Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Buste Jean-Simon Renier

Buste Jean-Simon Renier, réalisé par Clément Vivroux en 1883.
 

Buste Jean-Simon Renier (Verviers)

C’est en 1930, dans le cadre du centenaire de l’Indépendance belge, que des « citoyens reconnaissants » de Verviers prennent l’initiative d’élever un monument en l’honneur de Jean-Simon Renier, le fondateur du Musée communal. À l’origine, ce mémorial est inauguré sur le square du théâtre de Verviers ; par la suite, il est déplacé et il se trouve désormais, toujours à proximité du théâtre, mais dans la rue Xhavée, au cœur du parc Fabiola. Victime de multiples inscriptions et graffitis, le buste ainsi que son socle ont fait l’objet d’une rénovation majeure à l’automne 2011.

Dessinateur particulièrement doué, Jean-Simon Renier (1818-1907) révéla ses talents au moment où il fréquentait les cours de l’École industrielle et commerciale de Verviers (vers 1831). Intégré chez l’industriel Houget dans son bureau de dessinateur de machines pendant trois ans, Renier obtient une bourse de la Loge des Philadelphes, tandis que, nouveau directeur de l’Académie de Liège, le peintre verviétois Vieillevoye attire le jeune homme vers cette formation (1838) qui sera suivie d’un séjour à l’Académie de Bruxelles (auprès de Navez), puis à celle des Beaux-Arts de Paris (auprès d’Eugène Delacroix). Lauréat de la Fondation Darchis, le jeune Verviétois quitte Paris (1844-1848) pour Rome (1

848-1853), où le contact des antiques et de l’archéologie l’influence définitivement. Après un détour par Naples, il est nommé professeur de dessin à Verviers (1854), où il se consacre davantage à l’art, à l’archéologie et à l’histoire locale qu’à la peinture. En effet, excellent « copieur », il ne parvient pas à exceller et à trouver son originalité. Parti peintre à Rome, il revient à Verviers archéologue… Si plusieurs de ses tableaux sont accrochés dans des églises des villages du pays de Herve, l’essentiel de son œuvre disparaîtra dans un incendie. Conscient de ses limites, Renier met son don pour le dessin au service de l’histoire et de l’archéologie. Dessins édités dans ses nombreuses publications, les œuvres de Renier témoignent du souci du détail et du don d’observation. Faisant œuvre de collecteur et de collectionneur, il rassemble chez lui une grande quantité d’objets et de documentations qui constituent le fonds du Musée communal quand la ville de Verviers décide de le créer en 1884 : l’ancien hospice des Vieillards, désaffecté mais en bon état, devient le Musée Renier. Lors de l’inauguration du musée, le sculpteur Clément Vivroux offrit le buste en marbre blanc à J-S. Renier. Co-fondateur de la Société de langue et de littérature wallonnes (1856), auteur de plus de 500 spots rimés en wallon (1871), il est aussi le fondateur de la Société verviétoise d’archéologie et d’histoire (1897) dont il est le premier président, ainsi que du Cercle littéraire verviétois et de la Société des Fous.
C’est la reproduction d’un buste réalisé en 1883 par Clément Vivroux et offert à J-S. Renier en 1884, déposé sur un haut socle en pierre bleue, qui est inaugurée en 1930, à la suite d’une souscription publique. Sur la face avant, apparaît la mention suivante :


J.S.RENIER
1818–1907
PEINTRE
HISTORIOGRAPHE
__
FONDATEUR
DU
MUSEE COMMUNAL


Né à Liège aux premiers jours de la Belgique, Clément Vivroux (1831-1896) reçoit une formation artistique à l’Académie de sa ville natale, avant de prendre la route de Paris où il devient l’élève de Toussaint à l’École des Beaux-Arts. Sculpteur sollicité pour la réalisation de plusieurs autres monuments verviétois importants (comme la fontaine Ortmans ou la fontaine David, ainsi que les quatre « pères de l’Église », en pierre de France, dans l’église Saint-Remacle), Clément Vivroux est le frère d’Auguste Vivroux et appartient à une dynastie liégeoise qui s’adonne à la sculpture, à la peinture et à l’architecture depuis le début du XIXe siècle et jusqu’à la fin du XXe siècle, signant de multiples constructions dans l’est de la Wallonie.

Sources

La Vie wallonne, 2e année, n°XVII, 15 janvier 1922, p. 219-223
Jules PEUTEMAN, Un Verviétois illustre. Jean-Simon Renier (1818-1907), dans Avant-Poste, numéro spécial J-S. Renier, octobre 1929, n°4, p. 2-40
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 556
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 70, 142
LEJEAR, dans Bulletin de la société d’archéologie et d’histoire de Verviers, Verviers, 1911, t. XI, p. 1-21
Charles DEFRECHEUX, Joseph DEFRECHEUX, Charles GOTHIER, Anthologie des poètes wallons (…), Liège, Gothier, 1895, p. 62-63
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 142-152
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 760

 

 
 

 

rue Xhavée, parc Fabiola (1930) – 4800 Verviers

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Fontaine Jean-François Ortmans-Hauzeur

Située au carrefour des rues Ortmans, des Raines, des Alliés, des Sottais et du Collège, à Verviers, le monument fontaine édifié à la mémoire de Jean-François Ortmans (1806-1885) est l’une des plus grandes fontaines murales de Wallonie, avec ses 15 mètres de haut et ses 13 mètres de large. 

Par la décision prise en 1891, les Verviétois et leurs autorités entendaient montrer toute leur reconnaissance à leur bourgmestre récemment décédé ; ils voulaient mettre en évidence son opiniâtreté pour amener l’eau courante et potable à l’intérieur des maisons, tout en dotant l’industrie lainière d’un nouvel instrument de développement économique, par la construction de l’impressionnant barrage de la Gileppe. Industriel lui-même, chimiste de formation, Jean-François Ortmans-Hauzeur avait mené de pair une carrière dans la teinturerie industrielle et dans la politique. Député libéral de 1874 à 1885, il avait consacré 36 ans de son existence à sa ville, en tant qu’échevin d’abord (1849-1854), comme bourgmestre ensuite (1854-1885).

Placé dans la partie supérieure de l’immense fontaine, le buste d’Ortmans-Hauzeur occupe une position centrale ; tous les regards doivent converger vers celui qui a introduit la distribution d’eau à Verviers. Gravés sur une des deux pierres bleues latérales (à gauche), les lettres d’or insistent fortement sur ce point :

«  1878
Ortmans-Hauzeur
réalisa
la
distribution d’eau
de la
Gileppe »
De l’autre côté, sur une autre pierre bleue (à droite), sont inscrits les mots suivants :
« Au
bourgmestre
Ortmans-Hauzeur
1854-1885
ses concitoyens
reconnaissants ».

 

Fontaine monumentale Jean-François Ortmans-Hauzeur

La réalisation de l’ensemble du monument-fontaine a été confiée à Clément Vivroux (1831-1896). Pour cette œuvre d’inspiration néo-classique, il a eu recours, à la fois, à la pierre de taille, au bronze et au calcaire. Placé sur un socle, le buste s’inscrit dans une alcôve en forme de coquillage, le tout entouré de deux fois deux colonnes. Sur le fronton, une femme symbolisant la ville de Verviers tient dans sa main une pièce de drap évoquant l’activité industrielle. Plusieurs allusions à l’eau émaillent le monument : coquillages, amphores et bien sûr le liquide lui-même (provenant du réseau de distribution), qui dévale des bandeaux sculptés imitant des vagues ou des rideaux d’eau (cinq bassins). À la fois architecte et sculpteur, Clément Vivroux semble s’être inspiré de la fontaine Saint-Michel à Paris.

Par ailleurs, Vivroux a aussi signé la fontaine David à Verviers et quatre « pères de l’Église » (en pierre de France) dans l’église Saint-Remacle. Frère d’Auguste Vivroux, Clément appartient à une dynastie liégeoise qui s’adonne à la sculpture, à la peinture et à l’architecture depuis le début du XIXe siècle et jusqu’à la fin du XXe siècle, signant de multiples constructions dans l’est de la Wallonie.




Renseignements communiqués par Jean-François Potelle (janvier 2014)
Paul Delforge, La distribution d’eau à Verviers au XIXe siècle, Université de Liège, 1985.
DESHOUGNES, La petite histoire de la Gileppe, Verviers, 1949.
Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 142-152.

Rue des Raines et rue des Alliés
4800 Verviers

carte

Paul Delforge