Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Arthur WAROCQUE

Monument fontaine Arthur Warocqué, réalisé par Maurice Bisschops avec un buste dû à Thomas Vinçotte, 12 octobre 1884.

Les fondateurs de la dynastie des industriels Warocqué étaient Isidore (1771-1848) et son frère Nicolas (1773-1838). Sans reconstituer ici leur arbre généalogique, il importe de retenir ici qu’Abel (1805-1864), le fils aîné de Nicolas, eut deux fils, Léon (1831-1868) et Arthur (1835-1880), ce dernier étant lui-même le père de Raoul Warocqué, le dernier de cette dynastie d’industriels ayant fait fortune grâce à l'exploitation de charbonnages dans le Centre. À la mort de son frère Léon, Arthur est seul à la tête des affaires familiales. Administrateur délégué de la société du Charbonnage de Mariemont et du Charbonnage de Bascoup, il s’inscrit dans la lignée familiale par ses politiques résolument sociale et d’innovation, tout étendant ses activités dans le secteur de la banque et de la finance. Comme ses ancêtres, il est touché par le virus de la politique : député libéral de Thuin (1864-1880), il est désigné par le roi bourgmestre de Morlanwelz, quatre ans après la disparition de son père et quelques semaines après celle de son frère Léon. Il occupe la fonction de 1868 jusqu’à son décès, en 1880. Grand voyageur, cet homme fortuné menait une vie mondaine qui ne l’empêcha pas de s’avérer un maire attentif à réformer l’enseignement, tout en puisant dans ses propres deniers pour doter la commune des écoles nécessaires.

Peu de temps après son décès soudain (il avait 45 ans), ses administrés profitèrent de l’installation de la distribution d’eau dans la commune pour consacrer une fontaine assez imposante à leur ancien maïeur. Une souscription publique fut lancée conjointement par ses amis libéraux, les autorités locales et les employés de ses sociétés. La réalisation du monument fut confiée à l’architecte Maurice Bisschops, tandis que le buste était attribué à Thomas Vinçotte (1850-1925). L’architecte bruxellois, disciple de Horta, ne négligea aucune occasion de mettre en évidence ce représentant de la dynastie Warocqué. Au cœur de la cité, sur la place des Écoles (celles financées par Warocqué), aujourd’hui rebaptisée place Roosevelt, le monument-fontaine est composé de quatre bassins à sa base cylindrique et d’une imposante partie centrale rectangulaire tout en hauteur. Équilibrant l’ensemble par rapport au dénivelé de la place, deux-trois marches conduisent aux bassins ; ceux-ci étaient alimentés par des becs verseurs sortant de la bouche de lion (ils sont aujourd’hui hors service). Sur la partie supérieure, les quatre faces sont ornées : devant par le buste d’Arthur Warocqué, sur les trois contours par des évocations particulièrement explicites de sa carrière politique d'administrateur des sociétés charbonnières et de ses divers titres officiels.
Sur la face avant, apparaît l’inscription suivante :


ARTHUR
WAROCQUÉ


Viennent ensuite, successivement, à droite :


À LEUR REPRESENTANT
LES ÉLECTEURS LIBÉRAUX DE L’ARRONDISSEMENT DE THUIN
A LEUR BOURGMESTRE
LES HABITANTS DE LA COMMUNE DE MORLANWELZ


à gauche :

A LEUR ADMINISTRATEUR DELEGUE
LES ACTIONNAIRES ET LE PERSONNEL DES SOCIÉTÉS
CHARBONNIERES
DE MARIEMONT ET DE BASCOUP


à l’arrière : 

MEMBRE DE LA CHAMBRE DES REPRESENTANTS (1864)
BOURGMESTRE DE MORLANWELZ (1868)
ADMINISTRATEUR DELEGUE DES SOCIETES CHARBONNIERES
DE MARIEMENT ET DE BASCOUP (1868)
OFFICIER DE L’ORDRE DE LÉOPOLD
COMMANDEUR DE LA LÉGION D’HONNEUR
CHEVALIER DE L’ORDRE DE FRANÇOIS-JOSEPH D’AUTRICHE
NE A MARIEMONT LE 11 JANVIER 1835
MORT À BRUXELLES LE 8 AVRIL 1880

Monument fontaine Arthur Warocqué (Morlanwelz)



Du milieu des années 1870 jusqu’aux années 1909-1910, Maurice Bisschops est un architecte fortement sollicité à Bruxelles et dans les communes avoisinantes. Disciple de l’école Horta, il alterne commandes publiques et commandes privées et réalise aussi bien des monuments funéraires, des bâtiments publics, des fabriques que des maisons particulières. En 1892, Maurice Bisschops aura l’honneur de se voir confier la construction du nouvel hôtel de ville de Morlanwelz (inauguré en 1895).

C’est un Thomas Vinçotte encore jeune qui se chargea du buste en marbre blanc. Très tôt intéressé par la sculpture, il avait déjà eu la chance de fréquenter l’atelier d’Alexandre et Guillaume Geefs quand il avait été admis à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Élève brillant auprès de Joseph Jaquet et d’Eugène Simonis, second au Prix de Rome 1872, il était parti se perfectionner dans plusieurs ateliers parisiens et les bustes (l’un de P. Orts, l’autre de Giotto) qu’il présenta au Salon de Bruxelles en 1875 lui assurèrent une notoriété définitive. Après deux années en Italie (1877-1879), il répondait à de multiples commandes publiques et du Palais royal, tout en poursuivant une œuvre personnelle. En marbre ou en bronze, avec des bustes, des statues, des monuments ou des bas-reliefs, réaliste ou introduisant de la fantaisie, Vinçotte s’imposait alors comme une valeur sûre de son temps, se spécialisant, à partir des années 1880 dans la représentation des chevaux. Originaire de Borgerhout et décédé à Schaerbeek, il a été professeur de sculpture à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts d’Anvers de 1886 à 1921.

 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Maurice VAN DEN EYNDE, Raoul Warocqué, seigneur de Mariemont (1870-1917), Mariemont, 1970
La Vie wallonne, IV, 1971, n°336, p. 410-413
Journal de la Marbrerie et de l’Art décoratif, n°119, 5 octobre 1908, supplément de la Revue générale de la Construction
Hervé HASQUIN, La Wallonie, Son histoire, Bruxelles, Luc Pire, 1999, p. 144
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 2001
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 656-657
Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 52-57
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434, 439
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 605-609
Anne VAN LOO (dir.), Dictionnaire de l’architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, 2003, p. 515-516
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 757

Place Roosevelt
7140 Morlanwelz

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Josse GOFFIN

Si la statue qui domine la place située devant l’église de Clabecq honore Josse Goffin, l’ensemble du monument est un hommage plus général à tous ceux qui ont contribué à la fondation et au développement des Forges de Clabecq, en particulier à trois représentants de la famille Goffin : Édouard-Guillaume (1796-1858), Charles-Henri (1827-1861) et Josse-Philippe-Auguste (1830-1887). Un an après le décès de ce dernier, le monument est inauguré (1888). Sa réalisation a été confiée au sculpteur Jacques de Lalaing (1858-1917). Son initiative a été prise par deux chefs de fabrication (Étienne et Alphonse Thomas) qui ont réussi à convaincre Simont, le directeur des Forges.

Sur un piédestal en pierre bleue, aux lignes simples, la statue en bronze coulé de Josse-Philippe Goffin le présente debout, la jambe droite vers l’avant croisant celle de gauche, tandis qu’il s’appuie de la main droite sur une canne. Il est vêtu d’un large pardessus non boutonné et d’autant plus dégagé à l’avant que son bras gauche est légèrement plié pour venir prendre appui sur son côté, à hauteur de son bassin. Avec son mètre quatre-vingts, la statue semble être de la même hauteur que l’industriel dont le regard porte sur l’horizon, tandis qu’il paraît tourner ostensiblement le dos à l’église. Bien que le temps ait fait son œuvre, il reste identifié sur la face avant du piédestal par la dédicace suivante :

A JOSSE-PHILIPPE-AUGUSTE GOFFIN
PROPRIETAIRE DES FORGES DE CLABECQ
1830-1887
SES EMPLOYÉS ET SES OUVRIERS RECONNAISSANTS

Sur les deux faces latérales, de manière plus nette, on peut lire le nom et le statut des deux autres membres de la famille :

ÉDOUARD-GUILLAUME GOFFIN
1796-1858
FONDATEUR DES USINES DE CLABECQ

et

CHARLES-HENRI GOFFIN
1827-1861
CONSTRUCTEUR DU LAMINOIR
ET DU CHEMIN DE FER DE RACCORDEMENT

À l’arrière :

AUX
FONDATEURS
DES FORGES DE CLABECQ
1888

Comme l’indiquent les inscriptions du monument, Édouard-Guillaume Goffin a été le premier de cette famille bruxelloise à investir des moyens financiers dans l’exploitation d’une forge à métaux située à Clabecq. Il est alors associé au banquier Nicolas Warocqué et les affaires prospèrent quand éclate la Révolution de 1830. Surgissent alors des difficultés et, à l’entame des années 1840, la Société des Forges de Clabecq fait l’objet d’une profonde réorganisation. Après la disparition de N. Warocqué et du maître de la forge, Ed-G. Goffin en devient le seul responsable et, avec ses fils, développe une activité rentable. Au milieu du siècle, déjà 300 personnes y travaillent et un premier laminoir à fer est installé (1850) après l’installation d’une grande fonderie (1845). Charles-Henri n’est pas étranger aux progrès techniques réalisés ; en 1857, le premier train à tôles est construit ; en 1858, les Forges disposent d’un précieux raccordement ferré à la gare de Tubize : les débouchés sont assurés pour de nombreuses années.

En 1861, Josse Goffin se retrouve cependant seul aux commandes, suite aux disparitions successives de son père (1858), puis de son frère (1861). Plongé dans l’entreprise familiale depuis sa naissance, le jeune entrepreneur donne un nouvel envol aux Forges de Clabecq. Il parvient à vendre ses produits sur le marché européen. Dans les années 1880, l’entreprise compte 1.200 ouvriers et utilise des outils modernes. Toujours à l’initiative de Josse Goffin, une cité ouvrière a été construite pour accueillir une partie du personnel… en tout cas pour le conserver à proximité de l’outil. Cela peut paraître paradoxal au regard du choix effectué par l’industriel lui-même qui a choisi, lui, de rester domicilié à Berchem-Sainte-Agathe, localité des environs de Bruxelles dont les Goffin sont les bourgmestres de 1842 à 1902 : Josse-Philippe avait succédé à son père (1842-1858) et son fils, Josse-Édouard lui succèdera de 1888 à 1902. C’est d’ailleurs le même fils, Josse-Édouard, qui reprendra les Forges en 1888 en leur donnant le statut de société anonyme.

Monument  Josse Goffin

Les idées politiques des Goffin sont résolument libérales ; cet engagement s’accompagne d’une pratique de la religion protestante qui renforce leur opposition au parti catholique local qui n’apprécie que modérément l’adhésion de nombreux ouvriers au même culte que leur patron. Cette situation explique en partie la raison de l’orientation de la statue de Josse Goffin, tournant le dos à l’église. Par souscription publique, le personnel employé par les forges a souhaité rendre hommage à ses patrons. Soutenu par les milieux libéraux de l’arrondissement, le projet est confié au sculpteur Jacques de Lalaing et, un an après le décès de Josse Goffin (2 septembre 1887), l’inauguration du monument sur la place de Clabecq peut avoir lieu (30 septembre 1888). Il donne lieu à des festivités populaires rehaussées par la présence d’éminentes personnalités locales et nationales.

Pour Jacques de Lalaing (Londres 1858 – Bruxelles 1917), il s’agit quasiment d’une œuvre de jeunesse. Né à Londres trente ans plus tôt, dans une famille aristocratique, il s’était d’abord orienté vers la marine quand il largue toutes les amarres, pour se former à la peinture dans l’atelier libre de Jean-François Portaels, à Bruxelles où il s’installe en 1875. Croisant la route de Gallait et surtout de Vinçotte, Jacques de Lalaing s’oriente vers la sculpture à partir de 1884. Son talent jumelé à ses relations mondaines et à un travail permanent lui permet de décrocher le projet de Clabecq, qui apparaît vraiment comme une de ses premières œuvres publiques importantes (1887-1888). Elle lui ouvre la voie à d’autres commandes (Léopold Ier à Ostende, mémorial anglais à Waterloo, etc.) et acquiert progressivement un statut de « sculpteur officiel ». Lors du Salon de 1887, le groupe qu’il expose – Base de Mât électrique – retient fortement l’attention : en raison d’une histoire mouvementée, il marquera durablement la carrière du sculpteur. Portraitiste, de Lalaing apprécie la représentation d’animaux (fauves et chevaux surtout), les scènes historiques, et répond volontiers à des demandes pour réaliser des fontaines ou pour décorer des intérieurs, dans un style qui reste toujours classique. Hostile à l’avant-gardisme, il s’inscrit résolument, et avec un succès inégal, dans la tradition du portrait mondain. Membre de la Commission directrice des Musées royaux de Peinture et de Sculpture, il en devient le vice-président (1

912), puis le président à la veille de la Grande Guerre. Membre de la classe des Beaux-Arts de l’Académie de Belgique (1896), membre de plusieurs Jurys, nationaux comme internationaux, le peintre/sculpteur présente aussi ses œuvres d’inspiration propre lors de Salons. La maladie aura raison de lui en octobre 1917.

 

 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 57-59
Inauguration de la statue Josse Goffin à Clabecq, dans Tubize et son passé, 1998, n°14, p. 33-44
Catherine LECLERCQ, Jacques de Lalaing : artiste et homme du monde (1858-1917), Bruxelles, Académie de Belgique, Classes des Beaux-Arts, 2006
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 368
Tubize et son passé, Recueil n° 14, 1998
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 435, 439-440

Place Josse Goffin
1480 Clabecq

carte

Paul Delforge

Berceau de la Révolution industrielle sur le continent européen au XIXe siècle, la Wallonie s’est imposée comme la deuxième puissance économique mondiale, exportant son savoir-faire par-delà les frontières. (Re)découvrez à travers ces pages les grandes étapes de cet essor exceptionnel ainsi que les mutations auxquelles la Wallonie a dû faire face ensuite. Autant d’éléments indispensables pour comprendre la revendication fédéraliste régionale et la Wallonie d’aujourd’hui.

© Musée de Mariemont

Warocqué Abel

Socio-économique, Entreprise

Morlanwelz 07/11/1805, Mariemont 17/08/1864


Si son invention, la warocquière, n’a pas révolutionné le monde de l’exploitation minière, elle témoigne cependant qu’Abel Warocqué était davantage qu’un patron de houillère, profitant de l’aisance de son milieu familial : son oncle, Isidore, banquier et industriel, était considéré comme la 4e fortune de la place de Mons à la fin du régime français, et son père, Nicolas, frère d’Isidore, venait de créer la Société minière de Mariemont quand Abel vit le jour. Mais Isidore fera faillite et Nicolas devra investir pour développer ses activités.

Fils aîné de Nicolas (1773-1838), Abel est appelé à lui succéder dans les diverses industries et participations familiales. Dès 1827, il devient administrateur-adjoint de la Société de Mariemont, puis administrateur de la Société de Bascoup quand ce charbonnage tombe dans l’escarcelle des Warocqué. Seul propriétaire de Mariemont en 1838, il poursuit la politique industrielle ambitieuse de son père, faite d’investissements portant à la fois sur l’amélioration des voies de communication, sur les conditions de travail (logements ouvriers) et la prise de participation dans d’autres activités (sidérurgie, assurance, chemins de fer, etc.). Abel Warocqué ne ménage pas ses efforts pour moderniser ses entreprises de Mariemont et de Bascoup, en retirant un important surcroît de productivité en quelques années. Par ailleurs, en dépit de l’opposition de puissants concurrents, il parvient à imposer la construction de la ligne ferroviaire Manage-Erquelinnes : inaugurée en 1857, elle permet de vendre son charbon sur les marchés français. Propriétaire foncier étendu, spéculateur, il contribue aussi à la naissance de La Louvière. Il est aussi inventeur.

En 1855, Abel Warocqué décroche en effet une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris pour la « warocquière ». Machine de son invention, elle est en fait une « échelle à vapeur » destinée à faciliter la montée et la descente des mineurs. Elle a été mise au point dans son charbonnage de Mariemont dès les années 1840 et elle sera adoptée dans le bassin français de Saint-Étienne. Elle semblait révolutionner le secteur des échelles mobiles quand une série d’inconvénients apparurent à  l’usage. Pêchant par un manque de sécurité, elle ne parviendra pas à s’imposer comme le standard dans les houillères européennes.

À l’instar de son paternel, Abel est aussi actif en politique, mais contrairement à lui, il n’affiche pas d’opinions orangistes. Désigné par le roi comme bourgmestre de Morlanwelz, il dirige l’entité de 1836 à 1864 : défenseur du programme libéral, il y crée une école gardienne gratuite et fait construire une église. Abel Warocqué est le grand-père de Raoul Warocqué.

 

Sources


Hervé HASQUIN, La Wallonie, Son histoire, Bruxelles, Luc Pire, 1999, p. 144
La Vie wallonne, IV, 1971, n°336, p. 410-413
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 2001
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. II, p. 99
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 656-657
Maurice VAN DEN EYNDE, Raoul Warocqué, seigneur de Mariemont (1870-1917), Mariemont, 1970

Warocqué Nicolas

Socio-économique, Entreprise

Mons 17/07/1773, Mariemont 25/01/1838

C’est à Mons avec Nicolas et son frère Isidore que commence la saga des Warocqué, famille fortunée du Hainaut, qui s’éteindra au cours de la Grande Guerre avec Raoul, dernier de la lignée. Nicolas est l’arrière-grand-père de Raoul.

Fils d’un boutiquier, Nicolas Warocqué est d’abord officier dans l’armée française (1793-1796), avant de s’initier aux affaires auprès de son frère Isidore, actif dans le commerce du charbon, avant d’ajouter une activité de banquier. Après avoir spéculé sur les biens nationaux, Nicolas Warocqué dispose de suffisamment de fonds pour créer, en 1802, la Société minière de Mariemont, avec l’aide d’associés parmi lesquels on retrouve son frère, le beau-frère de celui-ci, un marchand de charbons et un banquier français. Administrateur de la société, Nicolas dispose des connaissances nécessaires pour faire prospérer une activité qui s’étend rapidement, tout en s’équipant de machines modernes (pompes à feu) qui coûtent dans un premier temps, mais qui permettent des bénéfices importants à partir de 1816.

Investisseur soucieux de l’évolution des techniques et attentif à la modernisation des voies de communication, il développe également une politique du personnel particulièrement stricte, avant de créer, en 1829, la première cité ouvrière de la région du Centre. Rachetant des charbonnages en difficultés, il introduit sa méthode de management et en fait des sociétés bénéficiaires (c’est notamment le cas avec la Société de Sart Longchamps) ; il s’introduit aussi dans le capital de concurrents et peut se prévaloir d’être un patron heureux dans le secteur des houillères. Il laissera à ses enfants d’importantes participations industrielles, ainsi que de très nombreuses propriétés foncières (337 !) dont le château de Mariemont.

Par contre, la réussite n’est pas au rendez-vous dans le secteur de la sidérurgie, mais contrairement à son frère, Nicolas Warocqué parviendra à éviter de perdre tous ses avoirs. Maire de Morlanwelz depuis 1805, il restera profondément orangiste en raison des avantages économiques qu’il pouvait tirer du régime mis en place à partir de 1815. Sa sympathie pour Guillaume d’Orange lui coûtera son mandat communal : il est en effet le premier bourgmestre à être destitué par le gouvernement provisoire.

 

Sources

Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 654-655
Jacqueline RASSEL-LEBRUN, La faillite d’Isidore Warocqué, banquier montois du début du XIXe siècle, dans RBHC, 1973, IV, 3-4, p. 429-471
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 201
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 375, 376
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. II, p. 28

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Warocqué Isidore

Socio-économique, Entreprise

Mons 17/09/1771, Dunkerque 07/05/1848

C’est à Mons avec Isidore et son frère Nicolas que commence la saga des Warocqué, famille fortunée du Hainaut, qui s’éteindra au cours de la Grande Guerre avec Raoul, dernier de la lignée.

Fils d’un boutiquier, Isidore Warocqué est déjà fort actif dans le commerce du charbon quand surviennent les événements révolutionnaires de 1789 et leurs suites. Quel que soit le régime, chacun a besoin de charbon et le commerçant est en situation, dès 1795, d’ajouter à son négoce une activité de banquier. Spéculant sur les biens nationaux, prêtant de l’argent à l’administration de Jemappes, il s’impose comme un interlocuteur nécessaire pour nombre d’industriels du charbon, du verre ou de la sidérurgie. Il est aussi actif dans le secteur de l’agriculture, en particulier dans la culture de la betterave. Avec son frère Nicolas, Isidore développe un réseau croisé de relations dans le monde des affaires et de l’administration. Lui-même est membre du Conseil général du département de Jemappes (1803), il représente l’Ordre des villes au sein des États-Généraux du Hainaut en 1816, il siège au Conseil de Régence de 1817 à 1834, il préside le tribunal de Commerce de Mons de 1812 à 1832 et se trouve encore au sein de l’active Chambre de Commerce de Mons (jusqu’en 1834).

Quatrième fortune de la place de Mons à la fin du régime français, Isidore Warocqué ne va pas pouvoir résister au brusque changement de régime de 1830. En plus de placements hasardeux, la faillite du projet Hannonet-Gendarme emporte ses derniers espoirs. C’est la déconfiture pour la banque Warocqué qui n’a pas fait preuve de suffisamment de rigueur. La Société générale se retourne contre le Montois dont la faillite est prononcée le 1er juillet 1834. Ruiné, il se réfugie à Dunkerque pour échapper à la condamnation que prononce contre lui le tribunal de commerce de Mons. Ayant davantage investi dans le charbon, son frère Nicolas lui sauvera quelque peu la mise ; néanmoins, Isidore Warocqué peut être considéré comme l’un des fondateurs de la Société minière de Mariemont.

 

Sources

Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 654-655
Jacqueline RASSEL-LEBRUN, La faillite d’Isidore Warocqué, banquier montois du début du XIXe siècle, dans RBHC, 1973, IV, 3-4, p. 429-471
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 375, 376
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. II, p. 28