Région wallonne 1992, prix Hembecca de la sculpture (1995) et prix Louis Schmidt (1995), prix de la Galerie Juvénal de la biennale d’art contemporain de Huy (2007), celle qui a été élue « Polonaise de l’année 2011 en Belgique » a exposé dans de nombreux endroits en Wallonie, plus particulièrement en province de Liège, ainsi qu’à Bruxelles, à Paris, en Suisse et aux Pays-Bas, seule ou lors d’expositions collectives.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, en particulier Le Soir et La Libre du 24 novembre 2010
Léon PAPELEUX, Un Liégeois qui sauva des centaines de juifs (1940-1944), dans La Vie Wallonne, 1980, t. LIV, p. 280-290 ; 1981, t. LV, p. 129-208
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 252-253
Daniel DRATWA, Un aspect de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique : les monuments juifs, dans Rudi VAN DOORSLAER (dir.), Les Juifs de Belgique de l’immigration au génocide. 1925-1945, Bruxelles, CERHSGM, 1994, p. 209-222
ENGELEN-MARX, La sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. III, p. 1574
Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 199-202
Informations communiquées par l’ambassade d’Israël (juillet 2015)
http://www.rtc.be/reportages/societe/1440880-un-monument-a-la-memoire-de-albert-van-den-berg 
http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_384587/fr/la-reconnaissance-des-justes-un-processus-memoriel-delicat?portal=j_55&printView=true 

Rue du Laveu, passage van den Berg
4000 Liège

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument VAN DEN BERG

Monument van den Berg, auteur inconnu, 27 août 1960.

Le long de la route des Fawes, à Banneux, un mémorial Albert Van den Berg (1890-1945) a été aménagé dans la clôture d’enceinte de la Résidence Vierge des Pauvres, à quelques mètres à gauche du porche d’entrée, près du carrefour avec l’avenue Nusbaum. Rompant avec l’alignement des barrières en fer forgé blanches, un mur en moellons accueille un médaillon en bronze ainsi que deux plaques rendant hommage à cet avocat liégeois dont la vie fut enlevée, durant la Seconde Guerre mondiale, parce qu’il était juif.

Docteur en Droit de l’Université de Liège, invalide de la Grande Guerre et décoré de la Croix de feu, Albert van den Berg va se mobiliser pour sauver des vies, certes la sienne et celle de ses proches, mais surtout celle de nombreux enfants et adultes juifs persécutés par l’occupant. Avec l’aide de milieux catholiques (l’évêque de Liège, les sœurs franciscaines et celles de Saint-Vincent-de-Paul), il parvient à mettre en place un réseau qui procure de faux papiers d’identité et cache des enfants juifs dans deux homes de Banneux. Dénoncé en 1943, Albert van den Berg est envoyé en Allemagne dont il ne devait jamais revenir. En 1995, il a reçu le titre de Juste parmi les nations de l’Institut Yad Vashem.

C’est pour honorer sa mémoire, celle des millions de juifs victimes de la shoah et la bonne entente entre l’église catholique et la communauté israélite que l’initiative est prise à la fin des années 1950 d’ériger un mémorial à Banneux. Elle émane de la communauté juive de Belgique, à l’invitation de l’évêque de Liège Louis-Joseph Kerkhofs. Ce dernier avait contribué personnellement à la mise en place et à la réussite du réseau van den Berg de 1942 à 1944. L’inauguration s’est déroulée le 27 août 1960 en présence de représentants de toutes les autorités civiles et religieuses du pays de Liège.

Le médaillon en bronze présente van den Berg de face ; son nom est inscrit sur la partie supérieure, tandis que deux panneaux, l’un en hébreu, l’autre en français, précisent que le mémorial est destinée à celui :

« qui donna sa vie
pour les persécutés
du nazisme
juifs et chrétiens ».

Il s’agit du deuxième « mémorial juif » inauguré en extérieur en Wallonie, depuis la Seconde Guerre mondiale. Un premier l’avait été à Arlon en 1959.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Léon PAPELEUX, Un Liégeois qui sauva des centaines de juifs (1940-1944), dans La Vie Wallonne, 1980, t. LIV, p. 280-290 ; 1981, t. LV, p. 129-208
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 252-253
Daniel Dratwa, Un aspect de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique : les monuments juifs, dans Rudi VAN DOORSLAER (dir.), Les Juifs de Belgique de l’immigration au génocide. 1925-1945, Bruxelles, CERHSGM, 1994, p. 209-222

Monument van den Berg

Rue des Fawes 58-62
4140 Banneux

carte

Paul Delforge

© Sofam

Van Den Berg Albert

Résistance

Liège 10/05/1890, Hambourg 04/1945

C’est le jour même où il fête ses 50 ans, qu’Albert van den Berg voit sa vie basculer. Certes, l’antisémitisme affiché en Allemagne depuis plusieurs années l’avait déjà alerté. Mais en ce 10 mai 1940, les frontières séparant l’Allemagne de la Belgique sont désormais inexistantes et l’avocat liégeois va désormais s’employer à sauver sa vie et celle de nombreux enfants et adultes juifs persécutés par l’occupant. Le réseau qu’il met sur pied procure de faux papiers d’identité et parvient aussi à cacher des enfants juifs dans deux homes relativement isolés, du côté de Banneux, avec le soutien de l’évêque de Liège, les sœurs franciscaines et celles de Saint-Vincent-de-Paul. En avril 1943, la Gestapo dispose d’une dénonciation et Albert van den Berg est arrêté. Enfermé à Saint-Léonard puis à Huy, transféré à Vught, il est envoyé à Neuengamme en mars 1944 et finalement dans un Kommando de travail à Hambourg, dont il ne devait jamais revenir.

Docteur en Droit, licencié en notariat, diplômé de l’Université de Liège, invalide de la Grande Guerre et décoré de la Croix de feu, Albert van den Berg est parvenu à sauver plusieurs dizaines d’enfants juifs de la déportation. En 1995, il a reçu le titre de Juste parmi les nations de l’Institut Yad Vashem.

Sources

Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 252
Léon PAPELEUX, Un Liégeois qui sauva des centaines de juifs (1940-1944), dans La Vie Wallonne, 1980, t. LIV, p. 280-290
Léon PAPELEUX, Le réseau Van den Berg qui sauva des centaines de juifs, dans La Vie Wallonne, 1981, t. LV, p. 129-208